Quels résultats clés émergent des discours d’Aristide ?

Pour citer ce mémoire et accéder à toutes ses pages
🏫 Université de Yaoundé I - Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines - Département des Sciences du Langage
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2022
🎓 Auteur·trice·s
Daniel LAMOUR
Daniel LAMOUR

Les résultats de l’analyse des discours de Jean-Bertrand Aristide révèlent des stratégies discurssives inattendues qui éclairent la crise politique haïtienne. Cette étude, ancrée dans un cadre socio-sémiotique, met en lumière les relations complexes entre discours et contexte, redéfinissant notre compréhension de la démocratie en Haïti.


Motivations et justifications du choix du sujet

L’intérêt de travailler sur la sémantique des discours de l’ancien président Haïtien, Jean- Bertrand Aristide de 1991 à 2004, nous vient du constat qu’après la dictature des Duvalier le pays voulait un autre modèle de gouvernance politique.

Pourtant, les acteurs post-86 ont échoués. Ils n’ont pas réussi à construire un état de droit, un pays démocratique où la justice n’est plus une affaire de couleur ou de classe, où chaque homme est un homme et le mot bien- être collectif a du sens.

En tant que citoyen Haïtien, frustré, en colère et impuissant dans le contexte actuel2 (2022) de grave crise socio-politique, nous nous sommes dit : qu’il serait intéressant d’aller voir en profondeur, c’est-à-dire dans l’histoire, particulièrement, dans l’histoire post-duvaliériste.

Aristide est le leader charismatique de l’après Duvalier, il était aimé, adulé, et promet de rompre avec les structures du passé. Ses discours galvanisent les foules, les masses populaires le voyaient comme le sauveur.

Pourtant, plus de 30 ans après, les promesses démocratiques restent vaines. C’est dans ce contexte que, nous nous demandons : en quoi Aristide est un contributeur à la situation actuelle du pays ? Comment notre domaine d’étude peut contribuer et nous aider à mieux comprendre le discours d’Aristide ? Partant de ce postulat nous avons choisi des contextes historiques puis des discours pour mieux circonscrire notre travail.

En effet, après la dictature des Duvalier (François et Jean-Claude Duvalier, Père et Fils, 1957- 1986), après une période particulièrement instable (février 1986 – décembre 1990), un prêtre

défroqué, Jean-Bertrand Aristide, opposant notoire au régime duvaliériste, est élu le 16 décembre 1990, président de la République, et prononce son discours d’investiture le 7 février 1991.

Ce dernier a un grand intérêt pour nous. Tout d’abord, 7 février est symbolique (selon la constitution c’est la date de la passation du pouvoir présidentiel3) pour le peuple Haïtien.

Ensuite, ce 1er discours post-86 était synonyme de victoire pour les classes les plus défavorisées du pays. Nous allons le considérer dans ce travail.

Moins d’1 an après sa prise de pouvoir triomphale le président est victime d’un coup d’État le 30 septembre 1991, marquant le rejet du nouveau président par l’armée et par les élites économiques du pays. Il est contraint à l’exil et le commandant en chef de l’Armée, le lieutenant général Raoul Céderas prend le pouvoir.

Une répression sanglante s’abat sur les secteurs favorables au président déchu. Trois cent mille personnes fuient leur maison pour se réfugier dans d’autres pays, des dizaines de milliers rejoignent la République Dominicaine voisine et dix mille tentent d’atteindre les États-Unis, mais plusieurs centaines d’entre elles meurent durant la traversée et plus de huit mille sont interceptées par les garde-côtes.

Aristide demeure cependant reconnu internationalement, et prononce un discours au Nations-Unis, le 29 novembre 1992 en tant que Chef d’État d’Haïti en exil.

C’est un discours prononcé devant le monde entier, sur les tribunes des Nations-Unies, essentiel pour comprendre sa stratégie discursive et sa vision de la politique. Ce discours retient notre attention.

Trois ans après son exil, le 15 octobre 1994 Jean-Bertrand Aristide rentre en Haïti sous la protection des États-Unis. C’est plutôt un président pacifique qui effectue un retour au pays7.

Soutenant que « Jamais plus une goutte de sang ne doit couler8 », Aristide retrouve Haïti dans un état désolant où deux défis de taille l’attendent : la reconstruction économique et la

réconciliation nationale9.

Pendant les derniers mois de son mandat, Aristide réussit uniquement à éliminer les Forces Armées d’Haïti, trop présentes sur la scène politique depuis leur création en 1934, et à créer une force de police, la Police Nationale d’Haïti (PNH).

Ne pouvant pas se représenter comme candidat à l’élection suivante en raison de la Constitution10, Aristide quitte le pouvoir le 19 décembre 1995 en faveur de son ancien Premier ministre, René Préval élu président de la République.

Ici, notre intérêt se porte sur son discours à l’ONU avant son retour, le 04 octobre 1994.

26 novembre 2000, Jean-Bertrand Aristide est élu avec 93 % des voix, alors que seulement 6% des Haïtiens ont participé au scrutin.

Avec une majorité de 72 sièges, Lavalas, le parti politique d’Aristide, est accusé de faire mainmise sur les élections législatives très controversées du printemps 2000, la mainmise.

Son discours d’investiture, le 7 février 2001 retient notre intérêt.

Le second mandat d’Aristide revêt d’emblée un caractère dictatorial. L’aspect démocratique des élections législatives s’avère fortement déficient, sans compter qu’Aristide s’évertue sans attendre à créer un encadrement de la société haïtienne par la peur.

Des milices armées paramilitaires sont notamment créées et « chargées de maintenir la terreur contre les opposants et d’éviter les débordements populaires » La corruption, le populisme et la violence deviennent les nouvelles bases du régime gouverné par Aristide.

La situation devient de plus en plus accablante.

Le 1er janvier 2004, des dizaines de milliers de personnes ont gagné les rues de la capitale et d’autres villes de Provence pour réclamer sa démission, au moment où celui-ci commémore, avec des milliers de partisans et des délégations internationales restreintes, les 200 ans de la première et unique révolution antiesclavagiste, qui a abouti à l’indépendance d’Haïti sur la place d’armes des Gonaïves.

Dans une atmosphère marquée par le crépitement de rafales d’armes à feu, Jean Bertrand Aristide a tenu à délivrer rapidement un discours sur la place d’arme des Gonaïves, au milieu d’une ceinture de containers et de dispositifs impressionnants de sécurité

dressés pour éviter d’éventuels affrontements avec des militants armés du quartier populaire de Raboteau situé à proximité de la place d’armes 15 .

Sous les pressions populaires et de la communauté internationales, Aristide n’a d’autre choix que de quitter ses fonctions le 29 février 2004 et se retrouve, une fois de plus, en exil.

Le discours du 1er janvier 2004 à Port-au-Prince, retient notre intérêt.

________________________

2 Assassinat du président, guerre des gangs, insécurité généralisé, pas de parlement, pas de président le pays demande même l’intervention d’une force étrangère auprès des Nations-Unies.

3 Loi constitutionnelle du 9 Mai 2011” : Le Moniteur, No. 98, 19 Juin 2012.

7 AGENCE FRANCE-PRESSE et PRESSE CANADIENNE. « »Jamais plus une goutte de sang ne doit couler » De retour en Haïti, Aristide prône la réconciliation», La Presse, 16 octobre 1994, p. A1

8 Ibid.

9 « Le retour d’Aristide – Les sanctions contre Haïti sont levées», Les Échos, 17 octobre 1994, p. 9.

10 SECTION A Article 134.3.

15 JALABERT, Laurent. «Un populisme de la misère : Haïti sous la présidence Aristide (1990-2004)», Revue de Civilisation Contemporaine de l’Université de Bretagne Occidentale, p. 7


Questions Fréquemment Posées

Quels sont les discours clés analysés dans l’étude sur Aristide?

L’étude analyse cinq discours clés, dont deux discours d’investiture et deux discours aux Nations Unies.

Pourquoi l’analyse des discours d’Aristide est-elle importante pour comprendre la crise politique haïtienne?

Cette recherche constitue une contribution à la compréhension de la crise politique haïtienne contemporaine et du processus de démocratisation.

Quel était le contexte socio-politique d’Haïti lors de l’élection d’Aristide en 1990?

Après la dictature des Duvalier et une période particulièrement instable, Jean-Bertrand Aristide a été élu président le 16 décembre 1990.

Rechercher
Télécharger ce mémoire en ligne PDF (gratuit)

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to Top