Les stratégies de mise en œuvre SIG révèlent une réalité alarmante : le bassin versant du Tongo-Bassa à Douala est en proie à des inondations récurrentes dues à une occupation non réglementée des lits de cours d’eau. Cette recherche propose des solutions innovantes pour identifier les résidents vulnérables et améliorer la prévention des risques.
II- CONSTRUCTION DE L’OBJET D’ETUDE
Problématique
Constat
Le bassin versant du Tongo-bassa est un site fortement peuplé qui connait une véritable pression foncière. Ce site comprend plusieurs cours d’eau dont les lits majeurs sont envahis par des habitations précaires pour la plupart.
Cette occupation des lits des cours d’eau ne s’est pas faite d’une manière réglementée, conséquence, le site du bassin versant connait des inondations constantes en saison de pluies, ce qui cause de nombreux dommages vis-à-vis de la population logée dans les lits des cours d’eau en question.
Ces évènements catastrophiques sont parfois dramatiques. Pourtant la pression et le coût foncier peine une population a revenu très faible à se délocaliser.
Les populations pour répondre au phénomène d’inondation jusqu’ici mal maitrisé développent des formes d’adaptation rudimentaires et éphémères (élévation des fondations, remblai, nettoyage des drains, confections des ponts instables sur pilotis…).
L’effort de curage des drains du site financé lourdement par l’Etat concoure à des résultats appréciables mais à court et moyen terme parce que allant de quelques mois à quelques années seulement.
Aussi, la lourdeur financière de tels travaux ne permettant pas toujours d’intervenir à temps pour limiter l’ampleur des dégâts.
Faute d’un PPRI assisté d’un système d’alerte contre les inondations, Les populations vulnérables semblent livrées à leur propre sort.
Référentiel
Pourtant, la signature du Cadre d’Action Hyogo 2005-2015 (CAH) et la signature par la suite du Cadre d’Action de Sendai 2015-2030 (CAS) par le Cameroun, a réitérée les besoins de prévention et de gestion durable des risques en milieu urbain consentit par l’Etat et ses partenaires, depuis l’échelle internationale, jusqu’au niveau local.
Avant cet engagement, des textes officiels, et des institutions spatialisées avaient déjà vu le jour. A ce sujet il convient de citer le Décret 98/031 du 09 mars 1998 portant organisation des plans d’urgence et de secours en cas de catastrophes ou de risques majeurs.
En plus de ce texte, des organes comme le Conseil National de la Protection Civile (CNPC) et la Direction de la Protection Civile (DPC) ont reçu pour mission principale la prévention et la gestion des catastrophes sur l’ensemble du territoire national.
Aussi, l’Arrêté n° 037/PM du 19 mars 2003 avait créé un Observatoire National des Risques (ONR) avec pour mission principale la gestion et la diffusion des informations sur les risques naturels, technologiques, industriels et anthropiques.
A ce titre elle devait veiller à la mise en place à l’échelle nationale, d’un dispositif d’observation des sites et autres installations à risque, assorti d’un système fiable de collecte et de transmission des données et informations sur les risques.
Outre, elle devait se charger de la publication d’un bulletin conjoncturel des risques, et à la mise en œuvre de toute autre action de sensibilisation et d’information préventive sur les risques.
Au niveau local, Il convient de signaler que la Communauté Urbaine de Douala (CUD) à travers son Schéma Directeur d’Assainissement et son Plan Directeur d’Urbanisme (PDU horizon 2025) a déjà adopté un projet d’assainissement de 200km de drains dans l’ensemble des bassins versant de la ville, qui a terme, réduira l’impact des inondations sur les populations riveraines des cours d’eau à moyen terme.
Mission qui a débuté en 2016 dans le bassin versant du Tongo-Bassa avec le curage du Nkondi.
Dans le même sillage, l’action 26 (prévention et réduction des risques divers) de l’agenda 21 de la ville de Douala souhaite se doter d’outils d’aide à la décision qui ont vocation de répertorier, de localiser, et de cartographier l’ensemble des zones à risques afin de mieux envisager la restructuration des zones à risques.
Enfin, le célèbre projet Douala, Ville Durable dans lequel est inscrit la présente étude vise dans sa composante I à Accroître la connaissance et la prise en compte de l’aléa inondation et des effets du changement climatique dans les documents de planification de la ville.
Ainsi les objectifs du gouvernement en matière d’alerte et de prévention des risques au Cameroun sont résumés dans le tableau suivant.
Tableau 2 : Approche d’alerte de prévention
Tableau 2 : Approche d’alerte de prévention | |
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Parameter/Criteria | Description/Value |
Objectifs gouvernementaux | Approche d’alerte et de prévention des risques au Cameroun |
Source: Atelier régional de sensibilisation relative à la coopération et la coordination pour la mise en œuvre des conventions de bale, Rotterdam et Stockholm pour les pays d’Afrique francophones : Sénégal, Dakar du 5 au 9 juillet 2011, présentation du Cameroun
Problème de recherche
Certes des travaux de curage pour la réduction de l’impact des inondations sur les résidents existent.
Mais on constate qu’il y’a encore inadéquation entre l’ensemble de ce qui doit être normalement déployé en termes de dispositif d’observation des sites à risque ou de système de collecte et de transmission des données pour la prévention et la gestion des zones à risque, et ce qui est actuellement.
Vu de ce qui précède, il émerge un paradoxe entre le constat et le référentiel ce qui se pose un problème de prévention des risques d’inondation dans le bassin versant du Tongo-bassa à Douala.
Débats autour des enjeux du problème de recherche
La question de prévention du risque d’inondation dans le bassin versant du Tongo-bassa impose les deux principaux défis suivants :
- Délimiter, classifier, et analyser les zones à risque d’inondation dans le bassin versant du Tongo-bassa.
- Et automatiser un processus d’alerte par SMS avant chaque phénomène d’inondation. Et les deux défis soulevés par cette étude suscitent des enjeux de plusieurs ordres :
Enjeu social : Dans le BV Tongo-bassa, les inondations sont un phénomène qui, malheureusement, affecte le plus les populations à revenu faible.
Or, c’est exactement cette souche de la population urbaine qui a besoin de plus d’assistance et de stabilité pour pouvoir mieux s’adapter aux exigences de la jungle urbaine.
Alerter et informer les populations directement vulnérables avant, pendant, et après l’avènement des inondations pourraient limiter la panique et les pertes en vie humaine.
Enjeu économique : Les inondations sont un phénomène extrêmement dévastateur et surprenant.
Les pertes économiques directes sont toujours fantastiques à chaque catastrophe et les effets induits se ressentent sur de très longues périodes. Le cas du BV du Tongo-bassa n’en n’est pas moindre.
Alerter et informer les populations directement vulnérables avant l’avènement de l’inondation pourrait aider à éviter les crues surprises et permettre aux résidents de sécuriser énormément de matériels et d’objets précieux.
De plus, cela pourrait inciter les acteurs de l’assurance à parier dans un secteur jusqu’ici trop risqué pour eux. Ce qui est avantageux en termes de dédommagement des pertes.
Enjeu sanitaire : Dans le BV du Tongo-bassa, la qualité d’eau qui s’écoule dans les vallées inondables en temps de crue laisse à désirer car, extrêmement polluée par des déjections issues des latrines, ainsi que des déchets ménagers décomposées et souillées.
Alerter et informer les populations directement vulnérables avant l’avènement de l’inondation pourrait aider à se préparer en conséquence et par la même, limiter les chances de contracter des maladies de la peau, des maladies hydriques par contamination des réserves d’eau ou des aliments, et de limiter également les chances de contracter des maladies causées par des déchets souillés.
Enjeu institutionnel : En matière de risque, l’homme a généralement le cerveau trop court.
Il suffit parfois d’une mission de curage pour autoriser des aménagements non réglementés en zone de risque. Les travaux de curage et de calibrage ne rendent pas inutile la surveillance du risque d’inondation.
Un système de prévention des risques d’inondation collecte et archive continuellement une base de données pérenne sur le site en question. En quelque sorte, il rédige l’histoire du site.
Il pourrait donc servir de référence pour comprendre l’évolution du site avant chaque projet d’aménagement, de réglementation, ou de restructuration.
Questions Fréquemment Posées
Quelles sont les causes des inondations dans le bassin versant du Tongo-Bassa à Douala?
Les inondations dans le bassin versant du Tongo-Bassa sont causées par l’occupation non réglementée des lits de cours d’eau, entraînant des inondations constantes pendant la saison des pluies.
Comment le système d’information géographique (SIG) aide-t-il à prévenir les inondations?
Le système d’information géographique (SIG) permet d’acquérir, d’analyser et d’automatiser les données géographiques pour modéliser les facteurs de risque et générer des listes de résidents vulnérables.
Quel est le rôle de la Communauté Urbaine de Douala dans la gestion des risques d’inondation?
La Communauté Urbaine de Douala a adopté un projet d’assainissement de 200 km de drains pour réduire l’impact des inondations sur les populations riveraines des cours d’eau à moyen terme.