La diversité agroforestière à Katale révèle une richesse insoupçonnée avec 42 espèces identifiées, transformant notre compréhension des écosystèmes locaux. Cette étude met en lumière des variations significatives entre les champs vivriers et les plantations caféières, offrant des perspectives cruciales pour la conservation et la gestion durable.
CHAPITRE I : REVUE DE LA LITTERATURE
AGROFORESTERIE
Définition et historique
L’agroforesterie est un terme générique qui a vu le jour en tant que discipline distincte en science agricole dans les années 1970 (Verheij, 2003). Dès lors, le problème de la définition de l’agroforesterie s’est posé au point que c’en est devenu un sujet que l’on préfère souvent éviter pour ne pas s’enliser dans d’interminables et stériles discussions.
Dans le cadre de notre étude, la définition donnée par l’ICRAF nous paraît indispensable et se résume comme suit : « l’agroforesterie est un système d’utilisation de la terre qui associe de manière simultanée ou en alternance, des arbres aux cultures de plein champ et/ou à l’élevage pour obtenir sur base d’un rendement productible et soutenu, une meilleure productivité, une meilleure rentabilité économique, et de meilleurs avantages sociaux et écologiques, que ce qu’il serait possible d’obtenir en pratiquant la monoculture sur la même unité de terre, et plus spécialement dans des conditions de faible niveau technique des facteurs de production et dans les zones marginales (ICRAF, 1982 cité par Fred, 1989).
Mission
L’agroforesterie se place à l’interface des questions d’agriculture, d’environnement et d’économie sociale étant donné qu’elle introduit les arbres dans les systèmes de production agricole, que ce soit dans des pâturages ou dans les cultures. Elle permet d’optimiser les ressources de la parcelle dont l’eau, la biodiversité, le soleil, etc.
Sa principale mission est d’étudier le rôle des arbres dans les systèmes d’exploitation traditionnels dans différentes parties des zones tropicales, la manière dont les plantes ligneuses interagissent avec les cultures ou les animaux de la ferme et sonner un tocsin sur la disparition dramatique d’arbres de la végétation de nombreuses régions (Verheij, 2003).
Les arbres et arbustes
L’arbre est défini comme étant une plante lignifiée dont le tronc s’ancre profondément dans la terre grâce à ses racines, présentant un tronc dépourvu de branches jusqu’à une certaine hauteur. L’arbuste, quant à lui, est défini comme végétal ligneux capable d’atteindre 5 à 1 m de hauteur de tronc (Mazoyer, 2002).
L’arbre joue plusieurs rôles dans la nature qu’il convient de résumer en ce sens pour la présente étude :
Les arbres fournissent à l’homme beaucoup de produits y compris des aliments, du bois de construction, du combustible et des médicaments (Verheij, 2003).
L’arbre nous procure l’oxygène grâce à la photosynthèse. La production des feuilles sur plusieurs niveaux permet à l’arbre de jouer un rôle dans la photosynthèse grâce à l’augmentation de la surface d’échange des gaz (CO2 et O2). L’arbre joue un rôle important dans la séquestration du carbone de l’atmosphère. Pour le GIEC, un arbre tropical séquestre 22,6 kg de carbone chaque année.
Selon Verheij (2003), les arbres présentent les effets avantageux suivants sur l’environnement :
- Ils améliorent le (micro) climat, en tant que brise-vent, modérant les températures et augmentant l’humidité ;
- Ils protègent le sol contre l’érosion par le vent et l’eau, en même temps améliorant l’infiltration de l’eau ;
- Ils soutiennent des cultures d’accompagnement et des animaux par leur effet sur le climat et le sol, mais également directement en procurant de l’ombre et de l’abri ou de la protection (clôtures vives, haies vives) et agissant comme des pompes à nutriments ;
- Ils diversifient le paysage et enrichissent l’environnement.
L’arbre améliore significativement la qualité des sols grâce à la litière formée par la chute de ses feuilles et le bois fragmenté que l’on peut produire à partir des tailles.
En somme, écologiquement, les arbres jouent les fonctions diversifiées telles que l’assèchement des marais, rideau brise-vent, lutte contre l’érosion, fixation du gaz carbonique (Hamon et al., 2009 ; Briner et al., 2011 ; cités par Kambasu, 2013).
LE CAFEIER
Origine et systématique
Le caféier (Coffea L.) est un genre de plantes de la famille des Rubiacées, qui comprend plus de 80 espèces d’arbres ou d’arbustes originaires des régions tropicales d’Afrique ou d’Asie. Deux espèces sont plus particulièrement cultivées, Coffea arabica et Coffea canephora (et dans une moindre mesure, Coffea liberica). L’origine africaine des caféiers n’est plus maintenant sujet de contestations.
L’Arabica malgré son nom, est de provenance éthiopienne et se rencontre encore en populations sauvages dans les sous-bois des hauts plateaux abyssins. Les Canephora sont aussi spontanés dans les forêts toujours vertes qui s’étendent de l’Afrique Centrale à l’Afrique Occidentale ; les Liberica et espèces voisines occupent les marges des mêmes zones (Cambrony, 1989).
Caractéristiques morphologiques
Le caféier est un arbuste buissonnant qui peut atteindre 3 à 4 mètres de hauteur. Le système aérien est constitué d’un axe vertical ou axe orthotrope à croissance continue et sur lequel sont insérés les rameaux primaires ou rameaux plagiotropes opposés deux à deux (Anonyme, 2002). Le caféier présente des feuilles entières opposées deux à deux, lancéolées et à la pointe accuminée, supportées par un court pétiole, au limbe pourvu de neuf à onze nervures, de forme, de texture et de couleur variables selon espèce et variété.
Les fleurs sont généralement du type 5 portées par un court pédicelle, fleurs dites sessiles ou subsessiles comportant deux à trois paires de bractéoles foliaires. Chacune est formée par un calice réduit dont les lobes sont limités à des échancrures, une corolle fugace, blanche, en tube s’évasant pourvu d’un disque charnu à son sommet comportant deux loges, chacune avec un ovule surmonté d’un style inséré au centre du disque et divisé en deux branches linéaires ; des anthères linéaires, attachées à la base des lobes par un court filet (Cambrony, 1989). Le fruit est une drupe ou cerise contenant deux fèves se faisant face par leur paroi ventrale, plane. Lorsque l’une des graines avorte, l’autre prend une forme plus ou moins ovoïde. Le commerce connaît ces graines sous le nom de caracoli (Raemaekers, 2001). La cerise est constituée par l’exocarpe ou pellicule rouge, le mesocarpe, l’endocarpe ou parche, le spemoderme ou testa souvent appelé pellicule argentée et l’endosperme ou fève (Wilbaux, 1956).
Exigences écologiques et aires de culture
Le caféier commun Arabica préfère les terres tropicales en moyenne altitude de 200 à 2 000 mètres d’altitude où il trouve la température pas trop élevée et l’eau qui lui convient. Son aire de culture s’étend de part et d’autre de l’équateur du 28e degré de latitude nord au 28e degré de latitude sud, mais il donne les meilleurs résultats dans les zones intertropicales les moins chaudes.
Le caféier Robusta aime plus de chaleur, et supporte assez mal les périodes de sécheresse, et il croît mieux en basse altitude dans des régions tropicales chaudes et humides. L’Arabusta, qui est un hybride entre l’Arabica et le Robusta est assez peu cultivé. Il peut se cultiver en basse altitude comme le Robusta.
Les caféiers n’arrivent pas à se développer à des températures inférieures à 10 ou 12 degrés, et ne supportent pas non plus celles supérieures à 30 – 35 degrés. La sensibilité au froid est pourtant variable selon les espèces ; l’Arabica est la plus tolérante, supportant sans dégâts jusqu’à -2°C pendant au plus six heures.
Les Canephoroïdes sont plus sensibles, des températures inférieures à +5°C entraînent déjà nanisme et décoloration foliaire. A l’inverse, de fortes chaleurs, supérieures à 30°C, sont néfastes à tous les caféiers. En températures moyennes, les diverses espèces trouvent leur place normale entre 18°C et 25°C, avec des limites fixées à 15°C et 30°C (Cambrony, 1989).
Ce sont des plantes qui n’apprécient ni l’hiver ni la sécheresse, et préfèrent les climats subtropicaux.
La pluviométrie est un facteur limitant majeur pour la caféiculture. La répartition mensuelle des pluies est plus importante que la hauteur totale des précipitations (Anonyme, 2002). En hauteurs d’eau annuelles, 1 200 mm et 2 000 mm constituent des limites moyennes favorables, en dessous de 800 mm pour l’Arabica et de 1 000 mm pour les Canephora, la vie économique des caféières devient aléatoire sans irrigation complémentaire (Cambrony, 1989). Les caféiers sauvages sont des plantes sylvestres de sous-étage naturellement héliophiles (Cambrony, 1989). Il est maintenant admis que dans la plupart des situations l’ombrage n’est pas utile et déprime la productivité des arbres. Les caféiers Arabica et Robusta sont très sensibles aux vents violents contre lesquels ils demandent à être protégés (Raemaekers, 2001).
En ce qui concerne les conditions pédologiques, les caféiers font preuve d’une très grande plasticité et on trouve des caféiers sur une grande variété des sols (Cambrony, 1989). Les sols à pH compris entre 4,2 et 6,5 conviennent généralement bien au caféier (Anonyme, 2002). En dessous d’un pH 4, des chaulages et/ou amendements calcomagnésiens seront à envisager ; au-dessus de pH 7 et jusqu’à pH 8, on se trouvera dans la nécessité de renouveler fréquemment l’humus superficiel par le paillage ou les engrais verts et d’utiliser des engrais acidifiants (Cambrony, 1989).
Culture
L’établissement d’une caféière peut se faire par voie d’incinération, de non-incinération ou par une méthode intermédiaire consistant à recourir à un brûlage rapide du menu bois provenant d’abattage (Raemaekers, 2001). La multiplication peut se faire par voie générative ou par voie végétative. Les densités de plantation dépendent de la vigueur des plantules de caféiers mais également de la fertilité des sols : pour C. canephora : 1 300 pieds/ha (3,00 x 2,50 m) à 2 000 pieds/ha (2,50 x 2,00 m) ; pour C. arabica : 1 600 pieds/ha (2,50 x 2,50 m) à 2 500 pieds/ha (2,00 x 2,00 m) pour les arabicas à port haut et 5 000 pieds/ha (2,00 x 1,00 m) à 10 000 pieds/ha (1,00 x 1,00 m) pour les arabicas à port bas (Anonyme, 2002).
On cultive les caféiers en plein soleil, sous ombrage planté léger ou même sous ombrage forestier dense. Dans la plupart des cas cependant on est obligé de protéger les caféiers contre une trop forte luminosité, des vents violents ou la sécheresse de l’air par l’établissement d’un ombrage.
La densité à adopter pour les arbres d’ombrage dépend principalement des caractéristiques de l’essence choisie. Les travaux d’entretien de la caféière consistent au désherbage, à la fertilisation, à la taille, et à la défense des cultures. La récolte concerne les cerises à bonne maturité c’est-à-dire celles qui sont rouges. Les niveaux de rendements des caféiers dépendent de l’espèce et de la variété utilisée.
Un rendement situé entre 1 à 2 tonnes est généralement considéré comme bon (Raemaekers, 2001).
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Questions Fréquemment Posées
Quelle est la diversité agroforestière à Katale?
Cette recherche a identifié 42 espèces d’arbres et d’arbustes réparties en 35 genres et 20 familles dans les champs vivriers et plantations caféières de Katale.
Quelles sont les espèces dominantes dans les plantations caféières de Katale?
Les espèces dominantes identifiées dans l’étude sont Grevillea robusta et Eucalyptus saligna.
Comment la diversité des arbres varie-t-elle entre les champs vivriers et les plantations caféières?
Les résultats montrent une plus grande diversité dans les champs vivriers avec un indice de Shannon de 2,77, comparé à 2,11 dans les plantations caféières.