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Comment le cadre théorique de la création transforme notre compréhension de l’écologie ?

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🏫 Université Catholique du Congo - Faculté de Théologie
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Licencié (Master/LMD) - 2018-2019
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Le cadre théorique de la création révèle une perspective inédite sur la crise écologique, soulignant l’anthropocentrisme du christianisme occidental comme racine historique. Cette recherche propose des approches novatrices, inspirées de Saint François d’Assise, pour rétablir l’harmonie entre l’homme, la nature et le Créateur.


La clarification des concepts

La notion théologique de la création.

Dans son usage courant, cette notion est employée en deux sens, « Il s’agit d’abord de l’acte par lequel Dieu fait exister le monde et tout ce qu’il contient. Ensuite ce terme s’entend aussi du fruit de cette action de Dieu, il désigne alors tout ce qui existe ».217 Le terme création a le mérite d’apporter « aux termes philosophiques ‘le tout, le monde, ou la nature’ la reconnaissance de leur origine, reconnu comme le fruit de l’action de Dieu unique et transcendant ».218 Toutefois l’usage moderne du mot création pour dire toute apparition de nouveauté peut être source d’équivoque. Il faudra donc préciser que

« l’origine de ce mot est théologique et que comme tel, il devrait être absent des travaux scientifiques ».219

214 Laudato Si, n° 62.

215 J-M, MALDAME, Création par Evolution, science, philosophie et théologie, p. 83.

216 Ibidem, p. 84

217 J-M, MALDAME, Création et Créationnisme, Edition jésuites, Namur & Paris, 2014, p. 9.

218 Ibidem, p. 10

219 Ibidem.

Au sens strict du terme, la notion théologique de la création est née de la rencontre entre la philosophie grecque et la tradition monothéiste au deuxième siècle. Cette notion se comprend bien de manière négative. Elle tente d’écarter deux tentations ; celle de l’émanation220 et celle de la celle de la « mutation substantielle »221.

La notion théologique de création affirme que « l’action de Dieu est une production totale de l’être ».222 Précisément, la création est une production à partir de rien de soi ou d’une autre substance (production ex nihilo sui et subjet), c’est-à-dire de l’absence de tout substrat matériel ou d’une entité divine ».223 La création est encore définie comme production de la chose selon tout ce qu’elle est, (production rei secudum totam substantiam) »224.

Le concept « évolution »

Selon le dictionnaire, Le Petit Robert, le terme évolution vient du substantif latin evolutio qui signifie l’acte de dérouler, du verbe volvere qui signifie « rouler ». Dans un sens figure, évolution signifie, « une suite de transformation dans un même sens : transformation graduelle assez lente, ou formée des changements successifs insensibles »225. Aujourd’hui ce terme est employé dans les Sciences de la Vie et de la Terre, pour désigner l’héritage scientifique de Jean-Baptiste de Lamarck (1744 – 1829)

220 La doctrine de l’émanation ou l’émanatisme, affirme que le monde est le fruit d’une transformation de l’être de Dieu, soit comme matérialisation soit comme aliénation. C’est une conception philosophique selon laquelle toute chose du monde y compris les âmes humaines, découle, émane (selon l’étymologie latine emanare), d’un principe ou d’une réalité première, « l’Un », d’une manière médiate ou non.

Le Dictionnaire des concepts philosophiques définit l’émanation en question comme un « processus selon lequel les êtres multiples procèdent de l’“Un” premier ». Émile Bréhier, historien de la philosophie, préfère quant à lui utiliser le terme de procession à celui d’émanation pour qualifier cette forme d’engendrement. Sur le plan théologique, l’émanatisme rejette l’idée de création sortie du néant : ce n’est plus par un acte de sa volonté libre que Dieu a produit le monde, mais en le faisant sortir de sa propre substance inépuisable.

Tous les êtres ne sont dès lors qu’un écoulement ou une expansion de l’essence divine, qui s’étend et se développe par de successives émanations. L’émanatisme s’oppose ainsi à la fois à l’idée de création ex nihilo, selon laquelle le monde est l’œuvre d’une entité divine séparée du monde, et au matérialisme.

Le fait que l’existence des

« choses » puisse procéder d’une émanation divine pourrait amener à la conclusion qu’il n’y a pas de différence de nature entre Dieu et la création. Cette thèse conduit à voir dans l’émanatisme un des fondements historiques du panthéisme. Consulté sur https://fr.wikipedia.org/wiki/ le 28 avril 2019.

221 On emploie l’expression mutation substantielle pour dire qu’un être nouveau commence à exister à partir d’un donné préexistant. Cette doctrine affirme donc que Dieu aurait transformé le chaos primitif en y introduisant de l’ordre. Cf. J-M, MALDAME, Création et providence, Bible, science et philosophie, Paris, Cerf, 2010, p. 105

222 C’est ainsi que St Thomas d’Acquis explicite la formulation de Paul à Athènes proclamant le don de Dieu (en qui nous avons la vie, le mouvement et l’être). (Ac 17,28). Cf. Somme Théologique Ia, Q. 45, art 1, resp.

223 J-M, MALDAME, Création et Créationnisme, Edition jésuites, Namur & Paris, 2014, p.10.

224 IDEM, Création et providence, Bible, science et philosophie, Paris, Cerf, 2010, p.105.

225 P.ROBERT, Dictionnaire, Le Petit Robert, Paris, S.N.L, 1970, p.645.

mais surtout de Charles Darwin226. Ce terme désigne un phénomène qui se déroule dans le temps de manière continue. Précisément, « en philosophie de la nature, il signifie le processus par lequel se manifeste ce qui était caché ou latent ».227 Donc ce qui était seulement en germe réalise peu à peu ses potentialités. Pour l’auteur il faut aller au-delà du mot évolution pour parler de la théorie scientifique de l’évolution.

La théorie scientifique de l’évolution

Selon l’auteur, « la théorie de l’évolution 228 se présente comme une explication de la diversité et de l’unité de tous les êtres vivants ».229 Elle répond à la question du pourquoi et du comment les vivants sont ce qu’ils sont. Elle présente une arborescence230 qui permet de classer les vivants non plus dans un ordre statique comme le faisaient Aristote et Linné, mais selon une dynamique marquée par le tracé des embranchements sur l’arbre généalogique ».231 C’est au milieu du XXe siècle que l’héritage scientifique de Lammack et Darwin était repris dans une vision unifiée des vivants pour aboutir à la « théorie synthétique de l’évolution »232. Celle-ci unit la paléontologie, la biologie et la génétique.

« Elle intègre les connaissances nouvelles en les harmonisant dans une synthèse, d’où le

226 Note biographique : Charles Darwin (1809-1882) est un naturaliste et paléontologue anglais dont les travaux sur l’évolution des espèces vivantes ont révolutionné la biologie avec son ouvrage De l’origine des espèces paru en 1859. Célèbre au sein de la communauté scientifique de son époque pour son travail sur le terrain et ses recherches en géologie, il a formulé l’hypothèse selon laquelle toutes les espèces vivantes ont évolué au cours du temps à partir d’un seul ou quelques ancêtres communs grâce au processus connu sous

le nom de « sélection naturelle ». Darwin a vu de son vivant la théorie de l’évolution acceptée par la communauté scientifique et le grand public, alors que sa théorie sur la sélection naturelle a dû attendre les années 1930 pour être généralement considérée comme l’explication essentielle du processus d’évolution. Au XXIe siècle, elle constitue en effet la base de la théorie moderne de l’évolution.

Sous une forme modifiée, la découverte scientifique de Darwin reste le fondement de la biologie, car elle explique de façon logique et unifiée la diversité de la vie. Bien que son œuvre est pour une large part caduque, elle reste actuelle, surtout parce que Darwin fut le premier à avoir exprimé l’articulation entre sélection et adaptation pour rendre compte des transformations qui expliquent la formation des espèces et leur suite au travers de transformations.

Consulté sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Darwin, le 26 avril 2019.

227 J-M, MALDAME, Création par évolution, science, philosophie et théologie, p. 22.

228 Sur la théorie de l’évolution aujourd’hui, l’auteur propose divers ouvrages tel que l’ouvrage fondamental de Ernst MAYR, Histoire de la biologie. Diversité, évolution, hérédité, trad. fr. Marcel Blanc, Paris, Fayard, 1989. Voir également la présentation d’ensemble faite par le professeur Michel DELSOL, l’Evolution biologique : faits, théories, épistémologie, philosophie, 2 vol., Paris, Vrin, 2002. Voir également des ouvrages classiques : Jean DORST, Histoire des êtres vivants, Paris, Hachette, 1985 ; Maxime LAMOTE, Théorie actuelle de l’Evolution, Paris, Nathan 1994 ; Stephen J. GOULD, La structure de la théorie de l’Evolution, trad. Fr. Marcel Blanc, Paris, Gallimard, 2006.

229 J-M, MALDAME, Création par évolution, science, philosophie et théologie, p. 26.

230 L’arborescence est un phénomène qui présente une forme d’un arbre évolutif. La notion de l’arbre et l’image qu’elle véhicule sont forts traditionnelles. Elles sont employées dans divers domaines pour classer une filiation ou une variation dans le temps. Cette notion sert de l’instrument du travail pour classer des espèces différentes à l’encontre des constructions symboliques. Cf. Ibidem, p. 36.

231 Cf. Ibidem, p. 27

232 Cette théorie s’est développée autour de trois grands professeurs : Théodosius Dobzansky (généticien), George Simpson (paléontologue) et Ernst Mayr (systématicien et écologue). Cf. Ibidem p. 27.

nom de théorie synthétique de l’évolution ».233 C’est à partir des faits et des principes qui s’inscrivent dans l’histoire que, « la théorie présente un arbre généalogique des vivants selon lequel tous les vivants viennent d’une source unique par différenciation progressive ».234 L’évolution est régie par le mécanisme selon lequel de génération en génération des petites modifications apparaissent. Un processus de sélection naturelle235 accompagne les modifications. Celles qui sont favorables sont conservées et celles qui sont défavorables sont éliminées permettant l’émergence des nouvelles formes de vie.

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217 J-M, MALDAME, Création et Créationnisme, Edition jésuites, Namur & Paris, 2014, p. 9.

218 Ibidem, p. 10

219 Ibidem.

220 La doctrine de l’émanation ou l’émanatisme, affirme que le monde est le fruit d’une transformation de l’être de Dieu, soit comme matérialisation soit comme aliénation. C’est une conception philosophique selon laquelle toute chose du monde y compris les âmes humaines, découle, émane (selon l’étymologie latine emanare), d’un principe ou d’une réalité première, « l’Un », d’une manière médiate ou non.

221 On emploie l’expression mutation substantielle pour dire qu’un être nouveau commence à exister à partir d’un donné préexistant. Cette doctrine affirme donc que Dieu aurait transformé le chaos primitif en y introduisant de l’ordre. Cf. J-M, MALDAME, Création et providence, Bible, science et philosophie, Paris, Cerf, 2010, p. 105

222 C’est ainsi que St Thomas d’Acquis explicite la formulation de Paul à Athènes proclamant le don de Dieu (en qui nous avons la vie, le mouvement et l’être). (Ac 17,28). Cf. Somme Théologique Ia, Q. 45, art 1, resp.

223 J-M, MALDAME, Création et Créationnisme, Edition jésuites, Namur & Paris, 2014, p.10.

224 IDEM, Création et providence, Bible, science et philosophie, Paris, Cerf, 2010, p.105.

225 P.ROBERT, Dictionnaire, Le Petit Robert, Paris, S.N.L, 1970, p.645.

226 Note biographique : Charles Darwin (1809-1882) est un naturaliste et paléontologue anglais dont les travaux sur l’évolution des espèces vivantes ont révolutionné la biologie avec son ouvrage De l’origine des espèces paru en 1859. Célèbre au sein de la communauté scientifique de son époque pour son travail sur le terrain et ses recherches en géologie, il a formulé l’hypothèse selon laquelle toutes les espèces vivantes ont évolué au cours du temps à partir d’un seul ou quelques ancêtres communs grâce au processus connu sous

227 J-M, MALDAME, Création par évolution, science, philosophie et théologie, p. 22.

228 Sur la théorie de l’évolution aujourd’hui, l’auteur propose divers ouvrages tel que l’ouvrage fondamental de Ernst MAYR, Histoire de la biologie. Diversité, évolution, hérédité, trad. fr. Marcel Blanc, Paris, Fayard, 1989. Voir également la présentation d’ensemble faite par le professeur Michel DELSOL, l’Evolution biologique : faits, théories, épistémologie, philosophie, 2 vol., Paris, Vrin, 2002. Voir également des ouvrages classiques : Jean DORST, Histoire des êtres vivants, Paris, Hachette, 1985 ; Maxime LAMOTE, Théorie actuelle de l’Evolution, Paris, Nathan 1994 ; Stephen J. GOULD, La structure de la théorie de l’Evolution, trad. Fr. Marcel Blanc, Paris, Gallimard, 2006.

229 J-M, MALDAME, Création par évolution, science, philosophie et théologie, p. 26.

230 L’arborescence est un phénomène qui présente une forme d’un arbre évolutif. La notion de l’arbre et l’image qu’elle véhicule sont forts traditionnelles. Elles sont employées dans divers domaines pour classer une filiation ou une variation dans le temps. Cette notion sert de l’instrument du travail pour classer des espèces différentes à l’encontre des constructions symboliques. Cf. Ibidem, p. 36.

231 Cf. Ibidem, p. 27

232 Cette théorie s’est développée autour de trois grands professeurs : Théodosius Dobzansky (généticien), George Simpson (paléontologue) et Ernst Mayr (systématicien et écologue). Cf. Ibidem p. 27.

233 nom de théorie synthétique de l’évolution ».

234 C’est à partir des faits et des principes qui s’inscrivent dans l’histoire que, « la théorie présente un arbre généalogique des vivants selon lequel tous les vivants viennent d’une source unique par différenciation progressive ».

235 Un processus de sélection naturelle accompagne les modifications. Celles qui sont favorables sont conservées et celles qui sont défavorables sont éliminées permettant l’émergence des nouvelles formes de vie.


Questions Fréquemment Posées

Qu’est-ce que la notion théologique de la création?

La notion théologique de la création désigne l’acte par lequel Dieu fait exister le monde et tout ce qu’il contient, ainsi que le fruit de cette action divine.

Comment le cadre théorique de la création influence-t-il notre compréhension de l’écologie?

Le cadre théorique de la création permet de reconnaître l’origine divine de tout ce qui existe, ce qui peut transformer notre rapport à la nature et à l’écologie.

Quelle est la critique de l’anthropocentrisme dans le christianisme occidental?

Lynn White Jr. attribue les racines historiques de la crise écologique à l’anthropocentrisme du christianisme occidental, qui a rompu les relations entre l’homme, la nature et le Créateur.

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