Quelles applications pratiques de l’AFD transforment l’Afrique?

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🏫 Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Faculté des Lettres et Sciences Humaines (FLSH) - Département d'Histoire
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2021-2022
🎓 Auteur·trice·s
Pape Youssou Seck
Pape Youssou Seck

Les applications pratiques de l’AFD révèlent comment cette institution a façonné les relations franco-africaines depuis 1941. En explorant son impact sur le développement économique et social, cet article met en lumière des transformations essentielles souvent méconnues, avec des implications significatives pour l’avenir des territoires africains francophones.


Le premier Plan ou plan Monnet (1946-1952)30 attaché à la reconstruction avait mis l’accent à l’équipement, à la modernisation et à l’industrialisation en insistant sur les opérations minières et énergétiques avec l’entrée de l’hydroélectricité en A.O.F.

Le deuxième Plan ou plan Hirsch (1953-1957) comportait un plan d’équipement distinct pour l’Union française. Ce plan visait un développement production destiné à dégager des territoires les ressources nouvelles nécessaires à leur intégration accélérée à l’économie métropolitaine.

L’objectif était de protéger la communauté dans son commerce extérieur en lui garantissant un marché extérieur colonial31. Cependant COQUERY-VIDROVITCH range le F.I.D.E.S. parmi les nombreux projets grandioses qui sont souvent victime de leur inadaptation à leur milieu d’expérimentation.

VALLET Jacques ne partage pas la même compréhension des programmes de F.I.D.E.S. que COQUERY-VIDROVITCH. Elle inscrit le F.I.D.E.S. dans la nouvelle politique coloniale à la veille de la guerre car le mythe d’une France forte et dominatrice avait disparu.

Il fallait donc pour VALLET réévaluer la politique coloniale. Les tensions en métropole et dans les colonies et surtout avec un Parti comme le R.D.A. avaient changé la donne.

Le R.D.A. était soutenu dans ses combats par P.C.F. qui réclamait l’ajustement de l’impérialisme français à l’impérialisme américain, et en particulier l’application de Plan Marshall en Afrique Noire.

Si d’aucuns considéraient le F.I.D.E.S. comme la version africaine du Plan Marshall, cette démarche du P.C.F. vise à encourager le renforcement des programmes F.I.D.E.S. et leurs financements publics32. Pour étayer ses propos, Jacques VALLET fait ressortir l’importance d’une loi comme la loi cadre qu’elle présente comme le début de l’émancipation politique des territoires africains.

Le F.I.D.E.S s’inscrit véritablement dans cette étude dans la nouvelle politique économique africaine de la France. Cette politique y est présentée comme le fruit des engagements pendant la guerre et aussi comme le signe de l’émergence d’une relation nouvelle dans les rapports entre la France et se territoire.

Dans cette structuration nouvelle, cette politique reste marquée par des projets de développement d’infrastructures de base et d’une planification stratégique coloniale visant à impulser le développement économique et social par un financement public.

C’est dans ce cadre que le premier plan décennal, étudié à Vichy, prévoyait des investissements à l’ordre de 84 milliards33. Ce premier plan décennal a fait ressortir deux réalités dans la politique économique coloniale, dès 1946 : un financement unissant crédits publics et investissements privés respectivement 5,8 milliards et 30,8 milliards ainsi que la préparation de grands espaces économiques répondant à l’ouverture des territoires africains aux marchés étrangers.

Mais ces impératifs concordaient avec aussi avec les besoins urgents de la France et son intérêt le plus immédiat qui devait lui permettre de doter les territoires africains tout l’outillage économique et social qui leur manque pour être des pays.

Les marchés métropolitains avaient ainsi besoin de produits alimentaires coloniaux pour atténuer les effets de la pénurie et assurer une relance des exportations vers les colonies.

La loi du 30 avril 1946 donnera à la nouvelle politique économique son cadre : le Fonds d’investissement pour le développement économique et social qui fonctionnera 13 ans avant d’être remplacé par le Fonds d’aide et de Coopération.

Le fil de trame du F.A.C. qui part du contexte historique de la mise en place des premières propositions pour l’élaboration de Plan d’équipement au F.I.D.E.S. en 1946 constitue une bonne piste de réflexion et d’analyse.

Ce que DE BENOIST Joseph-Roger a compris en revenant dans son ouvrage titré « L’Afrique Occidentale française de la Conférence de Brazzaville (1944) à l’indépendance (1960) » sur l’adoption du fonds colonial34 sur proposition de Marius Moutet que le Sénat français avait refusée, les propositions de Gaston Monnerville pour l’établissement, le financement et l’exécution d’un plan d’organisation et de développement des territoires et celles de Jacques Sustelle qui visait de créer un fonds d’équipement économique et social de l’Union française35.

DE BENOIST combine l’analyse du F.I.D.E.S en rapport avec les réalisations dans le F.E.R.E.S., crée en A.O.F. par un arrêté du 23 mars 1949 et qui était destiné à financer un programme globale de petits travaux comme les dispensaires, les écoles, les pistes secondaires, les marchés, etc.

Du rapport de MONERVILLE était sortie dans les débats à l’assemblée nationale, la loi du 30 avril 1946 créant le F.I.D.E.S qui est en soi un fonds colonial pour les T.O.M. alimenté par les dotations de la Métropole, les contributions intéressé et les avances à long terme consentis par la C.C.F.O.M.

D’ailleurs, c’est cette dernière qui était chargé de gérer le FI.D.E.S., sous le contrôle d’un Comité directeur au pouvoir absolu. Le décret du 5 juillet 1946 en organisant les fonctionnements générales du F.I.D.E.S. permis au décret du 16 octobre 194636 d’ouvrir dans chaque territoire un budget spécial des plans de développement économique et social des T.O.M. alimenté par le F.I.D.E.S.

Le décret du 3 juin 1949 en supprimant la compétence délibérative des budgets des assemblées territoriales, introduisit une procédure de programme limitative des possibilités de discussion des représentants.

Cet aveu dans le déroulement du programme F.I.D.E.S. annihile toute volonté d’appropriation du fons par un bon nombre de citoyens en A.O.F.et surtout dans le territoire du Sénégal qui avait une citoyenneté très avancée dans les quatre communes de plein exercice.

Même si le recours introduit auprès du Conseil d’Etat fut sans surprise et sans suite. Le financement dans le cadre du F.E.R.E. se faisait à travers la formulation de demande des collectivités qui devaient s’engager à en payer le tiers en argent, en nature ou des apports matériels.

Cependant, l’ouvrage intitulé « L’Afrique noire est mal partie » constitue incontestablement l’acte fondateur de la critique sur l’aide publique au développement. Tous justes deux ans après la vague des indépendances des pays francophones d’Afrique au sud du Sahara.

En effet, un agronome français du nom de René DUMONT (1904-2001), publie cet ouvrage en 1962 pour dire combien l’Afrique « prenait un mauvais départ »37, un départ qui s’esquissait à peine, et que les colonisateurs étaient, selon ses propres termes, « les plus grands responsables »38.

Au cœur du travail de l’agronome français se trouve la question de l’efficacité de la coopération française à partir du Fonds d’Investissement pour le Développement Economique et Social (F.I.D.E.S.) créé avec la Caisse Centrale de la France d’Outre-mer (C.C.F.O.M.), à travers la loi du 30 avril 1946, mettant en forme un plan de développement économique et social des territoires d’outre-mer.

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28 COQUERY-VIDROVITCH Catherine, « Les changements économiques en Afrique dans le contexte mondial (1935-1980), pp.309-326 », chapitre II section III : le sous-développement et la lutte pour l’indépendance économique, in Histoire générale de l’Afrique VIII : l’Afrique depuis 1935, Directeur de volume Ali A. Mazrui, Codirecteur C. Wondji, Paris, Editions UNESCO, 1998, p.311.

29 COQUERY-VIDROVITCH Catherine, op.cit., p.312.

30 Idem, p.317.

31 Ibidem.

32 VALLET Jacques, La France et l’Afrique, l’Afrique subsaharienne de 1914 à 1960, Paris, SEDES, 1994, regard sut l’histoire, pp.222-223.

33 Ibidem.

34 DE BENOIST Joseph-Robert, L’Afrique Occidentale française de la Conférence de Brazzaville (1944) à l’indépendance (1960), Dakar, les Nouvelles Editions Africaines, 1994, pp.136-137.

35 Idem, p.141.

36 Ibidem.


Questions Fréquemment Posées

Quelles étaient les principales caractéristiques du premier Plan Monnet de l’AFD?

Le premier Plan ou plan Monnet (1946-1952) attaché à la reconstruction avait mis l’accent à l’équipement, à la modernisation et à l’industrialisation en insistant sur les opérations minières et énergétiques avec l’entrée de l’hydroélectricité en A.O.F.

Quel était l’objectif du deuxième Plan Hirsch de l’AFD?

Le deuxième Plan ou plan Hirsch (1953-1957) comportait un plan d’équipement distinct pour l’Union française, visant un développement production destiné à dégager des territoires les ressources nouvelles nécessaires à leur intégration accélérée à l’économie métropolitaine.

Comment le F.I.D.E.S. est-il perçu dans le contexte de la politique coloniale française?

Le F.I.D.E.S. s’inscrit véritablement dans cette étude dans la nouvelle politique économique africaine de la France, présentée comme le fruit des engagements pendant la guerre et comme le signe de l’émergence d’une relation nouvelle dans les rapports entre la France et ses territoires.

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