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Comment les garanties des crédits bancaires influencent-elles la gestion des risques ?

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🏫 Ecole supérieure de banque
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Diplôme supérieur des études bancaires - 23ème Promotion Mars 2022
🎓 Auteur·trice·s
M. Yanis SAADI
M. Yanis SAADI

Les garanties des crédits bancaires révèlent des enjeux cruciaux pour le système financier algérien. En explorant les risques associés au non remboursement, cette étude met en lumière des défis souvent négligés, transformant notre compréhension de la gestion des créances et son impact sur l’économie.


Section II :

Les risques des crédits bancaires et leurs garanties

I. Les risques des crédits bancaires

Le risque est présent dans toutes les activités de l’économie. Selon l’activité, il est tantôt important, tantôt il peut être négligé. En effet, le risque a des effets néfastes sur l’activité bancaire, alors il faut réfléchir sur une définition.

1. Notion du risque crédit

Selon les termes employés par M. MATHIEU : « le risque est consubstantiel à l’exercice du métier de banquier, il est même en grande partie son fondement. »20. Pour mieux illustrer cet état de fait, reprenons l’exemple de F. DESMICHT qui nous propose le simple cas d’école suivant : « en acceptant les dépôts des clients, sans les conserver dans son coffre pour lui rendre à sa demande ou à une date déterminée, le banquier prend un risque. »21. A partir de ce constat, on comprend que toute l’activité bancaire comprend un risque et que le métier de banquier est de prendre des risques, quel que soit la nature de l’opération effectuée avec le client.

1.1. Définitions

Le risque est défini comme « un engagement portant une incertitude dotée d’une possibilité de gain ou de préjudice, que celui-ci soit une dégradation ou une perte »22. « Etymologiquement, le mot ‘risque’ vient du latin « resecare », qui évoque la notion de rupture dans un équilibre par rapport à une situation attendue »23.

Pour R. AMROUCHE : « tous les risques sont définis comme les pertes associées à des évolutions adverses »24.

Le terme risque désigne les inconvénients, les difficultés et les dangers plus au moins probables plus particulièrement, pour le banquier qui s‘engage par un crédit (ou une garantie).

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20 Michel MATHIEU, L’exploitant bancaire et le risque crédit : mieux le cerner pour mieux le maîtriser, la revue banque éditeur, Paris, 1995, page 14.

21 François DESMICHT, Pratique de l’activité bancaire, Ed. Dunod, Paris, 2004, page 239.

22 Michel ROUACH, Gérard NAULLEAU, Le contrôle de gestion bancaire et financière, éd, la revue banque éditeur, 3ème édition, Paris, 1998, page 310.

23 Michel MATHIEU, op.cit, page 20.

24 Rachid AMROUCHE, Régulation, risques et contrôle bancaires, Ed. Bibliopolis, Alger, 2004, page 115.

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Ce risque désigne l’impossibilité de la part de l’emprunteur d’effectuer le remboursement, ce qui entraîne notamment la perte du capital prêté.

Un risque peut se matérialiser aussi bien par une perte, que par un manque à gagner, qui ne trouvera pas obligatoirement sa traduction dans le résultat comptable.

2. Typologie des risques

Les risques bancaires sont multiples. Il faut savoir les définir pour les différencier et les répertorier, afin de pouvoir les mesurer et les gérer. Dans ce point, nous allons nous intéresser aux différents risques inhérents à l’activité bancaire.

On distingue généralement :

2.1. Le risque de contrepartie

Un risque de contrepartie est « un risque de défaillance d’une contrepartie (client, établissement de crédit) sur laquelle l’établissement de crédit détient une créance ou tout autre engagement de même nature »25. Il est considéré comme un risque inhérent à l’activité d’intermédiation traditionnelle, qui correspond à la défaillance de la contrepartie sur laquelle une créance ou un engagement est détenu. De ce fait, la banque subit une perte en capital (créances non remboursées) et en revenu (intérêts non perçus).26

2.2. Le risque de taux d’intérêt

Le risque survient à l’occasion d’une évolution défavorable des taux d’intérêt affectant négativement les résultats de la banque dès lors que celle-ci indexe ses emplois et/ou ressources sur les taux du marché. C’est généralement le cas car la quasi-totalité de leurs encours du bilan engendre des revenus et des charges qui sont, à plus ou moins long terme, indexés sur les taux du marché. Cela peut donc porter sur la marge de transformation, c’est-à-dire les résultats courants ou les valeurs patrimoniales inscrites au bilan.27

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25 PUPION P-C., « Economie et gestion bancaire », édition DUNNOD, Paris, 1999, P. 69.

26 « SYLVIE DE COUSSERGUES », « gestion de la banque du diagnostic à la stratégie, Edition DUNOD, PARIS 2005, P 106.

27 « AROUNA SORO », « la gestion des risques de taux d’intérêt et de change, cas de Banque Ouest Africaine de Développement », Master en finance et banque, France 2006, P 27.

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Il « représente pour un établissement de crédit l’éventualité de voir sa rentabilité ou la valeur de ses fonds propres affectées par l’évolution des taux d’intérêt »28.

2.3. Le risque de change

Il est défini « comme une perte entraînée par la variation des cours de créance ou des dettes libellées en devises par rapport à la monnaie de référence de la banque »29.

2.4. Le risque de liquidité

Il s’agit, également, d’un risque inhérent à l’activité d’intermédiation traditionnelle puisque le terme des emplois est toujours plus long que celui des ressources, surtout lorsqu’il s’agit de dépôts de la clientèle. La banque incapable de faire face à une demande massive et imprévue de retraits de fonds émanant de sa clientèle ou d’autre établissement de crédit est dite illiquide.30

2.5. Le risque du marché

Le risque du marché résulte de la variation, fluctuation et volatilité des rendements, des taux d’intérêts, de cours de change ou des valeurs des différents actifs. Ainsi, la volatilité non anticipée au niveau des prix des actifs, des cours de change, des taux d’intérêts ou de rendement peut être à l’origine de ces risques.

De plus, il y a lieu de mentionner que la réduction des degrés de liquidité des actifs ou des instruments financiers est aussi source de risque de taux. Le risque de marché englobe aussi bien le risque de liquidité, le risque de taux et le risque de change.31

2.6. Le risque de solvabilité

Il désigne l’insuffisance des fonds propres afin d’absorber les pertes éventuelles par la banque. En effet, ce risque ne découle pas uniquement d’un manque de fonds propres mais aussi des divers risques encourus par la banque tel que, le risque de crédit, du marché, du taux et de change.

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28 AUGROS J-C. et QUERUEL M., « Risque de taux d’intérêt et gestion bancaire », édition ECONOMICA, Paris, 2000, P. 17.

29 BOUAICHE S. et MERABET C., « Gestion des risques du crédit bancaire en Algérie », mémoire de master, option monnaie, banque et environnement international, université de Bejaia, 2013.

30 COUSSERGUES S., « Gestion de la banque du diagnostic à la stratégie », 3eme édition DUNOD, Paris, 2002, P.101.

31 HADDOUCHE N. et MEZIANI S., « Les nouvelles approches pour la maitrise des risques de l’octroi du crédit bancaire », mémoire de master, option comptabilité, contrôle et audit, université de Bejaia, 2014.

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L’exposition des banques à ce type de risque peut mettre en danger son activité, d’où l’objectif recherché par les institutions financières c’est d’essayer d’ajuster les fonds propres aux risques afin de faire face à ce genre de risque d’insolvabilité.32

2.7. Le risque de non remboursement

C’est le risque le plus redouté par les banquiers en octroyant une ligne de crédit pour le financement de l’exploitation et/ou pour l’investissement. Il apparaît quand le client, en raison d’une dégradation de sa situation financière ou par mauvaise foi, n’est plus apte, ou refuse de rembourser le(s) prêt(s) qui lui ont été octroyés. Le risque de non remboursement est d’autant plus grave que dans la quasi-totalité des cas, le banquier engage des fonds qui ne lui appartiennent pas, et dont, il est lui-même débiteur à l’égard de ses déposants.

Ce risque résulte donc de l’insolvabilité du débiteur. Il trouve ses origines principalement dans le risque de l’entreprise (dans la mesure où ce sont les entreprises qui sollicitent le plus de crédits, et ce sont elles qui connaissent le plus de défaillance en matière de remboursement), c’est-à-dire, le débiteur lui-même.

Lorsqu’une banque est sollicitée pour apporter un appui à une entreprise en concourant à son financement, elle endosse en quelque sorte le risque même de cette entreprise, car ce risque est fonction de la situation financière, industrielle et commerciale de l’entreprise, de la compétence technique de ses dirigeants, etc.…

Ce risque est aussi lié au secteur d’activité du débiteur, du fait qu’il résulte de l’évolution des cours de matières premières, de la concurrence internationale et des phénomènes sociaux.

Enfin, il peut découler d’une crise politique ou économique du pays. On dit que le risque de non remboursement est un risque transmis, du fait qu’il apparaît au niveau de l’emprunteur et se transfère ensuite au créancier en l’occurrence le banquier ce qui lui entraîne des conséquences fâcheuses.

Pour cela, le banquier devra avant toute décision d’octroi de crédit, analyser et apprécier à leur juste valeur, l’évolution des grandes masses du bilan (le chiffre d’affaires, les résultats d’exploitation) et la situation du marché.

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32 IDEM, P 16

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2.8. Le risque opérationnel

Le risque opérationnel résulte d’une inadaptation ou d’une défaillance imputable à des procédures, personnes, systèmes internes ou à des événements extérieurs.

2.9. Le risque d’immobilisation

Le risque d’immobilisation appelé aussi risque de trésorerie,33 Il apparaît lorsque le client emprunteur n’est pas en mesure de respecter l’échéancier de remboursement prévu du crédit dont il a bénéficié d’où l’immobilisation des fonds, ou quand la banque ne peut plus mobiliser ses créances auprès de la Banque Centrale par le réescompte ou auprès du marché monétaire en raison de la détérioration de la situation financière des entreprises emprunteuses.34

Il peut également être engendré par une mauvaise politique d’utilisation des ressources, c’est-à-dire recourir à des ressources à vue pour financer des emplois à terme (inadéquation des échéances).

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20 Michel MATHIEU, L’exploitant bancaire et le risque crédit : mieux le cerner pour mieux le maîtriser, la revue banque éditeur, Paris, 1995, page 14.

21 François DESMICHT, Pratique de l’activité bancaire, Ed. Dunod, Paris, 2004, page 239.

22 Michel ROUACH, Gérard NAULLEAU, Le contrôle de gestion bancaire et financière, éd, la revue banque éditeur, 3ème édition, Paris, 1998, page 310.

23 Michel MATHIEU, op.cit, page 20.

24 Rachid AMROUCHE, Régulation, risques et contrôle bancaires, Ed. Bibliopolis, Alger, 2004, page 115.

25 PUPION P-C., « Economie et gestion bancaire », édition DUNNOD, Paris, 1999, P. 69.

26 « SYLVIE DE COUSSERGUES », « gestion de la banque du diagnostic à la stratégie, Edition DUNOD, PARIS 2005, P 106.

27 « AROUNA SORO », « la gestion des risques de taux d’intérêt et de change, cas de Banque Ouest Africaine de Développement », Master en finance et banque, France 2006, P 27.

28 AUGROS J-C. et QUERUEL M., « Risque de taux d’intérêt et gestion bancaire », édition ECONOMICA, Paris, 2000, P. 17.

29 BOUAICHE S. et MERABET C., « Gestion des risques du crédit bancaire en Algérie », mémoire de master, option monnaie, banque et environnement international, université de Bejaia, 2013.

30 COUSSERGUES S., « Gestion de la banque du diagnostic à la stratégie », 3eme édition DUNOD, Paris, 2002, P.101.

31 HADDOUCHE N. et MEZIANI S., « Les nouvelles approches pour la maitrise des risques de l’octroi du crédit bancaire », mémoire de master, option comptabilité, contrôle et audit, université de Bejaia, 2014.

33 IDEM, P 16

34 IDEM, P 16


Questions Fréquemment Posées

Quels sont les risques associés aux crédits bancaires?

Les risques associés aux crédits bancaires incluent le risque de contrepartie, qui est le risque de défaillance d’une contrepartie sur laquelle l’établissement de crédit détient une créance, et le risque de taux d’intérêt, qui survient lors d’une évolution défavorable des taux d’intérêt affectant les résultats de la banque.

Comment le risque de contrepartie affecte-t-il les banques?

Le risque de contrepartie affecte les banques en entraînant une perte en capital due aux créances non remboursées et en revenu à cause des intérêts non perçus.

Quelle est la définition du risque crédit?

Le risque crédit est défini comme l’impossibilité de la part de l’emprunteur d’effectuer le remboursement, ce qui entraîne notamment la perte du capital prêté.

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