L’innovation technologique et écologie soulève une question cruciale : comment l’anthropocentrisme du christianisme occidental a-t-il contribué à la crise écologique actuelle ? Cette recherche propose des approches novatrices, inspirées par Saint François d’Assise, pour rétablir l’harmonie entre l’homme, la nature et le Créateur.
La perte de la biodiversité
Comme nous venons de le signaler plus haut, la disparition des forêts va de pair avec « la disparition d’espèces qui pourraient être à l’avenir des ressources extrêmement importantes non seulement pour l’alimentation mais aussi pour la guérison des maladies et les multiples services »117. Les espèces sauvages et leur diversité génétique contribuent au développement de l’agriculture, de la médecine et de l’industrie. Egalement beaucoup d’espèces jouent un rôle important dans la régulation du climat, la protection des sols, la protection des aires d’élevages et de reproduction.
Dans son encyclique, le Pape François regrette le fait « que chaque année disparaissent des milliers d’espèces animales et végétales que nous ne pourrons plus connaitre, que nos enfants ne pourrons plus voir, perdus pour toujours »118. A cause de l’action humaine qui limite à assigner aux espèces le statut de ressource exploitable oubliant leur valeur intrinsèque, « des milliers d’espèces ne sauront plus rendre gloire à Dieu pour leur existence ni communiquer leur propre message »119.
Notons que pour le bon fonctionnement de l’écosystème chaque espèce à un rôle à jouer. Même celles considérées plus insignifiantes telles que « les champignons, les algues, les vers, les bactéries, les insectes, les reptiles, les abeilles et les innombrables variétés des microorganismes sont aussi nécessaires »120. On le voit, l’intervention humaine dans l’écosystème souvent motivée par l’appétit financier et le consumérisme a des graves conséquences sur la survie de la diversité biologique.
116 Ibidem, p.304.
117 Laudato Si, n° 32.
118 Ibidem.
119 Ibidem, n° 33.
120 Ibidem, n° 34.
Certes, la disparition d’un grand nombre d’espèces au cours de l’histoire de l’univers, s’est déroulée durant de longues années. Cependant, aujourd’hui c’est l’homme, qui se croit maître de la nature, qui est devenu le premier responsable de la disparition des espèces. Quelques facteurs ont largement contribué à cette disparition, notamment :
- La perte ou la modification d’habitats : les écosystèmes des forêts tropicales (d’Amazonie et du bassin du Congo) riches en biodiversité d’une énorme complexité se trouvent menacés par le déboisement, le feu de brousse, le défrichage pour développer les cultures, de même par « les routes, les nouvelles cultures, les grillages, les barrages et d’autres constructions qui prennent progressivement possession des habitats […] si bien que certaines espèces sont menacées d’extinction »121.
- La pollution atmosphérique, édaphique et aquatique: Il s’agit de la pollution de l’air, du sol et de l’eau. Cette pollution est largement responsable de la disparition des espèces. S’agissant de la pollution aquatique, par exemple, on constate que
« les mers tropicales abritent les barrières de corail hébergeant plus d’un million d’espèces incluant les poissons, les crabes, les mollusques, les éponges, les algues, etc. »122. Suite à la pollution qui atteint la mer comme résultat des déchets industriels, de l’augmentation de la température et de l’acidité des eaux, beaucoup de barrières de corail sont en voie de disparition. Selon le Pape, « le monde marine se transforme en cimetière sous-marin dépourvu de vie et de couleurs »123.
- La surexploitation des ressources naturelles : Il ne s’agit pas seulement de l’exploitation des ressources terrestres, essentiellement le bois par la culture industrielle, mais aussi des ressources marines et lacustres « à travers des méthodes destructives de pêche, spécialement celle qui utilise le cyanure et la dynamite »124.
- L’introduction d’espèces étrangères dans un milieu naturel : Des nouvelles espèces peuvent s’adapter difficilement ou même devenir prédatrices à l’égard de la faune et de la flore lorsqu’on modifie leur l’habitat naturel. De même, le remplacement de la flore sauvage par des forêts artificielles peut affecter gravement une biodiversité qui ne s’adapte pas aux nouvelles espèces introduites.
121 Laudato Si, n° 35.
122 Ibidem, n° 41.
123 CONFÉRENCES DES ÉVÉQUES CATHOLIQUES DES PHILIPPINES, Lettre pastorale, What is
happening to our beautiful land? (29 janvier 1988), cité par Laudato Si, n° 41.
124 Laudato Si, n° 41.
Pour clore cette page sur la biodiversité, il convient de signaler que pour sa survie, l’homme dépend de quelques 200 espèces végétales comestibles dont 20 seulement constituent les cultures ayant une certaine importance économique. Ainsi, tout en favorisant les modifications nécessaires de la nature pour son bien-être, l’homme ne doit pas oublier de favoriser « la survie des autres espèces, surtout celle en voie d’extinction »125.
L’Urbanisation sauvage.
Alors que la population mondiale dépasse déjà les 7 milliards d’habitants, près de la moitié vit en zone urbaine et ce nombre va croissant. L’urbanisation est donc l’une des évolutions les plus frappantes de la fin du 20è siècle et du début du 21è siècle. Or les villes ont une empreinte écologique plus large que leur zone d’occupation à cause de leur forte demande d’énergie, d’aliments, d’eau, mais aussi en raison que laissent sur le sol, l’air et l’eau leurs déchets et leurs émissions.
La plupart des citadins du monde sont donc exposés à des niveaux élevés de pollution de l’air et de l’eau qui peuvent compromettre leur santé. Dans les pays en voie de développement, le phénomène d’urbanisation a créé un problème aigu d’insalubrité. Il est estimé que 30 à 50% des déchets solides produits dans leurs centres urbains ne sont pas ramassés.
Ainsi, le processus mondial d’urbanisation entraîne de profondes conséquences pour l’état de l’environnement et pour la santé humaine.
Et d’un autre côté, « la dégradation des sols est le principal motif qui pousse les paysans à émigrer vers les taudis et les bidonvilles de grandes métropoles, en quête de meilleures conditions de vie »126. Cet exode rural connaît son apogée surtout dans les pays en voie de développement. Aujourd’hui beaucoup de mégapoles urbaines à travers le monde sont déjà au bord de la surpopulation. « Si cette concentration des populations humaines dans les cités gigantesques devient le destin de l’humanité, alors il faut prévoir la destruction de modèles des comportements émotionnels, des codes moraux et des certitudes essentielles »127.
S’agissant de la santé humaine, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime que, « la mauvaise qualité de l’environnement explique 25% de l’ensemble des maladies
125 Laudato Si, n° 42.
126 F.LUKOKI LUYEYE, art.cit., p. 305
127 J. MOLTMANN, op.cit., p.40.
évitables dans le monde »128. Les facteurs de mauvaise santé liés à l’environnement sont :
« la contamination de l’eau, la mauvaise hygiène, les habitations enfumées, l’action des moustiques et autres vecteurs de maladies »129. La pollution due aux produits chimiques est l’une des principales causes de la tuberculose, de la bronchite, des maladies cardiovasculaires, du cancer et de l’asthme. Enfin l’exposition aux pesticides, aux engrais, aux métaux lourds à travers le sol, l’eau, l’air et l’alimentation fait courir de risques graves à la santé humaine.
Le plastique, un véritable danger pour l’environnement
De nos jours la matière plastique représente un réel danger pour l’environnement et pour la survie des diverses espèces. « Dans beaucoup d’agglomérations urbaines, surtout dans les pays en voie de développement il n’est pas rare de voir les caniveaux bouchés par les sacs plastiques obstruant le passage de l’eau pluviale, provoquant les inondations »130.
Or la durée de vie du sac plastique se situe entre 100 et 400 ans. A ce stade, il convient donc de noter que la production des produits plastiques ne se limite pas à consommer des matières pétrolières, de l’eau et de l’énergie, ce qui contribue à l’augmentation des gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique.
Car les particules des matières plastiques même brulées qui tombent sur le sol, le contaminent pendant plusieurs années. Et cela rend dangereux pour la consommation les fruits, légumes et les autres produits agricoles cultivés dans ces endroits.
Retenons enfin qu’un danger réel guette les utilisateurs des sachets plastiques qui les emploient comme des récipients surtout pour la nourriture chaude : des éléments toxiques résultant des produits pétroliers et autres composants peuvent se déposer sur la nourriture et l’intoxiquer. Il a été scientifiquement prouvé que ces composants toxiques sur les aliments peuvent engendrer des problèmes reproductifs. De même, la fumée issue de la matière plastique en combustion est hautement cancérigène. Pour la femme enceinte ces composants toxiques peuvent provoquer des malformations congénitales dans le système respiratoire et cardiovasculaire de l’enfant.
128 OMS, Rapport sur la santé dans le monde, 1998 – La vie au 21e siècle: Une perspective pour Rapport de tous, Consulté sur https://www.who.int/whr/1998/fr/, le 10 janvier 2019.
129 F.LUKOKI LUYEYE, art.cit., p. 305.
130 G. KOUAME, Sacs plastiques : véritable danger pour l’environnement et aussi risque sanitaire pour l’homme, consulté sur http://educateur.mondoblog.org le 17 janvier 2019.
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123 CONFÉRENCES DES ÉVÉQUES CATHOLIQUES DES PHILIPPINES, Lettre pastorale, What is
happening to our beautiful land? (29 janvier 1988), cité par Laudato Si, n° 41. ↑
126 F.LUKOKI LUYEYE, art.cit., p. 305 ↑
127 J. MOLTMANN, op.cit., p.40. ↑
128 OMS, Rapport sur la santé dans le monde, 1998 – La vie au 21e siècle: Une perspective pour Rapport de tous, Consulté sur https://www.who.int/whr/1998/fr/, le 10 janvier 2019. ↑
129 F.LUKOKI LUYEYE, art.cit., p. 305. ↑
130 G. KOUAME, Sacs plastiques : véritable danger pour l’environnement et aussi risque sanitaire pour l’homme, consulté sur http://educateur.mondoblog.org le 17 janvier 2019. ↑
Questions Fréquemment Posées
Quelles sont les causes de la perte de biodiversité selon l’article?
Quelques facteurs ont largement contribué à cette disparition, notamment la perte ou la modification d’habitats, la pollution atmosphérique, édaphique et aquatique, la surexploitation des ressources naturelles, et l’introduction d’espèces étrangères dans un milieu naturel.
Comment l’intervention humaine affecte-t-elle la biodiversité?
L’intervention humaine dans l’écosystème, souvent motivée par l’appétit financier et le consumérisme, a des graves conséquences sur la survie de la diversité biologique.
Quel est le rôle des espèces dans l’écosystème selon le Pape François?
Chaque espèce a un rôle à jouer pour le bon fonctionnement de l’écosystème, même celles considérées comme plus insignifiantes telles que les champignons, les algues, les vers, les bactéries, les insectes, les reptiles, et les abeilles.