L’analyse comparative de l’autofiction révèle des ponts insoupçonnés entre autobiographie et fiction, remettant en question les conventions littéraires établies. Cette étude sur ‘Les désorientés’ d’Amin Maalouf offre des perspectives nouvelles sur la légitimité de l’autofiction, essentielle pour comprendre son impact contemporain.
Chapitre II : Prolégomènes théoriques
Introduction :
Dans ce chapitre intitulé Prolégomènes théoriques, en premier lieu nous balayeront la passerelles entre autobiographie et l’autofiction , l’autobiographie considéré comme la mère nourricière de l’autofiction , nous aborderons l’ensemble des définitions de l’autobiographie et l’ensemble des conditions pour faire d’une œuvre ou classer une œuvre dans la catégorie des autobiographies scellé par PHILIPE Lejeune.
Ainsi nous faisons un saut sur quelques repères historiques de l’autobiographie, et des définitions standards.
En deuxième lieu, nous présenterons les prémisses et la genèse de l’autofiction sous la plume de SERGE Doubrovsky, ensuite nous martèlerons l’ensemble des définitions et des conceptions du néologisme à partir de plusieurs théories différentes l’une de l’autre mais qui se complètent a l’instar de VINCENT Colonna, GÉRARD Genette, PHILIPPE Forest, JACQUES Lecarme, et MARIE Darrieussecq puisque chaque théorie apporte une acception différente, afin de mieux saisir le concept et cerner la théorie qui correspond à notre recherche et situer l’œuvre qui est entre nos mains dans la conception convenable .
Enfin, nous terminerons ce chapitre par quelques définitions standards proposées par les dictionnaires.
.1.Autour de l’autobiographie :
1-1.L’autobiographie acceptions :
Le genre autobiographique est relativement récent, est un genre de popularité, Du point de vue étymologique, le terme autobiographie est composé des trois racines grecques autos(soi- même) , bios( la vie) et Graphein qui veut dire ( écrire).
Le mot autobiographie signifie écriture de sa propre vie , le genre littéraire autobiographie est ainsi définit :
« Un récite ou le protagoniste, le narrateur et l’auteur émanent de et renvoient à un seul et même individu. »72
Georges May, l’un des théoriciens de l’autobiographie qui définit le concept comme :
« L’autobiographie est une biographie écrite par celui ou celle en est le sujet. »73.
Tandis pour Jean Starobinski la définit comme : « la biographie d’une personne faite par elle- même. »74
Selon Michel Crouzet l’écriture autobiographique vise à « l’expression d’un moi »75: elle a pour fin de reconquérir, de réinventer, voire de refaire le moi qui fut.
Par son activité mémorielle l’acte autobiographique devient, selon celui-ci, une chasse aux souvenirs, un lieu où le passé est repensé et redécouvert.
En se disant, en se racontant, le sujet autobiographique se cherche : il écrit « pour se découvrir, pour apprendre ce qu’il a été »76.
Le but essentiel de ces retours en arrière qui constituent l’essentiel de toute œuvre autobiographique, c’est d’aller vers l’inédit afin de dégager le sens d’une vie.
Dès 1975, Philippe Lejeune l’un des théoriciens de XX siècle pose les bases de la définition moderne de l’autobiographie, et donne une définition générique de l’autobiographie :
« Un récit rétrospectif en prose qu’une personne réelle fait de sa propre existence lorsqu’elle met l’accent sur sa vie individuelle en particulier sur l’histoire de sa personnalité. » 77
Une autobiographie s’écrit généralement à un âge avancé de la vie, c’est pour cela le mot « rétrospective » est primordiale, dans la mesure où il y un désir de remémorer et justifier ,la relation se fait au passé , il s’agit de fait révolu que l’auteur tente de raconter , relater voire retracer avec délicatesse et précision , afin de leur donner signification globale.
Selon, LEJEUNE pour qu’il y ait autobiographie, il faut qui y ait identité de « l’auteur, du narrateur et du personnage. »78
Cette identité est souvent marquer par l’utilisation de la première personne , LEJEUNE, accepte la possibilité qu’il y ait identité du narrateur et du personnage principale sans que le premier personne soit employé , donc il faut situer l’autobiographie par rapport au nom propre
LEJEUNE explique que chaque énonciation inscrite dans un texte autobiographique est prise en charge par une personne qui place son nom sur la couverture d’un livre :
« C’est dans ce nom que se résume toute l’existence de ce qu’on appelle l’auteur seule marque dans le texte d’un indubitable hors-texte, renvoyant à une personne réelle, qui demande ainsi qu’on lui attribue, en dernier ressort, la responsabilité de l’énonciation de tout le texte écrit.
Dans beaucoup de cas, la présence de l’auteur dans le texte se réduit a ce seul nom.
Mais la place assignée a ce nom est capitale : elle est liée, par une convention sociale, a l’engagement de responsabilité d’une personne réelle.
J’entends par ces mots , qui figurent plus haut dans ma définition de l’autobiographie, une personne dont ‘existence est attestée par l’état civile et vérifiable. »79
A travers sa définition, LEJEUNE met en lumière quelques aspects de l’autobiographie, en aucun cas cette définition ne peut- être considéré comme complète ou exhaustive, surtout après les changements et les chamboulements que les courants modernes et postmodernes ont introduits dans la littérature.
Donc, nous citons de manières générales les éléments les plus importants que LEJEUNE met dans sa définition succincte :
-il s’agit d’un récit, d’une forme narrative, en prose. LEJEUNE n’écarte pas la possibilité autobiographie en vers .Dans son ouvrage, LEJEUNE considère le poème autobiographique comme un genre voisin, par ailleurs, il écarte et exclut les formes non-littéraires, comme e curriculum vitae.
-le caractère rétrospectif oppose l’autobiographie et le journal intime, puisque ce dernier est le plus souvent rédige au jour le jour.
« On ne tient pas un journal pour rendre compte d’une vie, mais d’un jour, comme l’étymologie l’indique, ou d’une semaine, ou d’un mois. Ce n’est donc pas a strictement parler un acte autobiographique ; il faudrait plutôt parler d’éphémérides »80
– l’auteur-narrateur doit être une personne réelle, donc les nombreux romans et écrits à la première personne ne pourront jamais prétendre au statut d’autobiographique .
-le sujet du récit doit être « sa propre existence » ce qui fait la distinction avec la biographie ; le fait d’insister sur la vie individuelle et sur l’histoire de la personnalité ne permet pas au lecteur de faire la confusion avec les mémoires, cette dernière forme s’attache surtout a décrire la situation d’une époque sous tous les aspects81.
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72 BELLEMIN NOEL Jean, La psychanalyse du texte littéraire, Paris, NATHAN ,1996.p.8. ↑
73 MAY Georges, L’autobiographie, P.U.F, 1979. ↑
74STAROBINSKYJean, La relation critique « Le style de l’autobiographie », Paris, Gallimard (colle.tel), 1970, p.109. ↑
75 CROUZET Michel, « écriture autobiographique dans la Vie de Henry Brulard » in Stendhal et les problèmes de l’autobiographie (Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 1976), p. 114. ↑
77 LEJEUNE Philippe, Le pacte autobiographique, Paris, Le Seuil, 1975, p.14. ↑
79 LEJEUNE Philippe, Le pacte autobiographique, op.cit. P,22-23. ↑
80 Jacques Lecarme et Eliane Lecarme-Tabone, L’autobiographie, Paris : Armand Colin, 1997, p. 243. ↑
Questions Fréquemment Posées
Qu’est-ce que l’autobiographie selon Philippe Lejeune?
Philippe Lejeune définit l’autobiographie comme ‘un récit rétrospectif en prose qu’une personne réelle fait de sa propre existence lorsqu’elle met l’accent sur sa vie individuelle en particulier sur l’histoire de sa personnalité.’
Comment l’autofiction se distingue-t-elle de l’autobiographie?
L’autofiction est considérée comme un genre hybride qui mêle des éléments autobiographiques et fictifs, remettant en question le pacte autobiographique traditionnel.
Quels sont les théoriciens mentionnés dans l’article concernant l’autofiction?
Les théoriciens mentionnés incluent SERGE Doubrovsky, VINCENT Colonna, GÉRARD Genette, PHILIPPE Forest, JACQUES Lecarme, et MARIE Darrieussecq, chacun apportant une acception différente du concept d’autofiction.