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Comment surmonter les défis écologiques ? Solutions innovantes pour 2023

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🏫 Université Catholique du Congo - Faculté de Théologie
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Licencié (Master/LMD) - 2018-2019
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Les défis et solutions écologiques révèlent une rupture profonde entre l’homme et la nature, exacerbée par l’anthropocentrisme chrétien. Cette recherche propose une transformation théologique inspirée de Saint François d’Assise, offrant des perspectives novatrices pour remédier à la crise écologique actuelle.


La connaissance scientifique et l’aspiration de l’homme à la superpuissance

Avec les moyens techniques à sa disposition, l’homme d’aujourd’hui fait un déplacement dans sa compréhension de l’environnement qui l’entoure : « il ne veut plus le considérer comme une ‘création divine’ mais plutôt comme une nature désacralisée, et en tant telle maniable, manipulable et utilisable conformément aux lois physiques et scientifiques à l’aide des méthodes analytiques »162.

Les découvertes techniques et scientifiques ont permis à l’homme de maîtriser la nature et d’assouvir ainsi son aspiration inavouée et illimitée à la superpuissance. Dès lors cette aspiration a été Délivrée de ses interdictions religieuses antérieures, cette aspiration a été renforcée par une foi biblique en la création mal comprise et pervertie.

Ainsi la phrase « soumettez-vous la terre » (Gn 1, 28) a été sortie de son contexte et interprétée comme un commandement divin aux hommes de dominer la nature, de conquérir le monde et d’exercer une souveraineté universelle »163, malgré les risques majeurs que cela fait courir, à savoir : le risque nucléaire, les atteintes à l’atmosphère et les risques de déséquilibre climatique, ainsi que les risques liés au développement des biotechnologies.

Ces risques graves découlent des découvertes scientifiques de plus en plus sophistiques.

Pour conquérir sa puissance l’homme passe par la connaissance scientifique et technique. Comme le disait bien François Becon, « la connaissance est puissance »164. Autrement dit, « le but de la connaissance scientifique des lois de la nature est la puissance sur la nature et par là la restauration de la similitude avec Dieu et de la souveraineté de l’homme »165. Descartes affirmait aussi que le but des sciences de la nature était de faire de l’homme le maître et possesseur de la nature »166.

Selon une telle conception, les connaissances scientifiques de la nature sont guidées par l’intérêt de la conquête de la puissance. Leur méthode d’analyse et d’objectivation des systèmes naturels vise à soumettre la nature à la volonté de l’homme : ‘divide et impera’167. L’homme se retire ainsi de la communauté de la création tout en s’imposant à celle-ci tout simplement comme son maître et son propriétaire. Cela a comme conséquence le fait que l’homme ne s’identifie plus au corps et à la nature mais devient désormais uniquement sujet de connaissance et de volonté.

Comme le disait Heidegger, « la subjectivation de l’homme ira de pair avec la chosification de l’environnement naturel »168. Cette conception dualiste accentue davantage la différenciation de l’homme et de la nature. Comme le disait bien Franz Baader, « la conception anti spirituel de la nature devait avoir comme conséquence la conception antinaturelle de l’esprit et la conception athée des deux »169.

Les facteurs politiques

Il n’est un secret pour personne que dans la lutte humaine pour l’existence, la volonté politique utilise les progrès scientifiques et technologiques pour asseoir et renforcer sa puissance. Suite aux difficultés liées surtout au financement des projets scientifiques, il y a souvent tendance à se plier aux ministères des sciences, qui conçoivent et mettent en place la politique des sciences de chaque Etat.

« Une fois parrainés par la politique, les sciences et les scientifiques se trouvent pris en otage par les pouvoirs politiques et doivent servir les intérêts de ces derniers »170. Le critère d’appréciation des projets scientifiques devient ainsi de nature politique avec en toile de fond les intérêts des plus puissants.

Et cette soumission à la politique, à la technologie et aux finances a conduit à l’échec de nombreux sommets mondiaux sur l’environnement, où l’on a favorisé souvent l’intérêt économique particulier au détriment du bien commun, au prix d’une manipulation de l’information pour servir des intérêts égoïstes.

La stigmatisation des civilisations traditionnelles.

Comparant les civilisations scientifiques et les civilisations anciennes, Jürgen Moltmann s’aperçoit que leur différence essentielle réside dans le fait que « les premières sont des sociétés de croissance alors que les dernières sont des sociétés de l’équilibre »171. A ses yeux, les sociétés anciennes, loin d’être primitives ou sous-développées, étaient avant tout des systèmes attachés à un équilibre vital assez complexe en ce qui concerne les relations d’abord interpersonnelles et ensuite avec la nature et avec les dieux.

Les civilisations modernes ont bousculé cet équilibre surtout par leur recherche exaltée de développement, de l’expansion, de la conquête. En effet, « la conquête de la puissance, l’accroissement de la puissance et l’assurance de la puissance, peuvent être appelés avec la poursuite du bonheur, les valeurs effectives des civilisations modernes »172. Bref, c’est la démesure de la volonté de puissance qui constitue désormais le point axial de toute civilisation moderne avec ses conséquences néfastes sur la nature.

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162 J. MOLTMAN, op.cit. p.36.

163 Ibidem.

164 B. FRANÇOIS, cité par W. LEISS, The domination of nature, New York, 1972, p. 48.

165 Ibidem. p. 48.

166 Cf. R. DESCARTES, Discours de la méthode (1692), éd. De La Pléiade, cité par J.MOLTMANN, op.cit., p. 44.

167 Divide et Impera – est une expression latine prononcée par Philippe II de Macédoine qui signifie littéralement diviser pour mieux régner. La méthode d’analyse désintègre des composantes du réel pour mieux les manipuler et les dominer.

168 Cf. M. HEIDEGGER, Die Zeit des Weltbildes, In Hozwege, Frankfort, 1962, cite par J. MOLTMANN, op.cit., p. 45.

169 F. BAADER, Über den Zwiespalt des reliogiösen Glaubens und Wissens, Darmstadt, 1958, cité par J.MOLTMANN, op. cit., p. 45.

170 J. MOLTMANN, op.cit., p. 42.

171 Ibidem, p.42.

172 Ibidem, p.42.


Questions Fréquemment Posées

Pourquoi la crise écologique est-elle liée à l’anthropocentrisme du christianisme occidental?

L’article explore la thèse de Lynn White Jr. qui attribue les racines historiques de la crise écologique à l’anthropocentrisme du christianisme occidental.

Comment la connaissance scientifique influence-t-elle notre relation avec la nature?

La connaissance scientifique et l’aspiration de l’homme à la superpuissance ont conduit à une compréhension de la nature comme désacralisée, manipulable et utilisable selon les lois physiques et scientifiques.

Quel modèle d’écologie intégrale est proposé pour remédier à la crise écologique?

L’article examine la nécessité d’une transformation théologique en s’inspirant de l’exemple de Saint François d’Assise comme modèle d’écologie intégrale.

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