Les itinéraires thérapeutiques innovants révèlent comment les parents naviguent entre médecine moderne, traditionnelle et automédication pour traiter leurs enfants de moins de 15 ans à Bomborokuy. Quelles influences façonnent leurs choix ? Découvrez les résultats surprenants de cette étude essentielle.
2. Rang du recours thérapeutique
Le recours aux soins est une réponse à l’état morbide ressenti par une personne et/ou son entourage. Pour soigner leurs enfants, plusieurs recours thérapeutiques ont été effectués.
Tableau 3.4 : Répartition des malades selon le nombre de recours utilisé
Nombre | Pourcentage | Effectif |
---|---|---|
0 recours | 3,3 | 5 |
1 recours | 62 | 93 |
2 recours | 20,7 | 31 |
3 recours | 14,0 | 21 |
Total | 100,0 | 150 |
Source : Enquête de terrain, (2008)
Plus de six (06) malades sur dix (10) se sont limités au premier recours thérapeutique soit pour raison de guérison, d’abandon de traitement ou de décès. Le recours de rang 2 ne représente 1 sur 5 des cas de maladie et concerne les enfants qui ont utilisé deux types de soins différents ou deux fois le même système de soins.
Le choix de 2 types de soins différents se traduit par un changement de recours thérapeutiques durant la maladie. La double utilisation du même type de soins tire son fondement dans la confiance que les parents du malade ont de celui-ci.
Concernant les 03 types de recours, Seulement un peu plus de 1 sur 10 des malades ont recouru à trois (3) sortes de traitement pour leur mal. L’utilisation de 2 ou 3 recours thérapeutiques se justifie par la non guérison du malade.
Dans le cadre de notre étude, les types de recours retenus sont : la consultation moderne, la consultation traditionnelle, l’automédication, l’inaction thérapeutique (aucun recours).
La consultation moderne s’effectue auprès des agents professionnels de santé moderne que sont les infirmiers et médecins.
Pour celle dite traditionnelle, elle est orientée vers les tradithérapeutes.
L’automédication, quant à elle, consiste au recours à toutes les croyances et pratiques connues par le malade ou son entourage à travers des remèdes traditionnels ou modernes. « Aucun recours » correspond à une absence thérapeutique qui consiste à attendre de voir l’évolution de la maladie avant de se décider.
Au delà du nombre de traitements utilisés pour se soigner, il est judicieux de connaître le type de recours choisi par les mères à chaque étape de la maladie de leurs enfants sachant que l’itinéraire thérapeutique, pour notre étude, ne dépasse guère trois étapes. Ces étapes sont constituées par les actions entreprises (3) par les mères pour soigner leurs enfants.
2.1. Première action thérapeutique
Rappelons que dans cette rubrique, l’accent sera mis sur le premier mode de traitement utilisé par les mères au profit des enfants car peu de malades ont dépassé cette étape au cours de leur maladie. De ce fait, la première action thérapeutique est présentée de sorte à mettre en exergue le premier recours utilisé, la décision du recours, la prise en charge financière du traitement, la distance et le mode de transport utilisé.
Choix thérapeutique
Le premier choix thérapeutique concerne tous les ménages qui ont effectué ou pas un traitement dès l’apparition de la maladie.
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Source : Enquête de terrain, (2008)
Types de recours
Automédication
Consultation Traditionnelle
Consultaion Moderne
Aucun recours
0
2
3,3
40
30
20
10
45,3
49,3
60
50
Graphique 3.3 : Premier choix thérapeutique des malades selon le type de recours
Effectif en %
Ainsi, sur les 150 cas d’épisode morbide, prés 5 malades sur 10 ont d’abord traité par automédication où ont directement fait recours aux services de santé moderne .Un peu plus de 1/20 malades n’ont donné lieu à aucune action thérapeutique soit ont consulté un tradithérapeute.
Toutefois, ces mères ont-elles pris l’initiative toute seule dans le choix de ces modes de traitement ou d’autres personnes ont-elles agi dans la prise de décision ?
Décision du recours
Il est difficile de déterminer les personnes ressources qui décident du chemin à suivre pour soigner l’enfant car ces personnes changent selon les contextes et plusieurs facteurs sociaux.
Diverses interprétations entrent en jeu et influencent la gestion de la maladie. Ainsi, C’est possible que la maladie en cause ne soit pas celle du dispensaire. De même, les soins du dispensaire peuvent être considérés comme très lents pour la guérison de la maladie.
Tableau 3.5 : Personnes décidant du recours
Parent ou personne de l’entourage | Pourcentage | Effectif |
---|---|---|
Père | 73,1 | 106 |
Mère | 22,1 | 32 |
Autres personnes | 4,8 | 7 |
Total | 100 | 145 |
Source : Enquête de terrain, (2008)
Néanmoins, les résultats de notre étude révèlent que environ 3/4 des décisions émanent du père et un peu plus 1/5 des mères. Les autres personnes du ménage ou hors de celui-ci interviennent rarement dans la prise de décision (1/20 des cas).
Effectif en %
Prise en charge financière du traitement
Les femmes ne disposent pas toujours de l’autonomie de décision dans le choix des soins, ni d’ailleurs de l’autonomie financière pour assurer le coût du traitement (OUEDRAOGO, 1996). Ainsi, les hommes assument à plus de 80% des cas le coût du traitement contre seulement 11,1% pour les femmes.
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Source : Enquête de terrain, (2008)
Graphique 3.4: Personnes assumant le coût du traitement
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
86,5
11,1
2,4
Père
Mère
Personne
Autres personnes
Distance
La fréquentation des centres de santé est dépendante non seulement de l’appréciation par les usagers de la distance qui sépare leur habitation du centre de santé le plus proche et aussi des moyens utilisés, du temps mis pour s’y rendre. De ce fait, la distance des ménages à la formation sanitaire s’avère comme facteur déterminant pour le recours à celle-ci en cas de maladie.
Tableau 3.6 : Estimation de la distance du CSPS par les mères
Distance | Pourcentage | Effectif |
---|---|---|
Proche | 74,0 | 111 |
Moyennement proche | 6,7 | 10 |
Eloigné | 19,3 | 29 |
Total | 100,0 | 150 |
Source : Enquête de terrain, (2008)
De l’étude, nous notons que les mères ont déclaré dans 74% des cas que la distance à parcourir pour atteindre un service de santé moderne est relativement courte. Certaines mères, représentant 6,7% de celle-ci, ont affirmé que la distance du Centre de Santé et de Promotion Sociale est relativement proche. Seules 19,3% ont estimé que le centre de santé moderne est éloigné de leur localité. En terme de distance, il convient de rappeler que le village le plus éloigné de l’aire sanitaire se trouve à 10km, tandis que le plus proche est à 2km.
Mode de transport
Le recours à un service de santé moderne implique souvent le déplacement vers une autre localité car tous les villages n’en disposent pas.
Tableau 3.7 : Moyen de transport utilisé pour la quête de soins
Mode de transport | Pourcentage | Effectif |
---|---|---|
Aucun déplacement | 47,3 | 71 |
Pied | 31,3 | 47 |
Charrette | 0,7 | 1 |
Bicyclette | 16,7 | 25 |
Moto | 3,3 | 5 |
Voiture | 0,7 | 1 |
Total | 100 | 150 |
Source : Enquête de terrain, (2008)
Soulignons que les 47% des malades ont utilisé un traitement familial pour les soins, ce qui ne nécessite pas un déplacement.
Le moyen de transport le plus utilisé pour se rendre dans le centre de santé est le déplacement à pieds (plus de 1/5). L’utilisation d’un vélo arrive en deuxième position avec moins de 1cas sur 5. Puis viennent, le recours à une moto (3,3%) et la voiture surtout en cas d’évacuation sanitaire.
Lorsque le malade n’a pas recouvré sa santé au bout de la première action thérapeutique, il opte généralement pour un deuxième type de soins, ainsi de suite.
2.2. Deuxième action thérapeutique
Des 150 malades qui ont entrepris ou pas une action thérapeutique, un enfant est décédé durant la première étape de son itinéraire thérapeutique, 97 malades, soit 64,7%, sont guéris au terme de cette première étape et 52 mères, soit 34,7%, se sont engagées dans une deuxième action thérapeutique soit n’ont pas utilisé de traitement pour leur enfant. La deuxième étape se caractérise par la rareté des cas de maladies. Ainsi, nous nous contenterons de décrire quelques caractéristiques de ces 52 malades.
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Source : Enquête de terrain, (2008)
Graphique 3.5 : Type de recours utilisé lors du deuxième choix thérapeutique
60
50
48,1
46,1
40
30
20
10
5,8
0
Aucun recours
Consultaion Moderne
Types de recours
Automédication
Effectif en %
Les recours thérapeutiques restent sensiblement les mêmes à cette étape de l’itinéraire thérapeutique. Les mères du fait de la persistance de la maladie de leurs enfants optent souvent pour d’autres types de recours où n’utilisent pas de recours thérapeutique. Ainsi, nous notons une relative tendance à une automédication au détriment de la consultation moderne tandis que la consultation traditionnelle est abandonnée.
2.3. Troisième action thérapeutique
Très rares sont les itinéraires thérapeutiques qui ont engendré trois recours successifs. Au bout de la deuxième étape, 31 malades, soit 20,7%, sont guéris et seulement 14%, soit 21 malades, ont poursuivi cette étape. La période de référence qui est de trois mois et l’échantillon assez restreint, expliquent partiellement cette limitation du nombre d’étapes et du nombre de cas d’épisodes morbides dans cette étape.
Tableau 3.8 : Choix thérapeutique opéré à la troisième étape de l’itinéraire
Type de recours | Pourcentage | Effectif |
---|---|---|
Aucun recours | 9,5 | 2 |
Consultation moderne | 42,9 | 9 |
Automédication | 47,6 | 10 |
Total | 100 | 21 |
Source : Enquête de terrain, (2008)
L’automédication domine à ce stade des soins avec 1/2 suivie de près par la consultation moderne et 1 mère sur 10 n’a rien fait pour venir à bout du mal de leurs enfants.
Les rangs des recours thérapeutiques sont divers. La majorité des malades se limitent à la première étape de l’itinéraire thérapeutique. De même, les malades fréquentent prioritairement la consultation moderne et l’automédication tandis que la consultation traditionnelle et l’inaction thérapeutique sont secondaires.
En dépit de la présentation globale des itinéraires thérapeutiques, une observation plus fine des comportements de santé des mères par sous-types de recours thérapeutique s’avère nécessaire.