Comment l’analyse comparative des zones d’intervention de l’AFD transforme-t-elle l’aide en Afrique ?

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🏫 Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Faculté des Lettres et Sciences Humaines (FLSH) - Département d'Histoire
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2021-2022
🎓 Auteur·trice·s
Pape Youssou Seck
Pape Youssou Seck

L’analyse comparative des zones d’intervention révèle des disparités surprenantes dans les politiques de coopération française. En mettant en lumière l’importance historique de l’Afrique subsaharienne, cette étude offre des perspectives essentielles sur l’évolution des stratégies de développement et leurs implications pour les territoires africains francophones.


Une politique différenciée selon les zones d’intervention

Les objectifs sont, en effet, poursuivis avec une pondération variable et des instruments différents selon les zones concernées.

La première zone prioritaire de la coopération française demeure l’Afrique subsaharienne pour des raisons tant historiques que géographiques. De la première réunion du C.I.C.I.D., en 1999198 jusqu’à celle du 5 juin 2009, l’Afrique subsaharienne est systématiquement citée comme zone d’intervention principale. La liste définie en janvier 1999 réunit 61 Etats. Mais le C.I.C.I.D. du 22 juin 2000 avait décidé de ne pas réexaminer cette composition avant 2001. Le tableau ci-dessous représente la Zone de solidarité prioritaire définie en 2001 par le comité.

Tableau 9 : Zone de solidarité prioritaire en 2001.

Zone de solidarité prioritaire en 2001
Parameter/CriteriaDescription/Value
Nombre de pays61 États
Critères de sélectionPays les moins développés, difficultés d’accès aux marchés de capitaux, liens historiques avec la France, pays ACP, monde francophone
ObjectifRenforcer la cohérence régionale des actions de développement

Source : https://www.senat.fr/rap/r01-046/r01-04610.html

Même si l’appartenance à la Z.S.P. ne confère à aucun de ses membres un droit de tirage automatique qui serait attribué selon des clés de répartition prédéterminées, il aurait cependant paru assez logique que l’extension du nombre de pays couverts par la coopération française mobilise un effort financier supplémentaire. L’élément d’appréciation permettant de préciser ce constat est que, globalement, les moyens financiers consacrés à la Z.S.P. ont tendance à s’éroder au fil des années.

Le document-cadre de coopération au développement (D.C.C.D.) consacre cette importance en indiquant que, pour le triennum budgétaire 2011-2013, la France a consacré plus de 60 % de son l’effort financier sur l’ensemble de la zone et plus de 50 % de ses subventions sur les 14 pays pauvres prioritaires199.

Dans la pratique, les objectifs de concentration des crédits sur cette zone adoptés dans les années antérieures ont été difficiles à atteindre du fait que les pays les plus pauvres de la zone, sortant d’un processus de désendettement, sont peu éligibles aux prêts. Le montant de l’aide sous forme de dons n’a en particulier pas été suffisant pour avoir un impact significatif. De fait, les dons français consacrés aux secteurs sociaux dans cette zone passent de façon croissante par le biais des contributions aux institutions européennes et multilatérales qui consacrent plus de 50 % de leurs subventions à l’Afrique subsaharienne et aux pays les moins avancés (P.M.A.).

Ainsi 60 % de l’aide française, toutes dimensions confondues, c’est-à-dire bilatérale, européenne ou multilatérale, est destinée à l’Afrique, mais la part de l’Afrique subsaharienne dans l’aide bilatérale française est passée de 2004 à 2009 de 53,2 % à 47,7 % ; la part des P.M.A. dans la même période, de 41 % à 17 %.

Les crédits annuels en subventions consacrées aux 14 pays pauvres prioritaires de 2005 à 2009 ont diminué de 219 millions d’euros à 158 millions d’euros tout en passant dans le même temps de 49 % à 52 % du total des subventions. Alors que l’enveloppe globale de dons diminuait, les pouvoirs publics français ont cherché à concentrer l’aide sur quelques pays prioritaires d’Afrique. L’augmentation du taux de concentration n’a pas pu empêcher la diminution des moyens en valeur absolue. La coopération bilatérale française dans les pays prioritaires représente aujourd’hui environ dix millions d’euros par an, par pays.

Toutefois, afin de soutenir l’émergence d’un secteur financier pérenne et solide à même de financer la croissance des économies africaines, l’AFD, à l’instar accompagne la structuration de ce secteur, notamment en réponse aux évolutions réglementaires. Elle appuie également les groupes bancaires dans leur stratégie d’expansion géographique.

En effet, 2013, le soutien au développement financier a représenté 21 % des engagements de financements de l’AFD200 en Afrique subsaharienne. Son action se structure autour de quatre principaux axes : contribuer à la structuration et au développement du secteur financier, favoriser l’accessibilité aux services financiers, diversifier la palette des instruments financiers à disposition des acteurs économiques et orienter les financements vers la mise en œuvre des politiques publiques.

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198 Lors de cette réunion du 28 janvier 1999, le CICID avait défini le contenu de la Zone de solidarité prioritaire en fonction de trois critères : d’abord, la ZSP réunit les pays les moins développés en termes de revenu et qui connaissent des difficultés pour accéder au marché de capitaux ; ensuite, la solidarité de la France s’exerce plus particulièrement avec les pays d’Afrique en raison des liens tissés par l’histoire, avec les Etats de la zone Afrique, Caraïbes, Pacifique(ACP) afin d’assurer une bonne synergie avec l’aide européenne, enfin avec le monde francophone dans son ensemble ; enfin, la définition de la ZSP vise également, selon le Comité interministériel de coopération internationale et de développement à renforcer la cohérence régionale des actions de développement. La liste définie en janvier 1999 réunit 61 Etats. Voir sur https://www.senat.fr/rap/r01- 046/r01-04610.html

199 Ministère des Affaires Etrangères, Mise en œuvre du document cadre de « coopération de développement : une vision française » (2010 -2011), Rapport bimensuel au parlement, novembre 2012, op.cit., pp.40-44.

200 COUPIN Vincent, GRAVELLINI Jean-Marc, PERIOU Claude, L’action des bailleurs de fond pour soutenir le développement financier en Afrique : le cas de l’Agence française de développement, Revue d’économie financière N°1A16, 2014/4, pp.178-179.


Questions Fréquemment Posées

Quelle est la zone d’intervention principale de l’AFD ?

La première zone prioritaire de la coopération française demeure l’Afrique subsaharienne pour des raisons tant historiques que géographiques.

Quels critères sont utilisés pour sélectionner les pays dans la zone de solidarité prioritaire de l’AFD ?

Les critères de sélection incluent les pays les moins développés, les difficultés d’accès aux marchés de capitaux, les liens historiques avec la France, les pays ACP et le monde francophone.

Comment l’AFD soutient-elle le développement financier en Afrique ?

L’AFD accompagne la structuration du secteur financier en Afrique et appuie les groupes bancaires dans leur stratégie d’expansion géographique.

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