L’innovation technologique au Maroc est cruciale pour atténuer les effets du changement climatique. Cette étude révèle comment les communautés rurales de Tiddas peuvent transformer leurs pratiques agro-pastorales face à des défis environnementaux croissants, offrant des solutions durables pour un avenir résilient.
2.2 STRATEGIES NATIONALES POUR L’ATTENUATION DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Le Maroc a entamé des actions de conservation des ressources naturelles, l’eau et le sol principalement. Menées sous l’égide des services forestiers et agricoles, lesquelles actions ont permis de régler localement des problèmes de dégradation, d’affronter des risques et menaces et de restaurer la qualité de certains terrains.
Mais globalement, la menace de dégradation reste présente ; les formes et les processus restent inquiétants qui ont même parfois tendance à s’étendre et à s’aggraver. Ainsi, le Maroc s’est doté, ces dernières années, de nouvelles stratégies à portées sectorielles pour atténuer l’effet de ces changements climatiques.
Depuis la signature de la Convention Cadre de Nations Unies sur les Changements Climatiques en 1992, Il s’est engagé dans la lutte contre le réchauffement climatique au niveau international, et a ratifié le Protocole de Kyoto en 2002. Bien que faible émetteur de gaz à effet de serre mais, en tant que pays aride et semi-aride, il est fortement impacté par le réchauffement climatique.
Pour souligner son adhésion totale à l’engagement pris en concert avec les autres nations, plusieurs plans, stratégies et programmes, ont vu le jour récemment sur l’environnement et le développement durable. Le processus de leur élaboration a donné lieu à une réflexion approfondie et holistique sur le diagnostic de la situation actuelle, l’identification des contraintes, et la définition d’une nouvelle approche de développement. (MDCE, 2016)
Certains de ces plans, stratégies et programmes ont une portée sectorielle clairement affichée et d’autres visent plutôt une mission horizontale de développement intégré. Une troisième catégorie regroupe des programmes transversaux s’inscrivant dans le cadre d’une politique de résorption du retard dans les domaines sociaux et donnant un contenu concret aux politiques de lutte contre la pauvreté. La concrétisation de cette stratégie globale devait être basée sur l’amélioration du niveau de vie des populations par la mise en œuvre des projets de développement agricoles intégrés, la mobilisation des ressources en eau de surface à travers l’édification de barrages et lacs collinaires, l’aménagement et l’amélioration des parcours, la lutte contre l’érosion hydrique et éolienne (ensablement), la conduite des actions en mesure de permettre une meilleure conservation des forêts et la création de parcs nationaux et des réserves biologiques.
Parmi les plans et stratégies ayant une portée rapprochée avec l’agriculture et les forêts, on peut citer :
- STRATEGIE NATIONALE DE L’EAU
Le Maroc a déployé de grands efforts dans la mobilisation des ressources en eau, et ces efforts seront poursuivis par la mobilisation de nouvelles ressources à grande échelle à travers la construction de nouveaux grands et petits barrages, le transfert Nord-Sud et la mobilisation des ressources en eau non conventionnelles. A cet effet, la SNE prévoit la réalisation d’une cinquantaine de grands barrages et 1000 petits barrages d’ici l’année 2030 ainsi que des projets pilotes de captage des eaux de pluie pour mobiliser des ressources en eau nouvelles.
Ainsi, la SNE prévoit l’accélération du rythme de mise en œuvre du programme national d’assainissement et d’épuration des eaux usées, du Programme National de Prévention et de Lutte contre la Pollution Industrielle, et du plan national de gestion des déchets ménagers et assimilés.
En matière de préservation des eaux souterraines, la stratégie prévoit la mise en place d’une gestion durable à travers le renforcement du système de contrôle et sanctions en cas de surexploitation, la limitation des pompages dans les nappes et le programme de recharge artificielle des nappes (MEMEE, 2016).
- PLAN MAROC VERT (PMV)
Le Pilier II du PMV adopte une approche proactive de la gestion des risques liés aux aléas climatiques, notamment la sécheresse à travers le respect de la vocation des terres et la diversification et l’intensification des activités agricoles. Les mesures préconisées par cette stratégie telles que les aides à l’investissement en matériel d’irrigation de complément, le renforcement des capacités techniques des décideurs et des producteurs.
Ainsi, des mesures d’accompagnement prévues, comme l’assurance multirisque et les nouveaux produits du crédit agricole, ont été développées dans le but de réduire et d’intégrer les impacts de la variabilité climatique. Il est certain que la mise en œuvre de ces mesures progressivement avec le cumul d’expériences et le réajustement continu permettra d’atténuer les impacts négatifs du changement climatique.
- PROGRAMME FORESTIER NATIONAL (PFN)
Le département des Eaux et Forêts et à la Lutte contre la désertification a élaboré le Programme forestier national (PFN) qui trouve ses fondements dans les recommandations de la Conférence des Nations Unies pour l’Environnement et le Développement (CNUED) en juin 1992. Ce programme est basé sur une réflexion profonde et sur des études sectorielles préparées par le HCEFLCD, durant les années 90.
Ces études ont été synthétisées, complétées et mises en cohérence pour élaborer une stratégie de développement, à moyen et à long terme, du secteur forestier. Parmi ces études on peut citer : les actes du colloque national sur les forêts (MAMVA, 1996) ; l’Inventaire forestier national (1994) ; Le Plan directeur de reboisement (1996) ; le Plan national d’aménagement des bassins versants (1995), l’Etude sur les aires protégées (1995), etc.
Le PFN, qui constitue un outil stratégique au service de la foresterie nationale, trouve ses fondements dans trois approches : patrimoniale, territoriale et participative. Il est destiné à conduire et inverser le processus de dégradation de l’espace forestier et se propose d’atteindre les objectifs prioritaires suivants 1) la protection des sols et la régularisation des eaux ; 2) le développement socio-économique des populations rurales ; 3) la protection de la biodiversité ; 4) la production de bois pour l’industrie et l’artisanat et la production de service pour les populations urbaines.
Par ailleurs, la forêt marocaine constitue un patrimoine riche et diversifié, soumise à de multiples pressions naturelles et anthropiques et menacée par divers phénomènes dont la désertification qui affecte de grandes étendues et s’intensifie avec le climat aride. Pour faire face à ces pressions, le Maroc a mis en place plusieurs plans, stratégies et programmes qui ont eu une grande contribution dans le maintien de la capacité adaptative des écosystèmes et leur résilience, notamment :
- Plan Directeur de Gestion Conservatoire des Terres en Zones Pluviales (1994) ;
- Plan Directeur des aires Protégées (1995) ;
- Stratégie de Développement des Terres de Parcours (1995) ;
- Plan Directeur de Reboisement (1996) ;
- Plan National d’Aménagement des Bassins Versants (1997) ;
- Plan Directeur de Lutte Contre les Incendies de Forêts (2001) ;
- Stratégie Nationale de Surveillance et de Suivi de la Santé des Forêts (2008) ;
- Stratégie Nationale de Développement des Forêts Urbaines et Périurbaines (2009).
PLAN D’ACTION NATIONALE DE LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION (PANLCD)
L’action de l’Etat a évolué vers une planification territoriale intégrée traduite récemment dans le cadre du Plan d’Action Nationale de Lutte contre la Désertification actualisé (PANLCD, 2012) qui vise principalement à gérer durablement les ressources naturelles en réduisant la pression humaine, à assurer une meilleure connaissance des phénomènes de désertification et de dégradation des terres.
Le PANLCD élaboré en juin 2001 pour renforcer les efforts et la mobilisation des moyens pour la lutte contre la désertification tout en intégrant les stratégies d’éradication de la pauvreté dans les efforts de lutte contre la désertification. Dans sa configuration actuelle, le programme est déployé au niveau territorial, dans huit zones homogènes, avec des interventions concrètes de terrain et des perspectives à court et moyen termes arrêtées. La mise en œuvre du programme PAN-LCD comporte l’évaluation des projets et des mécanismes, l’utilisation d’indices de sensibilité à la désertification et à la dégradation des terres et un dispositif de suivi-évaluation.
Par ailleurs, il y a lieu de noter que les principes retenus pour ce plan d’action sont de privilégier les mesures susceptibles de compléter les programmes sectoriels existants, de catalyser leur mise en œuvre et de promouvoir une véritable dynamique de développement rural basée sur l’intégration, la territorialisation, le partenariat et l’approche participative. Pour ce faire, les actions préconisées en amont ou en aval concernent les domaines suivants (Ghanam M., 2003) :
1) Appui et accompagnement du processus de LCD : qui vise essentiellement le renforcement de l’environnement politique, législatif et institutionnel ainsi que des capacités des acteurs.
2) Appui aux initiatives génératrices des revenus : Ce deuxième groupe d’actions a trait à l’expérimentation de nouveaux modèles de développement participatif et le développement de micro crédit pour le financement de l’investissement local.
3) Actions de LCD et d’atténuation des effets de la sécheresse : qui comprend, entre autres actions, le développement intégré de zones forestières et péri forestières pilotes, la création des forêts villageoises et des rideaux de brise-vents ainsi que la promotion de la collecte des eaux pluviales et des énergies renouvelables.
4) Renforcement des connaissances et des systèmes d’observations : qui, enfin, regroupe des actions orientées vers l’inventaire des ressources naturelles, le renforcement du réseau de surveillance écologique, la mise en place d’un observatoire de la sécheresse et le suivi – évaluation d’impacts des programmes.
2.3 CONCLUSION
Les principales manifestations de la vulnérabilité de la forêt aux impacts du changement climatique s’expriment sous forme de dégradation, dysfonctionnement et transformation des écosystèmes forestiers par la perte de leur richesse en biodiversité. Par ailleurs, on relève une nette diminution de la santé voire le dépérissement des écosystèmes forestiers fragiles, et une forte augmentation des incendies de forêt.
La dégradation provient généralement de la pression anthropique, des sécheresses prolongées ou d’attaques parasitaires. Elle constitue un processus progressif induisant une diminution de la productivité et de la valeur du capital forestier dans son rôle de production, de biens et de services, de régulateur écologique et de patrimoine génétique.
Le changement climatique et ses effets induits, en affectant les écosystèmes forestiers, exigent une meilleure compréhension de leur fonctionnement pour la mise en œuvre de politiques efficaces de gestion, d’autant que les changements comportementaux des populations ont exacerbé ces bouleversements, entraînant une désarticulation des systèmes de production et des fondements sociétaux multiséculaires.
Du fait de son engagement international, le Maroc a élaboré plusieurs stratégies et programmes, depuis la signature de la Convention Cadre de lutte contre les changements climatiques de RIO (1992) et la ratification du Protocole de Kyoto en 2002. Par ailleurs, les mesures à entreprendre devraient s’adosser sur une approche régionale dans une perspective de cogestion communautaire. Les problèmes de gestion, de recherche et de conservation des ressources naturelles et forestières devraient également s’inscrire dans une triple dynamique de durabilité :
∙ Une durabilité institutionnelle : les institutions en place suffisamment efficientes, un ancrage stable, un mode de gestion des ressources transparent pour renforcer la confiance des acteurs sur le long terme ;
∙ Une durabilité socio-économique : les niveaux de contribution financière fixés de manière efficace, l’environnement économique (structurel et conjoncturel) commande une dynamique dans le terme (l’amélioration du niveau de vie des populations par la mise en œuvre des projets de développement agricoles intégrés, création des activités génératrices des revenus, etc.) ;
∙ Une durabilité environnementale : l’état de la ressource et l’exploitation en mesure d’appuyer, sur le long terme, la pérennité des investissements et la stabilité des communautés bénéficiaires (création de parcs nationaux et des réserves biologiques, la promotion des énergies renouvelables, etc.).
Questions Fréquemment Posées
Quelles sont les stratégies nationales du Maroc pour atténuer les changements climatiques ?
Le Maroc a mis en place plusieurs stratégies pour atténuer les changements climatiques, notamment des actions de conservation des ressources naturelles, des plans sectoriels et des programmes de développement durable.
Comment le Maroc mobilise-t-il ses ressources en eau ?
Le Maroc mobilise ses ressources en eau par la construction de nouveaux barrages, le transfert Nord-Sud et des projets pilotes de captage des eaux de pluie, avec l’objectif de réaliser une cinquantaine de grands barrages d’ici 2030.
Quel est l’objectif du Plan Maroc Vert (PMV) ?
Le Plan Maroc Vert adopte une approche proactive de la gestion des risques liés aux aléas climatiques, notamment la sécheresse, à travers le respect de la vocation des terres et la diversification des systèmes de production.