Les implications politiques des soins enfants sont révélées à travers l’analyse des itinéraires thérapeutiques dans l’aire sanitaire de Bomborokuy. Découvrez comment les choix des parents influencent l’accès aux traitements modernes et traditionnels, et quelles en sont les conséquences pour la santé infantile.
3. Itinéraires thérapeutiques selon le type de premier recours
Le cheminement suivi par chacun des malades en quête de thérapies n’est pas toujours identique. On cherche le chemin le plus court menant vers la guérison. Une observation du cheminement après un premier recours, dans chacun des types de recours possibles, permet de voir les secteurs qui déclenchent les itinéraires les plus complexes. Quels sont les types de soins utilisés comme second ou troisième choix thérapeutique après un premier recours ? Telle est la question à laquelle nous tenterons de répondre dans cette section.
3. 1. Itinéraire débutant par une consultation moderne
Les arbres des itinéraires thérapeutiques illustrent le nombre et le type de recours effectués lors des épisodes de maladies. L’observation des séquences thérapeutiques montre que les malades ne réutilisent pas nécessairement les mêmes moyens thérapeutiques aux différentes étapes de leur maladie.
Le graphique 3.6 décrit la progression, par ordre progressif et par sous-types, de recours choisis par les mères qui ont commencé le traitement par la médecine moderne. Ils représentent près de la moitié des cas de maladies rencontrées lors de la collecte des données.
Graphique 3. 6 : Itinéraires thérapeutiques (1er recours : Consultation moderne)
1er recours
Consultation moderne (74) 49,3%
Sortie (48 cas)
64,9%
2ème recours
Consultation moderne (12) 46,2%
Automédication (13) 50%
Aucun recours (1) 3,8%
Sortie (18 cas)
24,3%
3ème recours
Consultation moderne (3) 37,5%
Automédication (3) 37,5%
Aucun recours (1) 12,5%
Consultation moderne (1) 12,5%
Source : Enquête de terrain, (2008)
Avec un taux de sortie (lorsque l’enfant est guéri) de 64,9%, les traitements issus d’une première consultation dans une structure de soins moderne ont donné des résultats relativement satisfaisants. Le recours à la médecine moderne en premier lieu ouvre la voie à plusieurs autres possibilités de recours lorsque l’enfant n’est pas guéri.
Dans la moitié des cas, les malades changent de recours. Ils s’orientent surtout vers l’automédication à 50% des cas au second recours comme au troisième avec 37,5% des malades. Cependant, il convient de noter qu’au second recours (3,8%) comme au troisième (12,5%), une infime proportion des enfants ont eu aucun recours thérapeutique pour le traitement de leur maladie.
3. 2. Itinéraire débutant par une automédication
Le second type d’itinéraire concerne l’automédication. Ce terme, quoique apparemment simple, recouvre en réalité des situations très diverses comme l’utilisation d’anciens médicaments prescrits, la consommation de médicaments achetés en vente libre en pharmacie, dans la rue ou des produits traditionnels issus de la forêt. L’itinéraire d’automédication est un processus de soins autonome dans lequel le malade se soigne sans faire appel à un professionnel ou un praticien de santé.
Graphique 3. 7 : Itinéraires thérapeutiques (1er recours : Automédication)
1er recours
Automédication (68) 45,3%
Sortie (43 cas)
63,2%
2ème recours
Consultation moderne (13) 52%
Automédication (10) 40%
Aucun recours (2) 8%
Sortie (12 cas)
17,6%
3ème recours
Consultation moderne (3) 23%
Automédication (2) 15,4%
Consultation moderne (2) 15,4%
Automédication (5) 38,5%
Aucun recours (1) 7,7%
Source : Enquête de terrain, (2008)
Après l’échec d’une automédication, les mères ont tendance à orienter leurs enfants vers les centres de soins modernes (52%). Néanmoins, 40% des mères restent fidèles à l’automédication et seulement 8%, soit 2 mères, n’ont apporté aucun soin à leurs enfants.
Par contre, l’automédication est plus utilisée au troisième recours que la consultation moderne avec respectivement 53,9% et 38,4%. Ainsi, les mères ayant choisi l’automédication comme premier recours pour les soins de leurs enfants et qui se sont contentés de celle-ci au second recours représentent 38,5% des mères.
3. 3. Itinéraire débutant par une consultation traditionnelle
Le traitement par consultation de tradithérapeutes n’est pas une pratique courante pour les mères dans la quête de soins pour les enfants malades, en témoigne leur faible nombre. En effet, seulement 3 mères, soit 2%, ont utilisé les services d’un tradipraticien au début de l’itinéraire.
Tous les enfants ayant commencé par la consultation traditionnelle ont été déclarés guéris et donc n’ont plus eu de second recours. La guérison des enfants peut s’expliquer non seulement par l’efficacité du traitement du tradipraticien mais aussi par le caractère benin des maladies. Aucune des autres mères qui ont choisi les autres types de thérapie n’a eu recours aux tradipraticiens comme seconde ou troisième alternative.
3. 4. Itinéraire débutant par une absence thérapeutique
L’inaction thérapeutique se traduit souvent par une certaine inertie qu’observe le malade ou son entourage devant l’épisode morbide. En effet, on attend de voir l’évolution de la maladie, dans l’espoir d’une amélioration de l’état de santé du malade voire une guérison de celui-ci, avant d’orienter le recours en conséquence.
Dans notre étude, 5 mères, soit 3,3%, n’ont rien entrepris pour le traitement de leurs enfants qui, malgré tout, sont guéris sans utiliser aucun soin. Cet état de fait tire son fondement non seulement par la bénignité de la maladie mais aussi par la non connaissance des différentes maladies qu’elles confondent aisément.
En somme, nous retenons que la consultation moderne est aussi bien utilisée que l’automédication par les mères pour ce qui est du premier recours. Cependant, à partir de la deuxième étape de l’itinéraire thérapeutique, les mères ont le plus souvent choisi un autre système de soins du fait de la persistance de la maladie de leurs enfants.
Celles qui ont fait l’automédication s’orientent désormais vers la consultation moderne et quelques-unes abandonnent celle-ci au bénéfice de l’automédication au second recours comme au troisième. Les inactions thérapeutiques se situent à toutes les étapes tandis que la consultation traditionnelle se limite au début de l’itinéraire.