Quels résultats sur la régénération des essences commerciales à Milolé ?

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🏫 Ecole Nationale des Eaux et Forêts - Direction des Etudes - Département Aménagement des Forêts et Environnement
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Ingénieur de Conception - 2014-2015
🎓 Auteur·trice·s
MANEMBE Serge Morel
MANEMBE Serge Morel

Les résultats de régénération forestière révèlent des dynamiques surprenantes dans l’AAC 2012 de SEEF à Milolé, où certaines espèces, comme Aucoumea klaineana, prospèrent sans préférence, tandis que d’autres montrent des affinités spécifiques. Ces découvertes ont des implications cruciales pour la gestion durable des forêts.


MATRERIEL ET METHODES

Site d’étude et justifications

L’AAC 2012 de l’UFA 2 de l’UFG 1 de la CFAD-SEEF abritant les parcs, pistes et trouées qui ont servis à cette étude, est située à Milolé dans la Province de l’Ogooué-Lolo, au Sud-est du Gabon.

Plusieurs raisons ont motivé le choix du site de cette étude. La première est liée à la nature même de la formation végétale de cette région, la forêt dense humide sempervirente composée de nombreuses essences de hautes valeurs commerciales est relativement peu exploitée. La deuxième raison quant à elle, est liée au fait que du 14 octobre 2013 au 30 décembre 2014, l’AAC 2012 avait fait l’objet d’une exploitation forestière.

Par ailleurs, la faible pression démographique qui caractérise cette région, le village le plus proche est à 150 Km et Lastoursville à 200 Km (Kombila, 2012) ; suggère l’existence de vieilles forêts ou de forêts peu perturbées (Doucet, 2006).

Afin d’évaluer et d’analyser l’effet de l’exploitation forestière sur la régénération naturelle des essences commerciales dans cette assiette annuelle de coupe, 10 anciens parcs, 10 anciens bouts de piste de débardage et 30 anciennes trouées ont été localisées et échantillonnées.

Localisation de l’AAC 2012 ayant servi à l’étude

L’AAC 2012 est comprise entre les longitudes 13°08’08’’E – 13°08’07’’E et les latitudes 0°11’15’’S – 0°14’0’’S. Cette assiette se trouve dans la zone du canton Lassio-Sébé à 200 Km de la gare de Lastoursville, le village le plus proche est Milolé sur la voie ferrée (Kombila, 2012). Ce village du canton Lassio-Sébé, dépend administrativement du Département de Mulundu dans la Province de l’Ogooué-Lolo.

La figure 1, présente la localisation du site d’étude à partir de la carte de végétation et des climats du Gabon.

[2_resultats-de-regeneration-forestiere-a-milole-analyse-approfondie_1]

Source: URL

[2_resultats-de-regeneration-forestiere-a-milole-analyse-approfondie_2]

Source: URL

Localisation de l’AAC 2012 dans l’UFG1

Figure 1. Carte de localisation de l’AAC 2012-UFG1

Végétation et faune

Selon le Plan d’Aménagement de la CFAD-SEEF (Teillier, 2013), la végétation de la zone d’étude est caractéristique des forêts naturelles. La composition spécifique est diverse avec la présence des espèces comme l’Okoumé (Aucoumea klaineana Pierre ; Burseraceae), le Béli (Paraberlinia bifoliolata ; Caesalpiniaceae), le Padouk (Pterocarpus soyauxii ; Papilionaceae), le Dibétou (Lovoa trichilioides; Meliaceae), le Kévazingo (Guibourtia tessmannii; Caesalpiniaceae) et le Sorro (Scyphocephalium mannii ; Myristicaceae).

Cette forêt est aussi caractérisée par la présence des grands mammifères tels que les Eléphants (Loxodonta cyclotis), les Gorilles (Gorilla gorilla), les Chimpanzés (Pan troglodytes) ; de même que les buffles (Syncerus caffer), les céphalophes, les cercocèbes et autres espèces animales.

Eléments biophysique de l’AAC 2012

Le rythme pluviométrique dans la région de Lastoursville est de type équatorial, avec l’apparition d’une saison sèche principale de 3 mois (juin, juillet, août), et d’une saison sèche secondaire d’un à deux mois (décembre et janvier). Il pleut de 1 600 à 1 800 mm par an et la température moyenne oscille de 22 à 26°C (Médjibé et al., 2010). Ce climat correspond à la limite septentrionale de la forêt semi-décidue.

Topographie, géologie et sols de l’AAC 2012

D’après le plan d’aménagement (Teillier, 2011), dans le lot 17 Est et le PFA 82/04, les altitudes varient de 260 à 800 m ; la majeure partie de ces deux permis se situe principalement sur un massif à gneiss et granitoïdes du socle archéen du nord Gabon. Le sud-ouest du lot 17 repose sur un massif granitique. Le relief est formé principalement de collines à versants convexes de pentes moyennes (6 à 15%) à fortes (16 à 30%). En général, les sols sont argilo-sableux ou argileux.

Echantillonnage

L’évaluation de la régénération des essences objectifs a été effectuée dans 30 trouées, 10 parcs et 10 pistes choisies au hasard au sein de l’AAC 2012 de l’Unité Forestière de Gestion (UFG 1) de la CFAD-SEEF à Milolé.

Localisation et surface des sites

Pour chaque trouée, nous avons d’abord relevé le numéro et le diamètre de la souche de l’arbre abattu. Le centre de chaque trouée a été relevé au GPS Garmin etrex 10 (Annexe 9). Puis, nous avons déterminé les limites de la trouée en projetant l’ouverture de la canopée causée par la chute de l’arbre au sol et à la lisière de la trouée. Ensuite la plus grande longueur de la trouée (noté L) et la petite longueur (ω) perpendiculaire à L ont été mesurées. La superficie de la trouée (Strouée) a été calculée avec la formule qui dérive des travaux de Rankle sur les trouées en 1981: Strouée L .

Pour chaque parc, nous avons d’abord relevé le numéro (inscrit sur une pancarte) puis, décomposé cet espace en plusieurs figures géométriques connues (carrée, rectangle, triangle, trapèze, cercle…). Dans certains cas, nous avons considéré les parcs comme des trapèzes. En considérant comme grande longueur (notée L), le côté le plus long du parc.

La largeur (notée l) le côté opposé à la longueur et la hauteur (H), la perpendiculaire aux deux côtés (déterminée à l’aide d’une boussole Suunto en recherchant un angle droit à partir de l’Azimut de L). Ensuite la longueur, la largeur et la hauteur du parc ont été mesurées (à l’aide d’un double décamètre).

Ce qui nous a permis de calculer la superficie du parc selon la formule :

Sn

Sparc  (S1S2  Sn )

S1

Les éléments S1, S2… Sn , sont des surfaces de figures géométriques connues.

Les superficies des pistes de débardage n’ont pas été déterminées. Les trouées d’abattage et les parcs à bois ont été cartographiés avec le logiciel ArcGIS version 9.3.

Inventaire de la régénération dans les sites

Dans chaque trouée, la régénération a été recensée dans des microplacettes circulaires de 4 m2, distancées de 2,5 m le long des deux axes (L et ω). Nous avons recensé toutes les plantules des espèces cibles ayant plus de 5 cm de hauteur. Ce qui nous a permis d’installer 273 microplacettes soit 5 dans les plus petites trouées et 19 microplacettes dans les plus grandes.

Ensuite, dans chaque parc, à chaque 2,5 m sur chacun des deux axes, des microplacettes circulaires de 4 m2 ont été disposées de façon à couvrir toute la superficie du parc. Ce qui nous a permis d’installer rapidement 189 microplacettes pour le plus petit parc et 487 placettes pour le plus grand parc.

Enfin dans les pistes, nous avons recensé tous les jeunes plants de plus de 5 cm de hauteur dans des microplacettes circulaires de 4 m2 espacées de 2,5 m (figures 9 et 10). Nous avons également mesuré les hauteurs des sujets recensés.

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Figure 2. Plantule de Canarium schweinfurthii

Les figures ci-dessous, représentent une phase des travaux de recensement de la régénération dans les trouées d’abattage (figure 3) et le schéma de délimitation et d’échantillonnage des trouées (figure 4).

[2_resultats-de-regeneration-forestiere-a-milole-analyse-approfondie_4]

Source : MOUELE E.M., novembre 2015

Figure 3. Observation et identification de plantules dans une trouée

Souche de l’arbre abattu N

et ayant généré la trouée

W

Microplacettes de r =1,13

O L E

S Contour de la trouée

Figure 4. Schéma de délimitation des trouées et positionnement des micoplacettes

La figure 5, présente la phase d’installation des microplacettes dans une des trouées d’abattage. Les figures 6 et 7 présentent deux plantules dans les parcs.

[2_resultats-de-regeneration-forestiere-a-milole-analyse-approfondie_5]

Figure 5. Installation des microplacettes dans une trouée

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Figure 6. Plantule de Tetraberlinia polyphilla

[2_resultats-de-regeneration-forestiere-a-milole-analyse-approfondie_7]

Figure 7. Mesure de hauteur de P. soyauxii

La figure 8 est une schématisation du dispositif sur un parc à bois, le tableau 1 présente les données de localisation et de superficie des parcs à bois.

Longueur du rectangle

Bandes parallèles de comptage dans les sous-placettes du parc

Sous-placette

Largeur du rectangle et côté du triangle

Triangle rectangle

S3

Triangle rectangle

Rectangle

Côté du triangle rectangle

S2

S1

Longueur du parc

Figure 8. Schéma du dispositif d’échantillonnage des Parcs.

Tableau 1. Données de localisations des Parcs

parcs

Latitude

Longitude

surf_parc (m²)

1

00°12’11,0 »S

013°08’36,0 »E

1849

2

00°12’22,33 »S

013°09’11,4 »E

3364

3

00°12’54,3 »S

013°09’24,2 »E

1406,25

4

00°13’54,3 »S

013°09’18,0 »E

650,25

5

00°13’39,1 »S

013°10’38,1 »E

1246,09

6

00°13’13,7 »S

013°10’18,1 »E

921,12

7

00°12’09,1 »S

013°10’06,0 »E

802,72

8

00°12’26,9 »S

013°10’56,7 »E

1930,47

9

00°12’01,3 »S

013°10’57,3 »E

506,25

10

00°11’54,6 »S

013°10’58,8 »E

966,02

surf : surface

La figures 9, 10 et 11 présentent le schéma d’échantillonnage et les phases de travaux sur pistes.

Distance entre deux sous-placettes (2,5 m)

Limites de la piste

10 m de bout de piste

Sous-placettes

Figure 9. Schéma d’échantillonnage des bouts de piste.

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Figure 10. Echantillonnage d‟une piste

[2_resultats-de-regeneration-forestiere-a-milole-analyse-approfondie_9]

Figure 11. Vue des travaux sur une piste

L’analyse de données

Analyse de la régénération

La densité relative

La densité relative (Dr) est obtenue en divisant le nombre d’individus comptés appartenant à une espèce par le nombre total d’individus comptés (Kent et Coker, 1992) dans le site.

D NEspèce 100 .

r

NT

NEspèce : nombre d’individus de l’espèce

NT : nombre de tous les individus de toutes les espèces dans l’échantillon.

La densité absolue

La densité absolue (Da) est le rapport entre le nombre d’individus d’une espèce et la surface du site échantillonné multiplié par 100 (calculée dans les trouées et parcs uniquement) :

Da

Ne

SSite

100

Ne : nombre d’individus de l’espèce

SSite : surface du site échantillonnée

Le taux de régénération par espèce par site.

Le taux de régénération (TR) des espèces a été calculé en considérant chaque site comme unité d’échantillonnage. Ainsi, le Taux de régénération (TR) correspond au nombre d’unité d’échantillonnage où l’espèce est présente divisé par le nombre d’unité d’échantillonnage pour chaque site multiplié par 100.

TR

nu 100 .

Nu

nu : représente le nombre d’unité échantillonnées où l’espèce apparaît

Nu : représente le nombre d’unité d’échantillonnage total du site.

Nous avons également analysé la distribution de la régénération des essences commerciales par classe de hauteur. C’est un outil graphique pour présenter la distribution des effectifs des plantules dénombrées

Affinité entre les espèces et types de milieu

Nous avons réalisé une analyse canonique de correspondance (ACC). Le principe de l’analyse canonique est de mettre en évidence des proximités entre deux ensembles de données. D’après Brocard (1997), l’ACC est une ordination sous contrainte. Elle réalise une analyse de gradient dite « directe », dans laquelle interviennent deux matrices: une matrice « à expliquer », et une matrice de variables explicatives. Dans notre cas, nous avons une première matrice constituée des essences forestières et une deuxième matrice qui est constituée par les sites notamment les parcs, les pistes et les trouées.

Cette approche participe donc à la fois de l’ordination et de la régression multiple. La méthode de calcul est décrite par Legendre et Legendre (2012). Le processus d’ordination est directement influencé par l’action d’un ensemble de variables explicatives: l’ordination cherche les axes qui soient exprimés le mieux possible par une combinaison linéaire des variables environnementales.

En d’autres mots, cette méthode cherche la combinaison de variables environnementales qui explique le mieux la variation (ou dispersion) de la matrice “espèces”, ou encore, qui minimise la somme des carrés des résidus de la régression de la variable dépendante (ici: l’axe canonique en cours de calcul) sur les variables explicatives.

Une fois cette combinaison trouvée, la recherche se poursuit pour trouver un deuxième axe linéairement indépendant (orthogonal) du premier (plus précisément: indépendant de la première combinaison de variables explicatives), mais expliquant de manière optimale la variation restante de la matrice “espèces”.

A l’issue du calcul, on obtient autant d’axes contraints qu’il y a de variables explicatives, mais chacun de ces axes est une combinaison linéaire (un modèle de régression multiple) de toutes les variables explicatives. Un axe privilégiera l’influence d’une des variables, le suivant celle d’une ou plusieurs autres, etc. La variation de la matrice de données qui ne peut pas être expliquée par les variables environnementales à disposition est exprimée sur une série d’axes subséquents. Les calculs ont été réalisés avec le logiciel R (Librairie vegan).

La figure 12, présente une plantule d’Aucoumea klaineana en régénération dans une trouée d’abattage.

[2_resultats-de-regeneration-forestiere-a-milole-analyse-approfondie_10]

Figure 12. Plantules d’Aucoumea klaineana dans une trouée

________________________

2 Définition donnée par l’article 62 de la loi sur les nouvelles régulations économiques (NRE) du 15 mai 2001.

3 Auchan Les 4 Temps, La Défense.


Questions Fréquemment Posées

Quels sont les résultats de la régénération naturelle des essences commerciales à Milolé ?

L’analyse révèle qu’Aucoumea klaineana régénère partout sans préférence, tandis que Tetraberlinia polyphilla et Celtis tessmannii préfèrent les pistes.

Où se situe l’AAC 2012 étudiée pour la régénération forestière ?

L’AAC 2012 est située à Milolé dans la Province de l’Ogooué-Lolo, au Sud-est du Gabon.

Quelles espèces ont été observées dans la zone d’étude de l’AAC 2012 ?

La zone d’étude présente des espèces comme l’Okoumé (Aucoumea klaineana), le Béli (Paraberlinia bifoliolata), et le Padouk (Pterocarpus soyauxii), entre autres.

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