Le cadre théorique de la RSE révèle des enjeux cruciaux pour les entreprises face aux défis économiques et environnementaux actuels. Cette étude sur l’application de la norme ISO 26000 à la briqueterie IZERKHAF offre des perspectives novatrices sur l’intégration des pratiques sociétales dans la stratégie organisationnelle.
Chapitre I :
Cadre théorique et conceptuel de la RSE
Introduction :
Face au développement économique, défis environnementaux et exigences sociales des employés, que rencontrent les entreprises, il est question de rechercher de nouveaux modèles de développement pour exercer convenablement leurs activités. La majorité d’entre elles cherchent et réfléchissent sur la manière d’intégration de la RSE dans leurs activités.
Le mouvement de la RSE n’aurait pas connu un tel développement au cours des dernières années s’il n’avait pas été enclenché, à travers le monde, par les actions convergentes de groupes et d’organisations porteurs à la fois de valeurs humanitaires et d’inquiétudes des sociétés civiles. Ces valeurs sont principalement le respect des droits humains sur les lieux de travail à travers le monde et la préoccupation d’échanges plus égalitaires dans le commerce international. Les inquiétudes portent essentiellement sur les changements climatiques et leurs conséquences sur l’environnement naturel et l’accentuation des inégalités sociales.
Ce mouvement s’appuie sur de grandes références substantielles ou sur des incitations émanant d’organisations internationales et donne lieu à de nouvelles formes de régulation combinant obligations contraignantes et démarches volontaires avec l’intervention croissante de multiples acteurs.
Ce premier chapitre exposera deux sections ; la première comporte une panoplie de définitions de la RSE, son origine et ses différents fondements théoriques ainsi que ses enjeux. La deuxième section présentera dans un premier temps l’encadrement institutionnel, dans un second temps l’outillage de la RSE et l’investissement socialement responsable.
Section 1 :
du développement durable à la responsabilité sociale des entreprises
La responsabilité sociale de l’entreprise est difficile à définir. Ce concept est loin d’être consensuel au sein des communautés de chercheurs et de praticiens. De nombreuses significations sont conférées au terme de RSE, la pluralité des approches théoriques mobilisées sont controverse1.
Dans cette section nous allons d’abord aborder, les origines de la RSE ainsi que ses diverses définitions, puis expliquer les fondements théoriques et les enjeux que peut présenter cette démarche pour l’entreprise.
- Concept de Développement Durable (DD) :
L’idée de DD apparaît à la fin des années 80 en réponse aux crises sociales et environnementales auxquelles l’humanité fait face. La mondialisation a fait que les inégalités se sont de plus en plus accrues entre les riches et les pauvres. Sa définition officielle est donnée au moment de la préparation du troisième sommet de la Terre à Rio par Bruntland (1987) comme étant « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs2 ».
La raison d’associer les deux notions de DD et de RSE est simple, en effet par la mise en place de sa démarche RSE, l’entreprise contribue aux objectifs généraux du DD : croissance économique, développement social et moins d’impacts environnementaux des activités.
Le développement durable repose sur trois piliers principaux : L’environnement, la société, l’économie. L’entreprise doit combiner le respect de l’environnement, l’équité sociale et la réussite commerciale.
En ce qui concerne l’environnement, le DD permet de préserver la diversité des espèces et les ressources naturelles et énergétiques, pour la société il contribue à la satisfaction des besoins en santé, éducation, habitat, emploi, équité. Finalement pour l’économie, le DD permet de créer des richesses et améliorer des conditions de vie matérielles.
Le DD se base sur des principes fondamentaux à savoir la solidarité entre les pays, les peuples, les générations, les membres d’une société, la précaution dans les décisions afin de limiter les catastrophes dans la présence des risques qui nuisent à la santé ou l’environnement, la participation de chacun, quelle que soit sa profession ou son statut social, afin d’assurer la réussite de projets durables et finalement la responsabilité de chaque citoyen pour que celui qui abîme, dégrade et pollue répare.
Sous la pression des enjeux du développement durable et face à l’instabilité du contexte actuel, on demande à l’entreprise de contribuer au « bien public », d’agir et de prendre les mesures adéquates afin de protéger l’ensemble de ses parties prenantes qui sont sa source de pérennité et de sa survie. D’où la nécessité d’introduire le concept de RSE qui est la mise en pratique du DD par les entreprises en prenant en considération l’ensemble des intervenants.
- La notion de la RSE
La responsabilité sociale d’une entreprise ne constitue pas un thème d’apparition récente, il s’agit plutôt de la réapparition sous une forme actualisée d’une interrogation aussi vieille que la discipline des sciences de gestion. Dans ce qui suit nous allons voir l’origine de la RSE et ses différentes définitions.
- Origines et développement de la RSE :
Même pour la RSE, rien n’est accidentel, elle est le produit de plusieurs évolutions et critiques tel que l’évolution industrielle, les changements environnementaux (la dégradation de la biosphère, l’épuisement des ressources naturels), social (l’atteinte de la santé des consommateurs) qui sont des raisons favorables à son émergence, dans le cadre de la recherche de résolution du problème de DD de la refonte d’une nouvelle gestion trop gaspilleuse et de l’aspiration à un autre type de gouvernance d’entreprise.
Historiquement, toutes les religions ont fait plus ou moins allusion aux responsabilités qu’ont les individus envers leurs sociétés et même la terre. Les actions de charité individuelles se sont traditionnellement étendues au niveau des affaires et des entreprises. L’émergence des doctrines socialistes et morales dans les temps modernes n’a fait que renforcer ces tendances et les développer.
L’idée de la RSE est relativement ancienne et trouve ses fondements dans des pratiques d’entreprises vieilles dans de nombreux pays européens tels que la France et aux Etats Unis. Cependant, le développement de la RSE comme concept académique est plus récent, et on attribue en général à Howard R. Bowen le titre de « père fondateur » de la RSE. Son ouvrage de 1953, intitulé Social Responsibilities of the Businessman, constitue l’un des premiers efforts systématiques d’analyse du discours et des comportements liés à la responsabilité sociale. Cet ouvrage témoigne de l’ancrage religieux de la RSE et marque l’entrée de cette notion dans le champ académique.
Depuis cette période, la RSE suscite des controverses relatives aux dangers politiques liés à un engagement de l’entreprise au-delà de ses prérogatives économiques et s’impose comme un concept « par essence contesté »3.
Mais ce n’est que vers la fin des années 1990 que la RSE a regagné l’intérêt des chercheurs. Cette notion s’est élargie jusqu’à devenir un concept beaucoup plus complexe avec de multiples facettes incluant d’autres préoccupations telles que les droits de l’Homme, l’environnement, la corruption, la pauvreté, etc4.
L’évolution du concept de RSE au fil du temps s’accompagne également d’un changement de paradigme dans les grandes entreprises. L’avènement de la globalisation et l’apparition de nombreux problèmes tels que le changement climatique affecte aujourd’hui leurs activités, modifiant leur perception quant à leur responsabilité au sein de la société. Ces entreprises ne doivent plus simplement produire des biens et des services, elles doivent agir de manière responsable. Et cette évolution peut se traduire par quatre étapes :
- La première phase (les années 1950/1960): Durant cette période les recherches se sont focalisées sur la détermination des responsabilités de l’entreprise à l’égard de la société, c’est dans cette phase que le concept de la RSE est apparue.
- La deuxième phase (les années 1970): Durant cette période un courant de recherche s’est focalisé sur la façon dont l’entreprise pouvait concrètement détecter et gérer les problèmes de la RSE, pertinents pour elle. Cette approche a conduit à privilégier une vision plus procédurale et à travailler sur le concept de sensibilité sociétale de l’entreprise5.
- La troisième phase (les années 1980/1990): Au cour de cette période les travaux se sont focalisés sur la définition de la performance sociétale de l’entreprise, de ses principes éthiques ainsi que la façon concrète de l’application des principes de la RSE.
- La quatrième phase (les années 2000): Cette période se caractérise par le fait que l’entreprise cherche désormais à identifier les facteurs extra-financiers qui lui permettent de contribuer au développement durable sans sacrifier sa performance économique6.
3 Gond Jean-Pascal et Igalens Jacques, « La responsabilité sociale de l’entreprise », 3ème éd, édition Dunod, Paris, 2012, page 07.
4 Adjoutah Thiziri, « La RSE et les risques sociaux au travail : cas de 20 entreprises Tunisiennes », Thèse de Magistère, Université El Manar, Tunis, 2011, page 4.
5 L’épineux François, Rosé Jean-Jacques, Bonnani Carole, Hudson Sarah, « La Responsabilité Sociale de l’Entreprise », édition Dunod, Paris, 2010, page 74.
6 Rodic Ivana, mémoire pour l’obtention du diplôme d’études d’approfondies en études européennes.
Figure n°01 : Cheminement de la construction théorique de la RSE
RSE
Responsabilité Sociale de l’Entreprise
Corporate Social Responsability
RSE
Sensibilité Sociale de l’Entreprise
Corporate Social Responsiveness
PSE
Performance Sociétale de l’Entreprise
Corporate Social Performance
Evolution de RSE
Années 1950-1960 Année 1970/1980 Année 1980/1990 Année 2000 Discussion des Orientation stratégique Développement des Multiplication frontières et de et pragmatique. approches stakeholders des approches contenu de la RSE. Analyse des réponses Tentatives de synthèses stakeholders.
aux pressions sociétales. Théoriques. Transformation
Question de l’impact des pratiques De la RSE et de sa mesure. de RSE.
Source : Gond Jean-Pascal et Igalens Jacques, «la responsabilité sociale de l’entreprise », 3ème éd, édition Dunod, 2012, page 38.
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1 Pester Florent, « La responsabilité sociale des entreprises multinationales : stratégies et mise en œuvre », édition l’Harmatten, Paris, 2013, page 24. ↑
2 Capron Michel, Françoise Quairel-Lanoizelee, « La responsabilité sociale d’entreprise », édition La Découverte, Paris, 2007, page 13. ↑
3 Gond Jean-Pascal et Igalens Jacques, « La responsabilité sociale de l’entreprise », 3ème éd, édition Dunod, Paris, 2012, page 07. ↑
4 Adjoutah Thiziri, « La RSE et les risques sociaux au travail : cas de 20 entreprises Tunisiennes », Thèse de Magistère, Université El Manar, Tunis, 2011, page 4. ↑
5 L’épineux François, Rosé Jean-Jacques, Bonnani Carole, Hudson Sarah, « La Responsabilité Sociale de l’Entreprise », édition Dunod, Paris, 2010, page 74. ↑
6 Rodic Ivana, mémoire pour l’obtention du diplôme d’études d’approfondies en études européennes. ↑
Questions Fréquemment Posées
Qu’est-ce que la responsabilité sociale des entreprises (RSE) ?
La responsabilité sociale de l’entreprise est difficile à définir et le concept est loin d’être consensuel au sein des communautés de chercheurs et de praticiens.
Comment la RSE est-elle liée au développement durable ?
La raison d’associer les deux notions de DD et de RSE est simple, en effet par la mise en place de sa démarche RSE, l’entreprise contribue aux objectifs généraux du DD : croissance économique, développement social et moins d’impacts environnementaux des activités.
Quels sont les trois piliers du développement durable ?
Le développement durable repose sur trois piliers principaux : L’environnement, la société, l’économie. L’entreprise doit combiner le respect de l’environnement, l’équité sociale et la réussite commerciale.