Quelles sont les perspectives futures de la photographie à travers le prisme de l’occupation états-unienne d’Haïti ? Cette étude révèle comment des images emblématiques transcendent leur fonction documentaire, redéfinissant les codes vestimentaires et les postures pour éclairer les dynamiques sociopolitiques de l’époque.
Les finalités de la photographie durant l’occupation états-unienne d’Haïti
L’occupation états-unienne d’Haïti correspond avec la première guerre mondiale. Ce fut après la première guerre mondiale que la photographie put se ranger au nombre des moyens de production plastique, principalement en Union Soviétique et en Allemagne, dans le contexte constructiviste.
La nouvelle vision voulait apprendre à voir le monde moderne autrement que selon anciens concepts de représentation : la nouvelle objectivité imposait une image technique irréprochable… la nouvelle photographie allait exporter ces idées, réadaptées aux besoins des médias et aux tendances nationales, sous forme de figures de style récurrentes : plongée, contre-plongée, oblique,
plan rapproché, fragmentation des objets. La guerre et la révolution constituèrent, selon Bertolt Brecht, la « grande leçon de choses pour une nouvelle vision du monde ». La perception des bouleversements socio-économiques impliquait une nouvelle conception de l’art, la photographie, qui ne pouvait plus se servir les idéaux abstraites et intemporels de la beauté.
L‘idée de Nietzsche sur le « renversement des valeurs » prit une signification consciente et fit naitre les artistes et les intellectuels progressistes l’espérance d’un art réaliste plus près de la vie. Les réalistes du monde technique moderne furent désormais perçues comme des facteurs importants dans la vie en société, alors que l’art traditionnel n’avait joué aucun rôle dans ces développements, de même qu’il n’avait pu donner une représentation de la guerre.
De leur côté, les photographes allaient couvert tous les domaines de la vie réelle, avec leurs clichés de reportages, de presse et d’objets. De nombreux artistes vinrent là le point de départ pour une nouvelle conception de leur travail, soit en utilisant les caractéristiques de l’image photographique pour leur propre création80.
Par exemple, la peinture
« Crucifixion de Charlemagne Péralte », de Philomé Obin, était une inspiration découlée de la photographie d’assassinat de Charlemagne Péralte.
La photographie représente la vie réelle des gens durant la période étudiée. A chaque image d’analyse correspond à un document particulier, donc elle à un emploi, elle a une destination. Les photos ne relèvent pas d’un style particulier, mais d’une catégorie tout entière à vocation utilitaire.
Avant l’occupation, on estime qu’une photo se situe aux antipodes de l’esthétique. Pendant et après l’occupation, de même après la première guerre mondiale, la prolifération des photographies nouvelles et la reproduction en similigravure conduisent à, en le considèrent comme un genre suprêmement fécond pour les artistes modernes. A remarquer, cette nouvelle conception de la photographie comme document va séduire…
La photographie des années 1920 engendre d’autre part de multiples changements et de nouvelles significations dans les représentations plastiques ; c’est la « fonctionnalisation » de l’ « image- photo», déterminé par son développement qualitatif qui est l’élément important de ces significations. Dans les médias, les images photographiques ont une place accrue.
Les livres et les écrits en tout genre contiennent plus volontiers des photographies qui ne sont que des illustrations… l’afflux de connaissances a modifié la conscience de l’«être au monde » ; à côté des reporters-photographes qui produisent un nouveau type d’ « actualité», le film constitue dans les
années 20 une incitation particulière à la compréhension de la société par l’image. La photographie acquiert alors une dimension socialement déterminante de réalité artistique qu’aucune forme d’art n’a jamais atteinte. En outre, elle est devenue loisir de masse81.
Il pouvait s’agir d’action pédagogique, soit de réaliser un nouveau rapport objectif avec le monde, soit encore d’utiliser sa force de démonstration publique, soit enfin d’éclaircir les consciences sur la puissance des images photographiques (Walter Benjamin)82. L’historien d’art Franz Koh décrit la situation en ces termes : « trois facteurs doivent converger lorsqu’un dispositif technique permet d’agrandir à ce point l’histoire des hommes : l’accès à ce dispositif doit être relativement bon marché, l’usage doit être techniquement facile et la tendance spirituelle de l’époque doit être orientée dans la direction des mêmes plaisirs.»
La nouvelle vision est ainsi caractérisés quelques éléments et figures de style :
« de nouveaux plans qui nous font vraiment ressentir la structure intérieure d’une chose, alors que la possibilité habituelle de détournement vers le « tout » ou vers les objets voisins et par là même totalement exclue, de vastes plans généraux, où un morceau du monde est ainsi saisi d’un coup dans sa totalité contextuelle, comme nous pourrions l’apercevoir dans la réalité quotidienne, des contre-plongées, avec des effets magiques et verticales obliques sur l’image, qui prennent une signification cosmique en formant comme les rayons pointant vers un centre imaginaire de la terre.»83.
Franz Roh prête encore à la photographie une dualité essentielle : « d’un côté, la joie de la réalité, de la « reconnaissance » la plus exacte possible d’un morceau du réel ; de l’autre côté, la jouissance subtile de ce qu’il y a d’étrange, de caché, de bizarre dans ce même univers environnant»84.
On peut se servir de la photographie pour faire des travaux scientifiques sur une période donnée. Tout comme, notre recherche vise à se servir de la photographie documentaire pour comprendre le mouvement de résistance des cacos, entre 1915 – 1920 en Haïti.
Plusieurs auteurs font des travaux de recherches sur la période de l’occupation états-unienne, particulièrement 1915 – 1920, mais ils ne font pas une recherche basée sur l’analyse d’images partant dès la préparation de
l’armée américaine en passant par son envahissement le 28 juillet 1915, pour arriver aux cas d’assassinats de l’armée états-unienne sur la population haïtienne. Parmi nos difficultés rencontrées, nous n’avons pas pu trouver plus de deux photos dans tous les musées de la capitale, sauf au MUPANAH. Et, on ne peut que regarder ces deux photos dans les vitrines.
Grace au support de Frantz Voltaire, j’ai pu trouver des photos assez intéressantes pour finaliser le taravail. En ce qui a rapport aux photographies durant la période étudiée, il faudrait y avoir une maison pour ces photographies. Car muséaliser ces photos c’est réaliser automatiquement un travail de mémoire en rapport à la période étudiée.
Charles – Olivier Carbonell l’a mentionné avec attention :« Aucun groupe n’est amnésique. Se souvenir pour lui c’est exister ; perdre la mémoire c’est disparaitre. »85 C’est une sorte d’hommage aux cacos, particulièrement aux leaders de ce mouvement social des cacos.
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80 (Michel FRIZOT et all. 1994, p 457) ↑
81 (Michel FRIZOT et all. 1994, même page) ↑
82 (Michel FRIZOT et all. 1994, p 458) ↑
84 (Michel FRIZOT et all. 1994, p 460) ↑
Questions Fréquemment Posées
Quelles étaient les finalités de la photographie durant l’occupation états-unienne d’Haïti?
La photographie durant l’occupation états-unienne d’Haïti visait à couvrir tous les domaines de la vie réelle, avec des clichés de reportages, de presse et d’objets, tout en représentant la vie réelle des gens durant cette période.
Comment la photographie a-t-elle évolué après la première guerre mondiale?
Après la première guerre mondiale, la photographie a été perçue comme un genre fécond pour les artistes modernes, avec une prolifération de nouvelles photographies et une reproduction en similigravure qui ont conduit à une nouvelle conception de la photographie comme document.
Quelle est l’importance de la photographie dans les médias des années 1920?
Dans les années 1920, la photographie a acquis une dimension socialement déterminante de réalité artistique, devenant un loisir de masse et jouant un rôle important dans la compréhension de la société par l’image.