Les implications politiques de l’irrigation à Maury révèlent des dysfonctionnements surprenants dans la gestion de l’eau. Cette étude met en lumière les lacunes techniques de l’Association des Irrigants de Maury, essentielles pour une réforme efficace et durable du système d’irrigation.
Gestion administrative
L’administration de l’association est assurée par le CG. Le CG nouvellement élu met en place une commission spécifique à l’administration au niveau de l’association. Ce point présente le personnel et les biens de l’association.
Personnel
Le CG recrute trois vanniers sur le périmètre par année servant aussi de policiers d’eau pour la distribution de l’eau en fonction de leurs aptitudes à faire le travail. Ces vanniers contrôlent aussi le désordre, empêchent ceux qui ne paient pas les redevances de recevoir l’eau, etc. Quand ils sont dépassés, ils sont épaulés par le CG qui supervise leur travail.
Des usagers enquêtés prétendent que la distribution de l’eau n’est pas toujours équitable. D’après eux, les vanniers prennent de l’argent de quelques usagers et ces derniers sont prioritaires lors des distributions. D’autres affirment que les tâches restent sur le papier, car les vanniers sont inefficients et/ou affichent un comportement de découragement dans l’accomplissement de leurs tâches.
Cela est dû à la façon de les choisir et/ou à l’irrégularité dans le paiement.
Le comité de gestion prépare un contrat dans lequel il définit les tâches des vanniers. Le contrat est préparé pour un an renouvelable. On utilise le service des vanniers pendant cinq mois de l’année et chaque vannier reçoit une somme de deux mille cinq cents (2,500.00) gourdes par mois, somme venant des redevances et/ou des services des motoculteurs.
Les biens de l’association
L’organisation ne dispose pas de son propre local. Elle est hébergée dans la localité de Désarmes dans une maison qu’elle a louée. C’est dans ce local que les réunions du comité de gestion se réalisent. C’est aussi dans ce local que se trouve les archives de l’association et ses biens, sauf les motoculteurs. Les biens que dispose l’association sont les suivants :
- Deux motoculteurs ;
- Une motocyclette ;
- Une génératrice de marque MAXIMA et de capacité 3,000 watts ;
- Des outils agricoles comme piquoi, pèle, râteau, brouette, houe et machette ;
- Des matériels de bureau :
- Un ordinateur ;
- Une vingtaine de chaise en bon état ;
- Une table de réunion ;
- Un classeur métallique ;
- Une photocopieuse ;
- Une imprimante ;
Pour les assemblées générales de l’association et des comités de secteur, on emprunte généralement des locaux de l’église au niveau de la communauté.
Les archives sont gérées par le CG. Un personnel formé dans ce domaine et qualifié se révèle nécessaire pour une meilleure gestion des archives de l’association.
Gestion financière
Les éléments de gestion financière que nous allons analyser sont les sources de financement, le budget, les redevances, la gestion de compte bancaire et les rapports financiers.
Sources de financement
Les fonds de l’AIM proviennent des redevances, des services offerts par les motoculteurs tant qu’ils sont en service et des dons d’autres organismes. Des organismes comme FAO, ODD, CECI et MCC ont l’habitude d’apporter leur soutien à l’association.
Dans le temps, les usagers payaient une taxe d’irrigation qui n’était plus payée après 1986. En 2009, les redevances ont été instaurées. Bien que faible, l’AIM a perçue des recouvrements de 22.5, 33.75 et 15% respectivement durant les trois premières années. Le montant est nul pour l’année dernière. Cette absence est due à un manque de rigueur de l’AIM à forcer les usagers à payer. Si cette tendance persiste, le périmètre ne pourra plus compter sur cette source de financement plus stable et plus sûre.
Avant 2010, FAO avait l’habitude de distribuer des semences comme le haricot, le petit-mil, le pois congo et le chou de qualité à moitié prix et des outils agricoles comme le piquoi, la serpette, la machette, la houe, la pelle, etc. Selon les usagers, pour des raisons politiques, ceci n’a pas eu lieu depuis cette année. Les seuls bénéficiaires étaient toujours les membres des comités de secteur en raison de la faible quantité. Ces semences n’excèdent jamais une demi-tonne. Parfois, lors des curages, des organismes comme CECI, MCC et ODD assistent l’association à travers leur aide en argent, soit pour s’approvisionner en nourriture pour les gens participant dans les travaux, soit pour leur donner un petit sou.
Budget
Le comité de gestion ne calcule pas de budget de fonctionnement pour l’association. Il n’y a aucune prévision en ce qui à trait aux dépenses et rentrées d’argent.
Redevance
Les redevances ont été fixées à 300 gourdes par carreau, soit 3 gourdes par centième et par an depuis janvier 2009 sans être modifiées jusqu’à date. La période retenue pour la collecte des redevances va de décembre à mars, car cette période est considérée comme période critique pour les usagers. Ces derniers paient cash et on leur donne un simple reçu de paiement. On ne dispose pas de bordereau lors de la collecte. On utilise généralement un mégaphone pour annoncer le
moment de paiement et les dates limites. On décide le plus souvent de ne plus distribuer l’eau aux usagers qui refusent de payer, ce qui entraine le plus souvent des cas de vols d’eau, d’où conflits entre usagers et CG et entre usagers eux-mêmes. En général, cette action n’est que passagère et la majorité des usagers ne paient pas les redevances. L’évolution de la collecte des redevances de 2007, date de fondation de l’AIM, à nos jours se présente dans le tableau suivant.
Tableau 9 : Évolution de la collecte des redevances de 2007 à nos jours
Tableau 9 : Évolution de la collecte des redevances de 2007 à nos jours | |
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Année | Collecte des redevances |
2007 | Données à compléter |
2008 | Données à compléter |
2009 | 22.5% |
2010 | 33.75% |
2011 | 15% |
2012 | 0% |
Pour la dernière période, les membres du CG prend beaucoup de prétexte pour expliquer pourquoi les redevances n’ont pas été collectées, comme le débit faible au niveau du réseau et le manque d’implication des autorités. Il s’agit de préférence d’un manque de suivi dans les décisions de la part des membres du comité, les sanctions sont faiblement appliquées. Le tableau suivant présente le pourcentage des redevances des dépenses consenties pour les différentes cultures.
Tableau 10 : Pourcentage des redevances des dépenses consenties pour les cultures
Tableau 10 : Pourcentage des redevances des dépenses consenties pour les cultures | |
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Culture | Pourcentage des dépenses |
Haricot | 0.40% |
Riz | 0.23% |
Maïs | 0.52% |
Banane | 0.92% |
Canne-à-sucre | 1.23% |
Le pourcentage des redevances des dépenses consenties pour la campagne pour les principales cultures pratiquées sur le périmètre montre que les usagers pourraient payer les frais de redevances sans grande difficulté, car la redevance d’irrigation ne représente que 0.40%, 0.23%, 0.52%, 0.92% et 1.23% des dépenses réalisées respectivement pour le haricot, le riz, le maïs, la banane et la canne-à-sucre.
Donc, le problème de refus de payer doit se trouver ailleurs, comme dans l’incapacité des responsables de l’AIM à bien organiser et contrôler la collecte des redevances. Il faut noter que les membres du CG décident de cotiser cette année pour couvrir une partie du montant des redevances qu’ils devaient collecter dans l’objectif de payer le local de l’association, ce qui est vraiment absurde, car les redevances sont perçues pour ces genres de dépenses.
Ceci fait voir un certain niveau d’handicap en ce a trait à la collecte des redevances.
Gestion de compte bancaire
L’association dispose d’un compte à la Caisse Populaire de Désarmes (Kès Popilè Dezam : KPD) et les démarches sont en cours pour ouvrir un compte à la Banque Nationale de Crédit (BNC).
Rapports financiers
Le comité de gestion prépare généralement un rapport annuel dans lequel est inclut les rapports de toutes les activités réalisées au cours de l’année en question pour pouvoir le présenter aux usagers lors de l’AG. C’est un rapport dans lequel on présente de façon globale les rubriques avec leurs rentrées et sorties qui ont été faites au cours de l’année en question et il se trouve dans le même cahier que le CG prépare les ordres du jour et les procès verbaux de leurs rencontres hebdomadaires. Les documents administratifs et comptables comme facture, proformat, bordereau, etc. sont inexistants au niveau de l’association.
Questions Fréquemment Posées
Quels sont les principaux dysfonctionnements du système d’irrigation à Maury?
L’étude identifie des dysfonctionnements techniques et organisationnels, notamment un manque de capacité technique pour établir des horaires d’irrigation et collecter les redevances.
Comment l’Association des Irrigants de Maury gère-t-elle ses ressources financières?
Les fonds de l’AIM proviennent des redevances, des services offerts par les motoculteurs et des dons d’autres organismes comme la FAO et le MCC.
Quel est le rôle des vanniers dans la gestion de l’irrigation à Maury?
Les vanniers contrôlent la distribution de l’eau, empêchent ceux qui ne paient pas les redevances de recevoir de l’eau et sont supervisés par le comité de gestion.