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Comment l’ajustement structurel a redéfini l’insertion des jeunes au Cameroun ?

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🏫 UNIVERSITÉ DE YAOUNDÉ - CENTRE DE RECHERCHE ET FORMATION DOCTORALE EN SCIENCES HUMAINES, SOCIALES ET ÉDUCATIVES - DÉPARTEMENT D’HISTOIRE
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - Mars 2023
🎓 Auteur·trice·s
Abdougani YOUMENI
Abdougani YOUMENI

L’accélération du processus d’insertion socioprofessionnelle des jeunes

La question de l’emploi et celle de la formation professionnelle ont connu des bouleversements pendant la période l’ajustement structurel. Au sortir de cette dernière, la population camerounaise se retrouve dans une sphère où trouver un emploi assez rémunéré est devenu une chimère pour beaucoup et où l’éducation n’est plus une garantie d’emploi. Pour ainsi rétablir ces équilibres, il est donc important d’accélérer le processus d’insertion socioprofessionnelle des jeunes qui passe par la révision des curricula de formation scolaire et académique d’une part et la promotion de l’initiative privée d’autre part.

La réorientation des curricula de formation scolaire et académique

Parler de la réorientation des curricula de formation scolaire et académique, revient à créer des canaux nécessaires aux apprenants dans les établissements secondaires et supérieures de pouvoir s’insérer facilement dans le monde de l’emploi au sortir de leur formation d’une part, et d’autre de sensibiliser au maximum les jeunes vers les filières existantes déjà qui octroient ces facilités.

Il faut dire ici, que le système éducatif et la pensée populaire orientent plus les apprenants vers les filières dont le but est d’être prédestinés à l’administration. Chief Pierre Mila Assouté rapporte que : « la dimension de notre système éducatif qui conduit à des cursus sans avenir professionnel qui plombe nos capacités de création des richesses à partir des forces de travail internes65« , autrement dit le système éducatif camerounais ne favorise pas un avenir professionnel permettant de créer des richesses sans avoir toujours autant besoin de l’aide extérieure.

Aussi, avec l’ajustement qui préconisait la réduction des charges de l’État sur l’éducation et aussi l’initiative étatique de la suppression des bourses universitaires, le monde éducatif s’est un peu fragilisé. Beaucoup de jeunes fréquentent juste parce qu’il faut fréquenter, « je poursuis les études universitaires parce que je n’ai pas encore trouvé quelque chose à faire ; même comme je ne sais pas ce que je vais faire avec ces études66« . Ainsi plongés dans un environnement où l’insertion professionnelle est devenue complexe, où le marché de l’emploi demande plus en plus des personnes qualifiées et expérimentées dans des domaines techniques spécifiques, om avoir une licence en sciences sociales, en sciences expérimentales, en lettres, en arts est synonyme de chômage, les Camerounais et les jeunes surtout ont du mal à subvenir à leurs besoins élémentaires. L’urgence de réorganiser le système éducatif s’impose.

D’emblée, une campagne de sensibilisation peut intervenir dans le but d’inviter les jeunes au choix massif des filières scolaires techniques telles que l’agriculture, étant l’une des activités essentielles dans le processus de développement et rentrant dans le secteur primaire. L’État pourrait donc multiplier des écoles de formation dans ce domaine comme ont été les cas de l’Institut Agricole d’Obala (ISAGO), l’École technique d’agriculture de Dibombari, l’Institut Supérieur des Sciences et Techniques Agricoles de Douala (ISSTAD).

Ainsi, il y aurait des techniciens prompts à exercer dans le domaine et cela permettrait de concrétiser la vision du Chef de l’État camerounais, « N’ayez pas peur de franchir le pas, soyez des entrepreneurs agricoles dont le Cameroun a besoin »67. Aussi, le choix des filières comme le bâtiment, l’électricité, l’électronique, la mécanique, et toutes les autres filières qui rentrent dans cette logique pourront permettre d’avoir des techniciens prompts à faire usage de leurs différentes techniques apprises pour la réalisation des multiples projets d’industrialisation, cela pourrait aussi réduire le taux d’aide étrangère en ressources humaines. L’État pourrait aussi créer des universités techniques pour approfondir les enseignements et la formation des élèves qui obtiennent des baccalauréats de techniciens. Ces universités techniques permettront au Cameroun de se doter des ingénieurs formés sur place, ainsi le phénomène de la fuite des cerveaux serait résolu.

Pour ce qui est des filières qui ne sont pas techniques, à l’instar des filières des facultés des sciences humaines (histoire, géographie, anthropologie, sociologie…), des lettres (français, anglais, espagnol, allemand…), des sciences (physique, chimie, mathématiques…), la promotion et la vulgarisation des licences professionnelles, des masters professionnels voire des doctorats professionnels, pourrait concourir au processus d’insertion professionnelle.

Ainsi, il y aurait plus uniquement des licences, des masters ou des doctorats académiques dont la vocation première est la fonction publique, mais aussi des ingénieurs des sciences, des sciences sociales et des lettres capables de s’auto-employer, ce qui permettrait de résoudre le problème du trop-plein d’effectif de demandeurs d’emploi à la fonction publique.

Dans le même ordre d’idées, les universités pourraient aussi inscrire dans ces facultés un programme d’enseignements des techniques managériales, de communication et de création d’entreprise.

67 Paul Biya, lors de son Message à la jeunesse du 10 février 2016, à l’occasion de la fête de la jeunesse, Jean Kana, « Le Chef de l’État appelle les jeunes à faire l’agriculture », https://www.lavoixdupaysan.net/le-chef-de-letat- appelle-les-jeunes-a-faire-lagriculture/, consulté le 24/08/2022 à 10h20min.

Programme qui ne se limiterait pas seulement au niveau master 1 comme c’est le cas des TCE (Techniques de Création d’Entreprise) à l’Université de Yaoundé I, mais enseigné dès la première année de licence. Avec ce programme, les jeunes pourront trouver des moyens de se créer des brèches d’emplois68, qui faciliteront leur formation sans gêne aux délais brefs, étant donné que le manque de financement ralentit souvent la recherche.

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65 Chief Pierre Mila Assouté, Le Cameroun change, Paris, L’Harmattan, 2008, p.9.

66 Anonyme, 22ans, étudiante, Yaoundé, le 17/08/2022.

67 Paul Biya, lors de son Message à la jeunesse du 10 février 2016, à l’occasion de la fête de la jeunesse, Jean Kana, « Le Chef de l’État appelle les jeunes à faire l’agriculture », https://www.lavoixdupaysan.net/le-chef-de-letat- appelle-les-jeunes-a-faire-lagriculture/, consulté le 24/08/2022 à 10h20min.

68 Référence à compléter.


Questions Fréquemment Posées

Comment l’ajustement structurel a-t-il affecté l’insertion socioprofessionnelle des jeunes au Cameroun ?

L’ajustement structurel a bouleversé la question de l’emploi et de la formation professionnelle, rendant difficile pour beaucoup de Camerounais de trouver un emploi rémunéré.

Pourquoi est-il important de réorienter les curricula de formation au Cameroun ?

La réorientation des curricula est essentielle pour permettre aux apprenants de s’insérer facilement dans le monde de l’emploi et de sensibiliser les jeunes aux filières qui offrent des opportunités professionnelles.

Quelles filières devraient être encouragées pour améliorer l’insertion des jeunes au Cameroun ?

Il est recommandé d’encourager les filières techniques telles que l’agriculture, le bâtiment, l’électricité, l’électronique et la mécanique pour former des techniciens capables de répondre aux besoins du marché de l’emploi.

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