La transformation des clubs sportifs en sociétés est cruciale pour surmonter les défis financiers et de gestion auxquels ils font face. Cette étude révèle comment ce changement peut ouvrir de nouvelles perspectives et améliorer la performance des associations sportives tunisiennes, avec des implications significatives pour l’avenir du sport dans le pays.
Section 2 :
Mise en place de la société sportive
Suite à la transformation du régime associatif au régime sociétaire, le club bénéficie désormais d’un nouveau statut, et se voit ouvrir des horizons beaucoup plus prometteurs qui favorisent la réalisation des objectifs dressés auparavant par les dirigeants.
Si le sport est un phénomène spécifique dans la société, le sport professionnel constitue l’exception dans le sport. D’abord, parce qu’il touche un nombre limité de sportifs, mais surtout parce qu’il déroge au principe fondateur du mouvement sportif : l’amateurisme.1
Cette transformation permettra au club une meilleure rigueur dans la gestion administrative et financière des affaires courantes. Elle lui permettra également d’emprunter une dimension supérieure afin de rivaliser sur le plan international caractérisé par des structures solides et durables. Etant le catalyseur et le noyau essentiel de l’équipe nationale, le rayonnement du club devra jaillir sur le rendement de l’équipe nationale.
La transformation en société sportive n’est pas également une tâche facile. Plusieurs difficultés pourraient surgir avant, pendant et après l’opération.
Ce chapitre sera l’occasion de traiter les aspects positifs et négatifs de cette opération particulière qui apporterait certainement des améliorations aux clubs sportifs, mais qui serait opposée à des difficultés diverses.
Les facteurs favorables à la mise en place d’une société sportive
Dans ce qui suit, nous allons présenter les points positifs de la transformation des associations sportives en sociétés. Ces avantages seront perçus au niveau de la gestion, du contrôle qu’au niveau du financement.
Une meilleure gestion des activités sportives
L’évolution actuelle du sport appelle plutôt vers une certaine professionnalisation des cadres gestionnaires. Les faits confirment que fédérations, ligues et clubs importants constituent des entreprises complexes dont les responsables doivent pouvoir compter sur des cadres permanents ayant une maîtrise des techniques économiques, juridiques et de gestion adaptées aux données spécifiques du monde sportif et auxquels on pourra demander des comptes.
Il y a lieu de relever que le travail accompli par le cadre professionnel restera dans ces conditions propriété de l’organisme qui le rétribue. Ceci peut ne pas être le cas avec un cadre bénévole. Le groupement sportif doit alors recommencer le même travail avec d’autres bénévoles et au lieu d’avancer, il fait du sur place.2
La future activité d’un cadre professionnel employé à plein temps et aidé par des bénévoles sera de :
- Libérer les décideurs bénévoles des tâches de routine concernant l’organisation et l’administration.
- Elaborer et préparer les grandes décisions à prendre par les dirigeants. Il contribue ainsi à une plus grande efficience des organes de décision.
- Assumer une fonction de direction dont les caractéristiques, le statut et les responsabilités doivent être clairement définis par rapport à ceux des organes de supervision.
L’organisation administrative et financière du club sportif doit comporter le maximum de cadres gestionnaires travaillant à plein temps en contre partie de rémunérations mensuelles. Ces cadres se composent généralement des éléments suivants :
- Un staff administratif et financier permanent ;
1 Raymond Barrull : Lexique du cadre institutionnel et réglementaire des activités physiques et sportives. Page 707. INSEP Publications 1998.
2 Saif Ben Jomaa : Actes de la deuxième journée d’études sur le développement du sport et de l’olympisme en Tunisie. Tunis 12 Mars 1997
- Un staff technique à travers lequel les techniciens sont appelés à rendre compte devant les structures administratives ;
- Un staff médical permanent ;
- Le tout dirigé et contrôlé par un président.
Le club structuré sous forme d’une société sportive doit mettre en place d’autres fonctions telles que la fonction d’audit interne et de contrôle de gestion qui sont appelées à mieux appréhender l’exploitation et veiller à la bonne application des règles et des procédures de bonne gestion.
La société doit consacrer une partie de ses ressources au développement des ressources humaines en garantissant un environnement sain et favorable pour les athlètes ainsi que les cadres administratifs et financiers. En effet, elle constitue une collectivité réunissant plusieurs individus travaillant au sein d’une même structure en vue de réaliser un objectif commun.
Elle doit rationaliser ses dépenses, minimiser ses coûts et chercher d’autres sources de financement à travers le développement des méthodes d’exploitation et des services fournis.
Il est impératif de noter à ce sujet qu’une évolution des mentalités et des structures s’impose, les cadres dirigeants doivent concevoir leur mission comme celle d’un véritable chef d’entreprise.
Dans un souci d’efficacité, les tâches devraient être confiées à un cadre rémunéré et spécialiste en la matière (gestion administrative et sportive). La professionnalisation des différents dirigeants favorise la bonne marche, facilitera la circulation de l’information entre les membres du personnel et permettra un suivi régulier des finances du club.
Un contrôle rigoureux
A travers la création de la société sportive, un des objectifs primordiaux est d’assurer un contrôle encore plus efficace que celui exercé sur les associations. Le législateur devrait instaurer des textes assurant :
- Une mission d’information et de conseil auprès des clubs ;
- Le respect des dispositions réglementaires en vigueur ;
- L’examen et le contrôle de la situation juridique, administrative et financière ;
- L’appréciation de la situation financière des clubs par des personnes externes ;
- L’application des sanctions en cas de non respect des dispositions légales.
Les différents contrôles devraient être assurés par les fédérations et les ligues concernées, ainsi que les ministères chargés des sports et des finances (notamment en cas d’octroi de subventions).
Renforcement du contrôle des budgets
Les budgets prévisionnels établis par le club doivent être analysés et contrôlés afin de déceler d’éventuels éléments nécessitant une revue générale ou analytique. Ce document financier prévoit les différentes recettes et de dépenses du club pour la saison prochaine.
Les recettes sont calculées en respect du principe de prudence et des perspectives d’évolution du club (recettes des matchs, contrats de sponsoring, de mécénat ou de partenariat, cessions de joueurs, etc.). Quant aux dépenses, leur évaluation se base généralement sur la saison sportive écoulée plus ou moins celles que le club est tenu d’honorer ou compte minimiser.
Grâce à ces budgets, l’évolution du club sportif professionnel d’une saison à une autre peut facilement être appréciée.
Contrôle des comptes
Les masses financières de plus en plus importantes gérées par les associations rendent nécessaire l’intervention d’un professionnel comptable indépendant tant pour l’organisation comptable à mettre en place et pour arrêter les comptes, que pour leur éventuelle certification.1
1 Bernard Marchand : Secteur associatif : Nécessité d’un contrôle indépendant. Revue Française de Comptabilité. N° 279. Juin 1996. Page 73
Comme pour les sociétés à responsabilité limitée et les sociétés anonymes classiques, le contrôle par un ou plusieurs commissaires aux comptes est inévitable. Cette mission s’inscrit dans la volonté de transparence financière du fait des ressources importantes et significatives traitées au cours d’une saison sportive.
La mission du commissaire aux comptes vise notamment à :
- « Respecter les obligations légales ;
- Eviter les situations de fait ;
- Fiabiliser l’information fournie ;
- Identifier et limiter les dérives financières. »1
Afin de mener convenablement cette mission, le commissaire aux comptes doit respecter les normes et règles générales d’audit, et effectuer toutes les diligences nécessaires à même de lui permettre de se forger une opinion motivée sur la régularité et la sincérité des comptes audités.
Plus de ressources financières
Certes, l’optimisation des performances dans le sport professionnel exige une mise en place particulière des installations sur tous les plans, agissant directement sur le rendement des joueurs, sur la qualité ainsi que sur la quantité afin d’offrir au joueur un optimum d’encadrement infrastructural.
Dans un cadre où elle est guidée par la performance, la société doit préparer un terrain de pratique de haute performance où les sportifs puissent explorer et développer leurs qualités afin d’être tout le temps efficace comme l’exige le professionnalisme.
Pour renforcer ses ressources et mieux subvenir à ses besoins, la société peut mener des activités en relation indirecte avec son objet social, c’est à dire qu‘elle peut avoir accès à des activités commerciales génératrices de profits.
Elle devrait désormais se prendre en charge et ne plus se contenter de la main tendue à l’Etat. Afin de pouvoir le faire, elle est dans l’obligation de se doter des moyens humains, organisationnels et légaux nécessaires à la réalisation de l’objectif tracé.
Parmi les différentes sources de financement possibles, le sponsoring prend de plus en plus d’ampleur du fait des enjeux financiers existant entre le club et la société sponsor. La chose la plus intéressante dans le sponsoring, c’est qu’il touche le club, les instances sportives (fédérations, ligues), les manifestations, les équipements et enfin les athlètes eux mêmes.
En effet, « avec l’inflation des droits de retransmission télévisées et des contrats publicitaires, et l’arrivée massive d’intérêts financiers et commerciaux autour des sports les plus populaires et les plus médiatisés »2, il devient nécessaire aux clubs de chercher les moyens d’améliorer leurs recettes moyennant des conventions avec les médias et les sponsors.
Dans le concept de contrat de sponsoring, on trouve trois éléments essentiels :
- Le sponsorisé prend part ou est l’organisateur d’une activité sportive.
- Le nom du sponsorisé ou le nom de l’activité organisée doit être associé au nom du sponsor.
- Chacune des deux parties s’engage à livrer à l’autre une prestation.
On dépasse ainsi la notion du mécénat où le mécène n’attend aucune prestation réelle de l’athlète.
En général, des contrats sont établis entre le club et le sponsor prévoyant que les deux parties doivent satisfaire aux exigences du partenaire. Pour les sponsors, l’obligation se résume majoritairement à l’apport d’argent. Pour les clubs sportifs, l’obligation porte sur une exigence de réussite sportive, afin que le sponsor puisse associer son nom à une image positive.
1 Olivier Rochefort : Les associations et les collectivités territoriales : Rôle de l’expert comptable et du commissaire aux comptes. Revue Française de Comptabilité. N° 277. Avril 1996. Page 12
2 Patrick Bayeux : La nouvelle loi sur le sport. Page 3. Editions Presses Universitaires de France. Juin 2000
Parallèlement, le sponsor peut traiter directement avec l’athlète, qui est souvent champion dans son domaine. Les contrats précisent l’obligation de financement par le sponsor, ainsi que l’obligation du port de la marque par le sportif.
Au moins deux niveaux de coopération sont possibles entre le sponsor et le sponsorisé :
La publicité sur le lieu des manifestations sportives : Industries, entreprises commerciales, collectivités territoriales ou médias financent directement un club pour une manifestation ponctuelle ou signent un contrat pour une série précise de manifestations en contrepartie de panneaux, encarts et annonces publicitaires.
L’aide au sport de masse par le financement du club : Le nom du sponsor est inscrit sur les maillots, les dossards, des banderoles, des affiches, des récompenses, etc.
A coté du sponsoring, les clubs sportifs devraient penser à créer de nouvelles sources de revenus à travers l’exercice d’activités « commerciales » à même de générer des revenus, fixes ou variables, améliorant leur trésorerie et leur permettant de financer les projets en cours.
Parmi ces activités, citons à titre d’exemple la construction d’un centre commercial comportant spécialement une ou plusieurs boutiques offrant des articles et des gadgets à l’effigie du club : maillots, écharpes, tenues sportives, tableaux, etc.
Les clubs pourraient également penser à construire un complexe sportif comportant un stade, un centre de musculation et de remise en forme, un centre d’hébergement, etc. Ce complexe peut servir à accueillir des équipes étrangères qui viennent effectuer des stages bloqués, des stages de préparation physique ou même des compétitions officielles.
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1 Raymond Barrull : Lexique du cadre institutionnel et réglementaire des activités physiques et sportives. Page 707. INSEP Publications 1998. ↑
2 Saif Ben Jomaa : Actes de la deuxième journée d’études sur le développement du sport et de l’olympisme en Tunisie. Tunis 12 Mars 1997 ↑
3 Bernard Marchand : Secteur associatif : Nécessité d’un contrôle indépendant. Revue Française de Comptabilité. N° 279. Juin 1996. Page 73 ↑
4 Olivier Rochefort : Les associations et les collectivités territoriales : Rôle de l’expert comptable et du commissaire aux comptes. Revue Française de Comptabilité. N° 277. Avril 1996. Page 12 ↑
5 Patrick Bayeux : La nouvelle loi sur le sport. Page 3. Editions Presses Universitaires de France. Juin 2000 ↑
Questions Fréquemment Posées
Quels sont les avantages de la transformation des associations sportives en sociétés sportives?
Les avantages incluent une meilleure gestion des activités sportives, un contrôle accru et un financement plus efficace.
Comment la transformation des clubs sportifs peut-elle améliorer leur gestion?
Cette transformation permettra une meilleure rigueur dans la gestion administrative et financière, ainsi qu’une professionnalisation des cadres gestionnaires.
Quelles difficultés peuvent survenir lors de la transformation des clubs sportifs en sociétés?
Plusieurs difficultés pourraient surgir avant, pendant et après l’opération de transformation.