Quelles sont les meilleures pratiques d’adaptation climatique à Tiddas?

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🏫 Institut agronomique et vétérinaire Hassan II
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Ingénieur d'état - 2021
🎓 Auteur·trice·s
Moatassim Abderrahmane
Moatassim Abderrahmane

Les meilleures pratiques d’adaptation climatique révèlent des stratégies innovantes pour les communautés rurales de Tiddas, confrontées à des défis environnementaux. Cette étude met en lumière l’importance de la gestion durable des ressources naturelles, essentielle pour renforcer la résilience face aux risques climatiques croissants.


CHAPITRE 5 : RÉSULTATS ET DISCUSSIONS

INTRODUCTION

Les changements climatiques sont inévitables et bien que nous devions les freiner du mieux possible, nous devons aussi prévoir des mesures qui nous permettrons de nous adapter. Le maintien des arbres dispersés dans les paysages modifiés est un bon moyen de faciliter l’adaptation aux changements climatiques (FAO, op.cit.).

La gestion adaptative des forêts publiques devrait aussi être mise en place afin d’assurer une gestion durable de celles-ci. Trois approches sont à examiner pour adapter les forêts aux changements climatiques : l’absence d’intervention, l’adaptation réactive et l’adaptation planifiée. Malheureusement, la gestion actuelle préfère en général la première approche ou, dans la meilleure des hypothèses, la deuxième (FAO, 2010).

L’absence d’intervention signifie s’abstenir de toute interférence, les objectifs et les pratiques de gestion étant fondés sur l’hypothèse que la forêt s’adaptera tant bien que mal comme elle l’a fait dans le passé.

L’adaptation réactive consiste en la prise de mesures après les faits, à savoir la coupe de récupération, les changements consécutifs à la perturbation dans les processus industriels utilisés pour convertir le bois récupéré, la mise à jour du plan d’exploitation, la révision des niveaux de récolte autorisés et la formulation de programmes de soutien socioéconomique pour les localités touchées (Ibid.).

En revanche, l’adaptation planifiée prévoit la redéfinition anticipée des objectifs et pratiques forestiers étant donné les risques et les incertitudes liés aux changements climatiques. Elle comporte des interventions délibérées et préventives à différents niveaux et à travers les secteurs.

On pourrait soutenir qu’une bonne gestion des forêts comporte toujours l’adaptation planifiée. Cependant, la planification en prévision de changements climatiques comprend une incertitude bien plus prononcée, de nouveaux risques et la réduction systématique des risques en réponse à des événements prévus.

Au niveau du peuplement, l’adaptation planifiée signifierait la plantation d’une plus grande diversité d’espèces ou de provenances, ou d’arbres améliorés pour mieux résister à des facteurs de stress attendus (FAO, op.cit.).

Au niveau de l’unité de gestion forestière, les moyens d’adaptation pourraient comprendre des évaluations de la vulnérabilité et une meilleure préparation aux catastrophes. Enfin, la planification de la gestion des forêts ne peut plus se fonder uniquement sur les trajectoires de la croissance et du rendement au fil du temps.

La surveillance intensive des forêts est un élément fondamental de l’adaptation planifiée et exigera probablement un surcroît de ressources techniques et humaines. La surveillance peut donner rapidement l’alerte en cas de dépérissement des forêts et d’attaque de ravageurs ou de maladies, contribuer à réduire l’incertitude dans la planification et minimiser les pertes (FAO, op.cit.).

5.1 ANALYSE DES RESULTATS OBTENUS

5.1.1 Diagnostic socioéconomique de la zone péri-forestière de Tiddas

L’économie de Tiddas est intégrée dans un système agro-sylvo-pastoral qui s’appuie sur les trois composantes suivantes : les terres de culture, les parcours et la forêt. Les terres de culture sont presque exclusivement réservées à la céréaliculture dont la production est avant tout consacrée à l’entretien du bétail.

Le niveau technique des travaux agricoles n’est pas élevé et la production en céréales reste très dépendante des variations climatiques. La trame paysagère de la commune de Tiddas réserve encore une place importante aux parcours qui sont très dégradés dont la production fourragère dépend étroitement de la pluviométrie (Aderghal et al., 2011).

L’agriculture est considérée comme l’activité principale de tous les ménages interrogés ou 88% possèdent une activité secondaire en sus de l’agriculture. L’élevage constitue l’activité secondaire la plus pratiquée.

En effet, plus de 70% des ménages interrogés possèdent un cheptel d’au composé par au moins un des trois types de ruminants présents dans la région (ovin et caprin ou bovin). Les modes de faire-valoir de la terre dans la zone d’étude sont le faire-valoir direct et le métayage (Lkhoubza).

Enfin, les ménages sont formés en moyenne de 6 membres (±3) dont 3 actifs (±2) en moyenne dans l’agriculture.

Selon l’Annexe 13 (observations), quatre-vingt pour-cent (80%) des ménages interrogés (cf. échantillon) sont dirigés par des hommes. Près du tiers des personnes interrogées (53%) ont reçu une éducation formelle, correspondant pour la plupart au niveau primaire.

L’appartenance aux organisations favorise l’accès aux moyens d’existence comme les équipements agricoles (charrue) ; cependant, on constate que seuls trente-trois pour-cent (33%) des personnes interrogées appartiennent à une organisation villageoise.

Les petits métiers et la commerce comme la collecte de plantes aromatiques et médicinales et la pratique de l’apiculture sont des activités génératrices de revenus d’appoint. D’ailleurs, la collecte s’opère pendant deux mois (avril et mai) et la vente des produits récoltés s’opère directement dans les souks avoisinants sans intermédiation. Le gain obtenu constitue une source supplémentaire pour subvenir aux besoins de survie.

La vente des PAMs principalement le thym soit en détail aux consommateurs soit aux revendeurs et intermédiaires s’effectue dans les souks hebdomadaires (Tnin Tiddas, Had Maaziz, Jmaat Moul Lblad).

5.1.2 Caractérisation des ménages

L’appréciation du revenu agricole et d’élevage annuels nets est effectuée sur la base des résultats des entretiens auprès des personnes ressources. Dans l’évaluation des revenus, on a distingué trois classes sociales : petit, moyen et grand éleveur-agriculteur.

Par ailleurs, la méthode utilisée pour aboutir à la caractérisation des ménages est l’Analyse Factorielle des Correspondances Multiples (AFCM) qui permet d’étudier l’association entre au moins deux variables qualitatives. En outre, avant d’effectuer l’AFCM, une transformation des variables quantitatives en classe a été effectuée.

Pour faciliter la codification, trois (03) modalités ont été choisies : faible, moyenne et élevée.

Le codage des variables et le récapitulatif de ces dits modèles sont relatés dans le tableau n°8 et 9. Ainsi, la représentation graphique des points de modalités figure dans l’Annexe 7.

Tableau 8. Modalités utilisées lors de l’analyse sous SPSS.

Codes

Variables explicatives

Modalités

Genre_chef

Genre du chef

Femme=2

Homme=1

Oui=1

Non=2

Membop

Appartenance aux associations

1

2

Responsa_socia

Responsabilité sociale

1

2

Empru_credit

Aptitude à emprunter de l’argent

1

2

Posse_ruminant

Possession d’un cheptel de ruminant

1

2

Posse_charrue

Possession de charrue

1

2

Faible=1

Moyen=2

Elevé=3

Posse_parcelle_agri_cod

Possession de parcelles agricoles_cod

Métayage et/ou « khoubza »

Inf à 3

Sup à 4

Revenu_agri_annuel_dh_cod

Revenu agricole_cod

Inf à 9000 MAD

]9000 ;26000[

Sup à 26000 MAD

Revenu_elev_annuel_dh_cod

Revenu d’élevage_cod

Inf à 9500 MAD

]9500 ;20000[

Sup à 20000 MAD

Niv_educ_cod

Niveau d’éducation_cod

[0 ;3]

]3 ;5]

Sup à 5

N_actifsagri_cod

Nombre d’actifs agricoles_cod

Inf à 2

[3 ;5]

Sup à 5

Bovin_cod

Cheptel bovin_cod

Inf à 2

]2 ;6[

Sup à 6

En fonction du tableau n°8, les modalités de la variable « Niveau d’éducation » correspondent aux valeurs suivantes :

Faible : 0= Néant, 1= Préscolaire, 2= Primaire, 3= Secondaire collégial ;

Moyen : 4= Secondaire qualifiant, 5= Supérieur (licence) ;

Elevé : 6= Supérieur (doctorat).

Tableau 9. Récapitulatif des modèles via AFCM.

Dimension Alpha de Variance expliquée

Cronbach

Total (valeur propre)

Inertie

Pourcentage de variance expliquée

1

.914

6.385

.491

49.116

2

.679

2.680

.206

20.616

Total

.844a

9.065

.697

69.132

Moyenne

4.533

.349

34.866

a. La valeur Alpha de Cronbach moyenne est basée sur la valeur propre moyenne.

D’après le tableau n°9, l’ensemble des variables entrées ont dégagés deux facteurs (Dimension 1 et 2) d’un total de plus de 69% qui est jugé assez satisfaisant. Les résultats d’AFCM obtenus sur SPSS sont repris dans les figures suivantes (12 ,13 et 14).

Ainsi, la CAH pourrait être utile pour ressortir une éventuelle structure particulière (répartition des ménages selon les activités agricoles et d’élevage). Cette répartition figure dans l’Annexe 10.

Figure 12. Codage des variables étudiées lors de l’analyse sur le logiciel SPSS.

[12_meilleures-pratiques-adaptation-climatique-a-tiddas_10]Figure 13. Représentation graphique des 40 ménages dans le plan principal.

[12_meilleures-pratiques-adaptation-climatique-a-tiddas_11]Figure 14. Degré de pertinence des variables sélectionnées.

L’interprétation des résultats : selon les figures et tableaux précédents, et en s’appuyant sur les données existantes, on peut constater que les 40 ménages se répartissent sur l’ensemble du plan 1-2 (cf. figure 13) où on observe, selon leurs profils, des groupes distincts de ménages.

A gauche de l’axe 1, on trouve les ménages à fortes vulnérabilités, dirigés souvent par des chefs de famille vieillissants. C’est le cas notamment des ménages 40, 11, 12, 29, 6, 8, 9, 5, 28, 2, 4, 34, 27, 31, 10, 33, 14, 1 et 7.

Ce sont aussi des ménages où le nombre d’actifs est faible, ce qui les rend particulièrement vulnérables. Ils sont la plupart du temps illettrés, avec de faibles revenus des activités agricoles ou d’élevage. En effet, le revenu moyen par personne montre qu’on est en présence d’une catégorie de personne très pauvre avec environ (voire moins) 11MAD/j/personne, ce qui est inférieur au seuil minimal de pauvreté conventionnellement considéré de 12 MAD/j/personne. Ce type de ménage est abondant surtout dans le douar Ait laânzi.

En haut de l’axe 2, on peut repérer des ménages moyens (30, 19, 35, 17, 3, 32, 15, 16 et 13) possédant un nombre moyen du cheptel de ruminants, et pratiquant l’agriculture et l’élevage ainsi que des activités secondaires. Leur cheptel bovin est faible, mais ils disposent d’un cheptel d’ovins et/ou de caprins. Cette classe sociale possèderait un revenu moyen /j/personne de l’ordre de 20 MAD.

A droite de l’axe 1, on trouve les ménages (20, 22, 38, 21 et 39) ayant accès aux différents moyens d’existence. Cette catégorie est constituée par des ménages à revenu élevé. Ils disposeraient également d’un nombre élevé en cheptel ruminant d’ovins et de caprins.

Ces ménages sont également marqués par un niveau d’éducation moyen ou élevé de leurs chefs. Cette classe sociale se caractérise par un revenu moyen/j/personne assez important, et qui leur permet de satisfaire aisément leur bien-être et les moyens d’existence. Ce type de ménage se trouve surtout dans le douar Ait Omar réputé par une activité d’élevage relativement importante.

5.1.3 Ménages et Exploitation forestière

Le Test chi-deux permet de détecter la relation entre deux variables qualitatives nominales (Catégorie de ménages, exploitation forestière). En effet, le coefficient de Phi et V Cramer donne une vision sur la force de cette relation. Le calcul de ce coefficient et le résultat de la statistique descriptive (tableaux croisés) sous SPSS entre les deux variables étudiées sont représentés comme ci-après.

Figure 15. Distribution de type de ménages en fonction de l’exploitation forestière.

D’après la figure n°15, la majorité des ménages interrogés exploite les ressources naturelles de la forêt Tiddas. En effet, la non-dépendance de certains ménages vis-à-vis de ladite forêt s’est justifiée par le fait qu’ils exploitent d’autres massifs forestiers plus proches. C’est le cas notamment du douar Lamnasra dont certains habitants préfèrent souvent exploiter la forêt Fatna (la plus proche) au lieu de la forêt Tiddas.

Le faible revenu annuel des petits éleveurs et/ou agriculteurs (catégorie 1), les met dans une situation de dépendance vis-à-vis des ressources forestières (en bois domestique). On remarque à ce propos, que l’utilisation du gaz butane est souvent associée à la consommation de bois. La vulgarisation des fours économes en bois énergie, à l’instar de ceux distribués par l’administration forestière dans le Moyen Atlas, pourrait réduire la pression exercée sur le milieu naturel.

Tableau 10. Mesures symétriques.

Valeur

Signification approximée

Phi

Nominal par Nominal

V de Cramer

Nombre d’observations valides

.626

.000

.626

40

.000

Tableau 11. Test du khi-deux.

Valeur

ddl

Signification asymptotique (bilatérale)

Khi-deux de Pearson

Rapport de vraisemblance

Association linéaire par linéaire

15.659a

11.943

12.397

40

2

2

1

.000

.003

.000

Nombre d’observations valides

a. 4 cellules (66.7%) ont un effectif théorique inférieur à 5. L’effectif théorique minimum est de .88.

D’après les tableaux n°10 et 11, le degré de signification est inférieur à 1%, et le coefficient de V de Cramer dépasse 60%, on peut donc conclure que la pratique de l’exploitation forestière est liée fortement à la catégorie des ménages, dont le bois de feu présente l’une des principales sources énergétiques de la région. La consommation en butane des ménages s’est développée au cours de cette dernière décennie et contribue sans nul doute à réduire l’impact sur le milieu naturel.

La consommation annuelle moyenne en bois de feu par ménage est de 3 à 4 t/an. Elle est déterminée par le total de consommations souvent distinctes l’une de l’autre, à savoir, la cuisson des aliments, le chauffage, le bain et le four à pain. La consommation totale par ménage diffère d’une localité à l’autre et sensiblement d’un ménage à l’autre au sein d’une même localité.

Par ailleurs, on note de faibles différences en matière de consommation en fonction des saisons. Cependant, le pic de consommation de bois correspond à la période hivernale ou le froid sévit de 3,5 mois à 4,5 mois par an dans toute la zone de la commune (HCEFLCD, 2018).

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Questions Fréquemment Posées

Quelles sont les meilleures pratiques d’adaptation climatique à Tiddas?

Les meilleures pratiques d’adaptation climatique à Tiddas incluent la gestion adaptative des forêts, l’adaptation planifiée, et la plantation d’une plus grande diversité d’espèces d’arbres pour mieux résister aux facteurs de stress attendus.

Comment les communautés de Tiddas peuvent-elles s’adapter aux changements climatiques?

Les communautés de Tiddas peuvent s’adapter aux changements climatiques en renforçant les capacités des agriculteurs dans les systèmes agroforestiers et en trouvant des alternatives énergétiques pour assurer un développement durable.

Pourquoi est-il important d’adopter une gestion forestière adaptative à Tiddas?

Il est important d’adopter une gestion forestière adaptative à Tiddas pour assurer une gestion durable des forêts face aux risques et incertitudes liés aux changements climatiques.

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