Quelles implications politiques face à la crise écologique de 2023 ?

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🏫 Université Catholique du Congo - Faculté de Théologie
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Licencié (Master/LMD) - 2018-2019
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Les implications politiques de l’écologie révèlent un paradoxe troublant : la crise écologique actuelle est enracinée dans l’anthropocentrisme du christianisme occidental. Cette recherche propose des approches novatrices, inspirées de Saint François d’Assise, pour rétablir l’harmonie entre l’homme, la nature et le Créateur.


La détérioration de la qualité de vie humaine et la dégradation sociale

L’un des signes évidents de la crise écologique est la détérioration de la qualité de vie humaine. L’on constate que certains milieux humains sont devenus invivables non seulement à cause de la pollution, « mais aussi à cause des chaos urbains, de problèmes de transport, de la pollution visuelle et sonore »131.

La dégradation sociale se manifeste surtout à travers « l’exclusion sociale, la fragmentation sociale, l’augmentation de la violence, le narcotrafic et la consommation croissante de la drogue ainsi que la perte d’identité »132. Ce sont des signes indiquant que la croissance économique n’est pas toujours accompagnée par une amélioration de la qualité de vie.

Ces signes sont les symptômes d’une vraie dégradation sociale et d’une rupture des liens de communion sociale.

En rapport avec la qualité de vie, le Pape François ne manque de viser dans son encyclique les moyens de communication sociale et du monde digital. Selon lui, « leur omniprésence ne favorise pas le vivre avec sagesse, de penser en profondeur et d’aimer avec générosité »133. La vraie sagesse, fruit du dialogue et de la rencontre généreuse, ainsi que les relations interpersonnelles se trouvent obscurcies par la pollution mentale due à l’accumulation des informations.

Les inégalités planétaires.

Bien que les effets de la crise écologique se fassent sentir en principe à l’échelle planétaire, ce sont les plus pauvres de la planète qui, en fait, en payent le gros prix. A titre d’exemple, le Pape François estime que « l’épuisement des réserves de poissons nuit spécialement à ceux qui vivent de la pêche artisanale, la pollution de l’eau touche particulièrement les plus pauvres qui n’ont pas de possibilité d’acheter de l’eau […] »134.

Alors que les plus pauvres constituent la majeure partie de la planète, ils sont souvent relégués à la dernière place dans les débats économiques et politiques, tant nationaux qu’internationaux. Cela est souvent dû au fait que les décideurs se trouvent loin de ce pauvres, vivant dans les zones urbaines isolées.

Bien pire, au lieu de résoudre les problèmes des plus démunis, certains se contentent de proposer une réduction de natalité. « La pression internationale sur les pays en développement ne manque pas, conditionnant les aides économiques à certaines

politiques de santé reproductive »135. Pour le Pape François, accuser l’augmentation de la population et non le consumérisme extrême et sélectif de certains, est une façon de ne pas affronter les problèmes. Certes, la répartition inégale de la population et des ressources disponibles crée des obstacles à l’utilisation durable de l’environnement. Cependant, aux yeux du Pape, « il faut reconnaitre que la croissance démographique est pleinement compatible avec un développement intégral et solidaire »136.

L’inégalité affecte aussi les relations entre les nations. Les déséquilibres commerciaux entraînent des nombreuses conséquences écologiques. Les exportations de diverses matières premières pour satisfaire les marchés du Nord industrialisé ont causé des dommages sans précédent dans le pays du Sud. Et dans le même temps, le réchauffement causé par l’énorme consommation en énergie de certains pays riches a des conséquences sur les pays pauvres surtout en Afrique.

Il faut considérer aussi les dégâts causés aux pays du Sud par l’exportation des déchets toxiques et les activités polluantes des entreprises. A la fin de leur activité, « ces entreprises laissent souvent derrière elles de graves revers humains et environnementaux tels que le chômage, des populations sans vie, l’épuisement des ressources naturelles, la déforestation, l’appauvrissement de sols, de cratères, de fleuve contaminé, etc.

»137. En fait, « les peuples des pays en voie de développement où se trouvent les plus importantes réserves de la biosphère continuent d’alimenter le développement des pays les plus riches au prix de leur présent et de leur avenir »138.

Le poids des réponses inappropriées.

Certaines mesures prises par la société humaine pour résoudre les problèmes écologiques deviennent souvent à leur tour des facteurs de la propagation et de l’aggravation de la crise elle-même. Ces mesures de lutte contre la crise écologique servent au fait à son intensification. « Cette lutte inappropriée ne fait que banaliser la crise en la réduisant à une menace passagère contre l’environnement ou à des effets secondaires regrettables de la technologie moderne »139. L’on sous-estime ainsi l’ampleur de la crise écologique tout en supposant la résoudre par les seuls moyens techniques. La conséquence de cette idéologie se fait sentir dans l’apathie et le relativisme croissant face ou dépérissement de la nature.

Le Pape François constate que malgré quelques efforts isolés dans certaines régions en vue de l’amélioration de l’environnement, c’est surtout « une écologie superficielle et apparente qui se développe et qui tend à consolider un certain assoupissement et une joyeuse irresponsabilité »140. Précisément, c’est l’indifférence généralisée en matière écologique qui caractérise l’homme contemporain.

Pour beaucoup, « au-delà de quelques signes visibles de pollution et de dégradation tant environnementale que social, il semble qu’ils ne soient pas si graves et que la planète pourrait subsister encore longtemps »141. Ce comportement évasif permet aux hommes de continuer à maintenir leur style de vie, de production et consommation.

C’est une manière pour l’homme de justifier « ses vices autodestructifs en essayant de ne pas voir, en luttant pour ne pas les reconnaître et retarder ainsi les décisions importantes et en agissant comme si rien n’était »142.

La position d’un courant appelé climato-scepticisme est un bon exemple de ce relativisme grave en matière écologique. Bien qu’il ne soit ni une théorie scientifique ni une doctrine au sens classique du terme, ce courant développe « un argumentaire dont l’objet est de relativiser ou de nier la réalité du changement climatique en cours, la nature de ses causes anthropiques, la magnitude de ses effets, sur les sociétés humaines et l’ensemble du système Terre »143.

Sa naissance est à situer aux Etats-Unis à la fin des années 1980, et il a été surtout soutenu par trois physiciens américains, à savoir ; Robert Jastrow, Frederick Seitz et William Nierenberg. « Depuis le début des années 2000 et avec un succès variable selon les pays, le climato-scepticisme s’est imposé dans les médias, les mondes des affaires et de la politique comme une alternative à la théorie standard du climat »144.

Il faut cependant reconnaître que ce mouvement hostile à la règlementation climatique ne procède pas d’une démarche scientifique ou d’un constructivisme réfléchi, mais plutôt d’un discours populiste qui représente un danger permanent pour la survie du cosmos.

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131 Laudato Si, n° 44.

132 Ibidem, n° 46.

133 Ibidem, n° 47.

134 Ibidem, n°48.

135 Ibidem, n°50.

136 CONSEIL PONTIFICAL JUSTICE ET PAIX, Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise n°483.

137 Laudato Si, n° 51.

138 Ibidem, n°52.

139 J. MOLTMANN, op.cit., p.41.


Questions Fréquemment Posées

Quelles sont les conséquences de la crise écologique sur la qualité de vie humaine?

L’un des signes évidents de la crise écologique est la détérioration de la qualité de vie humaine, notamment à cause de la pollution, des chaos urbains, des problèmes de transport, ainsi que de la pollution visuelle et sonore.

Comment la crise écologique affecte-t-elle les plus pauvres de la planète?

Les plus pauvres de la planète paient le gros prix de la crise écologique, par exemple, l’épuisement des réserves de poissons nuit spécialement à ceux qui vivent de la pêche artisanale, et la pollution de l’eau touche particulièrement les plus pauvres qui n’ont pas de possibilité d’acheter de l’eau.

Quelles inégalités sont exacerbées par la crise écologique?

L’inégalité affecte aussi les relations entre les nations, avec des déséquilibres commerciaux entraînant des conséquences écologiques, et les pays du Sud subissant des dommages causés par l’exportation des déchets toxiques et les activités polluantes des entreprises.

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