Impacts et vulnérabilité climatique de Pointe-Noire

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🏫 Université Marien Ngouabi - École Normale Supérieure
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2021 -2022
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La vulnérabilité climatique à Pointe-Noire est exacerbée par les impacts du dérèglement climatique, menaçant la durabilité de l’environnement côtier. Cet article propose des stratégies d’adaptation, telles que la sensibilisation, la construction de digues et la végétalisation urbaine, pour atténuer ces risques.


Chapitre 3 :

Impacts, vulnérabilité et enjeux d’adaptation de la ville de Pointe-Noire

L’évolution climatique représente l’une des menaces les plus sérieuses pesant sur la durabilité de l’environnement, surtout en zones côtières. Les impacts du dérèglement climatique sont très alarmants surtout dans les villes des pays en développement. Face à ce défi, plusieurs mesures et stratégies d’adaptation sont prises en compte à Pointe-Noire. Dans ce chapitre, il est question d’évaluer les effets du climat sur la ville de Pointe-Noire et d’analyser ses enjeux d’adaptation aux perturbations climatiques.

Impacts du climat sur la ville de Pointe-Noire

Les impacts du changement climatique indiquent les dégâts actuels que le climat laisse dans un espace. Dans l’espace urbain de Pointe-Noire, ils sont visibles sur le littoral, la mangrove, l’agriculture, les établissements humains, le port et la santé de la population.

Impacts du changement climatique sur la baie de Pointe-Noire

Le dérèglement climatique affecte la baie de Pointe-Noire (photo 8). Parmi les effets de ce phénomène, nous citons l’élévation du niveau de la mer. Celle-ci entraine l’intrusion d’eau saline à Pointe-Noire, la submersion des terres et le recul du trait de côte. Étant donné que la zone côtière constitue un environnement naturel fragile, elle subit l’érosion côtière (entretien avec Madame Eouani Rita Aimée Liliane du 30 août 2022). Avec une façade à l’Océan Atlantique et ses kilomètres de plage, la ville de Pointe-Noire est particulièrement exposée aux aléas climatiques malgré les efforts consentis par les autorités de la capitale économique (https://www.eeas.europa.eu/delegations/congo-brazzaville/beach-clean-à-pointe-noire- amplifier-le-mouvement-mondial.fr consulté le Vendredi 02 septembre 2022).

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Photo 8 : Baie de Pointe-Noire menacée par les eaux océaniques (prise de vue, Maketo, 2022)

Impacts du climat sur la mangrove

Les impacts du climat comme l’élévation du niveau de la mer et l’acidité de l’océan entrainent la disparition des mangroves. La Rhizophora Racemosa est l’espèce la plus exposée à ce risque. La destruction de cette espèce est à l’origine de l’érosion côtière. Le phénomène lié à l’inondation des zones côtières s’avère fatale aux palétuviers. Tel est le cas de l’espèce Crinium natans, ne supportant pas l’augmentation de la teneur importante en sel des eaux océaniques, qui disparait. Les réflexions menées par Samba G. (2020) approuvent ces résultats.

Impacts du climat sur l’agriculture

Le secteur agricole à Pointe-Noire ressent également les effets du changement climatique. Il s’agit de la modification du calendrier agricole, la présence des phénomènes extrêmes comme les sécheresses, la diminution de la pluviométrie, la diminution de la disponibilité et de la qualité de l’eau. Une baisse des rendements moyens des cultures est signalée par les producteurs. Le retard dans l’arrivée des pluies est à l’origine d’un décalage du cycle cultural. Madame Eouani Rita Aimée Liliane nous rapporte que « le changement climatique est à l’origine du bouleversement du rythme des précipitations à Pointe-Noire ». L’arrêt précoce des précipitations présente alors des impacts sur la production agricole.

Impacts du climat sur les établissements humains

Les écosystèmes humains sont affectés par les aléas climatiques à Pointe-Noire. Il peut s’agir du pic de chaleur et de l’inconfort thermique. En fait, le climat urbain se caractérise par une couche limite atmosphérique particulière, engendrant ainsi l’Ilôt de Chaleur Urbain (ICU). Dans les zones urbaines, les températures moyennes annuelles sont supérieures de 0,5 à 1,5 °C à celles des zones rurales avoisinantes. À croire Jouzel J. (2019, pp. 42-43), les vagues de chaleur progressent à peu près deux fois plus rapidement que la température moyenne c’est-à- dire qu’un réchauffement climatique moyen de 2° C entrainerait des vagues de chaleur de près de 4° C plus importantes.

Les fluctuations climatiques entrainent les inondations (photo 9) des habitations situées près des berges des rivières et des zones marécageuses. Rappelons qu’à Pointe-Noire, on distingue trois types d’habitations : modernes, traditionnelles et précaires (tableau 4). Chacun de ces habitats présente des aspects particuliers en milieu urbain. L’habitation moderne se caractérise par des maisons à matériaux durables.

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Photo 9 : Inondation d’une artère urbaine au quartier Tchiali (prise de vue, Mombo, 2022)

Il s’agit des habitations en dur faits de briques agglomérées ainsi que des tôles. Cela s’explique par le fait que les murs absorbent de l’énergie solaire pendant la journée. Puis, cette énergie solaire va être ressentie la nuit à travers l’ICU (entretien avec Monsieur Diela du 10 septembre 2021). L’habitation traditionnelle se singularise par la présence des maisons non durables.

Il peut s’agir des habitations en planches et en tôles. Les matériaux n’absorbent pas assez d’énergie. Ils assurent une ventilation naturelle. L’habitation précaire (photo 10), quant à elle, est constituée des maisons en tôles. Leurs matériaux de construction ne sont pas durables en raison de l’air humide à Pointe-Noire. Pendant la journée, un pic de chaleur est ressenti dans ces écosystèmes humains.

Ses habitants sont contraints de passer assez de temps à l’extérieur. Ceux-ci sont à la recherche du confort thermique. La nuit apparait fraiche.

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Photo 10 : Habitation précaire au quartier Louéssi (prise de vue, Maketo, 2022)

Dans le tableau 4, il est reporté les statistiques sur la typologie des habitats à Pointe-Noire. Il s’agit des habitats en matériaux durables, des habitats en matériaux précaires et des habitats reflétant la pauvreté. Les habitations en matériaux durables présentent un pourcentage élevé soit 52,40%.

Tableau 4 : Statistiques sur la typologie de l’habitat à Pointe-Noire
Type d’habitatPourcentage
Habitat en matériaux durables52,40 %
Habitat en matériaux précaires34,78 %
Habitat reflétant la pauvreté12,82 %

Source : ONU-HABITAT, 2012, p. 13.

Impacts du changement climatique sur le port maritime

Le port maritime de Pointe-Noire subit les fluctuations climatiques dont l’élévation du niveau de la mer ainsi que les inondations marines et pluviales. Il sera alors difficile de concrétiser bon nombre d’objectifs de développement comme celui de l’amélioration des performances opérationnelles du port autonome de Pointe-Noire afin de simplifier les procédures administratives.

Impacts du changement climatique sur la santé de la population

La santé de la population urbaine de Pointe-Noire ressent les effets du changement climatique. Ce phénomène se caractérise par la présence des maladies d’origine hydrique comme la déshydratation et les éruptions cutanées. La hausse des températures moyennes peut se traduire par une recrudescence de certaines maladies vectorielles telle que le paludisme. Pendant la saison pluvieuse, les rivières débordent et les eaux envahissent des habitats. Aussi, par manque d’eau de qualité, les populations utilisent ces mêmes eaux contaminées. Ce qui entraine la propagation des maladies liées à la ressource en eau comme le Choléra dans l’environnement urbain.

Vulnérabilité de l’espace urbain de Pointe-Noire

Vulnérabilité de la baie de Pointe-Noire

La baie de Pointe-Noire présente un profil topographique qui la rend de plus en plus exposée à l’érosion marine maximale. Ses altitudes basses augmentent sa sensibilité aux risques climatiques. Avec les projections à venir, le littoral congolais serait de plus en plus exposé aux inondations à cause de l’élévation du niveau de la mer. Globalement, l’augmentation du niveau de la mer provoquerait la montée d’eau et des marées. Par ailleurs, les populations les plus démunies vivant sur la zone côtière seront les plus affectées. Celles-ci seraient sujettes aux déplacements suite aux inondations. Le tableau 5 indique la valeur estimée des populations menacées sur le littoral congolais par l’érosion côtière aux horizons 2050 et 2100. Celles-ci vivent dans un environnement fragile en raison de l’évolution climatique.

Tableau 5 : Estimation des populations menacées à Pointe-Noire
LocalitéPopulations menacées
20502100
Pointe-Noire750.0001.200.000

Source : Système des Nations Unies, 2010, pp. 69-70

Vulnérabilité des mangroves

L’élévation du niveau de la mer à l’horizon 2035 pourrait entrainer des inondations accompagnées de l’érosion des côtes. Cette montée des eaux marines entrainerait la disparition de la mangrove. L’intrusion d’eaux salées provoquerait le recul du trait de côte affectant les écosystèmes des mangroves (photo 11).

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Photo 11 : Mangroves menacées par les eaux marines au quartier Songolo (prise de vue, Maketo, 2022)

Vulnérabilité de l’agriculture

Les projections de température du GIEC indiquent une augmentation de 1,5°C à l’horizon 2040 et de 2°C à 3,5°C à l’horizon 2070 (GIEC, 2013), le réchauffement climatique entrainerait le bouleversement du calendrier cultural, le décalage des dates du semis, une évapotranspiration massive de l’eau au niveau des planches de cultures en raison des pics de chaleur, les brûlures au niveau des feuilles dans le maraîchage, des pertes de rendement pour des cultures comme les légumes, le maïs et la banane plantain.

Vulnérabilité des établissements humains

La vulnérabilité des habitats à Pointe-Noire serait plus remarquable si les projections climatiques se confirment. Aux horizons 2040 et 2070, les maisons connaitraient une hausse de température ; d’où l’inconfort thermique. Lorsque ces maisons sont bâties, les conditions climatiques ne sont pas prises en compte. Avec la conjonction de la modification des sols par des dallages et des activités thermiques, il faut s’attendre à un réchauffement artificiel de la ville de Pointe-Noire.

Vulnérabilité du port

L’infrastructure portuaire joue un rôle essentiel pour la croissance et le développement économiques. Néanmoins, il pourrait exprimer sa vulnérabilité au contrecoup du changement climatique à l’horizon 2050. L’ensablement progressif provoquerait des dégâts futurs sur le commerce et les perspectives de développement concernant la ville de Pointe-Noire.

Vulnérabilité de la santé de la population

Le changement climatique accentuerait une baisse de la qualité de l’eau, ce qui pourrait dégrader directement la santé humaine à Pointe-Noire, alors que le déficit hydrique est déjà ressenti par cette population. L’augmentation de la température pourrait accroitre la présence de certaines maladies vectorielles telle que le paludisme. Ainsi, les risques de maladies liées à l’eau se développeraient. Tel est le cas du Choléra qui sévit dans cette agglomération.

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