La méthodologie d’étude agroforestière révèle une diversité surprenante avec 42 espèces identifiées dans les champs vivriers de Katale, surpassant celles des plantations caféières. Ces résultats, avec un indice de Shannon de 2,77, transforment notre compréhension de l’agroécologie dans cette région du Nord-Kivu.
Université de Goma
Faculté des Sciences Agronomiques
Département de Phytotechnie
Diplôme d’Ingénieur Agronome
Présentation de mémoire
Les Arbres et Arbustes des Champs Vivriers et des Plantations Caféières de Katale (Rutshuru, Nord-Kivu, R.D. Congo)
Par Tumaini Hatangi Yves
Supervisé par : Msc. Ir. Kambasu Kisambi Faustin & Dr. Ir. Yenga Bombeku Dimanche
Année académique : 2014-2015
L’étude a porté sur les arbres et arbustes des champs vivriers et des plantations caféières de Katale (Rutshuru, Nord-Kivu, R.D. Congo) et a été menée du mois de mars au mois de juillet 2015.
Elle avait pour objectif global de déterminer la diversité des arbres et arbustes agroforestiers de Katale en produisant un inventaire de ces ligneux. Il s’agissait d’une observation sur terrain et a procédé par le tracé de 20 parcelles d’étude dans la plantation et ciblé 20 champs des paysans de part et d’autre de la route principale Rutshuru-Goma selon les pistes d’accès disponibles.
La liste floristique des arbres et arbustes agroforestiers tracée à l’issue de cette étude reprend 20 familles, renfermant 35 genres subdivisés à leur tour en 42 espèces. Après analyse des paramètres, il est ressorti que l’espèce Grevillea robusta de la famille des Proteaceae venait en tête de toutes les autres espèces suivie d’Eucalyptus saligna de la famille des Myrtaceae.
Les indices de diversité des ligneux des champs ont renseigné que le champ C4 possédait l’indice de Shannon le plus élevé (2,21) parmi tous les champs observés ; et que la parcelle P14 possédait cet indice le plus élevé (1,37) de toutes les parcelles de la plantation caféière tracées lors de l’étude sur terrain. L’indice de similarité quant à lui, a renseigné que parmi tous les champs, C10 et C19 étaient les plus similaires (> 72 %) alors que parmi toutes les parcelles de la plantation, les parcelles P06 et P18 étaient les plus similaires des autres (> 75).
En général, les ligneux des champs vivriers sont plus diversifiés que ceux des plantations caféières car les champs vivriers présentent les indices de Shannon et celui d’équitabilité de Piélou de 2,77 et 0,79 respectivement alors que les plantations caféières n’atteignent que 2,11 et 0,69 pour ces mêmes indices.
Mots clés : Arbres et arbustes, Champs vivriers, plantations caféières, diversité, similarité, Katale.
Résumé
The survey was about the trees and bushes of the fields and the coffee plantations of Katale (Rutshuru, North-Kivu, D. R. Congo) and has been led since March until July 2015.
It had for global objective to determine the diversity of the agroforestry trees and bushes of Katale while producing an inventory of these woody. It was about an observation on land and proceeded by the tracing of 20 parcels of survey in the plantation and targeted 20 fields of the peasants on both sides of the road main Rutshuru-Goma according to the tracks of available access.
The floristic list of the agroforestry trees and bushes drawn at the end of this survey takes 20 families, containing 35 kinds subdivided on their turn in 42 species. After the parameters analysis, it came out again that the specie Grevillea robusta of the Proteaceaes family came at the head of all other species followed by Eucalyptus saligna of the Myrtaceaes family.
The indications of diversity of the woody of the fields informed that the C4 field possessed the most elevated Shannon indication (2,21) among all observed fields; and that the P14 parcel possessed this most elevated indication (1,37) of all parcels of the plantation coffee drawn at the time of the survey on land. The indication of similarity as for him, informed that among all fields, C10 and C19 were the most similar (> 72%) whereas among all parcels of the plantation, the P06 parcels and P18 were the most similar of the other (> 75%).
In general, the fields woody are very diversified than those of coffee plantations because fields present the Shannon and Pielou’s equitability indications of 2,77 and 0,79 respectively however coffee plantations attend only 2,11 and 0,69 of those indications.
Introduction
Où qu’il vive, l’homme exige à son environnement qu’il lui procure l’eau et la terre pour l’agriculture et l’élevage, et du bois pour construire sa maison et faire cuire ses aliments. La pression que les hommes exercent sur les forêts, les lacs et les terres agricoles augmente tandis que les ressources diminuent. Bien que dans le monde entier l’on s’achemine vers un épuisement rapide des ressources naturelles, celles-ci pourraient répondre à une demande soutenue si l’on planifiait l’utilisation. De plus en plus de pays tentent maintenant de résoudre ce type de problèmes et de prendre des mesures pour enrayer l’amenuisement de leurs ressources naturelles (Fred, 1989).
Par ailleurs, les menaces qui pèsent sur les forêts sont particulièrement préoccupantes pour l’humanité. Les forêts procurent en effet de nombreux biens et services à la société. Leur rôle dans le maintien des grands équilibres écologiques est crucial en particulier en raison de la grande diversité biologique qui caractérise les forêts tropicales et les interactions avec l’atmosphère, l’eau et les sols (Quenneau, 2006).
La Cour des comptes européenne (2013), alerte que le changement climatique figure parmi les principales menaces environnementales, sociales et économiques qui pèsent sur notre planète. Dans les pays en développement, des millions de personnes pourraient retomber dans la pauvreté sous les effets du changement climatique, ce qui compromet sérieusement le développement économique et la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement.
L’agriculture figure parmi les secteurs les plus vulnérables face aux effets du changement climatique comme l’affirme le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC, 2007). Il poursuit en estimant que le réchauffement de climat va rogner les surfaces propices à l’agriculture, raccourcir les périodes de végétation et réduire le potentiel de rendement des cultures.
Cependant, les agriculteurs africains devront relever de nouveaux défis face aux effets du changement climatique. L’agrosylviculture, la plantation d’arbres sur les exploitations agricoles et leur pourtour constitue le moyen le plus rapide de reboiser l’Afrique. Les arbres ont plus de chance de survivre et de prospérer car les agriculteurs consacreront davantage de temps et d’efforts au soin et à la surveillance des jeunes plants. La rentabilité des investissements est beaucoup plus séduisante. Les coûts sont moins élevés, et les bénéfices d’ensembles, y compris les produits forestiers et la protection de l’environnement, plus grands. Une étude effectuée en 1983 par la Banque mondiale sur ses projets forestiers a révélé que les plantations rapportaient en moyenne 10 à 15% pour un investissement de 800 à 1500 dollars par hectare. Les projets agroforestiers coûtaient seulement le quart ou le tiers et rapportaient 25 à 30%. (Harrison, 1991).
Toutefois, l’agroforesterie peut aider à réduire la pression sur la forêt par l’addition des terres occupées par l’agriculture une fois adoptée comme alternative à plusieurs soutenables systèmes de cultures, pratiques d’utilisation des terres ou elle peut aider la population locale à faire face à la rareté des terres et autres ressources forestières, par exemple près des parcs effectivement protégés (Schroth, 2004).
De ce qui précède, il convient de mener des recherches sur les espèces d’arbres et arbustes prometteuses dans la région en vue de les intégrer dans les systèmes de cultures locaux. Bien d’études ont été menées à ce sujet, les plus importantes étant celles faites dans le Sahel entre autres Gauthier (2011), Vigneault (2009), Moussa (2005) et Carrière (1991).
Néanmoins, peu d’études ont été réalisées en RDC étant donné la pauvre documentation et information scientifique disponible sur la connaissance de la biodiversité agroforestière dans les différents systèmes culturaux en application en RDC. Nous citons ici le travail de Mathe (2001), de Lejoly et al, (2010), de Kambasu (2013), Yenga (2014) et celui de Nshimba (2008).
C’est dans le cadre de contribuer à la connaissance des espèces d’arbres et arbustes associées aux cultures vivrières et pérennes que cette étude a été menée dans le territoire de Rutshuru, province du Nord-Kivu dans les champs vivriers et les plantations caféières de Katale du mois de mars au mois de juillet 2015.
Problématique
Les forêts couvrent environ 28% de la superficie terrestre. La proportion la plus élevée des forêts mondiales se trouve dans les zones tropicales (47%). La conversion des surfaces forestières en terres agricoles, d’élevage ou en plantations agro-industrielles, l’exploitation non durable du bois et des autres ressources de la forêt et la fragmentation des habitats écologiques pour cause de développement des projets d’infrastructure sont les causes anthropiques d’érosion de la biodiversité forestière les plus avancées, bien qu’il soit difficile d’établir avec précision leur part de responsabilité respective (Quenneau, 2006).
Une des caractéristiques remarquables des forêts tropicales humides est leur très grande diversité biologique. Comme dans d’autres régions tropicales, la richesse spécifique de certains peuplements des régions tropicales, la biodiversité est très élevée dans les systèmes agroforestiers de l’Afrique Centrale. D’après les prévisions, l’Afrique sera le continent le plus touché par le réchauffement planétaire. Les terres arides d’Afrique, appelées à devenir plus sèches avec le réchauffement de la planète, sont particulièrement vulnérables (Laura, 2012).
L’agriculture est cœur de la vulnérabilité écologique, sociale et économique du continent africain, et les premiers à souffrir des manifestations de la variabilité du climat sont les paysans dont l’emploi et le revenu dépendent de l’agriculture et dont les capacités d’adaptation sont limitées (GIEC, 2007).
Cependant, la sylviculture a un rôle capital à jouer pour l’avenir de l’agriculture et du pastoralisme en Afrique. Elle ne pourra jouer ce rôle que si elle s’intègre totalement à la production vivrière et animale, et si la plantation d’arbres se fait à grande échelle, sur les terres cultivables et les pâturages. Les bienfaits des arbres ne se limiteront pas aux plantations et aux bois, mais s’étendront à toute la terre qui a besoin de leur protection (Harrison, 1991).
C’est dans ce cadre qu’il est, pour la plupart des cas, obligé de protéger certaines cultures comme les caféiers contre une trop forte luminosité, des vents violents ou la sécheresse de l’air par l’établissement d’un ombrage. La densité à adopter pour les arbres d’ombrage dépend principalement des caractéristiques de l’essence choisie (Raemaekers, 2001).
Dans le cadre de la présente étude, il sied de soulever quelques questions en guise de la problématique :
- Quelle est la biodiversité des ligneux des champs vivriers et des plantations caféières dans la localité de Katale ?
- Cette biodiversité, est-elle la même dans les deux systèmes agricoles ?
- Quel serait l’usage des arbres et arbustes dans les deux systèmes?
Hypothèses
Dans le cadre de cette étude, les hypothèses suivantes sont émises en guise des réponses provisoires apportées aux questions de la problématique :
- Les ligneux seraient très diversifiés dans les champs vivriers et les plantations caféières de la localité de Katale ;
- La biodiversité des ligneux serait très différente dans les champs vivriers et les plantations caféières de Katale;
- L’usage des ligneux des champs serait la fertilisation du sol.
Objectifs du travail
Le présent travail se veut être un instrument de recherche, de vulgarisation, une contribution à la documentation forestière et agricole abordant un sujet de l’agroforesterie. Son objectif global est de déterminer la diversité des arbres et arbustes des champs vivriers et des plantations caféières de Katale. Il se fixe les objectifs spécifiques suivants :
- Inventorier les ligneux des champs vivriers et des plantations caféières de Katale ;
- Comparer la diversité spécifique des ligneux des champs vivriers et des plantations caféières de Katale ;
- Répertorier les usages de ces ligneux dans les agrosystèmes précités.
Intérêt du sujet
Etant donné les réalités climatiques de l’Afrique, cette étude présente un intérêt global dans la préservation de la biodiversité en facilitant la connaissance des ligneux des champs et des plantations caféières. L’identification faite au cours de celle-ci constitue un tremplin dans un vaste programme de recherche et de développement durable.
Son intérêt scientifique est mis en exergue par la contribution qu’elle apporte dans la connaissance des arbres et arbustes à usage agroforestier tant pour les cultures vivrières que pérennes de Katale. Elle s’intéresse aux arbres et arbustes des champs vivriers et des plantations caféières qui méritent d’être choyés au vu de leurs multiples avantages.
Questions Fréquemment Posées
Quelle est la diversité des arbres et arbustes à Katale?
L’étude a identifié 42 espèces réparties en 35 genres et 20 familles, avec Grevillea robusta et Eucalyptus saligna comme espèces dominantes.
Comment la diversité des arbres dans les champs vivriers se compare-t-elle à celle des plantations caféières?
Les résultats montrent une plus grande diversité dans les champs vivriers (indice de Shannon de 2,77) que dans les plantations caféières (2,11).
Quels indices de similarité ont été observés entre les différents sites d’étude?
L’analyse des similarités révèle des variations significatives, avec C10 et C19 étant les plus similaires parmi les champs, et P06 et P18 parmi les parcelles de plantation.