L’innovation technologique en Afrique redéfinit les relations franco-africaines, révélant des dynamiques insoupçonnées. Ce mémoire met en lumière l’impact de l’Agence Française de Développement sur le développement économique et social, tout en questionnant les fondements du clientélisme international dans un contexte en mutation.
Pour PETITEVILLE, les relations de coopération entre la France et l’Afrique sont des relations de « clientélisme international » qui sont gérées de « manière conservatoire et ritualisée ». Ces relations seraient cependant radicalement remises en question par les mutations de l’environnement international. Tout en reconnaissant l’abondante littérature existant en science politique sur les relations franco-africaines, l’auteur se donne pour ambition de mettre un accent particulier sur « l’instrumentalisation » de cette coopération à des fins d’influence géopolitique, et sur « la faible capacité décisionnelle des institutions de la coopération qui permet à l’Élysée, aux chefs d’État africains, et à la médiation de quelques réseaux et lobbies de garder la haute main sur cette politique »80.
Par son approche historique et donc méthodologiquement qualitative, l’auteur considère dans un premier temps la politique française de coopération en Afrique comme une orientation géopolitique, laquelle explique également sa continuité depuis plus de trente ans. D’après lui, la France maintient cette politique pour tenter d’occuper le rang qu’elle croit devoir tenir sur la scène internationale81.
Aussi pertinente qu’elle soit, l’approche à la fois historique et géopolitique de Franck PERITEVILLE ne permet pas de comprendre pourquoi cette pratique n’arrive cependant pas à atteindre ses objectifs en termes de lutte contre la pauvreté et de soutien au développement. Pourtant, l’une des raisons de ce conservatisme tient justement à l’approche Franck PETITEVILLE, « Quatre décennies de coopération franco-africaine : usages et usure d’un clientélisme », centralisatrice que nous allons tenter de décrypter tout au long de ce travail.
Hormis les travaux de recherches effectués à l’aide des ouvrages, nous avons dans un autre temps eu recourt à la consultation des travaux universitaires (thèses, mémoires de maitrise). Ils seront l’objet d’une revue critique dans les lignes qui suivent.
Un travail global sur le F.I.D.E.S. est dressé par FALL Sawrou dans son mémoire de maitrise qui porte sur « Le Fonds d’investissement pour le développement économique et social dans le territoire du Sénégal (1946-1958) ». En fait dans cette étude, le F.I.D.E.S. est aligné dans les processus d’intégration économique à travers une observation de ce qu’il
79 PETITEVILLE Frank, Quatre décennies de coopération franco-africaine : usage et usure d’un clientélisme, Etudes internationales, vol.27, n°3, 1996, 572.
80 Ibidem.
81 Ibidem.
appelle « une entité financière qui met en terme à l’indépendance financière des colonies »82 établie par une loi de 190083 qui limitait les investissements dans l’équipement des colonies. Les approches de la gestion financière par rapport au contexte de l’invasion de la France le 10 mai 194084 imposant la C.C.F.O.M., lui dévolue l’émission monétaire, le Trésor public et le contrôle des changes du gouvernement du général de Gaulle en exile à Londres et des territoires ultra-marins rallié au Comité Français de Libération Nationale (C.F.L.N.).
Branche intégrante de la C.C.F.O.M., le F.I.D.E.S., de sa nature était géré par cette dernière via un comité directeur. Le Fond participait au développement des pays d’Outre-mer par la pratique d’un faible taux d’intérêt. L’évolution géographique, dans le contexte de la deuxième guerre mondiale, pour reprendre FALL Sawrou, imposa l’ordonnance du 2 février 1944 qui change le nom de la Caisse centrale. Sa compétence fut limitée aux territoires d’Outre-mer, le trésor central étant assuré par la trésorerie générale d’Alger.
Dans la postérité de la conférence de Brazzaville, la Caisse centrale s’orientait peu à peu vers la fonction de banque de développement. La loi du 30 avril 1946 institue le Fonds d’investissement pour le développement économique et social des territoires d’Outre-mer en mettant en place des plans pluriannuels d’équipement et de développement. Pour étudier donc la politique coloniale en Afrique, principalement au Sénégal, Sawrou FALL évoque le
F.I.D.E.S. en évoquant le contexte et les motivations politiques qui étaient à l’origine de sa mise en œuvre. Ceci remonte à la création de l’A.F.D., en tant que C.C.F.L., selon son appellation d’origine. Car le F.I.D.E.S., instituait par la loi du 30 avril 1946, est un composant de la C.C.F.O.M.
Dans la colonie du Sénégal la présence coloniale avec son cortège d’exigences (impôts, recrutement militaires ou civils, prestations) provoque une prise de conscience de plus en plus forte chez les populations. L’administration coloniale se trouva dans l’obligation de diagnostiquer les causes des résistances sociales et leurs conséquences. Le « contrat
82 FALL Sawrou, « Le Fonds d’investissement pour le développement économique et social dans le territoire du Sénégal (F.I.D.E.S.) (1946-1958) », Mémoire de Maitrise, Département d’Histoire, Faculté des Lettres et Sciences Humaine, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, 2013, p.36.
83 Cette loi pose une obligation des colonies de se prendre en charge elles-mêmes avec une restriction progressive de la participation financières de la métropole dans les projets coloniaux. Une étude assez approfondie de cette loi ainsi que la portée réelle a été mené TOURE Abdoulaye dans sa Thèse doctorat de troisième cycle, Un aspect de l’exploitation coloniale en Afrique : fiscalité indigène et dépenses d’intérêt social dans le budget du Sénégal, Thèse pour le doctorat de 3èm cycle, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Faculté de Lettres et Sciences Humaines, Département Histoires, 1991, pp.26-33.
84 Ibidem.
social »85 qui liait l’administration coloniale aux populations indigènes évolua fortement vers la mise en place de politiques d’investissement véritables pour assoir de bonnes relations de
« partenariat » entre la Métropole et ses colonies.
Ainsi FALL Sawrou révèle une « volonté minime » qui sera notée dans le cadre de la création d’institutions nouvelles après la conférence de Brazzaville car aux impératifs d’un développement économique et social dicté par la conscience collective, succède en 1946 le fonds d’investissement pour le développement économique et social. Les recommandations de Brazzaville devaient amorcer selon lui un « renversement du système »86 et fournir aux colonies les moyens financiers de leur développement économique et l’amélioration des conditions de vie des populations d’où la mise en place du Plan de développement économique en 1946, étape cruciale dans le cadre de la mise en place des programmes F.I.D.E.S.
On voit donc nettement que le mémoire de FALL Sawrou est d’une importance capitale du fait qu’il a mis en lumière l’aspect politique et financier mais aussi et surtout économique de l’A.F.D., à travers le F.I.D.E.S.
Par ailleurs, la thèse de Moussa CISSE sur les banques nationales de développement en Afrique noire a également attirée notre attention dès l’entame de nos recherches. Cette thèse nous a été d’un rapport considérable dans le traitement des informations relatives à l’histoire de l’A.F.D. En effet, cette étude nous plonge dans la sphère des sociétés de crédit en Afrique noire dont fait l’objet en quelque sorte de notre étude. Dans ce travail, CISSE pose ces sociétés de crédit dans une perspective de développement.
Conformément à son idée selon laquelle « l’accession des pays à l’indépendance s’est accompagnée de la création d’institutions susceptibles de favoriser la constitution d’une économie propre »87, il montre par-là que ces institutions qui ont exercée en Afrique au cours de la seconde moitié du XIXème siècle sont les héritières des établissements de crédit dont la création avait été rendue possible par la loi du 30 avril 1946. Ces établissements de crédit dont la Caisse centrale sont par ailleurs à l’origine de la création des banques de développement dont fait état Moussa CISSE. Ce dernier, en évoquant la banques de développement remonte à la création de la Caisse centrale dont l’histoire est pourtant au cœur de l’histoire du
85 FALL Sawrou, op.cit., p.37.
86 Ibidem.
87 CISSE Moussa, « Les Banques nationales de développement en Afrique Noire : avec référence plus spéciale à la Banque Nationale de Développement de Sénégal », Thèse de doctorat de 3ièm cycle de spécialité Science Juridique, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, 1986, p.5.
« développement du continent africain ». D’où l’importance et l’intérêt pour nous de s’acquérir à ce travail de Moussa CISSE pour plus d’informations en ce qui concerne notre objet d’étude.
Toutefois, il est difficile d’aborder la question de l’A.F.D. et des rapports franco-africains, sans avoir recours à des rapports de travail et des documents administratifs. Pour ce faire, nous avons travaillé sur des notes et études documentaires sur la politique africaine de la France, de la période coloniale à celle postcoloniale, ainsi que des rapports de travail et d’évaluation en rapport aux activités de l’Agence française de développement. Devant l’impossibilité de d’évoquer l’ensemble des documents rencontrés au cours de notre documentation, nous avons trié quelques-uns pour illustrer ce travail.
En dernier lieu, il y a le traitement des informations tirées des documents aux A.N.S. En effet, il s’agit d’un ensemble de données que nous avions consultées. Elles sont constituées de plusieurs séries et sous-séries.
Aux Archives Nationales du Sénégal nous avons consulté plusieurs séries et sous-séries. La séries G réservé à la politique et administration générale (1782-1958), renferme une sous-série particulièrement importante. Il s’agit de la sous-série 17G qui concerne le programme d’Albert Sarraut de mise ne valeur coloniale en 1922. Dans le versement 17 de cette sous-série, on y retrouve des circulaires du gouverneur général de l’A.O.F. destiné au lieutenant-gouverneur faisant étant des programmes d’Albert Sarraut de mise en valeur des colonies, ainsi que ceux du lieutenant-gouverneur destiné au gouverneur de l’A.O.F.
Nous avons travaillé principalement sur la série Q réservé aux Affaires Economique. Cette série affiche les programmes F.I.D.E.S. dans leur globalité ainsi que les rapports sur les réalisations du F.I.D.E.S. mais aussi un nombre impressionnant de documents financiers et de fichiers d’exécution. La sous-série 1Q(25) versement 12 (1950-1952) FAIT 2TAT DU Plan quadriennal de 1952 à 1956 par territoire.
Elle contient le tome II du projet du plan quadriennal 1953-1957 réservée à la partie financière et sociale ; et sept chemises. Dans le projet du plan quadriennal, les investissements du plan et le rapport de présentation au projet du plan de développement économique à caractère social sur le territoire du Sénégal restent des priorités.
De ce rapport naitra un ensemble de remarques sur le développement de l’infrastructure économique.
La sous-série 1Q, 411, versement 77 fait état de la C.C.F.O.M., régime d’émission de financement dans les territoires, les départements, Madagascar 1946-1957. Elle contient une
circulaire relative à la politique financière de l’A.O.F, préparation des budgets de 1950. Dans les Affaires économiques et commerciales, on y trouve des décisions, circulaires et correspondances de 1941-1942, 1944, 1946, 1949. Elle enveloppe généralement une correspondance du Haut-Commissaire de la République gouverneur général, destiné au gouverneur du Sénégal ; le tout rassemblé dans de chemises. Toujours dans cette sous-série, figure une note circulaire de la direction des travaux publics faisant état au plan d’ensemble pour la construction de logements pour le personnel de toute catégorie.
Dans la sous-série 1Q, 150, versement 622, consacrée à la C.C.F.O.M. plan d’équipement de développement économique et social de l’A.O.F., figure une résolution du comité directeur du F.I.D.E.S. autorisant la Caisse centrale à consentir au territoire du Sénégal, pour la réalisation du programme de logement de fonctionnaires une avance de 130 millions de franc CFA. On y retrouve aussi un arrêté du directeur de la Caisse centrale du 3 octobre 1955 portant ouverture de dotation nouvelle au titre du 3ième train du programme
F.I.D.E.S. de 1953-1957. Et des notes sur les principes généraux de l’établissement du pan quadriennal de développement économique.
La sous-série 1Q, 623, versement 165 consacré à la gestion des opérations du
F.I.D.E.S. contient des circulaires ministérielles des 17 mai et 19 juillet 1952, relative à l’établissement du plan 1953-1957. Dans cette sous-série figure également un compte rendu du F.I.D.E.S. du 30 juin 1952 ainsi qu’une note de la direction du plan adressé au directeur général des finances relative aux aspects financiers du plan 1953-1957.
L’ensemble de ces sous-sériés évoquées et celles non évoquées nous ont été utile dans le cadre de de notre étude. De précieuses informations ont été amassées à travers la série Q, Affaires Economiques, à travers les différentes correspondances, circulaires, notes et rapports, pour plus d’objectivité et de scientificité de cette présente étude.
Nous terminerons notre étude par une analyse globale de la mise en place de l’A.F.D. Cette analyse découle de l’ensemble des politiques de « mise en valeur » prises qui n’ont pas donné les résultats escomptés dans la consolidation du pacte colonial et surtout d’un redéploiement de l’action coloniale à la veille de la seconde guerre mondiale par l’intégration des colonies dans les projets de reconstruction. Accessoirement l’ensemble des politiques coloniales prônées n’ont pas été développées dans un cadrage institutionnel. Elles n’ont pas été aussi objectivées dans un schéma d’analyse des besoins des populations.
L’organisation du document pose la méthodologie en deux grandes parties qui nous permettent de mieux disséquer la trajectoire historique de l’A.F.D., notamment son apport dans les relations franco-africaines et sénégalaises. Nous étudierons dans une première partie le contexte historique et les motivations politiques dans la création de l’agence française de développement88, avant de traiter dans une seconde partie les activités et le rôle de l’A.F.D. dans le dispositif français de coopération, en Afrique noire d’expression française et au Sénégal en particulier.
88 Notamment sa trajectoire et son évolution, de sa création d’abord, en tant que Caisse centrale de la France libre (C.C.F.L.) de 1941 à 1944, ensuite Caisse centrale de la France d’Outre-mer (C.C.F.O.M.) de 1944 à 1958, puis Caisse centrale de coopération économique (C.C.C.E.) de 1958 à 1992, en fin Caisse française de développement (C.F.D.) en 1992 avant de devenir Agence française de développement (A.F.D.) en 1998.
Questions Fréquemment Posées
Quelle est l’histoire de l’Agence Française de Développement (AFD) ?
L’Agence Française de Développement a été créée en 1941 sous le nom de Caisse centrale de la France Libre et a évolué pour devenir un acteur clé dans les relations franco-africaines.
Comment l’AFD contribue-t-elle au développement économique en Afrique ?
L’AFD joue un rôle pivot dans le développement économique et social des territoires africains francophones, bien que son approche ait été critiquée pour son conservatisme et son manque d’efficacité dans la lutte contre la pauvreté.
Quelles sont les motivations derrière la création de l’AFD ?
Les motivations politiques et économiques derrière la création de l’AFD incluent la volonté de la France de maintenir son influence géopolitique en Afrique et de tenter d’occuper un rang sur la scène internationale.