Les stratégies de mise en œuvre culturelles sont essentielles pour préserver le patrimoine immatériel béninois. En révélant les défis liés à la valorisation des rythmes et danses traditionnels, cette recherche propose un centre innovant à Porto-Novo, promettant une renaissance culturelle significative.
Présentation des rythmes et danses traditionnels du Bénin
- Les différentes rythmes et danses traditionnels du Bénin
Le Bénin est un pays disposant de multiples rythmes et danses traditionnels. Du nord au sud du territoire nationale on retrouve différentes manières de danser. De façon générale, la majorité des danses traditionnelles du Bénin s’exécute avec les épaules et le tronc du corps.
Dans le nord du Bénin, les danses traditionnels s’exécutent avec les jambes, contrairement au sud du Bénin, qui s’appuie sur le corps qui se tord et se retord au son et au rythme de la musique.
Les différents rythmes et danses traditionnels du Bénin peuvent être classés en trois catégories à savoir :
Les rythmes et danses de réjouissances
Ces rythmes et danses sont exécutés lors de cérémonies ou de rituels très divers comme les mariages, les naissances ainsi que dans la plupart des évènements qui rythment la vie quotidienne au Bénin, nous trouvons suivant les régions du Bénin : le Massé gohoun, le Adjogbo, le Agbadja, le Kaka, le Kunya, le Tipinti, le Fabenfé, le Atchanoun, le Sinssinnou
Les rythmes et danses royales
Elles relatent des divinités et parlent d’elles. Nous avons Klulima, Idjombi, Houngan, Sato, Blékété, Chasseur, Adjogan, Linsouhoué, Agbéhoun, Kpodjiguêguê, Guêlêdê, Abikou, Têkê, Egoungoun, Tchinkounmè, Zinli, Zangbéto, Bourian.
Les rythmes et danses vodou
Ce sont des ensembles de rythmes et danses sacrées et très endiablées, multicolores, émouvantes qui évoquent les diverses divinités responsables du ciel, de la terre, de l’air, du bonheur etc. Ces rythmes et danses vodou s’intitulent : Sakpata, Hêviosso, Tchango, Dan, Kokou, Gambada. Par leur caractère sacré, elles sont uniquement exécutées par les adeptes et lors des cérémonies.
Présentation de quelques rythmes et danses traditionnels du Bénin
Le Massé gohoun
[7_strategies-de-mise-en-uvre-pour-le-patrimoine-immateriel_8][7_strategies-de-mise-en-uvre-pour-le-patrimoine-immateriel_9]C’est un rythme perpétué par l’auteur compositeur chanteur Dossou LETRIKI. Cette danse est originaire d’Avrankou, une région du sud-ouest du Bénin à quelques kilomètres de Porto-Novo. Cette danse s’inspire des scènes de la vie quotidienne : Manger, se quereller, s’amuser travailler et prendre le temps de savourer la vie. C’est une danse particulièrement animée.
Image 5: Réjouissance dans la commune d’Adjarra sur le rythme Massé gohoun
Le Adjogbo
C’est un rythme originaire du sud du Bénin plus précisément des départements du Mono. Le Adjogbo est à l’origine une danse funéraire de la région du sud Bénin, mais s’exécute également à l’occasion de réjouissances, cette danse est très chorégraphiée, les danseurs exécutent des mouvements synchronisés et parfois acrobatiques.
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Image 6: Danseurs du rythme Adjogbo
Le Agbadja
Le Agbadja était à l’origine une danse des pêcheurs du Ghana qui se retrouvaient après une longue journée de travail. Cette danse est d’avantage pratiquée au sud du Bénin dans les départements du Mono et du Couffo. C’est une danse alternativement lente, légère puis brutale et énergique. Pour danser Agbadja, il faut un pagne au niveau de la hanche, un tee-shirt et une serviette pour les hommes. Pour les femmes un pagne à la hanche, un autre solidement noué à la poitrine. La danse sollicite surtout les membres supérieurs qui se balancent et s’écartent alternativement.
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Image 7: Images montrant les chanteurs, les danseurs et les instruments du rythme Agbadja.
Le Kaka
Le Kaka est à la fois une danse de réjouissance et danse rituelle, cette danse s’exécute avec des morceaux de bambou que l’on tape l’un contre l’autre pour obtenir le rythme. Le danseur est en même temps le joueur de l’instrument de musique. Il est pratiqué dans la région de l’Ouémé, à la frontière du Nigéria au sud du Bénin.
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Image 8: Images montrant les chanteurs, les danseurs et les instruments du rythme Kaka.
Le Tipinti
Le Tipinti est un rythme du Nord Bénin dans la région de l’Atacora. Les danseurs s’habillent en petites jupes faites de perles, portent à la cheville une ceinture de grelots et un chapeau de corne sur la tête. Cette danse s’exécute non seulement à la fin des rudes travaux de mil, de sorgho mais également lors des réjouissances.
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Image 9: Images montrant les danseurs de Tipinti
Le Tèkè
Aussi appelée la danse du bâton car elle est exécutée avec deux bâtons en main. Le son obtenu par les deux bâtons qui se tapent fait l’originalité de cette danse. Le danseur est habillé soit en
« chaya » soit en jupe confectionnée avec plusieurs pagnes pliés à la tête enturbannée, elle est exécutée de façon très lente. Cette danse est du nord Bénin dans la région de Parakou.
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Image 10: Images montrant les danseurs du Tèkè
Le Kunya
Le peuple Waama du nord-ouest du Bénin l’exécute lors des cérémonies de manifestations festives. Cette danse traditionnelle folklorique est exécutée exclusivement par des femmes, en cercle, qui après s’être joliment maquillées, nouent des pagnes à la taille ou portent de petites jupettes et demeurent quasiment à moitié vêtue pour l’exécuter. Cette danse s’accompagne d’un mouvement d’agitation du corps et surtout des mains dans presque tous les sens. Ce rythme est accompagné des battements de mains et d’instruments comme des tam-tams, des sifflets.
Le Toba
Rythme éducatif, le TOBA appartient au registre populaire. Il se jouait au clair de la lune par les jeunes du Dahomey. C’est un rythme du sud du Bénin.
Le Tchinkoumè
[7_strategies-de-mise-en-uvre-pour-le-patrimoine-immateriel_18][7_strategies-de-mise-en-uvre-pour-le-patrimoine-immateriel_19][7_strategies-de-mise-en-uvre-pour-le-patrimoine-immateriel_20] Rythme funéraire chez le peuple Mahi des collines, le TCHINKOUME aurait été inventé par ADISSO, ancien esclave. Aujourd’hui il fait partie des rythmes les plus courants. Ce rythme se retrouve au centre du Bénin.
Image 11: Images montrant les instruments et les chanteurs du rythme Tchinkoumè
Le Zinli
[7_strategies-de-mise-en-uvre-pour-le-patrimoine-immateriel_21][7_strategies-de-mise-en-uvre-pour-le-patrimoine-immateriel_22][7_strategies-de-mise-en-uvre-pour-le-patrimoine-immateriel_23] Selon l’histoire, le prince GBINGNI, devenu roi GLELE (1858- 1889) de Danhomè, avait découvert le ZINLI au XIXe siècle à l’occasion des funérailles d’un des amis de son père, roi GUEZO (1818-1858). Rythme funéraire et royal sur le plateau d’Abomey (Ville historique du BENIN), le ZINLI a gardé cette renommée initiale pendant longtemps avant de s’inscrire également sur le registre des musiques populaires. Le Zinli se joue avec un vase tambour ayant donné son nom au rythme. Tout cela se fait accompagner de sons de gongs, hochets et clappements de mains soutenus par des chants et danses. Au départ, c’était deux calebasses d’eau et une cruche appelée » Lissouzin ».
Image 12: Images du tambour et du vase tambour Zinli
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Image 13: Images des chanteurs et des danseurs du rythme Zinli
2.1.2. Constat et évolution des rythmes et danses traditionnels du Bénin
Constat et faits
Le Bénin est indéniablement un réservoir de musique traditionnelle inexploité. Malgré que les artistes exécutant les rythmes traditionnels ne disposent pas de cadres d’expressions ou de carrefours qui les mènent ou les amènent à l’international, ils réalisent des exploits surprenants qui font du Bénin une plateforme unique dans cette catégorie de musique au monde.
Ces artistes mettent sur le marché de disques des produits de bonnes factures qui font le bonheur des mélomanes, avec l’aide de plusieurs mécènes et du fonds d’aides à la culture (FAC) institution étatique. Ils sillonnent entièrement le pays pour des prestations de qualités, sur des festivals, sur des évènements privés ou sur des funérailles. Ils remplissent les Stades quand ils sont ensemble et deviennent incontournables dans la mobilisation des masses populaires.
Evolution des rythmes traditionnels du Bénin
En jetant un regard rétrospectif sur les pratiques musicales des anciennes gloires, il est évident que les musiques traditionnelles Béninoises n’échappent pas à la règle de l’évolution musicale du monde. Les meilleures productions de ces éveilleurs de consciences se glissent vers une tendance plus moderne, avec la génération d’autres artistes comme Anice Pepe, Adizé, Petit Génie, Norbéka et bien d’autres. Une autre catégorie d’inspiration tradi-moderne, travaille dans une démarche commerciale qui s’exporte à merveille. On peut citer Angélique Kidjo, Tohon Stanislas, John Arcadius, Gilles Loueke, Gangbé Brass Band, Jean Adagbénon, Nel Oliver et l’actuel maître à penser Sagbohan Danialou.
Quelques événements culturels favorisant la promotion des rythmes et danses traditionnels du Bénin
Le festival HANLISSA
Créé par Aubin Akpohounkè, le festival Hanlissa est l’un des événements culturels au Bénin. C’est un creuset pour la promotion des artistes pratiquant les rythmes traditionnels béninois. Il est à sa huitième édition.
Le festival Ségan
Le festival Ségan a pour promoteur Prosper Bohoun. C’est un festival qui a pour objectif la promotion des rythmes et danses traditionnels du Bénin en voie de disparition et pour amener la jeunesse à s’y intéresser. Le nom « Ségan » est un nom en Fon (langue communément parlé au Bénin). Ce mot exprime la danse mais aussi les manières de danser. Le festival Ségan est un
concours au cours duquel le concurrent âgé de 15 à 25 ans doit exécuter douze rythmes traditionnels du Bénin. Le festival est à sa huitième édition.
Le festival Anii
Le festival Anii créé en 2009, est une plateforme annuelle de la libre expression artistique culturelle ouvert aux artistes et à la population des départements de l’Atacora et de la Donga. Cette plateforme a pris ancrage dans la ville de Bassila. Il se déroule sur trois jours et réunit toute la population de l’aire culturelle Anii et toutes les tendances musicales comme la musique traditionnelle, la musique moderne d’inspiration traditionnelle, et naturellement toutes les danses qui les accompagnent. Il a pour objectif de revaloriser le patrimoine culturel de l’aire Anii.
Le Festival International de Porto-Novo (FIP)
Initié par le maire Emmanuel ZOSSOU, le festival international de Porto-Novo s’insère dans le cadre du développement de la ville capitale avec la valorisation du patrimoine culturel comme moyen. Il est à sa troisième édition.
Questions Fréquemment Posées
Quels sont les types de rythmes et danses traditionnels au Bénin?
Les rythmes et danses traditionnels du Bénin peuvent être classés en trois catégories : les rythmes et danses de réjouissances, les rythmes et danses royales, et les rythmes et danses vodou.
Quelle est l’origine de la danse Massé gohoun?
La danse Massé gohoun est originaire d’Avrankou, une région du sud-ouest du Bénin, et s’inspire des scènes de la vie quotidienne.
Comment se caractérise la danse Adjogbo?
La danse Adjogbo, originaire du sud du Bénin, est très chorégraphiée avec des mouvements synchronisés et parfois acrobatiques, et elle s’exécute aussi bien lors de cérémonies funéraires que de réjouissances.