Quelles sont les implications politiques de l’AFD en Afrique ?

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🏫 Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Faculté des Lettres et Sciences Humaines (FLSH) - Département d'Histoire
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2021-2022
🎓 Auteur·trice·s
Pape Youssou Seck
Pape Youssou Seck

Les implications politiques de l’AFD révèlent un rôle crucial dans les relations franco-africaines, souvent méconnu. En examinant les stratégies d’intervention de cette institution, cet article met en lumière des dynamiques qui redéfinissent les échanges entre la France et l’Afrique francophone.


Conclusion partielle

Pour analyser les relations entre la France et l’Afrique noire francophone en général et celles franco-sénégalaises en particulier, et l’apport de l’Agence française de développement (A.F.D.) dans lesdites relations, il a fallu se pencher sur les stratégies et les outils mis en place pour une intervention harmonieuse dans la politique publique extérieure de la France en rapport avec les pays Afrique noire francophone.

L’activité de l’A.F.D., notamment son rôle dans les relations France-Afrique francophone est acté sur des objectifs diversifiés, pour une politique différenciée selon les zones géographiques d’intervention. Ces objectifs définis dans le cadre du Comité interministériel de coopération internationale et de développement (C.I.C.I.D.) visent naturellement à combattre le sous-développement. Ainsi force est de distinguer des objectifs intermédiaires dont l’importance varie selon les catégories de pays à intervenir.

Il est donc important d’étudier la présence de la France au Sénégal et la place qu’occupe l’A.F.D. dans les rapports entre les deux pays. En effet, étant une institution financière au cœur des relations bilatérales entre la France et le Sénégal, l’A.F.D. intervient dans divers secteurs économiques du pays, pour financer, subventionner et mettre son expertise dans les projets mis en œuvre par l’Etat du Sénégal. Ses interventions dans le pays visent ainsi à contribuer à l’émergence inclusive et durable et s’insèrent dans les priorités définies par le Gouvernement du Sénégal.

Néanmoins, la relation entre la France et le Sénégal demeure un fait particulier dans le cadre de la présence française en Afrique. Cela fut à la base de la progression de l’installation de la France en Afrique qui s’appréhende sur les aspects politique, économiques, culturels, militaires, etc.

En dépit de l’impact de la colonisation sur les rapports France-Afrique, l’apport de l’A.F.D. depuis sa création en tant que Caisse centrale de la France libre (C.C.F.L.) sur les activités économiques de l’Empire à l’Union française, en passant par la Communauté des Etats en 1958 jusqu’aux Etats indépendants d’Afrique noire francophones, est un facteur qui nous pousse à montrer que, du point de vue historique, les relations entre la France et l’Afrique perdurent, et à quelle point la France tient à ses anciennes colonies pour survivre.

CONCLUSION GENERALE

L’étude sur la mise en œuvre de l’A.F.D. dans le dispositif français de coopération au développement pose un référentiel de base coloniale qui apparait clairement dans l’ouvrage collectif dirigé par PACQUEMENT François, (« 75 ans au service du développement, l’Agence française de développement des origines à nos jours ») où la volonté coloniale exprime clairement que « l’Agence a été instituée en terre africaine, en 1941, en tant que Caisse centrale de la France Libre ».

C’est ainsi localement sur place qu’elle doit administrer. Dans le territoire qui abritait l’Union française, engobant des entités politique, l’Afrique subsaharienne occupe une place de choix dans les politiques publiques métropolitaine. L’aspiration d’une bonne frange de ses populations dans les liens de la citoyenneté et de la communauté française était encore très forte.

Les raisons d’une telle posture trouve leur fondement dans la croyance à l’émancipation par l’exercice d’une citoyenneté d’une population quoique minoritaire dans la grande masse des indigènes.

En fait le choix de l’Afrique subsaharienne dans cette étude se fonde sur son histoire, son niveau de richesse (l’immensité de ses terres tapissées de ressources naturelles…) mais aussi sur une étude objective des conditions et des moyens des politiques d’industrialisation dans ces territoires. Dans le contexte de la création de l’A.F.D., comme C.C.F.L.229, l’entité politique et territoriale qui était réellement en crise n’était nullement l’Afrique mais la France.

Ainsi les investissements publics et privés français menés par la Caisse centrale, élaborés notamment dans le cadre du F.I.D.E.S230, transformèrent la superstructure des territoires avec des équipements nouveaux perceptibles à travers l’industrialisation et l’urbanisme. Ces réalisations ont permis la mise en place des schémas structurels sur lesquels devaient se construire les jeunes Etats indépendants à partir de 1960.

Quand est-il des conséquences de cette politique d’investissements sur le plan économique et sur le plan social et sociologique ? Aucun pays n’accède à l’indépendance politique s’il ne s’achemine d’abord vers une véritable indépendance économique, et celle-ci suppose une industrie, lourde et légère. L’aspect social et sociologique ne doit pas être négligé. L’importance relative des crédits affectés aux travaux publics a entraîné un appel considérable de main-d’œuvre vers les centres négro-urbains ; cette main d’œuvre se trouve sans emploi, lorsque les travaux sont terminés ou lorsque les crédits sont épuisés.

Il est toutefois à noter que le premier Plan ne réserva aucune place aux capitaux publics dans le secteur industriel proprement dit. L’industrialisation de l’Afrique serait, en effet, la négation même de l’utilité de la colonisation, puisque les colonies doivent servir de débouchés naturels aux industries métropolitaines. Il n’est donc pas question d’installer une industrie lourde en Afrique. Tant dans le secteur de l’économie rurale que dans celui de la production minière et énergétique, l’affectation des crédits F.I.D.E.S. apparaît ainsi absolument conforme à la politique des entreprises capitalistes coloniales. Accélérer l’exploitation du sol, organiser le pillage du sous-sol, mettre en valeur les sources hydrauliques pour le compte des sociétés privées, telles ont été les trois réalisations majeures du premier Plan F.I.D.E.S. en Afrique Noire, dans le domaine de la production.

En tout état de cause, l’A.F.D. doit d’abord être considérée comme une première « institution financière coloniale ». Même si à un certain niveau l’institution n’a pas pu satisfaire toutes les demandes en termes de financement et d’investissement, il n’en demeure pas moins qu’entre 1920 et 1941 les territoires de l’Outre-mer français étaient soumis à un régime d’autorité, éloigné de la politique libérale métropolitaine car leur gestion ne s’inscrivait pas dans un cadre institutionnel cohérent. Il est bien évident que l’idée coloniale avait un penchant d’exploitation économique affirmée dans la rentabilité des colonies, condition sine-qua-non au transfert de capitaux.

Une doctrine coloniale développée à l’époque se fondait sur l’idée que les colonies devraient être utiles un jour. C’est dans ce contexte qu’après la première guerre mondiale s’est développé le thème de la mise en valeur coloniale au seul profil de la métropole qui sera dépassée dans le cadre du F.I.D.E.S., filiale de la C.C.F.O.M., crée par la loi du 30 avril 1946 avec la mise en relief de thèmes nouveaux comme l’assainissement et le développement.

Pour l’essentiel, l’A.F.D., s’est inscrite de la période coloniale à la période postcoloniale dans une sorte de planification rigide pour répondre aux impératifs d’un développement économique et social dans les colonies d’Afrique françaises et du Sénégal en particulier. Ses financements et investissements ont largement été en faveur des territoires d’Afrique qui ont absorbé un peu plus des du quart des crédits.

L’Afrique subsaharienne a perçu la part la plus importante des montants affectés. De la période 1946 à 1958, les financements et investissements furent largement destinés aux équipements, dans les domaines infrastructures de communication et des investissements sociaux. Mais l’impact de ses réalisations reste minime malgré les capitaux injectés dans l’économie et dans les infrastructures économiques et sociales.

A la suite du référendum du 25 septembre 1958 qui instaurait une communauté française d’Etats autonomes, les statuts de la Caisse centrale de la France d’Outre-mer sont modifiés par l’ordonnance du 30 décembre 1958. Elle devient à cet effet la Caisse centrale de coopération économique, établissement public et financier spécialisé, destiné à jouer le rôle de banque de développement pour les Etats de la fédération. Cependant, le mirage des indépendances occulta le transfert des compétences du secrétariat d’Etat transformé en ministère de la coopération. De cette période postcoloniale, les interventions de la Caisse centrale connaissent des répartitions géographiques et sectorielles élargies.

Dans la réalité de l’exercice financière, la France allait continuer à contrôler l’économie de ses anciens territoires et utiliser leur marché commun pour ses débouchés en toile de fonds d’un contrôle monétaire singulier pour l’entremise du franc CFA. L’évolution des relations franco-africaine avait assortie à l’indépendance des Etats africains à la mise en place d’un système de coopération231.

Ainsi le Fonds d’aide et de coopération (F.A.C.) a remplacé le F.I.D.E.S. pour les Etats autonomes de la communauté auprès du secrétariat d’Etat pour les relations avec les Etats de la communauté. Ce fut l’amorce de la coopération bilatérale et parfois multilatérale au relent du néocolonialisme entre la France et ses anciennes colonies.

Le transfert de technologie, les appuis techniques dans l’administration, les forces de défense et de sécurité ; l’enseignement et la formation préfiguraient déjà une présence française pérenne.

Toutefois, l’histoire de l’A.F.D. permet d’explorer le patrimoine génétique de cette institue, dans l’esprit de faire une généalogie de ses métiers, c’est-à-dire de comprendre ce qui les a réduits possible et ce qui en fait la caractéristique propre, dans un monde où les normes internationales sont très étendues et influentes, mais aussi où elles sont en pleine reformulation.

Créée au début de la Seconde Guerre mondiale, à la fois comme une banque centrale et un Trésor de la France libre, son appellation d’origine, Caisse centrale, restera la même, si ce n’est avec quelques modifications qui témoignent de l’évolution de ses missions et de l’environnement dans lequel elle s’inscrit : Caisse centrale de la France Libre (1941- 1944), de la France d’Outre-mer (1944-1958), de Coopération économique (1958-1991).

Elle change de nom à son cinquantenaire, devenant la Caisse puis, en 1998, l’Agence Française de Développement. Dans ce début du XXIème, l’AFD s’apprête à vivre une nouvelle période charnière de son histoire : à la fois à l’échelle internationale avec l’adoption des Objectifs de développement durable (O.D.D.) et de l’Accord de Paris sur le climat en 2015 en parallèle à l’extension de son mandat géographique et sectoriel.

229 LICKERT Victoria, op.cit., p.26.

230 FALL Sawrou, op.cit., p.42.

231 PETITEVILLE Frank, op.cit., p.571.

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Questions Fréquemment Posées

Quelles sont les implications politiques de l’AFD en Afrique ?

L’activité de l’A.F.D., notamment son rôle dans les relations France-Afrique francophone, est actée sur des objectifs diversifiés, visant à combattre le sous-développement et à intervenir dans la politique publique extérieure de la France.

Comment l’AFD contribue-t-elle au développement économique du Sénégal ?

L’A.F.D. intervient dans divers secteurs économiques du Sénégal pour financer, subventionner et mettre son expertise dans les projets mis en œuvre par l’État du Sénégal, contribuant ainsi à l’émergence inclusive et durable.

Quel est le rôle historique de l’AFD dans les relations franco-africaines ?

Depuis sa création en tant que Caisse centrale de la France libre en 1941, l’AFD a joué un rôle pivot dans les relations entre la France et l’Afrique, en s’adaptant aux contextes coloniaux et postcoloniaux.

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