Les perspectives d’avenir pour la prévention des inondations dans le bassin versant du Tongo-Bassa révèlent des enjeux cruciaux liés à l’occupation non réglementée des lits de cours d’eau. Cette recherche innovante propose un système d’information géographique, essentiel pour identifier les populations vulnérables et améliorer la sensibilisation face aux risques d’inondation.
Le bassin du Tongo-Bassa en globalité
La spatialisation de la population et des ménages dans le bassin versant, rend le risque de dommage sur le plan humain plus accentué dans le Grand Ouest (en mi bassin et en aval du bassin). Outre le fait que cette zone densément peuplée coïncide avec. Les tronçons de rivière les plus puissants selon l’ordre de Strahler, accentuent considérablement le risque d’inondation.
Les berges des secteurs comme Ndogbong, Makèpe missoké, Makèpe, Bonamoussadi, Bépanda… sont sévèrement frappées par les inondations. L’image et la carte qui suivront exemplifient les inondations en aval du bassin et le risque de dommage sur la population résidente. La relation entre l’ampleur des inondations et la densité démographique dans le BVTB est établie.
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Cliché Tchameni Franck 2020
Photo 6 : Inondation à Makepe Missoke (Immersion totale des eaux sur un pont au lieu vallée Marie lumière)
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Source: Azimut Geocarte, CUD, DIGAC, Tchameni Franck DIT 2017
Figure 30 : Vulnérabilité des populations face au risque d’inondation dans le bassin du Tongo-Bassa
Si contre nous avons une coupe de la maquette numérique utilisée pour analyser les paramètres physiques du site et simuler le risque d’inondation dans la zone d’étude. Sur l’image au-dessus, on aperçoit au premier plan le quartier Makèpe relié à Makèpe Missoké par la route principale traversant la rivière Ngongue. A l’arrière-plan, les horizons de Bépanda se dessinent.
On remarque en bleu contrasté la vallée inondable du Ngongue et son lit majeur conquis.
En dessous, nous avons une scène de crue décennale simulée aux environ de Makèpe Missoké. On observe les bâtiments submergés dans le plan d’eau en bleu contrasté et le talus qui limite net l’onde de crue.
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Source: Azimut Geocarte, CUD, DIGAC, Tchameni Franck DIT 2017
Photo 7 : Vue 3D d’une simulation de la crue de Juillet 2016 au lieu-dit « vallée marie lumière » à la frontière de makepe missoke.
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Source: Azimut Geocarte, CUD, DIGAC, Tchameni Franck DIT 2017
Photo 8 : Vue 3D d’une simulation de la crue de Juillet 2016 au lieu-dit « ancienne décharge » à Makepe Missoke.
Regard sur la susceptibilité sociale
Pour rejoindre les avis de Thouret J.-C, Carrega P., et D’Ercole R. selon lequel l’analyse de la vulnérabilité doit être synthétique, nous avons tenu compte des comportements des résidents exposés et de leur capacité de réponse social pour mesurer, et tenter d’interpréter la susceptibilité.
Ceci dit, au-delà des inventaires des enjeux exposés, nous avons administré des séries de questionnaires aux résidents des zones inondables avec pour objectif la compréhension de la perception de la notion de catastrophe, l’accoutumance au risque et les différentes raisons qui en découlent. La conclusion de cette analyse nous permettra de comprendre si les résidents du BVTB sont aptes à faire face à l’occurrence des inondations.
Le questionnaire administré sur le terrain et le style d’interprétation de leurs résultats est inspiré de Ndjouondo G. P. et AL (2015)
L’âge des enquêtés varie de 20 à 35 ans (44,20 %) et secondairement de 35 à 45 ans (55,80 %). Les résidents proviennent essentiellement de l’Ouest du Cameroun (70,98 %). Ils sont pour la plupart commerçants (42,13%) et techniciens dans les métiers du bâtiment (23,16%).
La majorité des ménages (87,29%) héberge un ou plusieurs enfants de moins de 12 ans tandis que 32,01% des ménages hébergent un adulte de plus de 60 ans ; certains enquêtés (11,07%) affirment vivre avec des personnes possédant un handicap.
Leur niveau de revenu est généralement faible et varie en grande partie entre 30 000 et 60 000 FCFA le mois (61,18 %). Pour la population enquêtée, 95,78% des résidents ont déjà été victimes d’une catastrophe d’inondation quel qu’en soit l’ampleur.
Parmi les victimes 72,20 % des enquêtés déclarent que les phénomènes d’inondation qu’ils subissent sont causés par la pluie, d’autres prétendent que les inondations sont les conséquences des drains bouchés (18,03%) seul une minorité accuse le débordement du cours d’eau (8,77%) pourtant 77,61% prétendent qu’ils vivent près d’un cours d’eau.
Les inondations sont très importantes dans la zone, d’ailleurs, 90,12% des enquêtés attestent qu’elles sont fréquentes la nuit et nombreux sont ceux dont les crues ont déjà surpris dans leur lit pendant leur sommeil (76,44%). Ces inondations interviennent chaque fois qu’une grande pluie tombe (98,20%).
Pendant les inondations, la plupart des résidents se refugies en hauteurs jusqu’à la baisse de l’onde de crue (76,50%). De même, presque tous les équipements et documents sont réfugiés en hauteur dans les mesures de précaution de 98,81% des résidents.
Mais malgré tout, 100% de enquêtés attestent qu’ils subissent des dommages en terme de bien d’équipement à chaque inondation, 9,64 % attestent avoir subi des pertes en vies humaines et 16,03% affirment avoir contracté des maladies à la suite d’une inondation.
Par ailleurs, 40,40% des résidents affirment que la zone était déjà inondable lors de leurs installations 30,78% affirment le contraire et 28,82% déclarent ne rien savoir. 9,10% d’enquêtés déclarent n’être ni satisfait ni déçu de vivre en zone marécageuse, 17,04% affirment ne pas se plaindre et 73,86% confessent ne pas être satisfait de vivre en zone marécageuse.
Mais la majorité ne veut pas quitter le quartier (60,12%). D’autres le veulent bien mais sont tributaires de moyens financiers (33,34%) et le reste ne savent qu’elle décision prendre (6,54 %). Presque personne ne déclare avoir été un jour sensibilisé par rapport aux risques d’inondation (0,8%).
La majorité des résidents pour prévenir les inondations à leur niveau pratiquent des remblais et des investissements humains (78,71%) le reste surmontent les fondations de leurs habitations (21,29%).
Leur attente vis-à-vis de l’Etat est principalement centrée sur le curage des drains et la construction des caniveaux (93,23%) les autres font plutôt allusion au recasement (6,77%). Toute fois la majorité des résidents (91,02%) pense que les alertes par message peuvent aider à prévenir les inondations et à limiter des dégâts matériels.
Les avis sont partagés sur les différentes solutions énumérées mais 100% préfèrent que les opérations de curage des drains de construction des caniveaux soient la priorité du point de vue de la prévention.
Tout compte fait, on remarque à la sortie de cette analyse que la couche sociale localisée en zone inondable dans le BVTB perçois les phénomènes d’inondations comme quelque chose de normale cela rend cette dernière fortement vulnérable en raison de son manque de culture face au risque.
Les facteurs physiques du site, doublés à la structure de la strate sociale (forte présence des enfants et des vieillards) à la paupérisation avancée, à l’absence totale de la sensibilisation contre le risque, à l’anarchisme avancée dans l’occupation des bas-fonds marécageux, et à l’inexistante d’une stratégie de prévention participative des risques d’inondation concourent à aggraver la vulnérabilité des habitants des bas-fonds marécageux du BVTB face aux inondations.
Dans les lignes qui suivent, nous tenterons de développer un outil de prévention basé sur les SIG.
Questions Fréquemment Posées
Quelles sont les causes des inondations dans le bassin versant du Tongo-Bassa à Douala?
Les inondations dans le bassin versant du Tongo-Bassa sont principalement causées par la pluie, ainsi que par des problèmes d’occupation non réglementée des lits de cours d’eau.
Comment le système d’information géographique aide-t-il à prévenir les inondations à Douala?
Le système d’information géographique permet d’acquérir, d’analyser et d’automatiser les données géographiques pour modéliser les facteurs de risque et générer des listes de résidents vulnérables.
Quelle est la vulnérabilité des populations face aux inondations dans le bassin du Tongo-Bassa?
La vulnérabilité des populations est accentuée par la densité démographique dans le bassin, avec 95,78% des résidents ayant déjà été victimes d’une catastrophe d’inondation.