La théologie de l’évolution révèle une perspective surprenante sur l’interaction entre Dieu et le processus évolutif, défiant les idées reçues sur l’anthropocentrisme. Cette recherche critique propose des solutions théologiques innovantes, inspirées de Saint François d’Assise, pour répondre à la crise écologique actuelle.
Dieu dans l’Evolution.
L’auteur soutien que l’action de Dieu dans l’évolution est celle d’un Sage et son vouloir est donc ordonné. « Dieu ne peut se contredire, ou faire qu’une chose qui fut jadis n’ait pas été. Il ne crée pas des cercles carrés, ni ne fausse le jeu des causalités ».263 En agissant Dieu suit un certain ordre et sa conduite respecte l’ordre dont il est d’ailleurs le fondateur.
Cela veut dire que l’action de Dieu n’est pas arbitraire. Aussi, « l’action de Dieu dans l’évolution est en accord avec l’ordre premier de la nature, inscrit dans les lois et les règles qui président aux changements d’état ».264 Les interventions de Dieu ne sont jamais des violations de l’ordre de la nature.
Ainsi, un phénomène aléatoire reste aléatoire et l’événement contingent reste contingent.
On le voit, cette conception théologique de l’action de Dieu dans l’évolution s’accorde bien avec le développement de la science et sauve tant la bonté de Dieu que la grandeur de l’homme. Cela nous permet de dire que « l’action de Dieu dans l’évolution est conforme aux lois et règles que la théorie de l’évolution permet de bien comprendre »265. Une telle perspective invite à voir un projet harmonieux dans l’œuvre de Dieu.
Cette vision invite aussi à concevoir l’action de Dieu de manière non contraignante ; ce n’est pas une intervention, au sens Newtonien dans sa philosophie de la nature déterministe, mais une action qui suscite et oriente un devenir.
La création continue
La notion de « création continue » écarte l’idée commune de création réduite au premier instant de la durée des êtres. « Dans la mesure où les notions de commencement et d’origine ne se confondent pas, la création n’est plus réduite à être le premier moment de l’univers ».266 La création n’est pas un acte du passé mais plutôt une relation actuelle du créateur avec toutes les créatures.
La création est un acte continu dans le sens que « Dieu prend au sérieux la temporalité inscrite dans son œuvre »267. Le Dieu créateur ne fausse pas les lois de la nature. Il accompagne les créatures dans une création qui se fait par évolution.
Dieu agit par la parole et forme un monde sur lequel plane son Esprit. Il est présent dans le monde, il protège, anime, éveille et vivifie le monde.
La place singulière de l’homme dans l’évolution
Bien que « l’inscription de l’humanité dans le grand arbre des vivants dessiné par la théorie de l’évolution pose des questions redoutables »268, l’auteur soutient que tout le processus d’hominisation269 vient de Dieu, car il est le créateur dont tout dépend.
Ainsi, la notion d’émergence peut être retenue pour dire le commencement de la vie, sachant bien que cette émergence n’est possible que parce qu’une causalité d’un autre ordre agit dans le processus en tant que la raison d’être même du processus.
La théorie de l’évolution permet de mettre en évidence la singularité de l’être humain et ouvre sur une anthropologie. La notion de personne humaine signifie « qu’il est d’abord un individu, un être vivant séparé des autres mais réalise de manière éminente l’unité de tous les êtres vivants »270.
Dans son message, le Pape Jean-Paul II invite à reconnaître une action spéciale et immédiate de Dieu au cours de l’évolution pour la création de l’homme dans sa dignité d’image de Dieu et sa vocation d’enfant de Dieu. Pie XII avait souligné ce point essentiel: si le corps humain tient son origine de la matière vivante qui lui préexiste, « l’âme spirituelle est immédiatement créée par Dieu »271.
En conséquence, les théories de l’évolution qui « considèrent l’esprit comme émergeant des forces de la matière vivante ou comme un simple épiphénomène de cette matière, sont incompatibles avec la vérité de l’homme »272. Elles sont d’ailleurs incapables de fonder la dignité de la personne.
Pour clore, affirmons avec l’auteur que la théorie de l’évolution et la théologie de la création ne s’opposent pas, elles participent à une même recherche de la vérité. Le fait que la vie soit présentée dans une histoire universelle invite à étendre ce vocabulaire à tous les vivants.
« La notion classique de causalité efficiente, trop marquée par le déterminisme, est ainsi renouvelée, donnant lieu à la présence continuelle du don de l’être et au respect de la nature instituée par l’acte créateur »273. A l’heure de la crise écologique, il faudra aussi lire les Écritures dans leur dynamisme christologique et messianique permettant ainsi une cohabitation harmonieuse entre toutes les composantes de la création.
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262 JEAN PAUL II, Allocution présentant les travaux de la Commission biblique pontificale, dans COMMISSION BIBLIQUE PONTIFICALE, L’interprétation de la Bible dans l’Eglise, Montréal, Paulines, 1994, p. 9-10. Le pape poursuit son allocution en disant qu’aucun des aspects humains du langage ne peut être négligé. Le progrès récents des recherches linguistiques, littéraires et herméneutiques ont amené l’exégèse biblique à ajouter à l’étude du genre littéraire beaucoup d’autres points de vue (rhétorique, narratif, structuraliste) ; d’autres sciences humaines, comme la psychologie et sociologie ont également été mise à contribution. ↑
263 J-M, MALDAME, Comment Dieu agit-il dans la création, dans la Nouvelle Revue de Théologie, n° 123 (2001), p. 572. ↑
266 J-M, MALDAME, Création par Evolution, science, philosophie et théologie, p. 192. ↑
269 L’hominisation est le processus évolutif qui a progressivement transformé des primates en humains. Ce processus s’est produit dans la lignée des hominines, qui a divergé de la lignée des chimpanzés il y a plus de 7 millions d’années. L’étude de l’hominisation embrasse tous les changements structuraux et comportementaux qui ont eu lieu dans la lignée des hominines, et qui ont conduit finalement à l’émergence de l’Homo sapiens et de l’homme moderne. Le terme « hominisation » et la notion à laquelle il renvoie ont été utilisés pour la première fois par Édouard Le Roy dans Les origines humaines et l’évolution de l’intelligence, publication d’un cours présenté au Collège de France entre 1927 et 1928. Cependant, le terme était déjà employé dans un texte écrit par Pierre Teilhard de Chardin en 1923 mais demeuré inédit. Consulté sur https://fr.wikipedia.org/wiki le 08 avril 2019. ↑
270 J-M MALDAME, Création et Evolution, science, philosophie et théologie, p.52. ↑
271 PIE XII, Lettre Encyclique Humani generis, dans AAS, n° 42, (1950), p.575 cité par JEAN PAUL II, L’Eglise devant les recherches sur les origines de la vie et son évolution. Message à l’Académie Pontificale de Science (22 octobre 1996), dans La Documentation Catholique, n° 2148, le 17 novembre 1996, p.952. ↑
Questions Fréquemment Posées
Comment l’action de Dieu est-elle perçue dans l’évolution selon l’article?
L’action de Dieu dans l’évolution est celle d’un Sage et son vouloir est ordonné, respectant l’ordre de la nature sans le contredire.
Quelle est la notion de création continue dans la théologie de l’évolution?
La création continue écarte l’idée que la création est seulement un acte du passé, la considérant plutôt comme une relation actuelle entre le créateur et toutes les créatures.
Quelle est la place de l’homme dans le processus d’évolution selon l’article?
L’article soutient que tout le processus d’hominisation vient de Dieu, et que la singularité de l’être humain est mise en évidence par la théorie de l’évolution.