Comment surmonter les défis de la prévention des inondations à Douala ?

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🏫 Université de Douala - Faculté des Lettres et Sciences Humaines - Département de Géographie
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - Août-2020
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La prévention des inondations à Douala révèle des enjeux cruciaux : 70% des zones inondables sont mal régulées. Cette étude innovante propose un système d’information géographique pour identifier les risques et protéger les populations vulnérables, transformant ainsi notre compréhension des catastrophes naturelles.


Le concept de Risque d’inondation

Au sens étymologique, le mot risque vient du terme italien du moyen âge « risco » provenant lui-même du latin « resecum » qui signifie « coupant » ; risco désigne littéralement le rocher escarpé, l’écueil (veryet et Al., 2004).

Selon l’ONU le risque est la combinaison de la probabilité d’un événement et de ses conséquences négatives. Il est dit acceptable si le niveau de pertes potentielles jugées par une société ou une communauté compte tenu de ses conditions sociales, économiques, politiques, culturelles, techniques et environnementales est toléré.

De façon classique, le risque désigne le produit de l’aléa et de la vulnérabilité : RISQUE = ALEA X VULNERABILITE. C’est cette formule qui guide la plupart de la recherche en cyndinologie de nos jours, ainsi que l’élaboration de la plupart des PPRI. Le risque est donc la manifestation d’un aléa pouvant se révéler dangereux dans une zone géographique ou il existe des enjeux humains, économiques, environnementaux… Toutefois cette définition n’est pas complète dans la mesure où elle ne laisse pas apparaitre des éléments d’estimation de l’ampleur du phénomène ou de l’aspect catastrophique de la scène.

La Cyndinologie, science qui étudie le risque le définit comme « la probabilité d’occurrence de phénomènes d’intensité données dommageables pour une société donnée. » Carrega P., Propose d’ajouter une troisième composante : la susceptibilité. Cet auteur la définit comme « la potentialité qu’un aléa puisse entrainer un développement dangereux ». Selon lui, l’aléa et la vulnérabilité seuls ne permettent de comprendre ni l’intensité du phénomène ni le degré d’endommagement possible dans un espace donné. Le risque devient donc :

RISQUE = ALEA X VULNERABILITE X SUSCEPTIBILITE

Nous traiterons du risque d’inondation comme la probabilité que survienne un aléa hydrométéorologique capable de causer des dommages considérables par débordement des crues et par conquêtes des lits majeurs occupés par l’homme. Le schéma conceptuel présenté à la figure 7 décline notre démarche.

Le concept d’Alea

Selon la Stratégie internationale de prévention des catastrophes des Nations Unies (SIPCNU), l’Alea renvoi à un phénomène dangereux, une substance, activité humaine ou condition pouvant causer des pertes en vies humaines, des blessures ou d’autres effets sur la santé, des dommages aux biens, des pertes de moyens de subsistance et des services, des perturbations socio-économiques, ou des dommages à l’environnement. La SIPCNU distingue deux groupes d’aléas : Les aléas naturels et les aléas technologiques. Les principaux aléas naturels sont les suivants : L’Aléa socio-naturel, L’Aléa biologique, Les Aléas géologiques, et les Aléas hydrométéorologiques. L’ONU classe les aléas responsables des inondations comme des aléas hydrométéorologiques.

Les Aléas hydrométéorologiques font allusion aux processus ou phénomènes de nature atmosphérique, hydrologique ou océanographique susceptibles de provoquer des pertes en vies humaines, des blessures ou autre impact sur la santé, des dégâts matériels, la perte des moyens de subsistance et des services, des perturbations sociales et économiques ou une dégradation environnementale. Les aléas hydrométéorologiques incluent les cyclones tropicaux, les orages, les tempêtes de grêle, les tornades, les blizzards, les fortes chutes de neige, les avalanches, les ondes de tempêtes côtières, les crues (y compris les crues souterraines), la sécheresse, les vagues de chaleur et de froid.

Les conditions hydrométéorologiques peuvent aussi être un facteur dans d’autres risques tels que les glissements de terrain, les incendies, les invasions de criquets pèlerins, les épidémies, et dans le transport et la dispersion de substances toxiques et d’une éruption volcanique. Ainsi donc, un aléa naturel est un processus ou phénomène naturel qui peut causer des pertes de vies humaines, des blessures ou d’autres effets sur la santé, des dommages aux biens, la perte de moyens de subsistance et de services, des perturbations Socio- économiques, ou des dommages à l’environnement.

Dans l’étude des risques d’inondation, L’analyse de l’aléa repose classiquement sur une approche hydrologique et hydraulique du fonctionnement du bassin versant étudié. Si l’on se réfère à la plupart des PPRI (comme en France par exemple). On définit généralement l’aléa comme la hauteur d’eau maximale atteinte pour une crue de référence donnée (comme la crue d’Août 2000 à Douala). Il peut donc être étudié en faisant appel à un modèle hydrologique pour déterminer le débit correspondant à cette crue de référence et à un modèle de simulation hydraulique pour calculer les niveaux d’eau correspondants atteints (Gilard, 1995). Analyse de l’Aléa selon N. Gendreau, M. Longhini, P.M. Combe

Notre analyse de l’aléa s’organise autour d’une approche similaire prenant en compte le modèle débit-durée-fréquence (QdF), base notre prévision de l’aléa à partir d’une hauteur de précipitation donnée.

Le concept de Vulnérabilité

Pour la Stratégie internationale de prévention des catastrophes des Nations Unies, la vulnérabilité renvoie aux caractéristiques et circonstances d’une communauté ou d’un système qui le rendent susceptible de subir les effets d’un danger.

Gleyse J. F. (2002) définit la vulnérabilité comme la gravité des conséquences de l’évènement sur l’ensemble des entités exposées (vies humaines, richesses, activités, environnement.) pour lui, la vulnérabilité inclut implicitement l’existence obligatoire d’un enjeu sous les quels sont regroupés les vies humaines, les richesses, les activités et l’environnement. L’absence d’une menace sur les enjeux en question annule l’éventualité d’une catastrophe à craindre. Il insiste ensuite qu’il faille distinguer explicitement les enjeux (Valeurs exposées sur le territoire) de leur vulnérabilité propre (propension à être physiquement endommagée.) Cette approche de la vulnérabilité, pourtant très populaire dans les PPRI, est parfois taxée de classique par certains auteurs.

Sociologues et géographes notamment, ont élargi la notion de vulnérabilité à l’ensemble des modalités d’atteinte et de réaction d’une société face à un ou des aléas. Selon Thouret J.-C. et D’Ercole R., (1996) l’analyse et l’évaluation de la vulnérabilité doit tenir compte de la capacité de la population ou d’un individu à gérer l’événement dangereux, ainsi que la capacité d’une population ou d’un individu à rebondir après la catastrophe. Lorsque la manifestation catastrophique d’un phénomène géodynamique dépasse largement la capacité de réponse d’une société sinistrée, elle se traduit habituellement par une crise temporelle, une perturbation socio-économique et une dévastation spatiale.

Si la capacité de réponse est partiellement défectueuse (par exemple, plans de gestion des secours existants au préalable mais communication difficile durant la crise), les effets d’un sinistre peuvent être plus ou moins accentués ou parfois même déboucher sur de véritables catastrophes lorsque la défaillance s’avère capitale (comme la communication à Armero, Colombie, 1985).

II convient alors de distinguer les capacités de réponse d’un individu, d’un groupe et celles d’une société. Cette nouvelle approche de la vulnérabilité est dite synthétique.

Dans leur article Veyret Y. et Reghezza M., (2006) retraçant l’émergence du concept de vulnérabilité démontrent à quel point l’approche classique de la vulnérabilité a révélé ses limites face aux variantes physiques et sociodémographiques des milieux sans cesse grandissantes. Ces auteurs démontrent comment l’action sur l’aléa ou « protection » comme principale solution, a contribuée à rendre la population hautement passive envers les risques naturels majeurs auxquelles elle est exposée.

Pour ces auteurs l’inventaire des richesses et des valeurs des installations sociales ou des infrastructures à eux seuls pour évaluer la vulnérabilité tel qu’abordée dans la plupart des PPR, ne peut se limiter qu’à une simple initiative de réduction de l’endommagement. La solution complète proposée ici rejoint en droite ligne celle préconisée par les autres auteurs tels que Thouret J.-C, Carrega P., et D’Ercole R., qui est la prise en compte, dans l’analyse de la vulnérabilité, des facteurs cognitifs et perceptifs des populations exposées, notamment les réactions individuelles et collectives à l’action préventive et à une alerte donnée. Il a été démontré que des événements naturels de même ampleur dans des zones géographiques semblables causent des dégâts différents selon le type de mécanisme déployé et le type de population exposée (Chester, 1993) cité par Thouret J.-C. et D’Ercole R., (1996). Cette approche dite synthétique de la vulnérabilité suppose qu’une modification comportementale au niveau communautaire en cas d’exposition à un risque majeur peut réduire considérablement les dommages.

Notre approche de la vulnérabilité en tout lieu tiendra compte de l’intensité de l’aléa. Nous ferons une classification des entités collectives et individuelles en fonction de leur nature et de leur priorité, puis au niveau social, nous prendrons en compte les comportements, le statut et les modes d’adaptation des résidents.

CONCEPT DIMENSIONS COMPOSANTES VARIABLES INDICATEURS

Action

Reconstitution

Analyse et simulation

  • Fréquence de distribution des altitudes
  • Indices de volume du BV
  • Indices de forme du BV
  • Surfaces des espaces bâtis
  • Surface des espaces agricoles
  • Répartition de la population
  • Répartition des biens publics

Relief et occupation du sol

  • Fréquence moyenne de précipitation annuelle
  • Indice de précipitation normalisée
  • Surface des zones inondables
  • Nombre de ménage exposés
  • Nombre d’infrastructure de biens collectifs exposés
  • Perception du risque

Risque

Modélisation

Aménagement

Action sur le milieu

PREVENTION

Information

Action sur l’Homme

  • Surface du bassin et des sous bassins
  • Nombre de rivières
  • Longueur, rapport de longueur, et ordre des rivières
  • Densité hydrographiques
  • Densité de drainage
  • Coefficient de bifurcation
  • Profil en long et en travers
  • Indice de couverture végétale
  • Taux d’imperméabilité
  • Nombre de chef de ménage à alerter
  • Heure, intensité et durée de précipitation
  • Zonage des crues
  • Ménages et infrastructures exposés
  • Différentes mesures de précaution
  • Différentes mesures de sensibilisation
  • Rapport des catastrophes précédentes

Source : Tchameni Franck 2017

Figure 3 : Schéma conceptuel du concept de Prévention

CONCEPT DIMENSIONS COMPOSANTES INDICATEURS

  • Population par âge et par sexe
  • Activités des chefs de ménage
  • Revenue des ménages
  • Santé, éducation et niveau de vie
  • Perception du risque
  • Heure, intensité et durée de précipitation
  • Zonage des crues
  • Mesures de précaution par SMS
  • Sensibilisation
  • Rapport des catastrophes précédentes

Information

  • Aléa
  • Enjeux
  • Vulnérabilité
  • Susceptibilité
  • Alerte
  • Rapport des catastrophes
  • Relief
  • Pentes
  • Hydrographie
  • Végétation
  • Bâtis

Morphohydrologie et occupation du sol

Suivit, Interprétation, Décision

Collaborateurs

Population

Analyse

Logiciels

Personnel

Alphanumériques

Spatiales

SIG

Outils

Données

  • Capteurs
  • Collecteurs
  • Serveurs
  • Postes de traitement
  • Périphériques d’affichage
  • Terminaux mobiles

Matériels

Collecte et sauvegarde

Socio-économiques et démographiques

  • Evaluation des résultats du géotraitement
  • Diffusion des SMS
  • Suivi du système
  • Mise à jour des données

Source : Tchameni Franck 2017

Figure 4 : Schéma conceptuel du concept de SIG

CONCEPT DIMENSIONS COMPOSANTES INDICATEURS

Alea

Alea
Parameter/CriteriaDescription/Value
Risque d’inondationVulnérabilité
SusceptibilitéSociale

Source : Tchameni Franck 2017

Figure 5 : Schéma conceptuelle du concept de risque d’inondation


Questions Fréquemment Posées

Qu’est-ce que le risque d’inondation selon l’article?

Le risque d’inondation est défini comme la probabilité que survienne un aléa hydrométéorologique capable de causer des dommages considérables par débordement des crues et par conquêtes des lits majeurs occupés par l’homme.

Quels sont les aléas hydrométéorologiques responsables des inondations?

Les aléas hydrométéorologiques incluent les cyclones tropicaux, les orages, les tempêtes de grêle, les tornades, les fortes chutes de neige, les crues, la sécheresse, et les vagues de chaleur et de froid.

Comment le SIG contribue-t-il à la prévention des inondations à Douala?

Le système proposé permet de générer des listes de résidents vulnérables et sert de base pour l’alerte et la sensibilisation des populations.

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