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Analyse méthodologique des impacts sociaux des ajustements au Cameroun (1987-2017)

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🏫 UNIVERSITÉ DE YAOUNDÉ - CENTRE DE RECHERCHE ET FORMATION DOCTORALE EN SCIENCES HUMAINES, SOCIALES ET ÉDUCATIVES - DÉPARTEMENT D’HISTOIRE
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - Mars 2023
🎓 Auteur·trice·s
Abdougani YOUMENI
Abdougani YOUMENI

La méthodologie d’analyse sociale révèle des conséquences inattendues des programmes d’ajustement structurel au Cameroun entre 1987 et 2017. Cette étude met en lumière des transformations profondes dans les comportements des Camerounais, avec des implications majeures pour la compréhension des impacts sociaux de ces politiques.


La phase de croissance accélérée

Entendue comme la période au cours de laquelle le Cameroun entendait doubler ses revenus, la phase de croissance accélérée fut marquée par la découverte de la manne pétrolière dont l’exploitation vint booster les revenus de l’État. Avec la création de la SONARA en 1976, qui avait pour rôle de raffiner le pétrole brut, le Cameroun s’engagea dans l’économie pétrolifère.

Dans cette mouvance, la production pétrolifère fut sans cesse croissante partant de 38 000 tonnes en 1977 à près de 10 000 000 tonnes à la fin des années 198038. Aussi, de 1978 à 1985, la valeur brute des exportations pétrolières est passée de 12 millions à 1,5 milliard de dollars39.

Ce qui fait dire que l’économie pétrolière était devenue la priorité des priorités de l’État camerounais, elle avait réussi à détrôner l’agriculture. L’on observe que de 1980 à 1986, les revenus de l’État provenant des taxes ont connu une nette croissance, allant de 212 milliards de F CFA à 880 milliards de F CFA grâce à la contribution d’une moyenne de 40 % du secteur pétrolier, damant le pion aux recettes douanières, principales sources jusqu’alors40.

En outre, grâce à l’exploitation pétrolifère, la croissance pendant cette période connut une sorte de bond en avant. Le Cameroun se trouvait dans une certaine santé économique, avec une augmentation très rapide du PIB. La croissance passa de 4 % à 13 % par an, ceci de 1978 à 198141. L’investissement quant à lui, favorisé par une épargne nationale en augmentation rapide, passa de 21 % du PIB à environ 25 % respectivement en 1978 et 1981 et fut maintenu à 25 % en 1985. Les recettes de l’État augmentèrent aussi entre 1979 et 1985, et passèrent de 20,6 % du PIB en 1979 à

37 Ebalé, « Vingt ans d’ajustement… », p.376.

38 Nyom, La crise économique…, p.31.

39 Remi Bonguino, « Production et commercialisation du cacao à Bafia 1960-2006, Approche historique », Mémoire de Master en Histoire, Université de Yaoundé I, 2009, p.97.

40 AMINEPAT, 3C21, Économie : Relance, 1984-1993…, p.3.

41 Ebalé, « Vingt ans d’ajustement… », p.376.

24 % du PIB en 198142. Le secteur pétrolier, avec une contribution de 80 % des recettes fiscales, était devenu le moteur financier de l’économie camerounaise43.

Il y eut cependant au Cameroun pendant la phase de croissance accélérée, une augmentation des dépenses courantes de l’État, vu que l’État enregistrait un fort taux de croissance et des recettes exponentielles. L’emphase en matière de dépenses courantes de l’État était ainsi mise sur les subventions d’exploitation aux entreprises publiques, s’élevant à 150 milliards de F CFA en 1984 et représentant 50 % des recettes pétrolières et 18 % des dépenses totales44.

Les dépenses générales de l’État étaient à cet effet passées entre 1977 et 1985 de 151 milliards à 727 milliards de F CFA grâce à l’augmentation des recettes allant de 152 milliards de F CFA à 754 milliards pour la même période. Les administrations enregistrèrent donc un déficit de 3 % en 198145.

Pour ce qui est de la balance commerciale, elle connut un renversement de tendance, passant d’un déficit enregistré de 197 millions de dollars en 1979 à un excédent de 1 milliard dollars en 1985 ; la contribution du pétrole à la balance commerciale s’élevait donc à hauteur de 670 millions de dollars en 1985 soit 53 % des exportations de biens et services non pétroliers46.

Tableau 3 : Exportations et importations camerounaises de 1965 à 1983 (millions de dollars US)

ANNÉES

EXPORTATIONS

IMPORTATIONS

BALANCE GLOBALE

1965

193

198

-5

1966

179

201

-22

1967

193

211

-18

1968

233

259

-26

1969

269

263

6

1970

309

286

23

1971

284

335

-51

1972

292

373

-81

1973

364

422

-58

1974

574

514

60

1975

624

703

-79

1976

697

842

-145

1977

844

936

-92

1978

1043

1240

-197

1979

1225

1641

-416

42 Bonguino, « Production et commercialisation… », p.97.

43 Ebalé, « Vingt ans d’ajustement… », p.376.

44 Bonguino, « Production et commercialisation… », p.97.

45 Ebalé, « Vingt ans d’ajustement… », p.377.

46 Bonguino, « Production et commercialisation… », p.98.

1980

1880

1829

51

1981

1670

2170

-500

1982

2432

2117

315

1983

2244

2163

81

Source : À partir des données de : Banque Mondiale, Rapport de 2005,

Luc Liessie, « La politique d’ajustement structurel et son incidence sur l’agriculture de rente camerounaise : Cas de la province de l’Ouest (1973-1994) », mémoire de Master en Histoire, Université de Yaoundé I, 2010, p.37.

Graphique 3 : Évolution de la balance commerciale du Cameroun de 1965 à 1983

[7_methodologie-analyse-sociale-des-ajustements-au-cameroun_1]

400

300

200

100

0

-100

-200

-300

-400

-500

-600

Source : Réalisation à partir des données du Tableau 3

Comparant les deux périodes de croissance et de performances économiques du Cameroun au point de vue des importations et exportations, le Tableau 4 et le Graphique 4 montrent à suffisance que de 1965 à 1977, la balance commerciale camerounaise était déficitaire. On note à cette période une flambée des produits d’importation dépassant largement la valeur des exportations. La découverte de la manne pétrolière vint renverser les tendances concédant plutôt à la balance commerciale camerounaise, un caractère excédentaire. La valeur des exportations grimpe malgré la difficulté de redressement à partir de 1978 et 1979 et la forte oscillation entre 1979 et 1982.

Au total, l’économie camerounaise de la période 1960 à 1986 a enregistré des prouesses assez remarquables. Malgré certaines distorsions non négligeables, la croissance du Cameroun allait crescendo. Il réussit donc à mettre sur pied un ensemble d’entreprises qui vinrent renforcer son tissu industriel et productif parmi lesquels, la CDC (Cameroon Development Corporation), la SODECOTON, la SOCAPALM (Société Camerounaise de Palmeraie), HEVECAM (société des

Hévéas du Cameroun), CHOCOCAM, pour ne citer que celles-là47. Les services étaient aussi sains et facilitaient la liaison entre le gouvernement et les gouvernés. Dans cette phase d’évolution, le Gouvernement camerounais fit face à une profonde crise économique, qu’en est-il de cette dernière ?


Questions Fréquemment Posées

Quel a été l’impact des programmes d’ajustement structurel sur l’économie camerounaise entre 1987 et 2017?

Les programmes d’ajustement structurel ont eu des conséquences profondes sur l’économie camerounaise, notamment une augmentation des revenus de l’État grâce à l’exploitation pétrolière, qui est devenue la priorité de l’État.

Comment la phase de croissance accélérée a-t-elle affecté les recettes fiscales au Cameroun?

Entre 1980 et 1986, les revenus de l’État provenant des taxes ont connu une nette croissance, passant de 212 milliards de F CFA à 880 milliards de F CFA, grâce à la contribution du secteur pétrolier.

Quelles modifications ont été observées dans la balance commerciale du Cameroun durant cette période?

La balance commerciale a connu un renversement de tendance, passant d’un déficit de 197 millions de dollars en 1979 à un excédent de 1 milliard de dollars en 1985, avec une forte contribution du pétrole.

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