Les stratégies d’implémentation écologique révèlent une crise de l’eau alarmante, où la demande dépasse l’offre durable. Cette recherche propose une transformation théologique inspirée de Saint François d’Assise, offrant des solutions novatrices pour rétablir l’harmonie entre l’homme, la nature et le Créateur.
La pollution et l’épuisement de l’eau
L’eau est l’une des ressources naturelles mise en danger par l’activité anthropique. L’eau pure et potable est indispensable pour la vie humaine et pour soutenir les écosystèmes terrestres et aquatiques.
Alors que l’eau douce est nécessaire dans les secteurs sanitaires, agricoles et de la pêche ainsi qu’industriel, de nos jours, « en beaucoup d’endroits la demande dépasse l’offre durable avec des graves conséquences à court et à long terme »101. Et tandis que certains endroits regorgent en ressource d’eau, d’autres souffrent de grave pénuries. Le problème se trouve surtout au niveau de la distribution et de la qualité de l’eau disponible.
Ainsi la crise écologique n’épargne pas la ressource aquatique. Dans son encyclique, le Pape affirme que « les eaux douces et souterraines sont menacées par la pollution due aux activités extractives, agricoles et industrielles »102. Les décharges des usines, les détergents et les produits chimiques ne cessent de se déverser dans des rivières, dans des lacs et dans des mers provoquant une pollution sans précédent.
Les maladies des mains sales, (la diarrhée, le cholera etc.) liées à l’approvisionnement en eau impropre à la consommation sont devenues un facteur de souffrance et de mortalité infantile.
S’agissant de la distribution d’eau, on peut noter la tendance en beaucoup d’endroits de privatiser cette ressource transformée en marchandise et sujette aux lois du marché. Pourtant l’eau est un bien commun qui devrait être disponible pour tous. Ce sont souvent les plus pauvres qui en sont victimes.
Ici le Pape François évoque « une grave dette sociale du monde envers les pauvres qui n’ont pas accès à l’eau potable parce que c’est leur nier le droit à la vie, enraciné dans leur dignité inaliénable »103. La pénurie d’eau est un problème sérieux qui risque de s’aggraver dans les décennies à venir. Selon le Pape,
« le contrôle et l’accaparement de l’eau risquent d’être l’une des principales sources des conflits de ce siècle »104.
Les produits chimiques toxiques et le déchet dangereux
Deux groupes de produits chimiques attirent notre attention, il s’agit des métaux lourds (plomb, mercure) et les polluants organiques persistants ‘(POP)’105. Les conséquences à l’exposition de ces produits chimiques sont nombreuses.
L’exposition aux polluants atmosphériques est très nocive pour la santé, en particulier chez les plus pauvres, car elle provoque des millions des morts chez les prématurés.
Ces polluants sont appelés perturbateurs endocriniens « car ils agissent sur le système hormonal et sont liés aux anomalies de reproduction et du développement ainsi qu’à certaines dysfonctions neurologique ou immunologiques »106. L’exposition à ces produits occasionne des risques de tumeur, de cancer, de diabète, de syndrome métabolique, des troubles de comportement, de l’hypertension, des problèmes cardiovasculaires.
Ainsi « les accidents dans les centres nucléaires »107 et dans les usines de fabrication de produits chimiques sont des sources absolument dangereuses de pollution chimique atmosphérique.
Dans son encyclique, le Pape met l’accent sur les problèmes de pollution
« intimement liés à la culture du déchet qui affecte aussi bien les personnes exclues que les choses, vite transformés en ordures »108. Il indique par exemple qu’une grande partie du papier qui est produit n’est jamais recyclée.
Alors que le fonctionnement de l’écosystème naturel présente une circularité autorégulatrice, le système industriel moderne n’a pas développé « en fin de cycle de production et de consommation suffisamment de capacité d’absorber et de réutiliser les déchets et les ordures »109. L’humanité est donc loin d’un modèle de vie qui limiterait au maximum l’utilisation des ressources non renouvelables et qui modèrerait la consommation tout en privilégiant le recyclage. On est loin de contrecarrer la culture du déchet.
Considérant l’ampleur de la pollution due aux déchets, le Pape affirme que « la terre notre maison commune se transforme de plus en plus en un immense dépotoir »110. La pollution produite par les déchets et les ordures est omniprésente.
Des centaines de millions de tonnes des déchets non biodégradables sont produites chaque année : « déchets domestiques et commerciaux, déchets de démolition, déchets cliniques, électroniques, électroménagers, industriels, sans oublier les déchets hautement toxique et radioactifs »111.
Le déboisement et la dégradation des forêts
Les vastes blocs des forêts naturels plus ou moins intacts écologiquement sont situés principalement dans le bassin de l’Amazonie, du Congo, au Canada et dans le Sud- Est de l’Asie. « Ces forêts abritent des cultures autochtones, préservent la diversité biologique mondiale, immobilisent le carbone et fournissent les services d’un écosystème »112.
Il est triste de constater qu’une grande partie de forêts qui couvraient initialement la terre ne cesse d’être défrichée. Etant donné que « le bois demeure la principale et souvent la seule source d’énergie pour de nombreux habitants de vaste région du monde, la déforestation devient un phénomène difficile à maitriser »113.
Selon les statistiques de la FAO, « entre 1990 et 1995 le monde a perdu 5,8 millions d’hectares de forêt par an »114. Les principales causes de ce phénomène sont surtout la sècheresse, l’extraction du bois de feu, les guerres civiles, le déplacement des refugiés, l’urbanisation et l’extension des terres consacrée à l’agriculture.
Ce déboisement et une telle dégradation des forêts ont diverses conséquences :
« des espèces végétales et animales dont l’habitat est détruit, la perturbation de l’écosystème, l’appauvrissement de la diversité génétique au sein des espèces »115. De même, ce phénomène favorise les inondations, l’érosion des sols, l’envasement des cours d’eau, les pénuries de bois de feu et de bois d’œuvre. Tout cela et aggrave la situation des réfugiés et déplacés qu’on appelle aujourd’hui refugiés écologiques.
Dans la même optique, la planète terre se trouve exposée au phénomène des incendies des forêts et de combustion de la biomasse. Presque partout dans le monde le feu
intempestif de brousse est un phénomène fréquent. Chaque année le feu dévaste des milliers d’hectares de forêts. « En Afrique et dans beaucoup de pays du Tiers monde, la végétation, les forêts, la savane et les terres agricoles sont mises à feu pour défricher le sol et en modifier l’affectation (agriculture et élevage) »116.
En Amazonie 88% des forêts sont brulées ou défrichées pour le besoin de l’élevage et 12% pour les cultures. Ces incendies ont aussi des conséquences graves sur la santé humaine, provoquant surtout des maladies respiratoires.
________________________
104 FRANÇOIS (Pape), Salut au personnel de la FAO, Novembre 2014, dans AAS, 106, (2014) p. 985. ↑
115 F.LUKOKI LUYEYE, op.cit. p.307. ↑
116 F.LUKOKI LUYEYE, art.cit., p.303. ↑
Questions Fréquemment Posées
Pourquoi l’eau est-elle menacée par l’activité humaine?
L’eau est mise en danger par l’activité anthropique, notamment à cause de la pollution due aux activités extractives, agricoles et industrielles.
Quels sont les effets de la pollution de l’eau sur la santé?
Les maladies liées à l’approvisionnement en eau impropre à la consommation, comme la diarrhée et le choléra, sont devenues des facteurs de souffrance et de mortalité infantile.
Comment la privatisation de l’eau affecte-t-elle les plus pauvres?
La privatisation de l’eau transforme cette ressource en marchandise, ce qui affecte particulièrement les plus pauvres qui n’ont pas accès à l’eau potable.