Les implications politiques de la pollution des eaux de la rivière Mura révèlent des enjeux cruciaux pour la santé publique et l’environnement. Cette étude met en lumière des données alarmantes sur la contamination métallique, tout en proposant des solutions innovantes pour la réhabilitation du site, essentielles pour l’avenir de la région.
TROISIEME CHAPITRE. ETUDE DE LA CONTAMINATION DES
EAUX DE LA RIVIERE MURA
III.1 Introduction
Il sera ici question de présenter, d’une part, le déroulement des travaux de terrain et de Laboratoire visant à évaluer la pollution du site de Mura, les résultats obtenus, leur traitement et interprétation et, d’autre part, de proposer les remèdes visant la restauration dudit site.
III.2. Caractères socio-économiques
Notre site d’étude longe une rivière du nom de Mura, qui par sa présence permet à la population riveraine à se baigner et à faire quelques travaux de lessivage (fig. III.1). Malheureusement cette rivière parait être polluée par les entreprises de la place qui y laissent couler certains rejets miniers; d’où la source de certaines maladies, telles que les diarrhées.
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Figure III.1. Baignade et lessivage dans la rivière Mura par la population du village Pain pelé
III.3. Localisations des stations à l’étude
Les différentes stations de prélèvement de la zone d’étude sont présentées à la
Figure III.2 avec des flèches indiquant chaque station.
Station MD1 : cette station est située en amont comme référence juste à côté de l’entreprise Kai Peng Mining
Station MD2 : cette station se trouve au niveau de la société Afridex
Station MD3 : la station MD3 présente la partie convexe comme référence au niveau de la station pompage de Mura
Station MD4 : cette station est l’intermédiaire entre partie convexe et concave de la rivière Mura
Station MD5 : La station MD5 présente la partie concave et cette station est en aval de la rivière Mura
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MD1
MD2
MD3
MD4
MD5
Figure III.2 : Carte de géolocalisation des stations d’étude de la rivière Mura
III.4. Echantillonnage
Les échantillons d’eau ont été prélevés à l’aide des bouteilles en plastique de 350 ml (fig. III.1). Pour récolter l’échantillon d’eau, des prélèvements d’eau ont été réalisés pendant deux périodes climatiques caractéristiques de la zone d’étude :
- Période sèche : les prélèvements ont été effectués en Novembre 2019 ;
- Période humide : les prélèvements ont été effectués en Janvier 2020.
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Figure III.3 : Aspect visuel des échantillons d’eau
III.4.1. Méthodologie de terrain pour le prélèvement des échantillons d’eaux
Les échantillons d’eau ont été prélevés dans des bouteilles en plastique de 350 ml préalablement nettoyées.
Les différents prélèvements d’eau ont été réalisés dans les berges des cours d’eau, qui sont des endroits calmes, à 5 distances différentes sur la largeur afin d’avoir un échantillon représentatif de la station. Tous les échantillons ont été transportés rapidement vers le laboratoire Gécamines EMT afin d’être conservés à 4°C et à l’obscurité avant analyse.
III.4.1.1 Matériel à prélever
Eaux
Les eaux de la rivière Mura avant et après les différentes usines de traitement de minéraux évacués dans la rivière Mura constituent le matériel sur lequel des mesures au laboratoire seront effectuées.
Le matériel d’échantillonnage comprend :
- Cinq récipients d’eau pour le prélèvement les différents endroits tout le long de la rivière Mura ;
- Un Gobelet ;
- Une perche.
III.4.1.2. Matériel de terrain
On a eu recours à un matériel de terrain constitué de :
- Un carnet de terrain
- Un crayon
- Des marqueurs
- Des étiquettes
- Un Décamètre.
III.4.2. Mode de prélèvement des échantillons
Les cinq échantillons d’eau ont été prélevés sur une distance d’environ 1500 mètres, et de la manière suivante de l’amont à l’aval: la première station est en amont au niveau de Kai Peng Mining, la deuxième au niveau de la société Afridex, la troisième est située dans la partie convexe du cours d’eau, la quatrième station la partie intermédiaire et enfin la dernière station est dans la partie concave.
III.5. Préparation et analyse des échantillons
Les échantillons d’eau ont subi une digestion acide simple, conformément aux méthodes standards pour l’examen des eaux potables et usées. Un volume de 10 ml de chaque échantillon d’eau préalablement acidifié est placé dans une éprouvette à laquelle est ajouté un volume de 0,5 ml d’acide nitrique ultra pur (concentration résiduelle en ETM < 10 ppb). Puis les éprouvettes sont mises dans un bloc chauffant à 105°C sous une hotte pendant 2h sans atteindre l’ébullition. Une fois refroidies, les éprouvettes sont diluées à 10 ml avec de l’eau ultra-pure type I ASTM puis stockées à 4°C en attendant les analyses.
Les échantillons d’eau prélevés dans la rivière ont été conservés au froid et ont été envoyés au laboratoire d’analyses chimiques de la Gécamines EMT. Les analyses des échantillons d’eau ont été réalisées à l’aide du Spectromètre d’absorption atomique (fig. III.4) suivant le mode opératoire ci-après :
- Prendre aliquote (15ml- 20ml) de l’échantillon dans un tube à essai ;
- Mettre sur le rock, les tubes contenant les échantillons ;
- Lecture à l’instrument des paramètres demandés (Cu, Co, Fe, Pb et Zn) ;
- Les éléments à lire sont atomisés dans une flamme de l’ordre de 2400cc- 2500cc selon le principe de Beer-Lambert ; – Lecture des valeurs des éléments à l’ordinateur.
Pour chaque échantillon l’appareil a réalisé 100 réplicats de mesure. Des standards ont été utilisés afin de vérifier la fiabilité des analyses : les deux standards 1640 a et le SLRS 6 pour les eaux et le standard 1646 a pour les sols dont les pourcentages de récupération varient entre 50 et 100% en fonction de l’élément dosé.
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Figure III.4. Image du Spectromètre d’absorption atomique d’EMT
III.6. Présentation, traitement et analyse des résultats (évaluation de la pollution éventuelle)
Cinq échantillons ont été prélevés le long de la rivière Mura au mois de Janvier 2020, les résultats d’analyses sont présentés dans le tableau III.1.
Tableau III.1. Résultats d’analyses chimiques des échantillons d’eau de la rivière Mura en mg/l
Tableau III.1. Résultats d’analyses chimiques des échantillons d’eau de la rivière Mura en mg/l | |
---|---|
Parameter/Criteria | Description/Value |
Cuivre | Résultats d’analyses |
Fer | Résultats d’analyses |
Plomb | Résultats d’analyses |
Zinc | Résultats d’analyses |
Législation minière congolaise et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour essayer d’élucider de manière objective la pollution.
Le tableau III.2 ci-après présente les différentes normes :
Tableau III.2. Normes de potabilité de l’eau (mg/l) selon l’OMS et la norme congolaise
Tableau III.2. Normes de potabilité de l’eau (mg/l) selon l’OMS et la norme congolaise | |
---|---|
Parameter/Criteria | Description/Value |
Norme OMS | Valeurs |
Norme RDC | Valeurs |
Il ressort de ce tableau que la norme de l’OMS est supérieure à celle de la RDC, et donc moins contraignante, pour Cu et Fe.
III.7. Interprétation des résultats
Nous présentons aux tableaux III.3 à III.7 et aux figures III.5 à III.9 la comparaison de nos résultats aux normes congolaises pour les différents éléments analysés.
Cuivre
Tableau III.3. Comparaison du Cuivre par rapport à la norme congolaise
Tableau III.3. Comparaison du Cuivre par rapport à la norme congolaise | |
---|---|
Parameter/Criteria | Description/Value |
Cuivre | Valeurs |
Fer
14
11,6
12
10
8
6
4
Fe mg/l
Norme RDC mg/l
2
2
0,6
2
2
2
2
0,01
0,01 0,01
0
-2
0
1
2
3
4
5
6
N° d’echantillon
Axe de Teneur
Tableau III.4. Comparaison du Fer par rapport aux normes congolaises | |
---|---|
Parameter/Criteria | Description/Value |
Fer | Valeurs |
Figure III.5. Comparaison des résultats du cuivre par rapport à la norme congolaise
1,6
1,4
1,2
1
1,5
1,5
CUIVRE
1,5 1,5 1,5
0,8
Cu mg/l
0,6
Norme RDC mg/l
0,4
0,2
0
0 1 2 3 4 5 6
N° d’echantillon
Teneur Cuivre
Pour le cas du cuivre, le résultat d’analyse montre que la norme congolaise, qui est moins contraignante que celle de l’OMS, est largement supérieure aux teneurs obtenues sur nos échantillons prélevés. Ceci démontre que le cuivre dans cette eau n’influe pas beaucoup sur la pollution.
Fer
Tableau III.4. Comparaison du Fer par rapport aux normes congolaises
Tableau III.4. Comparaison du Fer par rapport aux normes congolaises | |
---|---|
Parameter/Criteria | Description/Value |
Fer | Valeurs |
Figure III.6. Comparaison du Fer par rapport aux normes congolaises
Pour le cas de Fer, le résultat d’analyse montre qu’en amont, les normes congolaises et de l’OMS présentent une moindre proportion par rapport à celle de l’échantillon MD5 en aval, qui est le seul anomalique. Ceci déduit une forme de contamination qui évolue de l’amont vers l’aval.
C. Plomb
Tableau III.5. Comparaison du Plomb par rapport aux normes congolaises
PLOMB
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
Pb mg/l
Norme RDC mg/l
0,1
0
0
1
2
3
4
5
6
N° d’echantillon
Tableau III.5. Comparaison du Plomb par rapport aux normes congolaises | |
---|---|
Parameter/Criteria | Description/Value |
Plomb | Valeurs |
Figure III.7. Comparaison du plomb par rapport aux normes congolaise
Axe de Teneur
Pour le cas du Plomb, le résultat d’analyse montre qu’en amont l’échantillon MD1 a une proportion supérieure à la norme de l’OMS qui est plus contraignante que la norme congolaise. Ainsi en référence à l’OMS, l’amont est pollué et l’aval est juste à la limite. On doit relever que le plomb est moins soluble dans l’eau, raison pour laquelle sa teneur est plus élevée à l’amont. Mais par rapport à la norme congolaise, les 5 échantillons d’eau ne sont pas pollués.
Zinc
Tableau III.6. Comparaison du Cuivre par rapport aux normes congolaises
ZINC
140
120
100
80
60
40
Zn mg/l
Norme RDC mg/l
20
0
0
1
2
3
4
5
6
N° d’echantillon
Tableau III.6. Comparaison du Zinc par rapport aux normes congolaises | |
---|---|
Parameter/Criteria | Description/Value |
Zinc | Valeurs |
Figure III.8. Comparaisons du plomb par rapport aux normes de la RDC
Axe de Teneur
Pour le cas de Zinc, en rapport avec la norme congolaise, le résultat d’analyse montre un comportement variable, avec une forte concentration en amont (MD1), dans la partie intermédiaire (MD3) et en aval (MD5). Il en va de même pour la norme de l’OMS qui est encore plus exigeante.
III.8. Remèdes préconisés
Les eaux usées constituent un contaminant au sens de la Loi sur la qualité de l’environnement. Non traitées ou mal traitées, elles présentent un risque pour la santé publique, pour la contamination des eaux destinées à la consommation et pour les eaux superficielles ainsi qu’une menace à l’équilibre écologique. Selon l’Organisation mondiale de la santé, « une évacuation hygiénique des excrétas et des déchets liquides qui ne comporte aucun danger pour la communauté doit être l’objet fondamental de tous les programmes d’assainissement ».
L’assainissement des eaux usées consiste à traiter les eaux en vue de les retourner à l’environnement sans danger pour la santé publique et l’environnement. L’assainissement est qualifié d’autonome lorsqu’il vise des bâtiments qui ne sont pas desservis par des équipements communautaires pour la collecte et le traitement.
L’assainissement autonome se fait au moyen d’ouvrages individuels situés à l’intérieur des limites de chaque lot et la responsabilité en matière de construction, d’utilisation et d’entretien relève du propriétaire. En général, les bâtiments sont des habitations ou d’autres bâtiments qui rejettent exclusivement des eaux usées domestiques.
Par opposition, l’assainissement collectif désigne celui où les bâtiments sont reliés à des réseaux de collecte raccordés à des systèmes de traitement centralisés. En général, la construction, l’utilisation, l’entretien et le suivi relèvent des administrations publiques.
III.9. Conclusion partielle
La comparaison de nos résultats aux normes de la RDC et de l’OMS met en évidence que le cuivre n’impacte pas négativement sur l’eau, le fer est anomalique à l’aval, le plomb affiche, par rapport à l’OMS et non par rapport à la RDC, une pollution à l’amont. Quant au zinc, on observe en référence aux deux normes des résultats identiques, c’est-à-dire une forte concentration en amont (MD1), dans la partie intermédiaire (MD3) et en aval (MD5).
Il ressort de tous ces résultats que des précautions utiles doivent être prises pour protéger l’eau de la rivière Mura et la population riveraine qui l’utilise et la consomme.
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Questions Fréquemment Posées
Quels métaux traces sont étudiés dans la contamination de la rivière Mura ?
L’étude vise à vérifier la pollution par des métaux traces tels que le plomb, le cuivre, le cobalt, le fer et le zinc.
Quelles sont les sources de pollution identifiées le long de la rivière Mura ?
Les sources de pollution incluent les rejets miniers des entreprises de la place, ainsi qu’une ancienne décharge municipale.
Quelles méthodes sont proposées pour la réhabilitation environnementale du site affecté ?
La recherche propose des méthodes de phytoremédiation pour la réhabilitation environnementale du site affecté par les activités minières et anthropiques.