Quels sont les véritables défis et solutions à Kindu face à une croissance urbaine incontrôlée ? Cette recherche met en lumière l’importance des équipements d’encadrement urbain comme indicateurs d’équité socio-spatiale, révélant des inégalités criantes et proposant une gouvernance participative pour un développement équilibré.
Chapitre deuxième :
EQUIPEMENTS D’ENCADREMENT URBAIN, UN THERMOMÈTRE DE L’ÉQUITÉ SOCIO-SPATIALE À KINDU
Ce chapitre entreprend une analyse dont les éléments clés sont les équipements d’encadrement urbain. Il s’agit des équipements socio-économiques comme les structures sanitaires, les infrastructures scolaires, les infrastructures routières ou la voirie urbaine, les infrastructures économiques (marchés), bref les services sociaux de base.
Le chapitre est subdivisé en trois points dont :
- La disparité spatiale, une réalité et un vrai problème de gouvernance (causes et conséquences de la disparité spatiale) ;
- L’occupation du sol et l’implantation disproportionnée des services sociaux de base ;
- La zonation des actions urbaines.
A ce sujet, l’analyse dans ce chapitre concerne plus le niveau des services offerts aux habitants et leur qualité, ainsi que les projections sur les besoins futurs.
La disparité spatiale à Kindu, un vrai problème de gouvernance territoriale
L’analyse spatiale présente une certaine hiérarchie dans la ville de Kindu. Les éléments d’hiérarchisation relèvent de plusieurs natures. Il s’agit :
- de la superficie qui a classé les communes comme suit : Mikelenge – Kasuku – Alunguli
- de la démographie où le même ordre s’est répété et enfin ;
- de l’importance socio-spatiale, qui d’après nous, est liée à la concentration des services sociaux de base. C’est ici que plusieurs analystes font une hiérarchisation Kasuku – Mikelenge – Alunguli.
Cette classification hiérarchisée des communes de Kindu peut être aussi perceptible au niveau interne.
La disparité spatiale est liée à une gestion spontanée de l’espace. C’est cette occupation spontanée qui ne s’accompagne pas des infrastructures, ajoutée à l’incapacité des gestionnaires à mener une étude prospective et projective à partir des différents agrégats qui paraissent d’après nous, la cause majeure de cette inégalité spatiale.
Les conséquences sont multiples. A titre d’exemple nous citons : la centralité des points d’attraction ; entraînant ainsi un mouvement unidirectionnel tous les matins, et le soir un mouvement inverse.
Il faut ajouter aussi le rallongement des distances résidence-lieu de travail, la multiplication des structures socio- économique de dépannage ne remplissant pas les conditions requises (écoles, structures sanitaires, marché de circonstance, …).
A propos des services sociaux de base, bien qu’étant présents dans les zones auréolaires de l’ancien centre, ils sont de mauvaise qualité, appartiennent en majorité aux privés et parfois sans bâtiments appropriés, offrant un service à la hauteur de leur possibilité.
Occupation et implantation inégale des équipements sociaux de base
Ce point aborde une analyse de l’implantation et de l’évolution spatiales des différents équipements d’encadrement urbain ciblés dans ce travail. Il s’agit du réseau de voirie urbaine, de l’approvisionnement en eau et en électricité, de structures sanitaires, structures scolaires et des marchés urbains.
Leur répartition spatiale détermine si l’on peut ou non parler de l’injustice spatiale à Kindu. Analysons un à un les aspects ci-haut listés.
La voirie urbaine à Kindu
Avec un seul boulevard et plusieurs avenues à deux sens, cette voirie est constituée de deux types de route. Les voies ou routes en terre battue et les voies asphaltées. Cette dualité se rencontre dans toutes les trois communes.
Cependant, sur les kilomètres asphaltés de la voirie urbaine dont Kindu a bénéficié du programme »cinq chantiers » et »révolution de la modernité », mais aussi du plan de développement urbain PDU, la Commune de Kasuku vient en tête avec plus de 50%, suivie de la commune Mikelenge.
Notons que la commune d’Alunguli n’a bénéficié d’aucun kilomètre de voirie asphalté par les trois programmes.
La bretelle de la voie asphaltée de la commune d’Alunguli qui va du Beach central vers la route Kalima, date de 1955. Elle a été faite par le colon quelques années avant l’indépendance et constituent le départ de la nationale 31 qui va de Kindu à Bukavu.
Cependant, même pour les voies en terre battue, cette commune ne bénéficie pas des interventions de l’office de voirie et drainage (OVD) qui intervient pour les autres communes. Seule la partie de la nationale 33 bénéficie de multiples réhabilitations par l’office de route dans le programme PIRAM.
Cette situation entraîne des frustrations au sein de la population de la commune d’Alunguli qui se sent discriminée.
Alunguli
Mikelenge
Kasuku
0
2
4
Avenues asphaltées par comune
6
8
10
12
Figure 7 : Répartition spatiale des avenues asphaltées e (2020) à Kindu
Source : Direction provinciale des voiries et drainage
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Carte 5 : Concentration de la voirie urbaine à Kindu. (source enquête de terrain 2020)
Les infrastructures de distribution d’eau potable
Ce point a été abordé dans un autre angle un peu plus haut. A ce niveau nous observons juste la répartition spatiale de points d’approvisionnement de cette denrée via le réseau urbain.
D’après nos enquêtes auprès de service concerné, on constate une évolution des effectifs d’abonnés et une augmentation du nombre des bornes fontaines publiques. Cette augmentation se justifie par la construction de trois nouveaux châteaux d’eau. Il s’agit des structures ci-après :
- Le château d’eau de la commune de Mikelenge construit par le privé (la fondation MAPON), qui pompe l’eau souterraine. Conçu pour desservir le complexe Mapon (écoles, université et l’hôpital Mapon), celui-ci dessert la population environnante.
- Le château d’eau de la RVA : capte l’eau de la source Lomata par gravitation, est installé dans la commune de Kasuku. Il dessert deux de trois quartiers de la commune de Kasuku uniquement à partir des bornes fontaines publiques.
- Le troisième château, est celui installé dans la commune d’Alunguli qui est entré en fonction en 2018, date à laquelle la population de cette commune a touché à un robinet pour la première fois. Négocié dans le cadre de la banque mondiale, ce réseau pompe l’eau d’une source situé à 11 Km au Nord de la ville, et utilise un moteur diesel, qui du reste n’est pas régulièrement opérationnel. Ici aussi seules quelques bornes fontaines publiques approvisionnent la population.
En ce qui concerne les abonnés, les enquêtes révèlent que la commune de Kasuku vient en tête avec 4588 abonnés soit 54,6% suivie de la commune de Mikelenge avec 3821 soit 45,4% et enfin la commune d’Alunguli avec 2 abonnés soit moins d’1%.
Tableau 8: Répartition des abonnés et bornes fontaines par commune
| Tableau 8: Répartition des abonnés et bornes fontaines par commune | |
|---|---|
| Commune | Nombre d’abonnés |
| Kasuku | 4588 (54,6%) |
| Mikelenge | 3821 (45,4%) |
| Alunguli | 2 (moins d’1%) |
Source : Regideso Kindu (2019)
| Figure 8 : Concentration et évolution spatiale des châteaux d’eau par commune | |
|---|---|
| Commune | Nombre de châteaux d’eau |
| Kasuku | 4 |
| Alunguli | 2 |
| Mikelenge | 1 |
En somme le graphique ci-dessus montre que la commune de Kasuku vient en tête avec 4 châteaux d’eau, suivi de la commune de d’Alunguli avec deux chateaux d’eau tous publics et enfin la commune de Mikelenge avec un château d’eau privé de la fondation Mapon.
D’après les données de nos enquêtes auprès de la REGIDESO, celles des années antérieures n’étant pas disponibles, il se fait remarquer pour celles que nous disposons, la même disparité dans la répartition par commune des bornes fontaines et des abonnés, comme l’indique le tableau ci-dessous :
En définitive, 8411 ménages sont connectés (abonnés) à la REGIDESO, ce qui représente un effectif significativement faible pour une ville estimée à plus de 100 000 ménages.
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Carte 6 : Infrastructures d’adduction d’eau à Kindu (Source enquête de terrain 2020)
Questions Fréquemment Posées
Quels sont les défis de la gouvernance urbaine à Kindu ?
Les défis incluent la disparité spatiale, l’absence de stratégies d’aménagement urbain, et l’étalement urbain sans bénéfice des services nécessaires.
Comment la disparité spatiale affecte-t-elle la ville de Kindu ?
La disparité spatiale à Kindu est liée à une gestion spontanée de l’espace, entraînant des inégalités dans l’accès aux services sociaux de base et des distances accrues entre les lieux de résidence et de travail.
Quelles solutions sont proposées pour améliorer la gouvernance à Kindu ?
La recherche propose une gouvernance participative basée sur la décentralisation à travers la stratégie ‘D 3 B’ pour développer les espaces urbains.