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Analyse du cadre théorique des ajustements structurels au Cameroun (1987-2017)

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🏫 UNIVERSITÉ DE YAOUNDÉ - CENTRE DE RECHERCHE ET FORMATION DOCTORALE EN SCIENCES HUMAINES, SOCIALES ET ÉDUCATIVES - DÉPARTEMENT D’HISTOIRE
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - Mars 2023
🎓 Auteur·trice·s
Abdougani YOUMENI
Abdougani YOUMENI

Le cadre théorique des ajustements structurels révèle des conséquences inattendues sur la société camerounaise entre 1987 et 2017. Cette étude met en lumière des transformations profondes dans l’emploi, la santé et l’éducation, soulignant l’impact durable de ces politiques sur la vie quotidienne des Camerounais.


Les manifestations de la crise

La crise économique du Cameroun a profondément modifié les structures qui jadis connaissaient une certaine stabilité. Il s’agit des structures économiques et sociales. Il faut donc de voir comment cela s’est produit.

Les déséquilibres économiques

Ici, il revient de montrer les différentes perturbations au point de vue macroéconomique occasionnées par la crise. Ainsi, à partir de 1986, l’on observe une baisse en termes nominaux de

plus de 40 % de la production intérieure du secteur pétrolier du Cameroun65. Aussi, de 1980 à 1987, le baril de pétrole passa de 30 dollars US à 18,75 dollars US66.

Pour ce qui est de la production agricole, elle enregistra une longue baisse due à la récession des cours de produits agricoles. Il faut donc rappeler qu’entre 1987 et 1989 par exemple le prix du kilogramme de café a baissé de 24 % et celui du cacao de 11 %67.

Tableau 4 : Les principales productions agricoles du Cameroun de 1984 à 1992 (en milliers

de tonnes)

Années Spéculations

1984-

1985

1985-

1986

1986-

1987

1987-

1988

1988-

1989

1989-

1990

1990-

1991

1991-

1992

Cacao fève

120,54

118,8

123,09

132,80

123,94

124,65

99,00

99,00

Café robusta

118,95

77,64

123,99

78,10

122,00

75,00

76,00

60,00

Café arabica

19,96

20,03

22,48

13,15

16,00

15,00

10,28

11,37

Coton graine

97,50

115,54

122,78

113,70

165,43

103,88

113,16

114,36

Caoutchouc

19,40

19,25

22,51

26,41

32,99

37,00

41,00

44,00

Bananes

67,48

55,40

49,40

37,97

55,00

60,00

90,00

110,00

Huile de palme

88,80

101,60

104,20

97,38

92,64

90,00

90,00

91,80

Sucre brut

89,80

99,05

94,18

101,93

83,00

84,66

86,35

88,08

Tabac (cape)

1,13

1,54

1,58

1,15

0,74

0,00

0,00

0,00

Thé

2,30

2,21

2,37

2,88

2,45

2,50

2,90

3,10

Ananas

5,26

6,10

6,50

6,50

3,50

/

/

/

Source : Caisse Française de Développement, 1992, p.3332; Kenmogne, « Production et commercialisation… », pp.117-118.

À la lecture du Tableau 4, il apparait que la production de l’ensemble de toutes les variétés agricoles a connu les effets de la crise. Les seules cultures qui ont connu une production presque constante de 1984 à 1990 sont le cacao fève, le sucre brut et le thé. Mais à partir de 1991, le cacao fève connut aussi une récession. Et la production du thé malgré sa constance, restait néanmoins faible. Pour le café robusta, il se situait dans une parfaite oscillation parfois des productions hautes parfois basses.

Le PIB quant à lui enregistra une chute de 28,9 % entre 1986 et 1993, entrainant à cet égard, une baisse de la consommation qui passa de 3345 à 2538 milliards de F CFA tandis que l’épargne

65 AMINEPAT, 3C1, Économie : Relance, 1984-1993, p.2.

66 Wandja, « Pétrole et croissance… », p.50.

67 Koh, « Établissements de crédit… », p. 32.

intérieure brute ne représentait plus que 40 % du montant de 1986-1987 et 7,3 % du PIB (contre 12,9 %)68. Ceci indique donc une réduction très sensible de la capacité interne de financement de l’investissement. Il y eut cependant une régression du taux de croissance à partir de 1987, avec un PIB en deçà de zéro. Il connut alors une chute continuelle de -4,1% par an entre 1987 et 199469. Le PIB par tête passa de 1 020 278 dollars US en 1986 à 596 068 dollars US en 199470. Cette dégringolade ramena ainsi le Cameroun du statut de « Pays à revenu intermédiaire bas » à celui de « Pays à revenu bas »71.

L’investissement total quant à lui, baissa de 38 % de 1985 à 1988 soit 26 % pour l’investissement privé contre 52 % pour l’investissement public72. L’investissement passa ainsi de 18,3 % du PIB en 1985-1986 à 13,6 % en 1987-198873. Le déficit des opérations financières de l’État quant à lui se creusa et passa de 1,5 % à 8,5 % du PIB74. La consommation des administrations chuta donc de 2 %, ce qui entraina une baisse du volume de consommation des ménages entre 1988 et 1989 de 7 %75. Cette situation mit en cause tous les progrès accomplis depuis les indépendances pour l’amélioration des conditions de vie des populations.

Graphique 4 : Évolution du taux de croissance du Cameroun de 1987 à 1993

0

-2

1987

1988

1989

1990

1991

1992

1993

-4

-6

-8

-10

-12

-14

Source : Réalisation à partir des données de Touna Mama, L’économie camerounaise, p.10.

68 Bonguino, « Production et commercialisation… », p.99.

69 Touna Mama, L’économie camerounaise…, p.16.

70 Ibid., p.16.

71 Il faut noter ici que le Cameroun occupait la place de Pays à revenu intermédiaire bas entre les années 1985 à 1993. À partir de 1994, il devient donc Pays à revenu bas. Voir Touna Mama, L’économie camerounaise…, p.16.

72 AMINEPAT, 3C1, Économie : Relance, 1984-1993…, p.3.

73 AMINEPAT, 3C25, Économie : Relance, 1983-2007…, p.2.

74 Kenmogne, « Production et commercialisation… », p.115.

75 Abena Etoundi, « La planification économique… », p. 396.

Le Graphique 4 montre que le taux de croissance connut une baisse à partir de 1987, au début de la crise. L’on note de ce fait une chute cumulative de 25 % du PIB entre 1986 et 1993, qui fut la cause principale de la chute du revenu par tête c’est-à-dire la consommation et l’épargne76.

En 1988, la crise s’accéléra et le taux de croissance toucha le plus bas niveau de la courbe s’élevant à cet effet à -13,3 %77. La tentative de redressement de l’économie et surtout la mise sur pied de nouvelles politiques économiques entraina une hausse du taux, mais resta négatif jusqu’en 1993 selon les données chiffrées à notre disposition.

Pour les recettes d’exportation, elles diminuèrent de plus de 500 milliards F CFA en 1986-198778. Cela était dû aux arriérés internes s’élevant à 240 milliards de F CFA, au retrait massif des dépôts bancaires tenus à l’étranger et au sein du système bancaire intérieur, et une augmentation du financement extérieur79. Un énorme déficit fut enregistré de ce fait par les opérations du gouvernement et il y eut une baisse considérable de l’exportation.

D’où la chute dramatique de l’excédent commercial, qui passa de 201 milliards F CFA en 1985- 1986 à 45 milliards en 1987-198880. Entre 1988-1989 et 1991-1992, le volume des exportations

passa alors de 130 689 tonnes à 96 627 tonnes, soit une baisse d’environ 26 %81. Cette situation provoqua une non-compétitivité des taux d’intérêt du marché intérieur et la fuite des capitaux, d’où la réduction de la croissance des activités économiques et des recettes budgétaires de 16 % en 1986- 1987 et de 18 % en 1987-198882.

Pour ce qui est du service de la dette, il connut lui aussi de profondes perturbations. Ceci étant, entre 1975 et 1977 avec le financement de l’industrie pétrolifère, la dette passa de 15 à 30 % du PIB83. Sous l’effet de la crise, cette dernière s’élevait à 38 % du PIB en 1989-1990 et atteignit 119,5 % du PIB en 1993-199484.

Cette croissance du service de la dette entraina la limite des marges de manœuvre de l’État, orchestrant un déficit énorme de la balance de paiement. Il faut dire que le Cameroun se pencha sur la dette car celle-ci apparut en fait comme une tentative de correctif des faiblesses de la mauvaise gestion des ressources nationales et la chute drastique des recettes d’exportation.

Mais, il y eut une mauvaise adaptation, conduisant ainsi le pays à la dérive. Dans

76 Kenmogne, « Production et commercialisation… », p.114.

77 Touna Mama, L’économie camerounaise…, p.10.

78 Bonguino, « Production et commercialisation… », p.98.

79 Abena Etoundi, « La planification économique… », p. 396.

80 AMINEPAT, 3C25, Économie : Relance, 1983-2007, p.3.

81 Bonguino, « Production et commercialisation… », p.99.

82 AMINEPAT, 3C25, Économie : Relance, 1983-2007…, p.3.

83 Roubaud, « Le « modèle » de… », p.55.

84 Abena Etoundi, « La planification économique… », p. 404.

cette optique, Robert Nyom dit : « Au Cameroun la dette extérieure est bel et bien la chose de la République la mieux repartie ». Il ajoute aussi : « Les statistiques les plus crédibles estiment aujourd’hui qu’un Camerounais qui voit le jour est déjà endetté à hauteur de 380 000 F CFA »85.

En somme, l’État du Cameroun enregistra un fort déficit dans son système économique ceci dû à la crise. À cet effet, la balance commerciale fut déficitaire, l’investissement baissa, le taux de croissance atteignit le bas de l’échelle, les services de la dette et de l’exportation se comportèrent mal. Tous ces déséquilibres économiques eurent un effet sur le social camerounais qu’il incombe d’étudier.


Questions Fréquemment Posées

Quel a été l’impact des programmes d’ajustement structurel sur l’économie camerounaise entre 1987 et 2017?

Les programmes d’ajustement structurel ont entraîné une chute du PIB de 28,9 % entre 1986 et 1993, avec une baisse continue de -4,1 % par an entre 1987 et 1994.

Comment la crise économique a-t-elle affecté la production agricole au Cameroun?

La production agricole a enregistré une longue baisse due à la récession des cours de produits agricoles, avec des baisses significatives des prix du café et du cacao entre 1987 et 1989.

Quelles ont été les conséquences sociales des ajustements structurels au Cameroun?

Les ajustements structurels ont laissé une empreinte indélébile sur la société camerounaise, affectant les conditions de vie et entraînant une baisse de la consommation des ménages.

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