Les stratégies d’adaptation à Pointe-Noire sont essentielles pour renforcer la résilience face au changement climatique. Cet article propose des mesures concrètes telles que la sensibilisation, la construction de digues et la végétalisation urbaine, en s’appuyant sur des données climatiques et démographiques.
Stratégies d’adaptation au climat
Les stratégies d’adaptation désignent des plans d’action pour résoudre durablement le problème lié au changement climatique. Ici, il est question de renforcer la résilience de l’agglomération de Pointe-Noire au climat. Chacune de ces stratégies nécessite une gestion raisonnable de cette ville.
Stratégies de planification et d’urbanisme
Les stratégies de planification et d’urbanisme passent par la formation des cadres et la sensibilisation des citadins sur les questions liées à l’environnement. Certaines populations urbaines de Pointe-Noire maitrisent peu les phénomènes environnementaux. Pour limiter ses effets, les citadins doivent posséder des savoirs requis. Pour éviter la submersion des zones côtières, les digues de protection (photo 15) doivent être construites sur le long du littoral. La formation périodique de comités de plage est également évoquée.
Photo 15 : Digue sur la côte sauvage (prise de vue, Maketo, 2022)
À titre illustratif, le 1er octobre 2019, une opération de salubrité sur la plage de Pointe-Noire a été réalisée par la Délégation de l’Union Européenne (UE) en République du Congo et le conseil municipal de Pointe-Noire. Elle était dénommée « Beach clean up », le nettoyage de plage. La collecte des déchets (photo 16) notamment des plastiques est également effectuée. Cette activité s’inscrit dans le cadre de la journée mondiale du nettoyage de la planète célébrée le 21 septembre 2018 (https://www.eeas.europa.eu/delegations/congo-brazzaville/beach-clean-à- pointe-noire-amplifier-le-mouvement-mondial.fr consulté le Vendredi 02 septembre 2022).
Photo 16 : Les bouteilles plastiques à Songolo (prise de vue, Maketo, 2022)
Stratégies vertes
Pour rendre résiliente la ville de Pointe-Noire, les populations pensent que la végétalisation de l’environnement est prometteuse. En effet, les espaces verts deviennent de véritables oasis de fraîcheur, particulièrement lors des vagues de chaleur. Aussi, les arbres assurent l’ombrage au sol permettant aux habitats d’avoir une aération naturelle. En rejetant de la vapeur d’eau dans l’air, les arbres contribuent à atténuer les effets de l’ICU sur la population urbaine.
Alors, un questionnement se pose : quels types d’arbres doit-on planter à Pointe-Noire ? Il s’agit de la Rhizophora, de l’Acacia, des bambous de Chine et du Menthelys. « Le planting de ces plantes a été réalisé le 05 juin 2019 par la société Bos Congo en collaboration avec la fondation Avsi, les autorités municipales et le personnel de la Direction Départementale de l’Environnement de la ville de Pointe-Noire.
L’action a été menée à l’école de Vindoulou auprès des élèves du Primaire et du Secondaire. En effet, les arbres ont un effet positif sur l’environnement : les feuilles d’arbres absorbent le CO2 et assurent l’ombrage. Les racines, quant à elles, servent à stabiliser le sol. » (entretien avec Madame Eouani Rita Aimée Liliane du 30 août 2022).
Les réflexions réalisées par J. Emond (2017, pp. 14-15) confirment ces résultats.
Monsieur Missima Nziengui Nicodème nous rapporte que « la ville de Pointe-Noire présente plusieurs enjeux. Elle est à la fois une ville portuaire et industrielle. Son statut portuaire s’explique par le fait qu’elle exerce le trafic maritime. Plusieurs sortes de voitures foulent le sol de cette agglomération. Ces voitures émettent des fumées, des gaz. Ce qui entraine les pollutions. Son statut industriel montre qu’elle abrite une multitude d’industries. Par leur réalisation, ces sociétés industrielles émettent des gaz à effet de serre accélérant ainsi le
processus climatique. Pour en limiter, le planting des arbres est une initiative prometteuse pour la ville ».
Faut-il ajouter que les plantes aident à la dépollution de l’air et du sol. Elles retiennent l’eau. Les arbres représentent des « giga puits de carbone » en ce sens qu’ils peuvent retenir jusqu’à 5,4 tonnes de gaz carbonique par an et 20 kilogrammes de poussière. Les feuilles d’arbres captent les particules fines et empêchent propager les polluants atmosphériques (Damblé O., 2020, p. 103).
Aussi, il faut sensibiliser la population sur la protection et la conservation des écosystèmes. Ceci constitue l’une des missions de l’ONG Rénatura Congo. La sensibilisation concerne le grand public tout au long de l’année. « Les émissions radios, les stands sur les marchés ou lors des événements culturels sont des moyens utilisés par ladite association pour faire émerger une prise de conscience citoyenne sur ces questions.
Plus de 40 enfants sont sensibilisés chaque année. Les animateurs visitent des écoles publiques et privées de Pointe-Noire et celles du Kouilou » (entretien Madame Breheret Natalie du 07 septembre 2022). Le reboisement de la mangrove sur le littoral de Pointe-Noire représente une stratégie déterminante, parce que la mangrove protège les estuaires contre l’intrusion des eaux marines.
Cette espèce doit être restaurée pour satisfaire les besoins des populations en bois de chauffe. Ses pépinières existent réellement.
Comme stratégies pour l’agriculture urbaine, les paysans doivent utiliser des semences améliorées s’adaptant au climat. Il faut trouver des variétés culturelles s’adaptant à la durée des saisons pluvieuses. Le maïs doit être planté pendant la première saison des pluies (OND) vers la fin du mois d’Octobre ou le début du mois de Novembre. La promotion de cette agriculture est également prise en compte. Aussi, les paysans doivent être assistés par les pouvoirs publics (entretien avec Monsieur Massouangui-Kifouala Martin du 25 juin 2022).
Stratégies bleues
Les stratégies bleues impliquent l’approvisionnement de l’eau de qualité. L’eau est un élément essentiel dans les mécanismes de rafraîchissement de la ville. Les populations urbaines de Pointe-Noire connaissent un déficit hydrique. Tel est le cas des habitants de Louéssi et de Ngoffo qui font usage de l’eau de forage, parce que la santé de la population en dépend.
L’eau contribue à l’évapotranspiration des plantes. Ainsi, les études menées par l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme (IAU, 2010, p. 45) concluent les résultats obtenus sur le rôle crucial de l’eau en ville. Par ailleurs, il est proposé « la mise en place d’une canalisation fiable dans la ville de Pointe-Noire. En effet, ces eaux doivent être drainées jusque dans l’Océan Atlantique.
Lorsque des pluies diluviennes s’abattent sur la ville, ces eaux pluviales manquent de système de drainage. Raison pour laquelle ces eaux submergent des maisons. La vie des
populations vivant dans ces zones est en danger » (entretien avec Madame Tsila née Moukoko Kititi Chantal).
Stratégies liées aux bâtiments
Les stratégies d’adaptation liées aux bâtiments contribuent à réduire l’ICU à Pointe-Noire. Il s’agit du choix des matériaux de construction des écosystèmes humains. 60 % des personnes interrogées pensent qu’il faut privilégier l’utilisation des matériaux locaux (planches) pour bâtir des maisons. Lors de la journée internationale de l’environnement (5 juin 2019), M. Kando Jean François, Maire de la ville de Pointe-Noire fait la promotion de l’écoconstruction. Elle est un système par lequel les populations utilisent des matériaux écologiques comme les briques locales. Ces plans d’action contribuent à l’aération naturelle des maisons et au confort thermique des populations qui y vivent.
Stratégies liées aux transports
Comme stratégies d’adaptation, le développement des transports en commun doit être envisagé afin de réduire l’usage des voitures personnelles. La promotion de ce type de transport permet donc de lutter intensément contre la pollution de l’air. À en croire Delmas F. (2020, p. 140), la voiture individuelle représente 62% des émissions de gaz à effet de serre. Aussi, un vaste espace doit être réservé aux piétons. La promotion de la circulation par vélo et le privilège des voitures électriques sont également encouragés. À titre illustratif, la firme Bolloré Logistic contribue à vulgariser les voitures électriques au Congo-Brazzaville. Ces voitures circulent à Pointe-Noire comme dans toutes les grandes villes congolaises.