Quelles sont les perspectives d’adaptation climatique pour Tiddas en 2024?

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🏫 Institut agronomique et vétérinaire Hassan II
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Ingénieur d'état - 2021
🎓 Auteur·trice·s
Moatassim Abderrahmane
Moatassim Abderrahmane

Les perspectives d’adaptation climatique des riverains de Tiddas révèlent des défis inattendus face à des conditions environnementales extrêmes. Cette étude met en lumière des stratégies innovantes pour renforcer la résilience des communautés rurales, essentielles pour un développement durable dans un contexte de changement climatique croissant.


3.2 MILIEU HUMAIN ET CHANGEMENT CLIMATIQUE

Introduction

La commune de Tiddas connait depuis quelques années des modifications climatiques qui compromettent de façon négative tous les efforts de développement : les sécheresses récurrentes, régime pluviométrique irrégulier aggravé par une insuffisance pluviométrique. Pendant les périodes estivales on assiste à des vents très chauds de chergui liés à de fortes insolations qui réduisent fortement les productions agricoles.

Ainsi, les populations rurales sont sérieusement menacées par les effets néfastes de ces changements qui diminuent les rendements agricoles qui ne satisfont pas la sécurité alimentaire. Cette situation d’insécurité pousse les jeunes ruraux à l’exode massif aux fins de fuir la pauvreté. Pour survivre, les populations se rabattent sur l’exploitation des ressources forestières par le parcours et les coupes de bois vifs, ce qui en résulte une désorganisation des structures forestières (matorralisation), et une dégradation par l’érosion des terres sans abri du couvert végétal.

Par ailleurs, certaines études sur les impacts du changement climatique prennent en compte l’adaptation des systèmes de culture ou des populations. Les options d’adaptation disponibles en agriculture pour faire face au changement climatique peuvent être classées en quatre grandes catégories (Chuku et al., 2009) :

1) la gestion des revenus/actifs ; 2) les assurances et programmes gouvernementaux ; 3) les pratiques de production des exploitations ; 4) le développement technologique.

En outre, de nombreuses options d’adaptation sont déjà utilisées à l’échelle locale par les agriculteurs marocaines. Ce sont généralement des pratiques de production (gestion de l’eau, sélection de certaines variétés, fertilisation), mais aussi des techniques de gestion des revenus (diversification des revenus, migrations).

Cependant, dans la plupart des études sur l’Afrique du Nord, l’adaptation n’est pas explicitement prise en compte. Dans certaines études, la date de semis change chaque année, mais reste fondée globalement sur la même technique de semis : cette attitude est donc plus une adaptation à la variabilité interannuelle du climat qu’au changement climatique (Müller et al., 2010).

D’autres simulent quant à eux le rendement de certaines cultures avec et sans adaptation. Ils considèrent de nouvelles dates de semis et d’hypothétiques variétés améliorées. Les pertes de rendements futures sont ainsi clairement limitées (Tingem et al., 2009). Dans le même ordre d’idée, Butt et ses collègues présentent leurs résultats conjointement sans adaptation et avec un ensemble d’options d’adaptation théorique : options économiques, mélange de cultures et variétés résistantes à la chaleur (Butt et al., 2005). Là aussi, ces options augmentent clairement les rendements futurs.

3.2.1 Tiddas un territoire agroforestier

La population de la Zone forestière et péri forestière relevant des tribus ZAERS et BNI HKAM qui sont issues de la tribu mère dite Beni Hkam, dont les origines remontent à la tribu Beni Amklid issue des Sanhaja.

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La tribu des Zaer fait partie de la commune Joumât Moul Lablad dont certains douars sont situés à proximité de la forêt de Tiddas et utilisent par coutume les parcours de la forêt qui est exploitée surtout par les Beni Hkam avec 82% de forêt (DEFLCD, 2018).

Par ailleurs, la population rurale de Tiddas est regroupée en deux (02) Unités Socio-Territoriales (UST), à savoir le groupement humain « Beni Hkam » et « Zaer ». Ces dits groupements sont décrits dans le tableau suivant :

Tableau 5. Territoires de la forêt de Tiddas.

Territoires de la forêt de Tiddas
Territoire (UST)Douars (sous douars) Superficie dans la forêt (ha) Superficie hors forêt Superficie totale (ha)
Beni HkamAit amar, Ait Ali ou amar, Ait Laânzi, Ait Boubker, A.S. Youssef, Ait Ghassan, Ait Hmane, Ait Krad, Ait laalam, Krarcha, Ait Brahim, Ait salmane, Ait ali ou amar, Ait Mhamed, Ait Hmane 3098,84 19552,7 22651,54
ZaerLamnasra, Swalha, Oulad Amira, Ait laaroussi 702,30 4384,9 5087,2 Total 3856,14 23937,6 27738,74

Source : (DEFLCD, op.cit.).

Agriculture

Le secteur agricole occupe une place importante dans les activités des ménages. Ceux qui ne pratiquent pas l’agriculture, ont souvent cédé leurs parcelles aux bonnes potentialités agricoles en métayage ou en fermage.

La SAU moyenne des deux territoires de Beni Hkam et Zaer se caractérisent par des superficies importantes par foyer. La SAU moyenne par foyer est très variable et s’étale sur 3 à plus de 20 ha. Ceci témoigne de la présence de deux grandes classes d’exploitants agricoles : les petites exploitations et les grandes exploitations. En outre, on peut noter que les principales spéculations agricoles sont le blé tendre, blé dur et orge qui occupe en moyenne respectivement, 40%, 30% et 25% au niveau des territoires de la commune de Tiddas (Ibid.).

La pluie est globalement la variable explicative première de la productivité des céréales, les rendements plafonds en Bour sont de l’ordre de 30-50 qx/ha en cas de bonnes années pluvieuses. Par contre, ces rendements peuvent tomber à moins de 5 qx/ha (enquête, 2020), pendant les compagnes très sèches et/ou en cas de crise économique tel le cas de cette année de l’extension de la pandémie du COVID-19.

L’utilisation des intrants sous forme d’engrais fertilisants est courante au niveau des deux territoires où on relève, par contre, l’abandon de la jachère d’une manière générale.

L’Arboriculture constitue l’activité indispensable pour le développement rural et la valorisation de l’espace. Le caroubier et l’olivier constituent les arbres fruitiers le plus abondants dans la région étudiée. Certes, l’amandier, malgré son adaptabilité écologique, n’est pas encore développé dans la zone.

Les rendements de l’olivier sont variables en fonction de l’âge des arbres, des densités de plantation et des soins culturaux. Le rendement en olive par arbre est de l’ordre de 50-100 kg/arbre (Ibid.).

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Agroforesterie

Au sein du paysage agricole, les éléments arborés offrent une grande diversité de produits (bois d’œuvre ou de chauffage, fruits, fourrages, etc.) et création d’habitat pour la faune, microclimats, stabilité des sols (Fortier et al, 2010a, 2010b, 2011).

Les parcelles agroforestières constituent des zones de refuges et assurent la fonction de corridors biologiques et de conservation de la biodiversité et participent ainsi à la Trame Verte et Bleue (Guyomard et al., 2013). Dans un contexte global, cette diversité de fonction contribue aux stratégies d’atténuation et d’adaptation de l’agriculture face aux changements climatiques. Cependant, les Techniques Agro-Forestières (TAF) sont rarement adoptées dans la zone d’étude e sont comme suit :

Alignements d’arbres intra-parcellaires

Il s’agit d’association des arbres (olivier, jujubier fruitier) aux grandes cultures (céréales, maïs, fève…) ou aux prairies (fauche ou pâturage) qui constituent les limites de propriété sont rares. L’agroforesterie de nouvelle génération dont l’agencement intra-parcellaire des arbres qui s’adapte à la mécanisation agricole est absente.

Agroforesterie et maraichage

Ces systèmes associent les cultures maraîchères (artichaud, radis, betterave, carotte, aubergine, oignon, patate douce, etc.) aux arbres qu’ils soient fruitiers (abricotier, caroubier, olivier, etc.) ou à vocation de production de bois (eucalyptus, pin d’Alep, etc.), occupent un espace réduit.

Pratique forestière

Exploitation du bois

Les espaces forestiers de la zone produisent essentiellement du bois de feu, qui, sont exploitées par les usagers pour satisfaire leurs besoins domestiques. Les prélèvements effectués varient en moyenne de 3 à 4 t/ménage/an (HCEFLCD, 2018), proviennent de toutes les espèces ligneuses d’arbres et arbustes (thuya, oléastre, lentisque, jujubier, arbousier, doum, sumac, etc.) qui sont soumises à la même pression.

Exploitation des Pam, et autres

En outre, la collecte du thym est pratiquée au niveau de la zone pour les besoins domestiques des foyers et les personnes qui pratiquent cette activité sont généralement pauvres ce qui leur permet de dégager des revenus pouvant assurer un minimum de conditions du bien-être. La collecte s’opère pendant deux mois (avril et mai), et s’exerce souvent par arrachage à la main. Les quantités moyennes récoltées annuellement sont de l’ordre 15 kg/personne/an ; soit 580 – 870 kg/an (DEFLCD, op.cit.).

Exploitation des parcours

Le cheptel de la zone d’étude s’estime à 71 719 UPB dont les effectifs des ovins sont les plus dominants au niveau des deux territoires de Beni Hkam et Zaer. Cependant, pour mieux valoriser la matorral, les troupeaux de caprins dominent celui des ovins. (DEFLCD, op.cit).

Ainsi, la charge réelle (Cr) imposée aux parcours au niveau de la zone reste très élevée (9,1 UPB/ha) vu les potentialités pastorales faibles des faciès pastoraux de la zone (production moyenne estimée de 225 UF/ha/an). Compte tenu de la charge d’équilibre de 1UPB/ha/an, le degré de surpâturage est de (91%) ce qui indique un surpâturage important qui se traduit par une dégradation des ressources sylvopastorales (DEFLCD, op.cit.).

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3.2.2 Tourisme au niveau de la zone rurale de Tiddas

Le tourisme au Maroc est caractérisé par une forte capacité à façonner l’espace et la société aussi bien positivement que négativement. Les variables flux touristiques qui se diffusent inégalement dans l’espace marocain, la mobilisation de crédits importants qui vont s’investir au niveau local et régional et l’intervention –autrefois directe et de plus en plus indirecte- de l’Etat pour impulser les aménagements régionaux marquent le pays et les Hommes de manière hétérogène selon les régions touristiques (BERRIANE, 2009).

Le tourisme a besoin de l’appui d’une économie dynamique voire forte pour se développer, il requiert des ressources humaines qualifiées et ouvertes aux réalités touristiques, des moyens financiers colossaux, une infrastructure moderne et importante et des mesures d’accompagnement strictes (réglementation, protection des sites, sensibilisation des visités et des visiteurs) pour qu’il puisse profiter aux populations rurales locales.

Par ailleurs, la ZFP objet d’étude fait partie de la province de Khémisset aux potentialités touristiques naturelles et culturelles remarquables. A ces potentialités, il faut souligner l’existence de circuit spirituel, d’une multitude de troupes folkloriques et de l’hospitalité de la population rurale.

On note par ailleurs que l’écotourisme est faiblement représenté bien que le milieu possède des atouts naturels pour le développement de cette activité. Cependant l’achèvement de la construction du barrage de Tiddas au courant de 2021 va relancer l’activité écotouristique qui s’exprimera à travers :

∙ La randonnée pédestre qui peut être pratiquée sur des circuits de randonnée de 2 à 3 jours ; ∙ La pêche sportive qui doit être développée sur le barrage de Tiddas ;

∙ La promotion de la chasse touristique.

3.2.3 Conclusion

La ZFP de Tiddas jouit de conditions naturelles remarquables (végétation spontanée, hydrologie, géologie, etc.), elle lui permet de résister aux CC qui se manifestent par des sécheresses récurrentes, régime pluviométrique irrégulier, ce qui compromet tout effort de développement.

Les changements climatiques affectent drastiquement les rendements agricoles, ce qui constitue une menace pour la sécurité alimentaire. Cette situation d’insécurité pousse les jeunes à l’exode massif aux fins d’échapper aux abus qui contribuent à la pauvreté rurale.

Sur le plan humain, la population de Tiddas fait partie de la tribu des Zaers qui relève de la commune Joumât Moul Lablad. Certains de ses douars utilisent, par droit d’usage, la forêt de Tiddas pour le pâturage des troupeaux et le ramassage de bois mort gisant. Par ailleurs, cette population est regroupée en deux (02) Unités Socio-Territoriales (UST), le groupement humain « Beni Hkam » qui bénéficient d’une superficie totale de 22651,54 ha dont la forêt couvre 3098,84 ha. L’UST de « Zaer » : 5087,2 ha avec 702,30 ha couverts de forêts.

L’agriculture et l’élevage pratiqués sont du type extensif. Cependant, La SAU moyenne par foyer est variable et s’étale sur 3 à plus de 20 ha. Les principales spéculations agricoles sont dominées par les céréales (blé tendre, blé dur et orge). Les rendements sont assez faibles, du fait de l’irrégularité des pluies, et ne dépassent guère 30-50 qx/ha en cas de bonnes années pluvieuses et descendent à moins de

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5 qx/ha. L’Arboriculture constitue une activité privilégiée à Tiddas, dont l’Olivier et le caroubier constituent les arbres fruitiers le plus abondants.

L’élevage pratiqué est du type extensif, basé sur un cheptel estime à 71 719 UPB dont les caprins sont dominants pour mieux titrer profit des formations de matorral. La charge réelle (Cr) enregistrée de (9,1 UPB/ha) est très élevée par rapport aux potentialités pastorales offertes ce qui témoigne d’un surpâturage important (91%) et donc une dégradation des ressources sylvopastorales.

Sur le plan énergétique, la population puise ses besoins par l’exploitation du bois (ramassage) soit en moyenne de 3 à 4 t/ménage/an qui proviennent du matorral constitué d’arbustes de thuya, oléastre, lentisque, etc. En outre, la collecte familiale des Pam, surtout le thym, est effectuée dans une proportion de moyenne de 15 kg/personne/an. Le surplus est vendu dans les souks voisins.

Bien que la région jouisse de potentialités touristiques naturelles et culturelles remarquables (paysages, Sibes, folklore, etc.), l’activité écotouristique, pourvoyeuse de ressources financières, reste très faible qu’il y a lieu de relancer pour le développement local.


Questions Fréquemment Posées

Quelles sont les principales menaces climatiques pour Tiddas?

La commune de Tiddas est menacée par des sécheresses récurrentes, un régime pluviométrique irrégulier et des vents très chauds de chergui, qui compromettent les productions agricoles.

Comment les populations rurales de Tiddas s’adaptent-elles au changement climatique?

Les populations rurales de Tiddas adoptent des pratiques de production telles que la gestion de l’eau, la sélection de variétés spécifiques et la diversification des revenus pour s’adapter au changement climatique.

Quelles options d’adaptation sont disponibles pour les agriculteurs à Tiddas?

Les options d’adaptation pour les agriculteurs à Tiddas incluent la gestion des revenus, les assurances et programmes gouvernementaux, les pratiques de production des exploitations, et le développement technologique.

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