L’analyse de cas sur les inondations révèle que l’occupation non réglementée des lits de cours d’eau à Douala exacerbe les risques pendant la saison des pluies. Cette recherche innovante propose un système d’information géographique, essentiel pour identifier les résidents vulnérables et améliorer la prévention des inondations.
LE COUVERT VEGETAL
La végétation dans le bassin versant du Tongo-bassa peut être scindée en deux groupes : la végétation terrestre, et la végétation de marais. Le premier groupe est quasi inexistant et représenté principalement par quelques arbustes clairsemés, et quelques plantes herbacées entretenues dans les jardins privées et publiques, dans les espaces agricoles, ou jonchant les rebords des rues non revêtues et les parcelles de terrain non bâti (la surface la plus vaste étant localisée sur le patrimoine foncier de CAMTEL à Bépanda).
La végétation de marais quant à elle est plus représentative du point de vu de la densité. Elle est localisée dans les lits des cours d’eaux principaux et cela le long des drains. Les plantes qui y vivent appartiennent à des familles très diverses. Du fait de la présence constante d’eaux douce, ces plantes sont dites aquatiques, et plus exactement amphibies parce qu’elles ne sont qu’incomplètement immergées : Elles ont dans l’eau leurs racines mais leur partie végétative est généralement aérienne.
Dans les zones dites de plateaux, les plantes herbacées, mais surtout arbustives sont des biens plutôt précieux et surtout très préservées quand elles contribuent à la protection des soubassements ou des éboulements sur les zones escarpées. Par contre, dans les zones dites de plaines où prédomine les marais, les plantes sont considérées comme des pestes car leur développement est extrêmement rapide, rendant en quelques jours les efforts de défrichage au néant, et favorisant le développement des agents vecteurs de paludisme et autres maladies.
La végétation est connue pour son potentiel en matière de rétention des eaux de ruissellement et de ralentissement de l’érosion. Là où elle est concentrée, la perméabilité est plus favorable car le ruissellement est ralenti. Dans les marais marécageux, son efficacité en matière d’absorption des flux d’écoulement lors des crues a été démontrée, contribuant ainsi à la réduction de la puissance destructive des crues.
Mais par ailleurs, sa présence dans les marais urbains favorise la rétention et la concentration des déchets ménagers qui obstruent les lits des cours d’eau.
Sur une mosaïque d’imagerie satellite Quickbird, la distribution géographique de la végétation est hautement perceptible. Les cartes suivantes en font une parfaite illustration.
[17_analyse-de-cas-prevention-des-inondations-a-douala_16]
Source: Image Quick Bird, CUD, DIGAC, Tchameni Franck DIT 2017
Figure 17 : Etat de l’occupation du sol dans le bassin versant du Tongo-Bassa en 2018
81
Sur les cartes ci-dessus, nous remarquons principalement le long des lits des rivières Nkondi et Ngongue une bande continue de végétation. Ce phénomène n’est observable que sur la moitié du parcours du Tongo-bassa et plus ou moins présent le long du Ngim.
En zone de plateaux, le fait géographique est marquant sur le site de CAMTEL à Bépanda, les friches sont détectables au niveau de Sodikombo à LogbessouI au Génie Militaire…
L’occupation du sol
Pour une analyse moins littéraire, un calcul de la superficie totale des zones couvertes par la végétation ainsi que d’autres classes d’occupation du sol a été effectué suite à une classification supervisée sur la mosaïque d’image du bassin versant. La classification a regroupée 5 (cinq) classes et les résultats sont nettement perceptibles sur la carte à l’opposée. Le tableau suivant décline les variables statistiques relatives aux formes d’occupation du sol dans le bassin versant étudié.
Tableau 10 : Superficie des classes d’occupation du Sol du Tongo-Bassa en 2018
| Tableau 10 : Superficie des classes d’occupation du Sol du Tongo-Bassa en 2018 | |
|---|---|
| Parameter/Criteria | Description/Value |
| Classes d’occupation du sol | Superficie (m²) |
| Bâtis et sols revêtus | 29 413 381,49 |
| Brousses et friches | 12 524 187,21 |
| Eau | 1 243 152,04 |
| Sol nu | 1 662 000,00 |
Source: Tchameni Franck DIT 2017
35000000
30000000
25000000
20000000
15000000
10000000
5000000
0
Superficie
| Hierarchie des classes d’occupation du sol | |
|---|---|
| Classe | Superficie (m²) |
| Bâtis et sols revêtus | 29 413 381,49 |
| Brousses et friches | 12 524 187,21 |
| Eau | 1 243 152,04 |
| Sol nu | 1 662 000,00 |
Source: Tchameni Franck DIT 2017
Figure 18 : Hierarchie des classes d’occupation du sol dans le Tongo-Bassa en 2018
La projection des superficies sur un repère permet la lecture rapide des différences de surface. Ainsi, on remarque que la surface du bâti et du sol revêtu est de loin la plus représentée. A cet effet, elle prime sur les surfaces des brousses et des friches.
La deuxième forme d’occupation du sol la plus fréquente dans notre bassin versant est donc la végétation. De même, la végétation (Brousses et friches) couvre 27,77% de la zone d’étude, et sa superficie totale s’évalue à 12 524 187,21 m² soit 1 252,41 hectares.
L’exploitation de ces variables nous permet de décliner et d’interpréter les indices suivants
L’indice de couverture forestière
Où : 𝑺𝒇 est la superficie de la végétation 12 524 187,21 m² et 𝑺𝒃 la superficie du bassin versant 44 842 721,74 m² L’indice de couverture forestière du bassin versant est 27,92
𝑲 = × 100
𝑺𝒇
𝑺𝒃
Un indice au-delà de 90 renvoi généralement à un bassin complètement envahi par la végétion, et par conséquent, un bassin non occupé par les infrastructures humaines. Le faible indice de couverture forestière obtenu ici nous montre que le bassin versant est très peu occupé par la végétation.
Or la végétation intercepte une partie du volume des pluies, limite l’érosion et le ruissellement rapide, régularise le débit des cours d’eau et amorti les crues de faibles et moyenne amplitude.
Le coefficient d’imperméabilité
Où : 𝑺𝒖 est la superficie des surfaces imperméables 29 413 381,49 m² et 𝑺𝒃 la superficie du bassin versant 44 842 721,74 m² Le coefficient d’imperméabilité est 0,6
𝑻
𝒊
= 𝑺𝒊
𝑺𝒃
Le coefficient d`imperméabilité est compris entre 0,1 et 0,9 pour certains. Il doit être compris entre 0,2 et 1 pour d’autres auteurs. Mais d’une manière ou d’une autre, un bassin versant est considéré comme non urbanisé si le coefficient est inférieur à 0,2.
La classe d’occupation du sol qui est considérée ici comme surfaces imperméables est la classe des bâtis et des sols revêtus. Le résultat obtenu dans nos calculs montre que le coefficient d’imperméabilité est assez élevé dans la zone d’étude, conséquence d’une urbanisation assez avancée également.
Plus le coefficient d’imperméabilité est élevé, plus l’infiltration diminue, plus la lame d’eau ruisselante augmente et plus les crues sont intenses.
Questions Fréquemment Posées
Quelle est l’importance de la végétation dans la prévention des inondations à Douala?
La végétation est connue pour son potentiel en matière de rétention des eaux de ruissellement et de ralentissement de l’érosion, contribuant ainsi à la réduction de la puissance destructive des crues.
Quels types de végétation se trouvent dans le bassin versant du Tongo-Bassa?
La végétation dans le bassin versant du Tongo-Bassa peut être scindée en deux groupes : la végétation terrestre, quasi inexistante, et la végétation de marais, plus représentative en densité.
Comment l’occupation du sol affecte-t-elle les risques d’inondation dans le bassin versant du Tongo-Bassa?
L’occupation non réglementée des lits de cours d’eau et la présence de déchets ménagers dans les marais favorisent les inondations récurrentes pendant la saison des pluies.