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Comment les meilleures pratiques théologiques transforment notre rapport à la nature ?

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🏫 Université Catholique du Congo - Faculté de Théologie
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Licencié (Master/LMD) - 2018-2019
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Les meilleures pratiques théologiques révèlent que la crise écologique actuelle trouve ses racines dans l’anthropocentrisme du christianisme occidental. En redécouvrant l’exemple de Saint François d’Assise, cette recherche propose des approches novatrices pour rétablir l’harmonie entre l’homme, la nature et le Créateur.


Le rôle de la religion chrétienne.

Sans tomber dans le piège de ceux qui incriminent lieu en premier le rôle de la religion chrétienne dans la crise écologique actuelle, il sied de noter que la religion et la théologie chrétiennes auraient joué un rôle dans la prise de pouvoir de l’homme sur la nature. Elles auraient destiné l’homme à la domination sur la terre.

Pour ce faire, « la tradition judéo-chrétienne aurait désacralisé et dé-démonisé la nature pour en faire un monde profane pour l’homme »173. Pourtant selon Jürgen Moltmann, cette prétendue conception anthropocentrique du monde qui se trouve dans la bible est vieille de plus de trois mille ans alors que le développement de la civilisation scientifique moderne n’a commencé en Europe qu’il y a quatre cents ans »174. Pourquoi alors une telle distance dans le temps s’il est vrai que les deux sont intimement liés.

Pour Moltmann, le vrai problème se trouve plutôt dans la nouvelle conception de Dieu de la renaissance175 et du nominalisme176. Ici Dieu est considéré comme le Tout-puissant et cette potentia absoluta devient l’attribut caractéristique de sa divinité. Il s’ensuit que l’homme qui représente son image sur terre doit aussi tendre à la puissance et à la superpuissance pour ressembler à son créateur. « Ce n’est donc plus la bonté et la vérité mais la puissance qui devient le prédicat le plus noble de la divinité »177. Les hommes invoquent alors la Toute-puissance de Dieu avec l’intention d’évoquer leur propre

172 Ibidem, p.43.

173 Ibidem.

174 Ibidem.

175 La Renaissance est une période historique au XVe et XVIe siècles qui se caractérise d’un mouvement social et culturel, fondé sur un retour aux modèles de l’Antiquité Classique, qui bouleversa la pensée, l’organisation et l’art de la société occidentale.

176 Le nominalisme est une doctrine philosophique qui considère que les concepts sont des constructions humaines et que les noms qui s’y rapportent ne sont que conventions de langage. Les êtres ne sont pas intrinsèquement porteurs des concepts par lesquels nous les appréhendons. En d’autres termes c’est une doctrine d’après laquelle les idées générales ou les concepts n’ont d’existence que dans les mots servant à les exprimer. Le nominalisme rigoureux, s’il garde la croyance en Dieu, ne peut le désigner que par de pures périphrases, par des dénominations extrinsèques, sans arriver à porter sur Dieu en soi des jugements valables. Consulté sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Nominalisme le 27 mars 2019.

177 J. MOLTMANN op.cit., p. 43.

puissance. On le voit, c’est une foi chrétienne en la création prise en otage par l’aspiration humaine à la superpuissance qui se trouve à la base de la crise écologique actuelle.

Sur cette même lancée, John Haught soulève une autre critique portée contre la religion chrétienne qui aurait contribué à l’amplification de la crise actuelle. Il s’agit de la doctrine chrétienne sur l’eschatologie en fait mal comprise. Ceux qui critiquent cette vérité de la foi indiquent « qu’en orientant leurs croyants vers le monde à venir, les religions majeures ont conduit à la négligence du monde naturel »178. L’accent placé sur le surnaturel a occasionné l’ignorance de ce monde pour attendre le nouveau.

« Dans les cultures basées sur les traditions bibliques, l’apocalyptique exagérée (attente d’une fin imminente du monde) a parfois déclenché l’éruption d’une discontinuité pointue entre ce monde misérable, désespéré et temporel qui est voué à la damnation, et le tout nouveau monde que Dieu inaugurera à la fin du temps »179.

Compris dans cette perspective religieuse, notre environnement naturel actuel risque de paraître trop provisoire pour mériter des efforts de conservation. Ce danger doit être pris en compte dans l’élaboration d’une nouvelle théologie chrétienne de la création.

L’exploitation démesurée de la nature.

L’objectivation scientifique de la nature a conduit à son exploitation technologique démesurée. « Surtout dans les Etats modernes industrialisés, le rapport entre la société humaine et la nature est entièrement déterminé par l’appropriation des forces de la nature et l’exploitation des ressources naturelles »180. L’exploitation est devenue l’idée dominante de la civilisation humaine.

Les capacités d’exploitation se sont accrues de façon impressionnante alors que les capacités de contrôler des effets et des désirs humains n’ont pas suivi. Au contraire, l’ampleur et la complexité des besoins humains en ressources naturelles se sont beaucoup accrues en raison de la poussée démographique et du fantastique accroissement de la production.

Ainsi, « depuis un siècle, l’utilisation des combustibles fossiles a été multipliée par trente et la production industrielle par cinquante »181.

178 J.-F. HAUGHT, op.cit., p.16.

179 Ibidem.

180 J. MOLTMAN, op.cit. p. 45.

181 R. COSTE, op.cit., p. 22.

On le voit, en cherchant à satisfaire les besoins, les demandes croissent aussi. Mais qui ne voit que cette course entre des demandes croissantes et la nécessité de les satisfaire est perdue d’avance ? « Car avec des ressources limitées on ne peut pas faire des progrès illimités et avec des moyens limités on ne peut pas satisfaire des demandes illimitées »182. Le progrès lui-même semble entrer dans un cercle infernal où il n’est plus au service de la vie mais plutôt au service de la mort. Même la théorie socialiste marxiste qui s’est présentée comme antidote du système capitaliste d’exploitation de l’homme par l’homme s’est trouvée incapable de proposer des solutions concluantes.

René Coste a trouvé les mots justes en affirmant que « c’est le matérialisme insolent de la société occidentale qui est directement mis en cause »183. Il a causé le malheur de la moitié des peuples du monde ; « la civilisation planétaire qu’elle a engendrée et qui est malade des idéologies de productivité qui l’ont contaminée se fiche éperdument de l’âme humaine »184. A ses yeux, « la raison première de tous nos maux, ce sont à la fois un orgueil insolent, une priorité

absolue accordée à la science et à la technique, et une soif insatiable de posséder et de consommer »185. Dès lors, il nous semble vrai que le flagrant manque de respect pour l’environnement naturel continuera tant que la terre et son potentiel seront simplement perçus comme des objets servant à un usage et à une consommation immédiats.

Conclusion

Ce premier chapitre de notre recherche nous a permis d’explorer le contexte de notre travail. Il s’agit de notre maison commune, la terre notre mère et sœur. Elle constitue notre habitation mais c’est elle aussi qui nous nourrit, elle est pour ainsi dire le lieu où se réalise le salut de l’homme.

Notre étude nous a permis de dresser un tableau sombre des résultants de l’action humaine sur et dans le monde au cours des siècles. Si nous parlons de la crise écologique aujourd’hui, c’est surtout d’une crise de l’homme qu’il s’agit. Ce tableau sombre que nous avons évoqué nous montre qu’au fait ce n’est pas seulement la planète qui est menacée mais surtout la communauté humaine qui devient victime de ses propres actes.

Et ce sont surtout les plus pauvres qui en payent le gros prix.

182 J. MOLTMANN, op.cit. p.46.

183 R. COSTE, op.cit., p. 34.

184 Ibidem.

185 Ibidem, p. 34.

Après avoir dressé l’état des lieux, nous avons essayé de découvrir les causes de cette crise écologique généralisée. Dans l’ensemble c’est la quête de la superpuissance de l’homme qui explique les revers écologiques que connaît le monde d’aujourd’hui. Aidé par les découvertes scientifiques et techniques, l’homme s’est vu libéré du reste de la création qu’il peut manipuler à son avantage.

Ses réflexions théologiques et philosophiques l’ont aidé à justifier sa domination sur la nature et le monde créé. Il est vrai que le problème majeur de l’humanité actuelle c’est la perte de foi en Dieu comme créateur de toute chose. C’est pourquoi dans notre deuxième chapitre, il sera question de proposer une théologie de la création qui remet l’homme et toutes les composantes de la création à leur place voulue par le Créateur.

L’homme qui accueille Dieu comme son créateur saura se placer dans le monde en tant que créature et aura une considération respectueuse envers la création toute entière dont il est co-créature. Cela favorisera la véritable symbiose cosmo-théandrique et la véritable paix cosmique capable de garantir la survie des habitants de la terre.

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172 Ibidem, p.43.

173 Ibidem.

174 Ibidem.

175 La Renaissance est une période historique au XVe et XVIe siècles qui se caractérise d’un mouvement social et culturel, fondé sur un retour aux modèles de l’Antiquité Classique, qui bouleversa la pensée, l’organisation et l’art de la société occidentale.

176 Le nominalisme est une doctrine philosophique qui considère que les concepts sont des constructions humaines et que les noms qui s’y rapportent ne sont que conventions de langage. Les êtres ne sont pas intrinsèquement porteurs des concepts par lesquels nous les appréhendons. En d’autres termes c’est une doctrine d’après laquelle les idées générales ou les concepts n’ont d’existence que dans les mots servant à les exprimer. Le nominalisme rigoureux, s’il garde la croyance en Dieu, ne peut le désigner que par de pures périphrases, par des dénominations extrinsèques, sans arriver à porter sur Dieu en soi des jugements valables. Consulté sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Nominalisme le 27 mars 2019.

177 J. MOLTMANN op.cit., p. 43.

178 J.-F. HAUGHT, op.cit., p.16.

179 Ibidem.

180 J. MOLTMAN, op.cit. p. 45.

181 R. COSTE, op.cit., p. 22.

182 J. MOLTMANN, op.cit. p.46.

183 R. COSTE, op.cit., p. 34.

184 Ibidem.

185 Ibidem, p. 34.


Questions Fréquemment Posées

Quel est le lien entre la théologie chrétienne et la crise écologique actuelle ?

La religion et la théologie chrétiennes auraient joué un rôle dans la prise de pouvoir de l’homme sur la nature, en destinant l’homme à la domination sur la terre.

Comment la conception de Dieu a-t-elle évolué au cours de la Renaissance ?

Selon Jürgen Moltmann, la nouvelle conception de Dieu de la renaissance considère Dieu comme le Tout-puissant, ce qui a conduit l’homme à aspirer à la puissance et à la superpuissance pour ressembler à son créateur.

Quelle critique John Haught formule-t-il à l’égard de l’eschatologie chrétienne ?

John Haught critique la doctrine chrétienne sur l’eschatologie, indiquant qu’elle a conduit à la négligence du monde naturel en orientant les croyants vers le monde à venir.

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