Les investissements marocains en Afrique révèlent une dynamique fascinante, avec 30% des réserves mondiales de ressources naturelles sur le continent. Cette étude met en lumière comment le Maroc utilise le soft power pour renforcer ses liens diplomatiques, tout en naviguant à travers des défis géopolitiques complexes.
Première Partie: la diplomatie économique du Maroc en Afrique : une inflexion vers le Soft Power
Le continent africain est le continent du monde qui dispose d’un potentiel de développement qui se traduit par ses nombreuses ressources naturelles et humaines importantes, et dans ses liens culturels et linguistiques communs.
En effet, l’eldorado africain représente l’un des gisements les plus importants dans le monde en termes de ressources naturelles soit 30% des réserves mondiales2. D’ailleurs depuis les années 90, la production de ses ressources énergétiques ne cesse d’augmenter jusqu’à atteindre en 2020 une représentation de près de 15% de la production mondiale.
Cependant, le continent reste toutefois l’une des zones les moins intégrées du monde ce qui explique l’inexploitation de son potentiel de développement au complet.
C’est dans cette optique que le Maroc place le renforcement des relations de coopération avec le continent africain parmi ses priorités et ce dans le cadre d’une dynamique d’intégration africaine et de coopération « Sud-Sud ». Tout compte fait, le Maroc exprime une curiosité stratégique pour l’Afrique aussi bien au niveau politique qu’au niveau économique.
De surcroît, c’est à travers ses nombreux partenariats économiques accomplis depuis des années au niveau du paradis africain, notamment en Afrique de l’Ouest et Centrale, que le Royaume manifeste clairement son ambition de s’asseoir comme puissance économique régionale.
Sa localisation géographique représente un atout important entant que porte vers le monde occidental, qui attire les investissements mais aussi comme vecteurs de rayonnement et de puissance économique régionale qu’il veut devenir, favorisé par une croissance économique
3 soutenue réalisée grâce à l’investissement public et à des réformes économiques avec plusieurs plans sectoriels de relance.
Dans cette première partie, il sera question d’abord de mettre l’accent sur l’agencement des Investissements Direct étrangers du Maroc en Afrique ainsi que du pari du Royaume sur l’Afrique (Chapitre I), pour finir , un bilan et perspective des choix du Maroc dans cet ongle là (Chapitre II)
Chapitre 1 : l’agencement des Investissements Directs Etrangers marocains en Afrique
Ces dernières années, les investissements directs étrangers sont devenus implicitement instrumentalisés par les États investisseurs afin de provoquer une dépendance économique des pays d’accueil et ce afin d’user d’un soft power à caractère économique dans le but de garantir leurs intérêts géopolitiques.
Le Maroc lui, a fait de ses IDE un instrument colossal dans le cadre de sa politique vers l’Afrique en devenant l’un des premiers investisseurs africains en Afrique, sachant que ce statut coïncide avec sa réintégration de l’union africaine.
Afin de mieux comprendre l’agencement géopolitique des IDE marocains en Afrique, nous avons choisi de reposer notre recherche sur la base de deux variables, à savoir les visites officielles du Roi en Afrique et à la langue des pays ciblés.
La justification de ce choix se fait par la place importante du souverain marocain dans l’harmonisation de la politique étrangère du Maroc en particulier dans sa stratégie africaine.
Le choix de la dimension linguistique est quant à lui motivé par l’hypothèse qui montre la montée en puissance du royaume en Afrique avec une délicatesse des liens envers les pays
africains majoritairement francophones. Cette théorie acquière son appui au niveau des relations multiséculaires et multidimensionnelles liant le royaume à l’Afrique francophone.
Le roi Mohammed VI a effectué 30 visites officielles dans des pays subsahariens en 14 ans, réalisant ainsi une coopération renforcée entre le Royaume et le continent africain au niveau politique.
Au cours des dix dernières années, le Maroc et ses partenaires africains ont signé et entré en vigueur près de 3 000 accords et conventions bilatéraux.
Au cours de la même période, une quarantaine de comités mixtes ont été créés. Cette coopération s’est établie sous la forme d’un partenariat Sud-Sud actif et unifié, fondé sur la mise en place de certains fondements de la présence économique du Maroc en Afrique : appui au développement durable, amélioration des compétences humaines, et implication croissante du secteur privé dans le transfert de technologie.
Effort de connaissance et partage des connaissances et de l’expérience.
Section 1 : Le Maroc : une identité africaine
La vision du souverain
Depuis son indépendance, Le Maroc a toujours corroboré son identité africaine. En effet, ce dernier détient une position de leader au sein de l’Afrique.
D’ailleurs, les Tournées Royales, ont permis de renforcer le rôle du Maroc entant que leadership économique africain. La vision du Maroc, conduite par le Roi Mohammed VI repose principalement sur la particularité de la relation historique et religieuse entre les deux entités, et se constate dans une représentation construite autour des concepts de développement, de renforcement sud-sud et de forte dimension sociale.
L’intérêt grandissant du souverain marocain envers les pays frères africains n’est plus un secret, au contraire, force est de remarquer que cette politique est bien travaillée et exposée en matière
de communication et de marketing pour la reconnaitre à sa juste valeur, comme il est explicitement dit par le souverain lors de son discours à l’occasion de la réintégration du Maroc au sein de l’Union africaine :
« Depuis l’an 2000, le Maroc a conclu, dans différents domaines de coopération, près d’un millier d’accords avec les pays africains.
A titre de comparaison, savez-vous qu’entre 1956 et 1999, que 515 accords avaient été signés, alors que depuis 2000, il y’en a eu 949. Pendant ces années, j’ai moi-même souhaité donner une impulsion concrète à ces actions, en multipliant les visites dans les différentes sous-régions du Continent.
Au cours de chacune des 46 visites, que j’ai effectuées dans 25 pays africains, de nombreux accords dans les secteurs public et privé ont été signés.»4
Cette pulsion telle invoqué dans le discours est irréductiblement liée aux déplacements du souverain qui, à travers ses nombreuses visites, dynamise et stimule aussitôt les accords et les partenariats prévus dans ce cadre.
D’autre part, l’appartenance africaine se manifeste aussi à travers la différente adhésion notamment à l’Union Africaine ;
Les visites du souverain et l’impact sur l’implantation des IDE
En un peu plus de 15 ans, sous le patronage du monarque, 53 visites royales ont été effectuées dans 29 pays africains.
En tant que symbole, les visites du monarque Chérifien en Afrique dépassent de loin ses visites dans les pays du Maghreb et les pays du Moyen-Orient, ce
qui approfondit encore notre réflexion sur la démonstration de caractère à cet égard concernant ces visites.
graph 1 : Concordance entre le nombre des visites royales en Afrique et les pays
accueillant les IDEs
60
50
40
30
20
10
0
Nombre de pays
% des pays africains
pays pays pays visités pays non
accueille IDEaccueille IDE sans IDE visité et
et visités + et visités accueille IDE 2fois
Source : Auteur
Selon le graphique, on peut voir que sur les 29 pays africains visités, 25 reçoivent des IDE marocains, ce qui équivaut à 48% de tous les pays africains, alors que seulement 4 pays sont visités sans aucun accueille.
De même, nous concluons que seuls 11 pays africains que le roi du Maroc n’a jamais visités ont vu des IDE marocains soit 21. Enfin, on note que le souverain a visité plus de deux fois 8 pays africains soit une valeur de 15% des pays africains.
Par conséquent, il est fort de constater que la diplomatie marocaine est clairvoyante de son atout incarné en la personne du souverain marocain.
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2 Natural Resource Governance Institute, « L’indice de Gouvernance des Ressources Naturelles : Vers la mise en pratique des réformes légales en Afrique subsaharienne » P : 4 ↑
3 AZIZI Fatima Zohra, « le Maroc en Afrique : quelle stratégie pour devenir une puissance économique régionale » Centre d’Etudes et de Recherches Humaines et Sociales Oujda, 2017 ↑
4 Discours de SM Le Roi devant le 28ème Sommet de l’Union Africaine : Addis-Abeba-31 Janvier 2017 ↑
Questions Fréquemment Posées
Quels sont les objectifs des investissements marocains en Afrique ?
Le Maroc place le renforcement des relations de coopération avec le continent africain parmi ses priorités dans le cadre d’une dynamique d’intégration africaine et de coopération ‘Sud-Sud’.
Comment le Maroc utilise-t-il le soft power dans sa diplomatie en Afrique ?
Le Maroc a fait de ses investissements directs étrangers un instrument colossal dans sa politique vers l’Afrique, devenant ainsi l’un des premiers investisseurs africains sur le continent.
Quel rôle joue le roi Mohammed VI dans la diplomatie marocaine en Afrique ?
Le roi Mohammed VI a effectué 30 visites officielles dans des pays subsahariens en 14 ans, renforçant ainsi la coopération entre le Royaume et le continent africain au niveau politique.