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Quelles sont les perspectives futures de l’autofiction en 2024?

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🏫 Université Batna 2 - Faculté des Lettres et des Langues Étrangères - Département de Langue et Littérature Françaises
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2016-2017
🎓 Auteur·trice·s
Mebarki Houssem Eddine
Mebarki Houssem Eddine

Les perspectives futures de l’autofiction révèlent une tension fascinante entre réalité et fiction dans Les désorientés d’Amin Maalouf. Cette étude met en lumière comment l’auteur redéfinit le pacte autobiographique, suscitant un débat crucial sur la légitimité de ce genre littéraire contemporain.


        1. 3. Les désorientés roman autofictionnel et référentiel:

L’auteur du roman « Les désorientés », Amin Maalouf, situe son œuvre entre le réel et l’irréel, ce qui est référentiel et ce qui est fictionnel, en se basant sur ces propos : « dans les désorientés je m’inspire très librement de ma propre jeunesse (…) et même si aucun des personnages de ce livre ne correspond à une personne réelle. »

Concernant le côté réel, il s’agit de tous les éléments que nous avons déjà cités, et qui appartiennent à son itinéraire personnel, familier et professionnel. Le narrateur des désorientés évoque des détails de la vie de son quotidien et Amin Maalouf nous a bien montré que la réalité devient plus réelle à l’évocation des détails de la vie les plus insignifiants.

Le « je » d’Adam puise dans la subjectivité d’Amin Maalouf, puisque il réalise justement une sorte de métonymie du je empirique de l’auteur.

Dans l’autofiction, essai sur la fictionnalisation de soi en littérature, Vincent Colonna, le tuteur de cette thèse, affirme que le protocole onomastique ne se base exclusivement sur une ressemblance identique des deux noms.

Cette identification peut être perçue comme ne l’avons démontré par la marque des initiales (A) min (M) aalouf et le personnage principal de son roman (A) da (m), qu’il s’agit de travestissement des initiales de l’auteur au début et à la fin du nom. Nous avons eu lors de notre modeste recherche de lui poser quelques questions et l’une des questions qui lui a été posée est : le personnage Adam est-il votre double ? Sa réponse était la suivante : ce personnage est celui dont je me sens le plus proche, mais ce n’est pas moi, sa vie ne correspond pas à la mienne, sa famille ne ressemble pas à la mienne et les aventures qui lui arrivent sont, pour l’essentiel, imaginaires.

D’autre part, du réel qui existe dans le roman, il s’agit des lieux réels tels que : France-Paris, Amman, l’île de Paphos (est une ville située sur la côte occidentale de Chypre), Brésil, Egypte (Caire), São Paolo, les Etats-Unis, Rome, Milan, Les Alpes, l’aéroport parisien d’Orly, Ethiopie (des hauts plateaux d’Abyssinie).

Mais dans le roman, le mot ou le pays Liban n’est jamais cité, mais plutôt c’est le mot Levant qui est cité à la cour de la chronologie narrative et qui lui ressemble comme un frère jumeau : cinq lettres dans chacun des deux, même si Levant en a une de plus, le T final, mais qui est une lettre quiescente et muette, elle s’écrit mais ne se prononce pas.

Géographiquement parlant, le Levant désignait traditionnellement en français les pays bordant la côte orientale de la mer Méditerranée : en premier lieu le Liban et la Syrie. Le Levant est aujourd’hui plus souvent désigné sous le nom de « Proche-Orient » ou même de « Moyen-Orient », par alignement sur l’anglais Middle East. Il correspond aussi parfois au « Machrek ».

Un autre part de réel qu’on peut trouver dans le roman, ce sont les événements historiques cités et qu’on peut vérifier en se basant sur des références et des historiens renommés. Tel que :

*les femmes n’ont obtenu le droit de vote en France qu’au lendemain de la seconde guerre mondiale. Le 29 avril et le 13 mai 1945, les femmes participent pour la première fois à des élections municipales. 10 000 conseillères municipales sont élues. Lors des premières législatives, une trentaine de femmes sont élues à l’Assemblée Nationale, soit 5,6% des députés et seulement 3,6% au Sénat. Pour la plupart, ces femmes sont issues de la résistance ou sont femmes de résistants 220.

*Attila, un conquérant romain et surnommé le « fléau de Dieu » par ses ennemis, que la puissance des Huns a atteint son apogée au milieu du Ve siècle. 221

*Quand la nouvelle religion se répandait dans l’empire romain, certains patriciens s’arrangeaient pour retarder leur conversion, ils poursuivaient leur vie de débauche pour ne se faire baptiser que sur leur lit de mort.

*Le coup d’Etat des officiers libres, en cinquante-deux, et la tentative d’assassinat du héros de la nation arabe, Gamal Abdel Nasser, en cinquante-quatre par les militants islamistes ou les Ikhwan, puis il y eut les premières nationalisations, et la guerre de Suez.

Lors de son interview, Amin Maalouf affirme à son éditeur italien Egi Volterrani qu’il utilise de l’histoire dans ses écrits sans jamais le falsifier : « je m’interdis de falsifier l’Histoire. »222.

220 http://www.wiki-brest.net/index.php/Histoire_de_l%27%C3%A9volution_de_la_condition_de_la_femme

(consulté le 27 Mars 2017) dernière modification sur le site (12 mars 2013 à 15:46.)

221 http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Attila/106591 (consulté le 27 Mars 2017)

222 Egi Volterrani, Amin Maalouf, Autobiographie à deux voix op.cit.

  1. 4. Tableau récapitulatif :

[22_perspectives-futures-de-autofiction-en-2024_6]

Narrateur

L’auteur

Adam

Amin

Maalouf

Personnage

Adam

Les désorientés

Autobiographie

Autofiction

Récit rétrospectif

Non

En prose

Oui

Oui

Le pacte autobiographique

Non

Le pacte romanesque

Oui

« Je » auteur =narrateur = personnage

Non

Non

Le personnage principal n’est pas l’auteur

Oui

A partir de ce tableau et en se basant sur des normes et des critères posés par Philippe LEJEUNE pour classifier les écritures du moi, à savoir « les désorientés », nous pouvons dire que l’œuvre appartient au genre autofictionnel puisque le récit qui est entre nos mains ne présente pas les codes conformément au genre de l’autobiographie, à l’instar d’identité entre l’auteur, narrateur et personnage.

*L’auteur (Amin Maalouf) narrateur (Adam) personnage (Adam).

Donc :

*Le pacte établi dans ce récit est : un pacte romanesque et non un pacte autobiographique.

*le pacte romanesque * le pacte autobiographique

= ≠

Les désorientés

[22_perspectives-futures-de-autofiction-en-2024_7]

L’auteur

+

Personnage

+

Narrateur

Conclusion :

Enfin, à travers tous ces éléments étudiés, nous pouvons dire qu’il s’agit bien dans l’œuvre « Les désorientés » d’une autofiction. Le roman étudié s’inscrit dans la dimension des autofictions référentielles de Vincent Colonna.

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Conclusion Générale :

Au terme de notre étude portant sur le périple autofictionnel dans « Les désorientés » d’Amin Maalouf et suite à une lecture minutieuse du roman, nous avons pu constater que le texte recèle de stations, de faits, de détails qui convergent avec le parcours de son créateur.

Au demeurant, le fictif tend à devenir autofictionnel, en ce sens que le lecteur finit par tendre des ponts entre l’écrivain et son personnage, par le truchement de quelques détails successifs, décidément reconnaissables par le lecteur (exil en France, confessions, code linguistique, l’amour de la lecture… etc.).

Ainsi, nous pouvons confirmer l’association que l’auteur effectue entre le réel et l’imaginaire, un entremêlement des mondes subtilement énoncé.

Notre objectif était d’établir le rapprochement entre Amin et Adam afin de faire ressortir les ressemblances et les dissemblances pour mieux cerner le texte et le catégoriser dans la case des autofictions et pas dans la simple catégorie des romans. Nous nous sommes penchés sur les études autour des textes à savoir les modalisateurs épitextuels et péritextuels selon GERARD Genette et VINCENT Colonna. Après cela, en se basant sur la vie de l’auteur, nous avons pu ressortir les éléments qui attestent qu’Amin Maalouf recourt à la fictionnalisation de soi par le biais de son personnage Adam, l’auteur raconte sa vie mais sous une forme romancée.

Nous avons proposé comme hypothèse le fait que : Les éléments biographiques et les éléments paratextuels (titre, indication générique, quatrième couverture et entretien) s’avéreraient cruciaux dans la détermination de la catégorie générique à laquelle appartient l’œuvre, à savoir l’autofiction, objectif et d’affirmer cette hypothèse par le biais de l’analyse.

Notre travail s’est réparti en trois chapitres. Dans le premier, nous avons présenté l’auteur et l’inspiration de sa passion et vocation pour la littérature et l’histoire ainsi que le résumé de l’œuvre traitée « Les désorientés ».

Dans le deuxième chapitre, nous avons abordé l’autobiographie afin de mieux comprendre la naissance du genre l’autofiction. Ensuite, nous avons abordé les différentes théories que nous avons jugées utiles pour notre analyse.

Dans le dernier chapitre, nous avons procédé, d’abord à analyser les abords du texte à savoir l’analyse épitextuelle et péritextuelle. Après une minutieuse et plusieurs lectures, « Les désorientés » nous est apparu comme une représentation fictionnalisée de l’auteur avec tout ce que cela suppose comme projection du Moi de l’auteur. Au fil de la narration, un lecteur averti se rend d’emblée compte qu’Amin Maalouf, en écrivant son récit, met beaucoup de lui, ou des indices biographiques qu’il a vécus, plusieurs éléments biographiques flagrants qui appartiennent à son itinéraire familial, personnel et professionnel apparaissent dans le roman. Cela lui a permis d’effectuer des va-et-vient continuels entre le récit et la réalité vécue de l’auteur.

Malgré l’indication générique trompeuse qui brouille les pistes du roman, l’auteur prendrait la précaution et le risque de se réfugier derrière son personnage, sachant que l’auteur est très discret et n’aime écrire ni une autobiographie ni à la première personne. Donc, il se réfugie derrière l’étiquette de roman ainsi que derrière son personnage qui lui ressemble. Pour effectuer cette descente de soi, il parseme son texte par des indices tout au long de la narration pour indiquer qu’il pourrait s’agir de lui-même.

L’intérêt que nous avons ressenti de devoir passer en revue tous ces facteurs dans le troisième chapitre était de baliser le terrain pour affirmer ou infirmer notre hypothèse de départ. Ajoutée à l’annonce sur la couverture qu’il s’agit d’un récit fictif, cela fait accéder ce récit à un statut littéraire. Ce qui rejoint la fonction que Gérard Genette attribue à la fiction qui demeure, selon lui, un critère suffisant de la littérarité d’un texte, car elle pourrait hisser sur un plan artistique des romans autobiographiques toujours suspectés de mensonge.

Après tous les éléments étudiés, nous dirons que le pacte établi au début de ce récit entre l’auteur et le lecteur est purement romanesque, où la part du pacte autobiographique est inexistante. L’auteur lui-même déclare que le personnage lui ressemble mais ce n’est pas lui, son mode de vie lui ressemble mais il n’a pas eu la même famille ni les mêmes amis, les scènes et les événements sont modifiés, parfois maquillés de surcroît, l’étiquette générique indique roman donc fiction. Pour VINCENT Colonna, mettre l’indication roman sur la couverture d’un ouvrage, c’est se garantir en principe contre toute lecture référentielle. Malgré que l’auteur mette de lui dans son personnage, cela n’échappe pas à la dimension autofictionnelle.

La définition de l’autofiction donnée par Serge Dobrovsky : « fiction d’événement et de faits strictement réels ». Correspond parfaitement à notre corpus étudié.

Nous dirons donc que la combinaison des éléments réels relevant de la vie de l’auteur, c’est-à-dire de sa biographie, et d’autres fictions, relèvent de son imagination, ce qui a engendré deux types de narration contradictoires : un récit qui comporte des éléments autobiographiques et un autre fictif dont l’auteur raconte sa vie mais beaucoup plus romancée.

Enfin, nous pouvons dire que nous avons pu atteindre notre objectif, de démontrer à travers l’analyse, que notre corpus ou le texte « Les désorientés » s’inscrit bel et bien dans le sillage de l’écriture autofictionnelle.


Questions Fréquemment Posées

Qu’est-ce que l’autofiction dans le roman ‘Les désorientés’ d’Amin Maalouf?

L’autofiction dans ‘Les désorientés’ est un mélange d’éléments autobiographiques et fictionnels, où Amin Maalouf s’inspire librement de sa propre jeunesse tout en intégrant des éléments imaginaires.

Comment Amin Maalouf utilise-t-il sa propre expérience dans ‘Les désorientés’?

Amin Maalouf utilise sa propre expérience de jeunesse pour construire le personnage d’Adam, qui, bien qu’il soit proche de l’auteur, ne correspond pas exactement à sa vie réelle.

Quels lieux réels sont mentionnés dans ‘Les désorientés’?

Les lieux réels mentionnés dans ‘Les désorientés’ incluent Paris, Amman, l’île de Paphos, le Brésil, l’Égypte, les États-Unis, Rome, Milan, et les Alpes.

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