Quelles compétences clés pour l’auditeur financier en 2024 ?

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🏫 Université de la Manouba - Institut Supérieur de Comptabilité et d'Administration des Entreprises (I.S.C.A.E) - Commission d'Expertise Comptable
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de diplôme d'expertise comptable - 2000/2001
🎓 Auteur·trice·s
Mohamed Lassâad
Mohamed Lassâad

Les compétences auditeur financier 2024 sont redéfinies par l’essor des technologies de l’information. Cette recherche révèle comment ces innovations transforment les exigences professionnelles, soulevant des enjeux cruciaux pour l’avenir de l’audit en Tunisie et au-delà.


Section 2 :

Les effets des nouvelles technologies sur les aptitudes et les compétences nécessaires de l’auditeur financier

L’impact des nouvelles technologies sur les aptitudes et les compétences nécessaires de l’auditeur financier est certain. En effet, ce nouveau cadre d’intervention exige de sa part et d’une façon continue, de nouvelles aptitudes et compétences pour faire face à la complexité, de plus en plus croissante, des environnements informatiques. Ceci n’écarte pas la possibilité du recours à des spécialistes en cas de besoin.

Nous traitons au niveau de cette section :

  • L’exigence d’un niveau de formation minimal de l’auditeur
  • La composition de l’équipe intervenante dans une mission d’audit financier
  • Les considérations en cas de recours à des spécialistes.

Sous section 1 :

L’exigence d’un niveau de formation minimal de l’auditeur

L’auditeur doit avoir une connaissance suffisante des nouvelles technologies de l’information et de la communication et ce, afin de :

  • déterminer l’effet de ces technologies sur l’évaluation du risque d’audit global et du risque au niveau du compte et au niveau de la transaction
  • obtenir une compréhension de la structure du contrôle interne telle qu’affectée par ces technologies et son effet sur les transactions de l’entité
  • déterminer et exécuter les tests sur les contrôles et les tests substantifs appropriés adaptés à la démarche particulière d’audit
  • pouvoir mettre en œuvre les techniques d’audit assistées par ordinateur
  • évaluer les résultats des procédures effectuées.

29 Gérard PETIT, Daniel JOLY et Jocelyn MICHEL, « Guide pour l’audit financier des entreprises informatisées », Association technique d’harmonisation des cabinets d’audit et conseil ATH, édition CLET, 1985.

Par ailleurs, les nouvelles technologies de l’information et de la communication exigent de l’auditeur :

  • une compétence et une expérience à la hauteur des difficultés rencontrées et de l’efficacité requise ; la formation permanente en séminaires et sur le terrain doit constituer un investissement important ;
  • une recherche permanente des méthodes et techniques nouvelles et mieux adaptées.

Avec les développements constants dans tous les domaines, il est difficile que l’expert comptable soit spécialiste dans tous ces domaines. Il doit choisir soit de devenir un spécialiste dans le domaine des nouvelles technologies de l’information et de la communication, soit d’être spécialiste dans d’autres domaines. Dans ce dernier cas, l’auditeur doit, quand même, veiller à avoir un minimum de formation et de compétence en matière de nouvelles technologies de l’information et de la communication.

Ce niveau minimal doit lui permettre de :

  • détecter la nécessité de faire appel à un spécialiste
  • définir le domaine d’intervention du spécialiste
  • diriger et superviser le déroulement des travaux du spécialiste
  • intégrer les conclusions des travaux du spécialiste avec celles de l’audit.

En effet, il est utile de rappeler que l’auditeur ne peut en aucun cas déléguer la responsabilité de tirer les conclusions finales de l’audit ou celle d’exprimer son opinion sur l’information financière. En conséquence, lorsqu’il délègue certains travaux à des assistants ou qu’il a recours à des travaux effectués par d’autres auditeurs ou des experts qualifiés en nouvelles technologies de l’information et de la communication, l’auditeur doit posséder des connaissances suffisantes en la matière pour diriger, superviser et examiner les travaux des assistants qualifiés et/ou pour obtenir un degré raisonnable de certitude que les travaux effectués par d’autres auditeurs ou des experts qualifiés répondent bien à ses besoins.

Sous section 2 :

La composition de l’équipe intervenante dans une mission d’audit financier

L’équipe d’audit est responsable de tous les aspects de la mission, même dans le cas où elle se heurte à des problèmes dépassant son champ de compétence. Qu’ils fassent appel à leurs propres compétences ou à des spécialistes externes travaillant sous leur direction, les membres de l’équipe doivent avoir une compréhension suffisante des problèmes affectant la mission d’audit pour pouvoir effectuer la planification et l’exécution.

Dans un système complexe, le recours à des auditeurs spécialisés dans le domaine informatique est l’une des conditions du succès de la mission d’audit.

Un système complexe est défini comme étant un système qui exige une connaissance profonde des environnements informatiques et qui présente, à titre d’exemple, les caractéristiques suivantes30 :

  • Une infrastructure et des contrôles informatiques complexes (décentralisation, intégration complexe, etc.)
  • Le volume des opérations est tel qu’il est difficile aux utilisateurs d’identifier et de corriger des erreurs de saisie, de traitement, de restitution, de programmes, etc.,
  • Le système génère automatiquement des opérations ou des écritures importantes intégrées directement dans une autre application
  • Le système exécute des calculs complexes d’informations financières et/ou génère automatiquement des opérations ou des écritures importantes qui ne peuvent être validées indépendamment,
  • L’existence d’opérations importantes faisant l’objet d’un échange électronique avec d’autres entités (EDI, E-commerce, E-business, etc.)
  • La dématérialisation et la disponibilité limitée de la preuve d’audit.

30 Norme internationale d’audit N°401 : « Audit réalisé dans un environnement informatisé », IFAC.

Un environnement de nouvelles technologies satisfait à la majorité de ces caractéristiques et est, par conséquent, jugé complexe.

Par ailleurs, la complexité d’un système est aussi appréciée par rapport au type de l’activité. A titre d’exemple : les activités financières sont supposées être complexes.

Sous section 3 :

Considérations en cas de recours à des spécialistes

Le spécialiste peut être soit engagé par l’entité, ou engagé par l’auditeur, ou employé par l’entité, ou employé par l’auditeur.

Le recours aux spécialistes obéit à certaines règles détaillées ci-après31.

  1. La compétence du spécialiste :

Quand l’auditeur compte utiliser le travail d’un spécialiste, il doit s’assurer que celui-ci possède la compétence suffisante en vérifiant ses qualifications professionnelles, son autorisation d’exercer ou tout autre signe de reconnaissance de sa compétence.

Si le spécialiste fait partie d’un groupement professionnel édictant des normes que ses membres doivent respecter, l’auditeur peut se contenter de savoir que cette personne a bonne réputation au sein de ce groupement.

  1. L’objectivité du spécialiste :

L’auditeur doit prendre en considération toutes les circonstances pouvant affecter l’objectivité de l’expert. Le risque de manque d’objectivité est plus élevé si le spécialiste est employé par l’entité auditée ou a avec elle une liaison directe ou indirecte.

En règle générale, il vaut mieux faire appel à un spécialiste indépendant de l’entité auditée et par conséquent plus objectif mais, si les circonstances l’exigent, on peut envisager d’utiliser le travail d’un membre du personnel de la société auditée, à condition que celui ci possède la compétence requise. Dans ce dernier cas, il est à notre avis plus judicieux de mettre en œuvre des procédures plus approfondies pour vérifier les hypothèses, les méthodes ou les conclusions du spécialiste employé par la société.

  1. Définition des termes de l’intervention du spécialiste :

L’auditeur doit préciser clairement au spécialiste les conditions de son intervention et ce, en indiquant notamment l’objectif et l’étendue de ses travaux, les points spécifiques à traiter dans le rapport, l’utilisation que compte faire l’auditeur de ses travaux, les limites éventuelles d’accès aux documents et aux dossiers nécessaires, etc.

De son côté le spécialiste a la responsabilité de :

    • comprendre la portée de son travail sur l’ensemble de l’audit
    • porter rapidement à la connaissance du personnel d’audit approprié toutes les conclusions pouvant avoir une incidence significative sur l’audit ou devant être communiquées à la direction de l’entreprise
    • contrôler la progression de son travail et d’avertir le personnel d’audit approprié de leurs difficultés éventuelles à respecter les délais ou les budgets.
  1. L’évaluation des travaux du spécialiste :

Ceci englobe l’assurance que les travaux du spécialiste constituent des éléments probants appropriés au regard de l’information financière et ce, en examinant l’adéquation de la démarche suivie et la suffisance, la pertinence et la fiabilité des données utilisées pour aboutir aux conclusions formulées.

31 Ces règles sont inspirés, essentiellement, de :

    • la norme internationale d’audit N°620 : « Utilisation des travaux d’un expert », IFAC ;
    • la directive d’audit des systèmes d’information : « Using the work of other auditors and experts », ISACA ;
    • l’ouvrage : « Audit Guidance Series : Computer information system », Price Waterhouse ;
    • mémoire de Mohamed Hichem RAIES : « Les aspects juridiques et techniques des recours aux spécialistes dans les missions d’audit », Avril 1987.

Bien que ce soit au spécialiste de garantir la pertinence et la vraisemblance de ses hypothèses et de ses méthodes, l’auditeur doit comprendre comment il les met en œuvre, afin de déterminer si elles sont raisonnables et identiques à celles qui ont été précédemment appliquées. L’auditeur se basera sur sa connaissance des activités de l’entreprise ainsi que du résultat des autres procédures d’audit.

  1. La mention de l’intervention du spécialiste dans le rapport d’audit :

Lorsque l’auditeur émet une opinion sans réserve, il doit éviter de faire allusion dans son rapport de l’intervention du spécialiste car elle peut être interprétée comme une réserve ou comme un partage de responsabilité. Dans le cas contraire, si le rapport ou les conclusions du spécialiste amènent l’auditeur à émettre des réserves dans son rapport d’audit, il peut être utile d’en expliquer les raisons en faisant référence au travail du spécialiste et ce, avec l’accord de ce dernier et en citant son nom.

Si l’auditeur conclut que les travaux du spécialiste ne confirment pas l’information figurant dans les comptes annuels ou ne constituent pas des éléments probants suffisants et appropriés, il doit, selon le cas, émettre une opinion avec réserve ou émettre une opinion défavorable.

Conclusion :

Il est certain que les auditeurs financiers ne peuvent plus ignorer le phénomène de l’informatisation des entreprises devenue de plus en plus complexe avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication.

L’environnement des nouvelles technologies devrait, par conséquent, être intégré dans la démarche de l’audit financier. En outre, il doit constituer, en permanence, l’une des préoccupations de l’auditeur afin de mettre à niveau ses aptitudes et ses compétences.

Cette mise à niveau de l’approche d’audit est une préoccupation majeure et d’actualité des divers organismes professionnels et de la majorité des cabinets internationaux d’audit.

Parallèlement, la législation, la jurisprudence et la doctrine à l’échelle internationale se sont enrichies de règles nouvelles destinées à réglementer et à contrôler certains aspects des systèmes informatisés.

Ces deux volets font l’objet d’une étude plus détaillée dans le chapitre suivant.

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29 Gérard PETIT, Daniel JOLY et Jocelyn MICHEL, « Guide pour l’audit financier des entreprises informatisées », Association technique d’harmonisation des cabinets d’audit et conseil ATH, édition CLET, 1985.

30 Norme internationale d’audit N°401 : « Audit réalisé dans un environnement informatisé », IFAC.

31 Ces règles sont inspirés, essentiellement, de :


Questions Fréquemment Posées

Quelles compétences sont nécessaires pour un auditeur financier en 2024 ?

L’auditeur doit avoir une connaissance suffisante des nouvelles technologies de l’information et de la communication pour évaluer le risque d’audit, comprendre le contrôle interne, exécuter des tests appropriés et mettre en œuvre des techniques d’audit assistées par ordinateur.

Pourquoi la formation continue est-elle importante pour les auditeurs financiers ?

La formation permanente en séminaires et sur le terrain constitue un investissement important pour l’auditeur afin de faire face aux difficultés rencontrées et d’assurer l’efficacité requise dans son travail.

Comment un auditeur financier peut-il intégrer des spécialistes dans son équipe ?

L’auditeur doit avoir un niveau minimal de formation en nouvelles technologies pour détecter la nécessité de faire appel à un spécialiste, définir son domaine d’intervention, diriger et superviser les travaux du spécialiste, et intégrer les conclusions de ces travaux avec celles de l’audit.

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