Les technologies durables en Afrique sont au cœur des interventions de l’Agence Française de Développement, qui transforme les défis en opportunités. Comment cette institution historique façonne-t-elle le développement économique et social des territoires africains francophones ? Découvrez des insights révélateurs sur son impact crucial.
Les interventions de l’Agence française de développement au Sénégal
Plateforme française d’aide publique au développement et d’investissement du développement durable, l’A.F.D. construit avec ses partenaires des solutions partagées, avec et pour les populations du Sud. Elle contribue ainsi à « l’engagement de la France » en faveur des Objectifs de développement durables (O2D) et pour un « monde commun ». Au Sénégal, les interventions de l’A.F.D. contribuent à l’atteinte des objectifs de développement durable et de l’Accord de Paris213 dans le cadre des priorités.
213 Accord international adopté le 12 décembre 2015 lors de la 21ème conférence des parties à la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP 21) ayant objectif principal de contenir la hausse de la température moyenne nettement en dessous de 2°C par rapport à aux niveaux préindustriels, soit à 1,5°C. Il met ainsi en place un mécanisme de suivi durable de la tenue des objectifs, avec notamment des bilans mis en place tous les 5 ans à partir de 2023. Cet accord réaffirme l’obligation de soutenir les pays en développement dans leurs efforts de réduction des émissions et d’adaptation.
géographiques et sectorielles définies par le C.I.C.I.D214. Le Sénégal est en effet l’un des 19 pays prioritaires de la politique française de développement. Ses interventions visent l’émergence inclusive et durable du pays et s’insèrent dans les priorités définies par le Gouvernement du Sénégal. Elles couvrent des secteurs divers secteurs d’activité.
Sans pour autant minimiser l’intérêt d’une étude plus approfondie des activités de l’A.F.D. au Sénégal, nous nous limiterons volontairement à ses interventions dans le domaine de l’agriculture, de l’éducation et de l’entreprenariat.
Dans le domaine agricole, l’A.F.D., avec son programme AGREENFI215, accompagne l’Etat du Sénégal à travers la Caisse nationale de crédit agricole du Sénégal (C.N.C.A.S.) pour faciliter le financement des investissements nécessaires au développement d’une agriculture moderne.
Faisant du développement de l’agriculture et de l’agro-industrie une priorité nationale, le Sénégal vise à augmenter la production en vue d’atteindre l’autosuffisance alimentaire et de mettre fin à la dépendance du pays aux importations, notamment en riz. La Caisse nationale de crédit agricole du Sénégal (C.N.C.A.S.) 216 est le principal outil de la politique de financement du secteur agricole, qui repose quasi exclusivement sur des crédits de campagne à taux bonifiés (7,5 % pour les bénéficiaires finaux). Ces crédits de campagne représentent la majorité de l’encours de la CNCAS (60 %) et de ses revenus de prêts (64 %).
Cependant, faute de ressources financières adaptées à coût raisonnable, la
C.N.C.A.S. n’est pas en capacité d’offrir à ses clients agriculteurs des produits à maturité plus longue pour répondre aux besoins de modernisation et de développement durable des exploitations agricoles, indispensables à leur résilience. Dans le cadre du programme AGREENFI, le projet a pour but de promouvoir la mise en valeur du potentiel agricole du Sénégal en permettant à la C.N.C.A.S. de développer une offre spécifique de crédit à l’investissement pour accompagner le développement d’une
214 Agence française de développement, Stratégies 2019-2023 Sénégal, Paris, Editions A.F.D., 2019, p.10, document disponible sur https://www.afd.fr/fr/ressources/strategie-senegal-2019-2023#:~:text=L’AFD%20intervient%20au%20S%C3%A9n%C3%A9gal,la%20politique%20fran%C3%A7aise
%20de%20d%C3%A9veloppement.
215 Label pour la finance agricole et rurale de l’A.F.D.
216 Héritière de de la Société de Prévoyance qui jouait un rôle d’intermédiaire entre les producteurs et les sociétés de financement et de la Banque Nationale de Développement du Sénégal (BNDS) qui assurait le financement du Programme Agricole (PA) par l’intermédiaire de l’ONCAD (Office Nationale de Commercialisation et d’Assistance au Développement), la Caisse nationale de crédit agricole du Sénégal a été créée en avril 1984, elle devient Banque agricole du Sénégal en 2019. Voir sur https://www.cncas.sn/qui-sommes-nous/historique.
agriculture plus performante sur les plans agronomique, écologique, économique et commercial et plus résiliente face aux aléas, notamment climatique.
A travers ce programme, l’A.F.D. octroie le Sénégal un financement à hauteur de 15 300 000217 Euro en juin 2016. L’offre de crédit reposera sur des prêts à moyen et long terme (entre 5 et 10 ans en fonction des types de financement) à des taux inférieurs à ceux des crédits de campagne bonifiés (autour de 5 % l’an).
Le projet prévoit le financement :
- de matériels et équipements (tracteurs, batteuses ou moissonneuses-batteuses, motopompes, matériel de traction attelée…) ;
- d’infrastructures de stockage et de transformation ;
- de la réhabilitation et de l’extension de périmètres irrigués.
Par ailleurs, le Plan Sénégal Emergent fait de l’agriculture le troisième moteur de la croissance sénégalaise après les infrastructures et l’énergie. En 2016, l’État a confié à la SODAGRI218 (Société de développement agricole et industriel du Sénégal), la responsabilité de l’ensemble du développement rural sur la zone Tiers Sud du Sénégal (régions de Tambacounda, Kédougou et Kolda) qui souffre d’un déficit d’infrastructures, de dégradation des sols et reste tributaire d’une pluviométrie irrégulière. Cette zone présente, avec l’est du pays, les taux de malnutrition les plus élevés. C’est aussi une zone de forte émigration, en particulier en direction de l’Europe.
Pour favoriser le développement économique du sud du pays et freiner l’émigration qui frappe les populations, l’A.F.D., pour un montant de 47 000 000 d’Euros219 soutient ce projet qui « dynamisera le secteur de l’agriculture local ». Le projet concerne trois régions du sud du Sénégal : Kolda, Tambacounda et Kédougou. Il a pour finalité le développement économique durable des terroirs ruraux du Tiers Sud
217 https://www.afd.fr/fr/carte-des-projets/soutenir-linvestissement-agricole-au-senegal.
218 Elle a été créée en 1974, sous forme d’une société anonyme à participation publique majoritaire placée sous la tutelle technique du ministère de l’agriculture, avec un objectif large de promotion des projets agricoles, industriels et d’infrastructures à l’intérieur du Sénégal.
219 https://www.afd.fr/fr/carte-des-projets/developper-lagriculture-et-ameliorer-la-securite-alimentaire-des-territoires-du-tiers-sud.
du Sénégal et l’amélioration des conditions de vie, de la sécurité alimentaire et de la nutrition des populations rurales de ces zones.
Il comporte ainsi quatre axes :
- construction et gestion de communs ruraux à vocation productive ;
- investissement et structuration de filières durables et inclusives ;
- filets de sécurité et résilience des plus vulnérables ;
- appui à la maîtrise d’ouvrage.
Le projet est sous la maîtrise d’ouvrage du ministère de l’Agriculture et de l’équipement rural, qui la délègue à la SODAGRI.
Toutefois, la mise en valeur de la vallée du fleuve Sénégal et le développement de l’agriculture irriguée sont, depuis une trentaine d’années, une priorité constante des pouvoirs publics. À travers la Société nationale d’aménagement et d’exploitation des terres du delta du fleuve Sénégal (S.A.E.D.), créée en 1974, et avec l’aide de la communauté des bailleurs de fonds, d’importants investissements hydrauliques ont été réalisés par l’État.
Erigée en région en 2002, Matam est la seconde région la plus étendue du pays. Dans la phase 2 du projet d’amélioration de la sécurité alimentaire et de l’appui à la mise en marché dans la région de Matam (ASAMM), l’A.F.D. contribue avec un financement de 32 350 000 Euros220. Ce nouveau projet, conçu comme une extension du projet APEFAM (Appui au programme des petites exploitations familiales de la région de Matam), permettra d’étendre les activités de la (S.A.E.D.) dans trois communes dans la région de Matam localisées autour des unités hydrauliques du Diamel et du Dioulol.
Ce projet a pour but de contribuer à la sécurité alimentaire, au développement économique et à la gestion des ressources naturelles dans la région de Matam et du delta du fleuve Sénégal, des priorités de l’intervention de l’AFD au Sahel. Le projet
220 https://www.afd.fr/fr/carte-des-projets/promouvoir-les-exploitations-familiales-agricoles-dans-la-region-de-matam-phase-ii.
contribuera au développement économique et social de la région de Matam et du delta du fleuve Sénégal d’une part, par l’amélioration des conditions de production et de commercialisation des produits de l’agriculture et de l’élevage par la création ou la réhabilitation d’infrastructures rurales ; et d’autre part, par la mise en place d’un système de gouvernance des ressources foncières et en eau permettant une mise en valeur durable et équitable, et une maintenance des aménagements et infrastructures.
Dans le domaine de l’éducation, Un programme nommé P.A.D.E.S. accompagne la mise en œuvre du programme sectoriel approuvé en 2018 par le gouvernement du Sénégal et l’ensemble de ses partenaires, et s’inscrit dans les 3 objectifs : l’équité dans le développement de l’accès et la réduction des vulnérabilités, la qualité dans l’amélioration des enseignements-apprentissages et le renforcement d’une gouvernance inclusive et d’un pilotage efficient du système éducatif.
Le P.A.D.E.S. contribue à l’amélioration des compétences de tous les enfants sénégalais et à la poursuite réussie de leur parcours d’éducation. Il œuvre à l’amélioration durable et soutenue des performances du système éducatif en termes de qualité, d’équité et d’efficience, en consolidant le pilotage et la régulation du système et en développant sa dimension partenariale et sa capacité à réduire les inégalités. Il intervient selon deux modalités :
- un appui budgétaire sectoriel (84 %) pour structurer un dialogue de politique publique autour d’une matrice d’incitateurs mesurant les avancées en termes de qualité des apprentissages, d’équité et d’efficience du système)
- un appui-projet (16 %) qui finance au niveau national des appuis techniques, des programmes de renforcement de capacités, des équipements, des outils, des appels à projets et des contrats de performance.
Ce projet est cofinancé par l’A.F.D. (prêt de 25 millions d’euros et subvention de 10 millions d’euros)227 et le Partenariat mondial pour l’éducation (délégation de fonds de 37,2 millions d’euros). Il vise à :
- améliorer de la qualité des apprentissages dès les débuts de l’élémentaire ;
- réduire de l’échec précoce grâce à des enseignements en langue, mathématiques et sciences améliorés ;
- réduire des vulnérabilités et des disparités par un pilotage mieux priorisé ;
227 https://www.afd.fr/fr/carte-des-projets/programme-dappui-au-developpement-de-leducation-au-senegal-pades.
- renforcer de l’efficience de la dépense publique.
En fin, dans le secteur entrepreneurial sénégalais, le Gouvernement du Sénégal et l’A.F.D. renforcent leur coopération pour soutenir le développement du secteur entrepreneurial sénégalais et consolider l’appui aux TPE et PME. L’acte a été matérialisé par la signature d’un protocole d’accord en décembre 2021 entre Monsieur le Ministre Amadou HOTT et Monsieur Bertrand WALCKENAER, Directeur général adjoint de l’A.F.D. A travers ce protocole, l’A.F.D. s’engage à accompagner les réflexions et soutenir les réformes entreprises par les autorités sénégalaises pour dynamiser l’entrepreneuriat et les TPE/PME, en mettant à disposition des outils d’assistance technique ainsi que des financements pouvant aller jusqu’à 100 Millions d’euros228 sur trois ans.
228 https://www.economie.gouv.sn/index.php/fr/articles/07-12-2021/mepc-et-afd-pour-soutenir-le-developpement-du-secteur-entrepreneurial.
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213 Accord international adopté le 12 décembre 2015 lors de la 21ème conférence des parties à la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP 21) ayant objectif principal de contenir la hausse de la température moyenne nettement en dessous de 2°C par rapport à aux niveaux préindustriels, soit à 1,5°C. Il met ainsi en place un mécanisme de suivi durable de la tenue des objectifs, avec notamment des bilans mis en place tous les 5 ans à partir de 2023. Cet accord réaffirme l’obligation de soutenir les pays en développement dans leurs efforts de réduction des émissions et d’adaptation. ↑
214 Agence française de développement, Stratégies 2019-2023 Sénégal, Paris, Editions A.F.D., 2019, p.10, document disponible sur https://www.afd.fr/fr/ressources/strategie-senegal-2019-2023#:~:text=L’AFD%20intervient%20au%20S%C3%A9n%C3%A9gal,la%20politique%20fran%C3%A7aise ↑
215 Label pour la finance agricole et rurale de l’A.F.D. ↑
216 Héritière de de la Société de Prévoyance qui jouait un rôle d’intermédiaire entre les producteurs et les sociétés de financement et de la Banque Nationale de Développement du Sénégal (BNDS) qui assurait le financement du Programme Agricole (PA) par l’intermédiaire de l’ONCAD (Office Nationale de Commercialisation et d’Assistance au Développement), la Caisse nationale de crédit agricole du Sénégal a été créée en avril 1984, elle devient Banque agricole du Sénégal en 2019. Voir sur https://www.cncas.sn/qui-sommes-nous/historique. ↑
217 https://www.afd.fr/fr/carte-des-projets/soutenir-linvestissement-agricole-au-senegal. ↑
218 Elle a été créée en 1974, sous forme d’une société anonyme à participation publique majoritaire placée sous la tutelle technique du ministère de l’agriculture, avec un objectif large de promotion des projets agricoles, industriels et d’infrastructures à l’intérieur du Sénégal. ↑
219 https://www.afd.fr/fr/carte-des-projets/developper-lagriculture-et-ameliorer-la-securite-alimentaire-des-territoires-du-tiers-sud. ↑
220 https://www.afd.fr/fr/carte-des-projets/promouvoir-les-exploitations-familiales-agricoles-dans-la-region-de-matam-phase-ii. ↑
221 Label pour la finance agricole et rurale de l’A.F.D. ↑
222 Héritière de de la Société de Prévoyance qui jouait un rôle d’intermédiaire entre les producteurs et les sociétés de financement et de la Banque Nationale de Développement du Sénégal (BNDS) qui assurait le financement du Programme Agricole (PA) par l’intermédiaire de l’ONCAD (Office Nationale de Commercialisation et d’Assistance au Développement), la Caisse nationale de crédit agricole du Sénégal a été créée en avril 1984, elle devient Banque agricole du Sénégal en 2019. Voir sur https://www.cncas.sn/qui-sommes-nous/historique. ↑
223 https://www.afd.fr/fr/carte-des-projets/soutenir-linvestissement-agricole-au-senegal. ↑
224 Elle a été créée en 1974, sous forme d’une société anonyme à participation publique majoritaire placée sous la tutelle technique du ministère de l’agriculture, avec un objectif large de promotion des projets agricoles, industriels et d’infrastructures à l’intérieur du Sénégal. ↑
225 https://www.afd.fr/fr/carte-des-projets/developper-lagriculture-et-ameliorer-la-securite-alimentaire-des-territoires-du-tiers-sud. ↑
226 https://www.afd.fr/fr/carte-des-projets/promouvoir-les-exploitations-familiales-agricoles-dans-la-region-de-matam-phase-ii. ↑
227 https://www.afd.fr/fr/carte-des-projets/programme-dappui-au-developpement-de-leducation-au-senegal-pades. ↑
228 https://www.economie.gouv.sn/index.php/fr/articles/07-12-2021/mepc-et-afd-pour-soutenir-le-developpement-du-secteur-entrepreneurial. ↑
Questions Fréquemment Posées
Comment l’AFD contribue-t-elle au développement agricole au Sénégal?
L’AFD, avec son programme AGREENFI, accompagne l’Etat du Sénégal à travers la Caisse nationale de crédit agricole du Sénégal pour faciliter le financement des investissements nécessaires au développement d’une agriculture moderne.
Quels sont les objectifs de l’AFD au Sénégal?
Les interventions de l’AFD visent l’émergence inclusive et durable du Sénégal et s’insèrent dans les priorités définies par le Gouvernement du Sénégal.
Quel est le rôle de la Caisse nationale de crédit agricole du Sénégal (C.N.C.A.S.)?
La C.N.C.A.S. est le principal outil de la politique de financement du secteur agricole, reposant sur des crédits de campagne à taux bonifiés pour accompagner le développement de l’agriculture et de l’agro-industrie.