Les meilleures pratiques de coopération marocaine révèlent des stratégies innovantes qui transforment les relations avec l’Afrique subsaharienne. Cette recherche met en lumière l’impact des programmes de l’AMCI, soulignant à la fois les succès et les défis d’une diplomatie dynamique et engagée.
Section 2:
Etudiants étrangers et Diasporas marocaines :
L’Agence marocaine de coopération internationale conçoit et met en œuvre des programmes spécifiques de coopération en direction de l’Afrique subsaharienne. Créée en 1986, elle oriente exclusivement son action vers cette partie du continent. D’après ses statuts, l’AMCI est chargée de « développer » et de « dynamiser » la coopération entre le Maroc et les « pays amis »49.
49 Sambe, Bakary. “Le Maroc au sud du Sahara : une stratégie d’influence à l’épreuve des mutations géopolitiques”. Mokhefi, Mansouria, et Alain Antil. Le Maghreb et son sud : vers des liens renouvelés. Paris : CNRS Éditions, 2012. (pp. 173-191)
La diplomatie scientifique50
Le rôle de l’AMCI
En privilégiant les formations de longue et moyenne durée, l’AMCI accueille chaque année un grand nombre de nouveaux étudiants étrangers qui souhaitent poursuivre leurs études supérieures dans les établissements publics d’enseignement supérieur et de formation dans différents cycles et filières. Pour ce faire, le Maroc a fait des bourses d’études un instrument de sa politique de puissance en Afrique subsaharienne.
Pour faire cela, la politique d’accueil des étudiants africains a été renforcée afin de pouvoir accueillir environ 15 000 étudiants, dont 7 000 boursiers51 du gouvernement marocain. Cette politique doit être poursuivie et renforcée pour faire du Maroc un pôle régional des universités et de la formation professionnelle en Afrique.52
La formation universitaire et professionnelle est la composante la plus avancée. Plus de 72 étudiants étrangers qui étudient dans les universités et instituts de recherche marocains viennent d’une quarantaine de pays d’Afrique subsaharienne. Par conséquent, cette vision de transmission des connaissances, savoir-faire et expériences marocaines permet de former et de renforcer les capacités des cadres africains appelés à occuper des postes de responsabilité dans l’administration publique et le secteur privé de leurs pays d’origine.
50 Pierre-Bruno RUFFINI, « La diplomatie scientifique, nouvelle dimension des relations internationales ? »
Repères, N 23,2016
51 Saïd Dkhissi et al, 2012, « Les relations Maroc-Afrique : les voies d’une stratégie globale et rénovée », Programme d’études Compétitivité globale et positionnement du Maroc dans le système mondialisé, rapport général de l’étude thématique, Novembre 2012, Institut Royal d’Etudes stratégiques, P.9.
52 Ibid
Les étudiants étrangers : un élément important de soft power
Accueillir les étudiants étrangers est un élément important du soft power du Maroc, car c’est une opportunité pour les étudiants étrangers d’utiliser différents canaux des institutions marocaines, mais il peut facilement devenir un parfait moyen de pression pour défendre les intérêts nationaux.
Voici un exemple de cette instrumentalisation : en effet, lors de la crise maroco-mauritanienne de 2011, Rabat a empêché les étudiants mauritaniens de s’inscrire à l’université, et l’Agence marocaine de coopération internationale a retiré des bourses pour la recherche mauritanienne.
En outre, il est nécessaire d’accroître la coopération technique et l’échange de connaissances dans le cadre d’accords de coopération dans le domaine de la formation. Plusieurs cadres du secteur public de plus de 30 pays africains bénéficiaires ont participé à des programmes de formation continue et à des stages à l’Agence marocaine de coopération internationale, notamment dans les domaines de la diplomatie, des douanes, de la justice, de l’électricité et de l’agriculture53
Le Maroc représente aujourd’hui la 2ème destination du continent la plus sollicité par les étudiants africains derrière l’Afrique du Sud, faisant de lui un centre régional de l’enseignement supérieur.
La diaspora marocaine : une diplomatie parallèle54
Aperçu historique de la diaspora marocaine en Afrique
Aujourd’hui, la diaspora marocaine concerne plus de 100 pays et représente 10% de la population marocaine. À cet égard force est de mettre la lumière sur la composition de cette diaspora
53 Source :Agence Marocaine de Coopération Internationale
54 Le terme de diplomatie parallèle a été inventé en 1981 par un diplomate des États-Unis, Joseph Montville, afin de décrire les efforts déployés par les particuliers et les organisations non officielles sur la scène internationale.
marocaine qui reste aujourd’hui, une des plus importantes au monde après plusieurs vagues migratoires successives.
Elle se caractérise principalement par une résidence géographiquement très dispersés au-delà de l’Europe, concernant tous les continents, y compris les plus lointains, tels l’Amérique et l’Australie. D’ailleurs, aujourd’hui la Communauté marocaine résidant à l’étranger, selon le rapport du Haut-Commissariat au Plan, est estimée à plus de 5 millions55.
L’émigration des Marocains en Afrique subsaharienne, n’a pris une dimension importante que vers les années 60, bien qu’elle soit très ancienne. En effet, depuis sa jeunesse, la principale destination des émigrés marocains en Afrique, notamment ceux en provenance de Fès, était le Sénégal, d’une part, dû au facteur religieux relative À la diffusion de l’islam, et d’autre part, suite au développement du commerce caravanier.
En somme. Aujourd’hui, la communauté marocaine représente 195.000 marocains en Afrique contre seulement 5000 en 200556. La présence de cette dernière en Afrique subsaharienne joui d’une très bonne réputation, qui se capitalise au niveau des récentes politiques étrangères marocaines en Afrique. L’une des particularités de cette immigration réside dans le fait qu’elle est profondément inculquée dans les liens économiques et culturel, qui symbolise les liens entre le royaume et ses confrères africain.
La diaspora acteur de la diplomatie parallèle du Maroc
En évoquant l’implication de la diaspora marocaine en Afrique en tant qu’acteur de la diplomatie parallèle, celle-ci joue un rôle plus ou moins important car au-delà de l’intérêt économique traduit
55 Haut-Commissariat au Plan, « LA MIGRATION INTERNATIONALE AU MAROC : Résultats de l’Enquête Nationale sur la Migration Internationale 2018-2019 » 2020
56 Ibid
par les mouvements financiers des Marocains résidents à l’étranger au Maroc en termes de rapatriement de devises et derrière leur potentiel qui les rend une source précieuse de connaissances, de savoir-faire et de transfert de technologie. Le vrai potentiel des citoyens marocains réside surtout dans la représentation de leur patrie mère auprès de la Communauté étrangère, dans un contexte d’engagement civique. En d’autre terme, il s’agit de petits ambassadeurs du Royaume malgré leurs nombres restreint en Afrique57.
Il est vrai que la diplomatie parallèle porte ses fruits en Europe grâce à une élite marocaine qui a pu se démarquer au niveau des postes de sphères de décision et des organisations publiques et privées. Certes, malgré leur petite présence en Afrique, cela n’empêche pas leurs impacts en matière de transfert de savoir-faire et de coopération.
Conscient de son rôle crucial, le royaume a toujours donné une place importante à sa communauté Résidante à l’étranger par le biais de son implication et de sa participation pour le bien et l’intérêt de ses citoyens
Dans le cadre de la politique étrangère marocaine, l’objectif fondamental de la diplomatie culturelle est de sauvegarder les intérêts nationaux et d’affirmer la position du pays. Cette diplomatie culturelle comporte plusieurs aspects : la science, l’éducation et la religion. Le Maroc s’est engagé dans la dynamique des prévisions régionales, principalement pour l’Afrique subsaharienne, en utilisant son énorme potentiel culturel pour gagner un rayonnement régional. Cependant, outre la coopération avec les pays subsahariens en matière d’éducation et de formation, le soft power marocain utilise aussi largement les facteurs religieux pour diffuser le
57 Ismaïl REGRAGUI « En Afrique, les MRE ne sont pas nombreux mais ils sont porteurs d’un savoir-faire, d’une valeur ajoutée, les plaçant d’emblée dans une position de force », « En Afrique, le « soft power » à la marocaine », (www.Telquel.ma)
modèle religieux marocain sous l’étiquette d’un islam modéré, ouvert à toutes les civilisations et respectueux de tous. La diplomatie religieuse est un domaine très standardisé, qu’il s’agisse de représentants d’agences administratives ou d’agences diplomatiques, avec le soutien d’autorités religieuses ou de groupes religieux transnationaux et d’autres acteurs non étatiques ayant des missions religieuses, les acteurs ont une coordination et une continuité parfaites.
Conclusion :
Compte tenu des vertus de la coopération sud sud et de la mobilité des compétences et compte tenu des impératifs de la paix et de la sécurité nécessaire à tout processus de développement. le Maroc a bien construit sa diplomatie, poussée par sa volonté de vouloir s’adapter aux exigences de mondialisation, D’élargir son champ d’influence et de s’offrir des débouchés économiques et commerciaux.
Dans cette perspective, le Maroc s’est ouvert sur l’Afrique subsaharienne dans un cadre de co- développement et de partenariat gagnant-gagnant. Le Maroc dispose de plusieurs atouts pour développer des gisements de croissance en Afrique., de constituer un modèle de développement économique et une réelle plateforme d’échanges, Ses atouts sont illustrés entre autres par sa dynamique de développement économique réussie, dont plusieurs secteurs. Et par la mise en œuvre. De ces différentes diplomaties. La vision durable est essentielle pour le Maroc qui s’intéresse à la fois au développement économique, social et environnemental des pays voisins.
L’articulation tentaculaire des mécanismes diplomatiques employés par le Maroc pour développer sa nouvelle image de leader régional en Afrique s’avère avoir été fructueuse, notamment après avoir réussi à Réintégrer l’Union africaine en s’appuyant de passage par des arguments de poids, et par la ténacité et la perspicacité de sa politique étrangère africaine.
À cela s’ajoute le constat qui démontre clairement que le fer de lance de toute initiative diplomatique dépend de la volonté royale qui guide et pilote le corpus diplomatique. Dans les réalisations sont pertinentes, mais beaucoup loin du potentiel, ont vu des moyens, des mécanismes de bord, à l’instar de la diplomatie culturelle qui n’a toujours pas su capitaliser et exploiter les atouts historiques multidimensionnel du pays.
De même. Le royaume essaie par tous les moyens d’accélérer le remaniement de ses mécanismes diplomatiques à travers une stratégie de diversification d’instruments mis en œuvre pour la concrétisation de sa politique étrangère.
Néanmoins, beaucoup d’efforts sont déployés indépendamment d’une stratégie nationale globale et intégrée, manquements qui éloignent le royaume des compétences qualités lui permettant d’optimiser les moyens et les ressources allouées par tous les organismes nationaux concernés. Par ses multiples offensives tout en convergeant les objectifs spécifiques, dessiner individuellement vers une finalité commune qui regroupera avec harmonie et synergie, l’émission et afférentes.
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49 Sambe, Bakary. “Le Maroc au sud du Sahara : une stratégie d’influence à l’épreuve des mutations géopolitiques”. Mokhefi, Mansouria, et Alain Antil. Le Maghreb et son sud : vers des liens renouvelés. Paris : CNRS Éditions, 2012. (pp. 173-191) ↑
50 Pierre-Bruno RUFFINI, « La diplomatie scientifique, nouvelle dimension des relations internationales ? » Repères, N 23,2016 ↑
51 Saïd Dkhissi et al, 2012, « Les relations Maroc-Afrique : les voies d’une stratégie globale et rénovée », Programme d’études Compétitivité globale et positionnement du Maroc dans le système mondialisé, rapport général de l’étude thématique, Novembre 2012, Institut Royal d’Etudes stratégiques, P.9. ↑
53 Source :Agence Marocaine de Coopération Internationale ↑
54 Le terme de diplomatie parallèle a été inventé en 1981 par un diplomate des États-Unis, Joseph Montville, afin de décrire les efforts déployés par les particuliers et les organisations non officielles sur la scène internationale. ↑
55 Haut-Commissariat au Plan, « LA MIGRATION INTERNATIONALE AU MAROC : Résultats de l’Enquête Nationale sur la Migration Internationale 2018-2019 » 2020 ↑
57 Ismaïl REGRAGUI « En Afrique, les MRE ne sont pas nombreux mais ils sont porteurs d’un savoir-faire, d’une valeur ajoutée, les plaçant d’emblée dans une position de force », « En Afrique, le « soft power » à la marocaine », (www.Telquel.ma) ↑
Questions Fréquemment Posées
Quelles sont les meilleures pratiques de coopération marocaine en Afrique ?
L’Agence marocaine de coopération internationale conçoit et met en œuvre des programmes spécifiques de coopération en direction de l’Afrique subsaharienne, en orientant son action vers le développement et la dynamisation des relations avec les pays amis.
Comment le Maroc utilise-t-il le soft power dans sa diplomatie en Afrique ?
Le Maroc utilise le soft power en accueillant des étudiants étrangers, en offrant des bourses d’études et en renforçant la coopération technique et l’échange de connaissances, ce qui contribue à former des cadres africains.
Quel est le rôle de l’AMCI dans la diplomatie marocaine ?
L’AMCI joue un rôle clé en accueillant chaque année un grand nombre d’étudiants étrangers et en leur offrant des formations de longue et moyenne durée, renforçant ainsi les capacités des cadres africains dans divers domaines.