Le cadre théorique de la gouvernance urbaine révèle une dynamique complexe à Kindu, où l’État, en tant qu’acteur principal, fait face à des défis d’inégalités spatiales et d’infrastructures insuffisantes. Cette recherche propose une approche participative innovante, essentielle pour transformer la gestion urbaine et répondre aux besoins croissants de la population.
Dans le cadre de la gouvernance
- Les études sur la gouvernance ont fait l’objet de plusieurs déclinaisons en rapport au concept lui associé. Ainsi, plusieurs points de vue relatifs à l’objet principal de la gouvernance se recoupent. Casteigts (2004) en fait une synthèse que nous regroupons dans l’encadré ci-dessous.
- “” La gouvernance met l’accent sur plusieurs types de transformation des modalités de l’action publique :
- Elle repose sur une dénonciation du modèle de politique traditionnelle qui confie aux seules autorités politiques la responsabilité de la gestion des affaires publique …
- Elle met l’accent sur la multiplicité et la diversité des acteurs qui interviennent ou peuvent intervenir dans la gestion des affaires publiques… Ce faisant, la gouvernance attire l’attention sur le déplacement des responsabilités qui s’opère entre l’état, la société civile et les forces du marché …
- La notion de gouvernance met également l’accent sur l’interdépendance des pouvoirs associés à l’action collective…””
Casteigts (2004, p.148).
Ainsi, le concept de gouvernance prend plusieurs sens selon le contexte dans lequel il est exprimé. La gouvernance territoriale par exemple, s’apparente à l’importance d’une bonne coordination des différents acteurs aux différentes échelles et au sein des territoires de même échelle, notamment entre différentes politiques sectorielles.
C’est le cas pour le cadre urbain et territorial de Kindu, qui fait l’objet de cette étude, dont les modalités d’étude rentrent dans le cas d’une gouvernance locale. C’est-à-dire la même gouvernance territoriale que nous pouvons attribuer à un système de gouvernance mais au niveau urbain et local.
Les procédures et contenus de ces partenariats qualifiés ici d’un système, varient considérablement, mais ils ont la particularité commune de reposer sur une ingénierie spatiale.
Par là nous entendons, d’après Dubresson (2011), la création d’espaces ad hoc, indépendants ou non des territoires institutionnels existants, qui a pour objectif affiché de délimiter le périmètre de l’action pour en localiser à la fois les conditions et les résultantes. Nous y reviendrons en détails un peu plus loin.
- Une recherche intitulée « Gouverner les très grandes métropoles » (Loraine, 2003), a abordé l’aspect de la couverture totale de l’espace urbain par la gouvernance.
Cette recherche oppose deux notions substantielles : la gouvernabilité et l’ingouvernabilité des grandes métropoles. Il ressort de ces deux paradoxes, que lorsque les dirigeants s’engagent dans l’action, les acteurs voient leur libre choix largement encadré par des routines : « Nous dirons que le problème se trouve formaté par l’état des techniques, par des réglementations, par des normes et des solutions juridiques. Les acteurs s’inscrivent très largement dans la continuité de ce que leurs prédécesseurs avaient décidé, ce qui est une réalité dans les vieilles démocraties. »
Dans les pays du Sud par contre, à part la routine, il s’observe très souvent une éternelle remise en question des actions des prédécesseurs. Avec des études de faisabilité qui n’en finissent jamais.
A ce point nous sommes d’accord avec Loraine (2003), sur les points de la limite qu’affichent certaines actions gouvernementales sur l’espace urbain. Selon toujours le même auteur ; « La carte des territoires gouvernés est bien plus réduite que le terme générique de gouvernement ne le laisse croire. L’activité gouvernementale n’est pas constante et ne se déploie pas dans tous les domaines. Elle est discontinue, et parfois très discontinue ».
- En République Démocratique du Congo, la gouvernance est comprise dans le sens que lui donne le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD 2011). Dans son rapport de 2016 sur le développement humain, celui-ci précise que « pour prendre la mesure exacte et la portée réelle de ces progrès de la RDC en matière de développement humain, il faut tenir compte de deux réalités sur le terrain : la situation géographique, qui permet de voir ce que chaque province fait pour contribuer au progrès national de développement humain, et le niveau des inégalités dans le pays qui permet de pondérer l’appréhension des progrès nationaux globaux » (PNUD, 2011).
Ce qui reste bien sûr une réalité observable dans les villes congolaises. Celles-ci, grandes, moyennes ou petites affichent des disparités interurbaines et intra- urbaines, ce qui influence aussi bien l’équité spatiale que le développement humain.
- D’un point de vue général, deux géographes, Dubresson et Jaglin (2012), ont abordé une étude sur la ‘’Gouvernance, régulation et territorialisation des espaces urbanisés’’. Dans leurs analyses de la gouvernance, ces auteurs abordent plusieurs cas de figure comme thématiques, qu’ils opposent à la territorialisation, ainsi que nous l’avions souligné précédement.
Ils mettent face à face la territorialisation et la spatialisation des actions des acteurs de la gouvernance, l’espace économique à l’espace urbanisé ; ils opposent ces deux aux concepts de gouvernance d’après l’échelle spatiale des actions menées sur le territoire.
Dans leur analyse, ces chercheurs pensent que « des sociétés citadines caractérisées par une paupérisation croissante et une polarisation sociale accentuée, tous les pouvoirs publics locaux sont confrontés à des différenciations socio-économiques croissantes. Le traitement des différences est donc au cœur de la gouvernance urbaine et c’est une question centrale dans les mutations gestionnaires des réseaux techniques. La spatialisation des normes de service et d’équipement, (…) pourrait ainsi constituer une des voies privilégiées pour prendre en compte cette diversité » (Dubresson et Jaglin, 2012).
C’est la conclusion de l’étude qui débouche sur un questionnement qui intéresse plus. Les auteurs s’interrogent par exemple sur les aspects suivants: Peut-on affirmer que l’une des caractéristiques marquantes de l’action collective est de recourir à la territorialisation, quels qu’en soient les moyens et outils ? Les nouveaux territoires des grands investissements privés, qui renforcent une périurbanisation sélective, relèvent-ils de la même analyse que les logiques de démarquage ou encore celles des condominiums résidentiels et autres ensembles sécurisés ? Quels liens entretiennent par ailleurs enfermement et territorialisation ? Autant des thèmes qui s’offrent à l’analyse des chercheurs.
- Dans son ouvrage (Géographie et territorialité en RD Congo), un chercheur congolais pense que les géographes devraient exploiter cette nouvelle dynamique qu’est ‘’la gouvernance territoriale’’ (Mashini, 2017).
D’après ses analyses, à la suite d’une autre étude faisant le point sur les enjeux de la gouvernance, celle-ci paraît une approche ‘’information et participation’’ et la gouvernance territoriale comme support des ‘’effets structurants du cadre de l’action publique’’ (Mashini, 2013). D’où, l’auteur soutient que la notion de la gouvernance met en lumière la dynamique des acteurs et la construction d’un système d’indicateurs.
Parlant des tâches probables du géographe dans une gouvernance territoriale, l’auteur en extrait une liste de dix tâches que nous pouvons resumer sommairement. Il s’agit de:
- Inventaire qui consiste à un listage des niveaux territorial et de la nomenclature des villes… ;
- Sources documentaires qui s’intéressent aux textes qui régissent les entités ;
- Cartographie actualisée pour les différentes entités ;
- Choix motivé des aires d’intervention (une ville, ensemble des villes ou une commune) ;
- Diagnostic régionale et sectoriel c’est-à-dire dégager les atouts et les freins ;
- Analyse institutionnelle qui vise le niveau de performance des institutions ;
- Analyse globale : entreprendre à la fois une analyse plus détaillée possible concernant plusieurs aspects ;
- Analyse des problématiques régionale qui s’intéresse à la démographie, aux besoins socioculturels, économique et financières … ;
- Observatoire urbaine et régionale qui aborde les changements à adapter à la région et la description de l’état des infrastructures ;
- Conclusion opérationnelles : elles s’intéressent aux perspectives de développement et d’aménagement ainsi qu’aux tendances de planification.
Nous avons de notre part, été intéressé par la tâche 7 qui a guidé notre recherche : il s’agit bien d’opérer une analyse globale de la situation de la gouvernance en ce qui concerne la ville de Kindu.
Cette approche voudrait que l’on aborde en même temps une analyse détaillée sur les aspects techniques, sur les aspects politiques, juridiques, socio-
économiques, financiers et environnementaux. Tels sont les principes qui vont guider notre démarche dans l’analyse de la gouvernance à Kindu.
C’est à ce sujet que nous pensons que la gouvernance territoriale devrait interpeller le chercheur de tout bord, car c’est juste en voulant éviter une relation unidirectionnelle que l’on évoque dans les propos ci-haut, une gestion démocratique et une gestion systémique des problèmes urbains à travers des projets opérés sur les territoires.
Il a été démontré par certaines études sur la gouvernance territoriale, que la réussite dépend du niveau de participation citoyenne dans l’élaboration et la conception de politiques publiques.
Ainsi donc, la présente étude aborde la question de la gouvernance dans certains de ses aspects seulement. Il s’agit des axes ci-après :
- L’axe politique : qui doit présider aux destinées du territoire ;
- L’axe socio-économique : qui est l’enjeu principal de la gouvernance territoriale ;
- L’axe environnemental : qui analyse le cadre de vie des communautés urbaines.
- Il existe plusieurs niveaux de participation citoyenne que les gestionnaires de la ville combinent facilement selon leur volonté plus ou moins grande de faire participer les citoyens. Paola et Silvere (2016) distinguent : l’information, la consultation, la concertation et l’implication. Nous verrons dans notre étude en quoi consistent ces différents niveaux d’implication dans la gouvernance territoriale
- Noizet (2017) apporte pour sa part une explication détaillée au sujet de la participation citoyenne à la gouvernance territoriale. Pour cette auteure :
- L’information constitue le niveau de base de la participation citoyenne. A ce niveau, les institutions communiquent grâce aux medias, en organisant des réunions, des débats, en présentant une analyse de la situation et les choix effectués au vu d’un diagnostic.
- La consultation permet d’analyser les besoins et la vision de la population quant au fonctionnement de la ville. Elle peut prendre la forme d’enquêtes, de
réunions publiques ou de groupes de travail formels et implique l’utilisation d’outils adaptés aux différents acteurs.
- La concertation implique d’intégrer tout au long du projet la participation d’acteurs non décideurs avec qui, un dialogue est mis en place au sein d’un processus formel et pérenne. Cela exige de reconnaître à ces citoyens lambda une expertise et une connaissance de la ville.
- L’implication est le niveau le plus important de la participation puisque la population est intégrée non seulement à la prise de décision, mais également à sa mise en place. Ce niveau de participation suppose un transfert de compétence du haut vers le bas.
De ces différents niveaux de participation citoyenne, il est difficile de préciser celui mis en pratique par les gouvernants en RD Congo. Tantôt c’est l’un ou l’autre, mais le plus souvent les deux derniers sont mis en application par les partenaires du développement.
De leur part, les gouvernants se limitent souvent à l’information pour des raisons qui sont les leurs. Ce qui, comme nous l’avons souligné, est à la base de l’indifférence de citoyens.
Dans nos réflexions, et particulièrement en ce qui concerne plus spécifiquement le champ de la gouvernance urbaine à Kindu, nous avons délibérément délimité notre champ de réflexion à la question des mécanismes et des dispositifs de mise en œuvre de politiques et de projets urbains, pour montrer l’extrême diversité de ces mécanismes, leur grande complexité et leur capacité d’évolution.
C’est à ce niveau que nous aurons à dégager lequel de ces quatre niveaux de participation ci-haut évoqués, est appliqué pour Kindu, et quel est celui qui lui conviendrait le mieux. Avec ces différents niveaux, il conviendra ainsi d’examiner l’effectivité de la gouvernance dans la ville de Kindu.
La question de l’effectivité de la gouvernance urbaine doit être placée dans un contexte précis, pour une bonne analyse. Le contexte dans lequel est menée cette étude, dégage une certaine particularité. Nous avons signalé un peu plus haut, que la décentralisation n’a jamais été achevée. Mais si l’on s’en tient aux diverses déclinaisons du concept gouvernance, nous ne pouvons pas nécessairement lier cette notion à la décentralisation.
L’élaboration des politiques publiques n’est pas apparue uniquement avec l’avènement de la décentralisation. Il semble que celle-ci a existé depuis lors. Les grands projets dont les réalisations ont pris du temps, en font preuve. Elle demeure une obligation à laquelle est soumise toute société d’une entité. Seul le contexte et la pratique diffèrent.
- Gonzel cité par Paluku et Mawanga (2018), dit que la notion de gouvernance urbaine a émergé au cours des dernières décennies de la nécessité de procéder à une requalification importante de la fonction politique des villes. Elle s’est imposée, tant dans le vocabulaire politico-administratif que le discours scientifique, dans un contexte de profond renouvellement des dynamiques sociales, des cadres territoriaux et les modes de gestion des agglomérations urbaine.
Comme souligné un peu plus haut, les acteurs de la gouvernance urbaine à Kindu s’en remettent le plus souvent à l’autorité nationale ou provinciale. Ce qui rend difficile l’usage du concept ‘’gouvernance urbaine’’ dans ses larges applications. Pourtant, son usage s’impose si l’on considère les engagements démocratiques des Entités Territoriales Décentralisées (ETD).
Ces besoins sont à ce sujet cernés dans la ville de Kindu par les autorités provinciales. Cette situation rend difficile la redévabilité des autorités et crée par contre frustration, colère et indifférence de la part des citoyens.
Etant donné que les citoyens sont absents de l’évaluation des besoins, ils sont oubliés dans la construction des solutions : « les citoyens se voient demandés de s’approprier, de respecter et de soutenir les politiques urbaines qui ont été produites pour eux et au sujet desquelles ils n’ont pas été consultés » (Jarrot, 2016).
- Au vu de l’aspect carrefour de la thématique gouvernance et dynamique territoriale mais aussi de son dynamisme, nous nous sommes rangés du côté de Dubus et al. (2010), qui ont proposé dans leur étude le concept de géogouvernance. Selon eux, la géogouvernance repose sur la construction d’une démarche s’appuyant sur l’utilisation des méthodes et outils de l’analyse spatiale, destinée à rendre intelligible la complexité du territoire, à faire émerger les enjeux spatiaux et à mettre à la portée de tous les acteurs une information territoriale pertinente et nécessaire à la mise en œuvre d’une gouvernance
territoriale « éclairée » … Un chapitre de notre travail va essentiellement aborder cet aspect territorial dans la ville de Kindu.
A ce titre, nous avouons que la géogouvernance se différencie de la gouvernance et de son concept associé de gouvernance territoriale, qui, qu’elle soit urbaine ou pas, ne porte bien souvent que sur les structures de décision, mais pas sur les méthodes et outils, ni sur les conditions nécessaires à la co-construction du territoire de demain par tous ses habitants.
Questions Fréquemment Posées
Comment la gouvernance urbaine est-elle définie à Kindu ?
La gouvernance urbaine de Kindu est présentée comme un terrain de batailles politiques où l’État reste le principal acteur de développement, secondé par des partenaires et quelques privés.
Quels sont les principaux défis de la gouvernance à Kindu ?
La ville connaît une croissance spatiale et démographique supérieure à l’évolution des infrastructures, créant des inégalités spatiales et des frustrations.
Quelle stratégie est proposée pour améliorer la gouvernance à Kindu ?
La recherche propose une gouvernance participative basée sur la décentralisation à travers la stratégie ‘D 3 B’ pour développer les espaces urbains.