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Quelles stratégies de mise en œuvre pour le soft power marocain en Afrique ?

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🏫 Université Mohammed V de Rabat - Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales Souissi
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master Spécialisé - 2020-2021
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Les stratégies de mise en œuvre du soft power marocain révèlent des dynamiques inattendues dans les relations africaines. Cette recherche met en lumière les défis logistiques et géopolitiques, tout en offrant des recommandations cruciales pour renforcer l’influence du Maroc sur le continent.


Section 2 :

Bilan, renforcement et recommandation :

Bilan

Les échanges entre le Maroc et les pays africains reproduisent les mêmes faiblesses qui caractérisent les relations commerciales entre pays du Sud, caractérisées par de grandes différences, car l’Afrique ne fait pas partie intégrante du système mondial : elle est constituée de groupes régionaux avec sa dynamique et son importance propres. Composez le contraste entre la politique, l’économie et la société.

Malgré la nette diminution des conflits entre nations, de nombreux observateurs insistent sur le fait que le continent africain continue de ressentir un sentiment d’insécurité croissant. Celle-ci se manifeste sous de multiples formes : guerre civile, terrorisme, violences post-électorales, développement de diverses activités de trafic-drogue, d’armes ou d’êtres humains. De même, les risques politiques et sécuritaires sont généralement des raisons suffisantes pour empêcher ou interrompre le développement des affaires d’un pays. Lorsque le risque sécuritaire est important, les entreprises étrangères devraient être en mesure de mettre en place des dispositifs de protection adaptés pour leurs employés et activités.

Bien que les relations commerciales entre le Maroc et l’Afrique subsaharienne se soient améliorées ces dernières années, elles sont encore faibles au vu des ressources existantes et du potentiel de développement commercial entre les deux parties. De plus, ces échanges sont encore majoritairement concentrés en Afrique de l’Ouest, notamment les pays francophones et les pays atlantiques. En raison de l’éloignement géographique des pays d’Afrique australe et orientale, mais surtout, ils appartiennent à des communautés linguistiques différentes et font face à la concurrence de l’Afrique du Sud dans la région.

L’analyse de la relation commerciale entre ces deux partenaires montre que le volume des échanges est relativement faible par rapport à son potentiel, qui est lié à la concentration de produits avec une demande mondiale moins active. La faiblesse du commerce peut également être attribuée à plusieurs facteurs, principalement liés à la structure économique, à la faiblesse des infrastructures et des marchés financiers, aux mécanismes de financement et à l’inapplicabilité des accords commerciaux.

Malgré les progrès, en moyenne, les politiques commerciales en Afrique subsaharienne sont encore plus protectionnistes. En fait, selon le Fonds monétaire international, le système commercial en Afrique est encore plus strict que celui des autres régions.

L’analyse des relations commerciales entre le Maroc et l’Afrique subsaharienne tire les enseignements suivants :

  • Par rapport au potentiel, les échanges entre eux restent faibles. Ce potentiel inexploité peut s’expliquer par une diversification insuffisante des produits au Maroc et en Afrique subsaharienne, des partenariats économiques encore sous-développés, et l’absence d’un cadre adéquat pour renforcer la coopération commerciale à travers des zones de libre-échange et des accords d’association économique.
  • Facteurs structurels, par exemple, les infrastructures de transport sont faibles (notamment le manque de liaisons maritimes et terrestres), ce qui va générer des coûts supplémentaires et affecter sérieusement le volume commercial. Ces contraintes structurelles sont une caractéristique générale des échanges Sud-Sud.
  • Les politiques protectionnistes de certains pays d’Afrique subsaharienne ont également limité le développement du commerce bilatéral. Dès lors, le contournement ou l’affaiblissement de ces obstacles et la concrétisation des nombreux accords et conventions signés lors des nombreuses visites du Roi Mohammed VI devraient accroître l’intensité des échanges bilatéraux.

Renforcement et recommandation :

Renforcement :

Pour créer des conditions du développement durable de la relation entre le Maroc et l’Afrique, la méthode consiste à renforcer la compétitivité des produits exportables du Maroc, rechercher la diversification internationale du groupe afro-marocain, choisir le modèle de la « pleine intégration dans l’économie africaine, et créer des coentreprises avec des sociétés étrangères.

Actualiser et renforcer les moyens de promouvoir l’économie du Royaume en Afrique, établir un nouveau cadre institutionnel pour les relations économiques et financières avec les pays africains, développer les transports terrestres, maritimes et aériens directs pour les partenaires marocains, et assurer les missions et tâches de l’ambassade du Maroc Les moyens d’action nécessaires.

Consolider la position du Maroc en tant que pôle régional dans les domaines de la finance, des transports, des universités et de la formation professionnelle. Le Maroc doit jouer son rôle de lien entre l’Afrique et l’Europe, renforcer son rôle dans le processus de dialogue et de coopération entre l’Afrique et l’Europe, participer à la construction de la chaîne de valeur des deux continents, et approfondir la coopération triangulaire dans le domaine social. -Les secteurs économiques qui ont un plus grand impact sur le développement de l’Afrique.

Dans la logique de conjuguer la dynamique d’investissement, développement des échanges et renforcement des capacités de développement des pays, la coopération entre le Maroc et les pays d’Afrique de l’Ouest s’étend aux pays d’Afrique australe riverains de l’océan Atlantique et aux partenaires africains. Les zones de construction doivent être prioritaires, en particulier celles qui incluent la sécurité alimentaire, les énergies renouvelables et les infrastructures portuaires.

Faire de l’Afrique australe et de l’Afrique de l’Est l’une des priorités de la politique étrangère du Maroc, compte tenu de la nécessité de défendre les questions ethniques et de mobiliser le potentiel de coopération économique avec les pays de ces deux régions. Pour ce faire, de nouvelles modalités de coopération adaptées aux caractéristiques de l’Afrique australe et orientale doivent être adoptées. Pour les partenaires qui constituent la porte d’entrée entre les deux lieux, la coopération doit s’inscrire dans le cadre multilatéral, en mettant l’accent sur les questions économiques.

Offrir des politiques de communication adéquates pour le Royaume, ciblant les pays d’Afrique du Sud et de l’Est, pour combler les lacunes d’information sur le Maroc et transmettre des discours apaisés pour ces deux régions, tout en mobilisant les acteurs de la société civile pour renforcer la compréhension mutuelle entre les peuples.

Recommandations :

Afin de mener à bien ses actions en Afrique, quelques recommandations s’avèrent être utiles notamment un renforcement du cadre juridique qui régit les relations commerciales et d’investissement entre les deux entités. En effet, il est important pour le Maroc de créer un meilleur cadre juridique afin de favoriser l’investissement en Afrique et ce à travers des politiques juridiques et fiscales souples et incitatives assorties à la possibilité d’avoir recours à des mécanismes d’arbitrages notamment à travers la conclusion d’accords bilatéraux incluant la promotion et la protection des investissements.

L’instauration d’un cadre de partenariat privé entre les entreprises marocaines et les entreprises africaines permettant des synergies entre les économies ; en effet les Petites et Moyennes Entreprises (PME) sont les mises de côté sur de l’expansion marocaine en Afrique, alors qu’elles constituent la majorité du tissu économique marocain et que le marché africain regorge d’opportunités de croissance importante pour cette catégorie d’entreprises. Actuellement, elles ont encore peur par rapport aux exportations en Afrique à cause d’une méconnaissance des marchés et de l’insuffisance des mécanismes publics d’accompagnement à l’étranger.

Soutenir financièrement les entreprises marocaines à l’international ; soutenir et encourager les exportations vers les différents marchés nationaux en proposant des garanties ainsi que des assurances sur les achats de biens et de service du pays, auprès des acteurs économiques qui ne sont pas capables ou prêts à accepter le risque de change. Le cas de la Chine reste un exemple à suivre ; cette dernière a réussi à soutenir ses entreprises nationales à l’étranger via sa banque d’Etat Exim Bank. Cette dernière se voit accorder une ligne de crédit par l’Etat Chinois dans le but d’accorder des financements aux Etats Africains qui confient leurs projets aux entreprises chinoises.

Pour finir, il est nécessaire d’investir dans les infrastructures intra-africaines, un des principaux obstacles au développement des relations commerciales entre le Maroc et ses voisins africains. On estime que l’Afrique subsaharienne a les coûts de transport les plus élevés au monde.18

Les faibles connexions terrestres et maritimes constituent donc un frein important et induisent des coûts et des délais de livraisons importants, rendant de facto les échanges non compétitifs par rapport à d’autres zones commerciales.19

Sur l’échiquier géopolitique mondial, l’Afrique est aujourd’hui l’objet de nombreuses aspirations : ses ressources naturelles et la taille de son marché (1 milliard d’habitants) constituent un terreau fertile pour sa croissance, et elle devrait bientôt porter ses fruits. Avec le soutien de l’aide internationale et des investissements étrangers directs, et l’encouragement des efforts de stabilité politique et d’institutionnalisation dans de nombreux pays, le continent africain est entré dans un processus de transformation et de diversification économiques.

Le taux de croissance annuel du continent africain devrait être de 5% dans les prochaines années, ce qui est une véritable manifestation de la tourmente économique mondiale.

L’Afrique du Nord est située au carrefour stratégique entre l’Europe, l’Asie de l’Ouest et l’Afrique, elle possède des atouts uniques et peut devenir un lien entre les économies du Nord et les pays candidats au développement du Sud. Conscient des atouts de ce nouveau jeu de rôle, le Maroc déploie désormais son réseau d’influence sur l’ensemble du continent africain, notamment en Afrique subsaharienne. Cette stratégie doit d’abord servir sa performance commerciale : les exportations du Royaume reposent principalement sur l’état de berne, et elle est moins flexible pour s’intégrer dans l’économie mondiale, de sorte que l’Afrique subsaharienne voit un potentiel de croissance plus accessible. C’est bon pour lui. En effet, bien qu’encore timide, en raison des

18CNUCED, « Cout des transports internationaux : les pays d’Afrique paient le prix fort »

19 Ibid.

accords bilatéraux conclus avec les pays d’Afrique subsaharienne, le commerce avec la région a produit un excédent en faveur de l’Arabie saoudite et a montré un énorme potentiel de croissance.

Ce rapprochement avec la partie sud du continent africain fait également du Maroc un partenaire au développement de la région. L’Afrique est aujourd’hui le continent le plus pauvre du monde, attirant aide et investissements du monde entier. Dans le dispositif d’accompagnement de leur développement en Afrique subsaharienne, la coopération triangulaire a ouvert de nouvelles perspectives.

Le principe est que les bailleurs du Nord financent des projets d’infrastructures locales et chargent les pays africains de les mettre en œuvre. Ce mécanisme offre une excellente opportunité aux entreprises marocaines de démontrer leur savoir-faire et de se développer au-delà des frontières nationales. Certaines d’entre elles ont déjà pris des mesures pour investir des capitaux en Afrique subsaharienne et ont participé à de grands projets structurants.

D’ailleurs, aujourd’hui Rabat est aujourd’hui le deuxième investisseur africain sur le continent africain et le premier investisseur en Afrique de l’Ouest.


Questions Fréquemment Posées

Quels sont les principaux défis des relations commerciales entre le Maroc et l’Afrique subsaharienne ?

Les défis incluent la faiblesse des infrastructures, les politiques protectionnistes de certains pays d’Afrique subsaharienne, et un volume d’échanges relativement faible par rapport au potentiel.

Comment le Maroc peut-il renforcer ses relations commerciales avec l’Afrique ?

Pour renforcer ses relations, le Maroc doit améliorer la compétitivité de ses produits exportables, diversifier ses offres et concrétiser les accords signés lors des visites du Roi Mohammed VI.

Pourquoi les échanges entre le Maroc et l’Afrique sont-ils encore faibles ?

Les échanges sont faibles en raison d’une diversification insuffisante des produits, de partenariats économiques sous-développés, et de l’absence d’un cadre adéquat pour renforcer la coopération commerciale.

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