Comment le cadre théorique éclaire l’AFD en Afrique ?

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🏫 Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Faculté des Lettres et Sciences Humaines (FLSH) - Département d'Histoire
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2021-2022
🎓 Auteur·trice·s
Pape Youssou Seck
Pape Youssou Seck

Le cadre théorique de l’AFD révèle des dynamiques surprenantes dans les relations franco-africaines. En explorant les motivations politiques et économiques de cette institution, cet article offre des perspectives inédites sur son impact crucial depuis 1941, transformant notre compréhension du développement en Afrique francophone.


En partant donc de l’hypothèse que nous ne sommes pas les premiers à examiner le présent objet d’étude, mais que nous voulons l’aborder autrement, nous présenterons ici un ensemble de travaux produits par des auteurs d’expression française et relevant des spécialités

20 LICKERT Victoria, op.cit., p.33.

21 FRAGNIERE Jean Pierre, Comment réussir un mémoire : Comment présenter une thèse, comment rédiger un rapport, Paris, Dunod, 1986, p 75.

aussi variées que l’histoire, la géopolitique, l’économie politique… L’intérêt de cette revue critique est d’examiner si les différents travaux examinent la question de l’impact des interventions françaises via son « opérateur pivot A.F.D. » sur le développement de l’Afrique francophone et du Sénégal en particulier, mais aussi pour donner plus d’objectivité et de scientificité à l’étude en question.

Dans cette optique, une recension des écrits nous a conduits, de prime abord à des ouvrages clés, dès le début de nos recherches. Il s’agit en premier lieu des travaux de PACQUEMENT François intitulé « 75 ans au service du développement : l’Agence française de développement des origines à nos jours ».

Ainsi pour avoir une meilleure compréhension de l’évolution de l’A.F.D., et de son trajectoire historique nécessite pratiquement, il est pratiquement nécessaire de parcourir l’ouvrage dirigé par PACQUEMENT François22, « 75 ans au service du développement : l’Agence française de développement des origines à nos jours ». C’est un ouvrage général, issu d’un colloque international sur les origines, les partenaires et les terrains d’action de l’A.F.D.

François PACQUEMENT consacre la plupart de ses publications à l’histoire de l’aide au développement en général et à l’A.F.D. en particulier et a une connaissance et une maîtrise parfaite de cet établissement. Raison pour laquelle nous nous focalisons particulièrement sur cet ouvrage qui retrace l’histoire de l’établissement, à travers ce colloque du 30 décembre 2016 qui marquait les 75 de l’A.F.D.

À travers ces 75 ans, trois histoires se déclinent : celle de la création de l’établissement, car l’AFD est l’héritière de la Caisse centrale de la France libre, dont Pierre Denis fut le principal fondateur, celle de la mise en valeur des Outre-mer (plus connue pour ces années 1940) et celle de la politique française d’aide au développement.

L’ouvrage est toutefois constitué d’analyses et de conclusions de la part de différents intervenants relatives à l’histoire et à l’évolution de la politique française de coopération via son opérateur pivot, l’A.F.D. En fait PACQUEMENT, pour cerner la mise en œuvre de cette institution financière dans un contexte colonial, met en évidence l’engagement de celle-ci dans une approche tant patrimonial que scientifique de son histoire. Il revient sur les premières formulations de la politique de développement de la France, au lendemain de la seconde guerre mondiale.

22 François PACQUEMENT est chargé de mission Histoire et Réflexion Stratégique à l’Agence française de développement, il sert aussi l’aide au développement tant dans cet établissement qu’à la Commission européenne ou dans ses activités pédagogiques.

Les missions de l’A.F.D. sont fondées par la loi du 30 avril 1946, conçue en grande partie par André Postel-Vinay, le directeur général d’alors, qui façonnait non seulement l’activité de l’établissement, mais aussi de l’ensemble de la coopération française. Dans ce contexte très transformateur évoqué dans l’article de Victoria LICKERT intitulé « La loi de 1946 : de la conférence de Brazzaville à la naissance du dispositif français de coopération »23, se définissent une croyance dans le développement des colonies et une politique de modernisation nationale de la France.

LICKERT situé ainsi le contexte de la genèse de la politique d’aide française aux années 192024. En effet, la loi du 30 avril 1946 comme la politique de mise en valeur coloniale, de coopération puis celle de développement sont issues de débats et de projets plus anciens, qu’elle fait remonter aux années 1920. Ainsi dans ses propos, « les réformes modernisatrices impulsées au lendemain de la seconde guerre mondiale n’arrivent pas ex nihilo, mais s’inscrivent dans le prolongement de la crise économique des années 1930 et des débats qu’elle a suscité sur le rôle de l’appareil d’Etat dans la gestion des ressources naturelles »25. Ce qui anime par ailleurs le général de Gaulle et ses proches issus de la

« Résistance » de mettre en œuvre de nouvelles intentions marquées par la reconstruction et la modernisation. Une approche qui se révélé pleinement dans les colonies, notamment africaines.

La première alternative est selon LECKERT, la possibilité de l’Etat français ou plutôt sa volonté d’intervenir dans la vie économique de la France et, plus largement de l’empire. Car ce n’est qu’au lendemain de la seconde guerre mondiale que les colonies se sont imprégnées dans la vie économique de la France. En effet, la politique de modernisation des colonies ou de « mise en valeur » qui est enclenchée au sortir de la guerre affirme de la naissance de plusieurs processus allant de ce que LECKERT appelle « l’intégration des colonies africaines dans la stratégie politique et économique de la France, au rétablissement de la grandeur française ».

L’article de LICKERT revient également sur la création de la Caisse centrale, dans un contexte qu’elle dénomme « réformateur ». Elle retrace l’évolution de l’A.F.D., alors C.C.F.L., à la fois comme banque centrale et trésor de la France Libre puis sous le nom de

23 LICKERT Victoria, La loi de 1946 : de la conférence de Brazzaville à la naissance du dispositif français de coopération, Dans 75 ans au service du développement : l’Agence française de développement des origines à nos jours, sous la direction de PACQUEMENT François, Editions AFD, Paris, septembre 2017 pp.25-34.

24 Idem, p.25.

25 Ibidem.

C.C.F.O.M., chargée du financement du développement économique et social de l’Outre-mer. De la Caisse centrale de la France Libre à la Caisse centrale de la France d’Outre-mer, elle assimile ce changement de dénomination et d’activité à l’idéologie de la mise en valeur pensée dans les années 1930 qui trouve son application que dix ans, voire quinze ans après, lorsqu’elle est reprise dans un contexte bien différent, à la suite de la seconde guerre mondiale.

Elle trouve aussi l’origine de la loi du 30 avril 1946 dans les projets comme ceux de SARRAUT de 1921, la conférence coloniale de 1935 et la conférence de Brazzaville de 194426. Cette loi qui va ainsi façonner, pendant des décennies, la structure et les missions de l’aide publique au développement française.

La loi du 30 avril est selon LICKERT à la genèse de la construction d’un modèle de politique publique extérieur de la France, lequel mêle politique de développement puis de coopération, de commercialisation et d’exportation27. Un modèle fondé sur des filiales et des banques de développement.

Cet article a toutefois beaucoup participé à l’éclaircissement des lenteurs sur le thème. Elle fait une analyse plus exacte sur l’histoire et l’évolution de l’A.F.D., durant toute la période coloniale jusqu’à ce que les changements de statuts et de dénomination interviennent avec les décolonisations. Cette période, il faut le reconnaitre est marquée par un nouveau paradigme ; car depuis sa création en 1941, l’A.F.D., alors Caisse centrale avait pour mission monétaire, de trésorerie et de financier le développement économique et social des T.O.M.

mais avec les décolonisations et les indépendances, elle change de statut et de dénomination pour œuvrer dans l’aide au développement et la coopération. Ceci pour permettre à la France de maintenir ses relations privilégiées avec ses anciennes colonies.

On voit nettement que l’ouvre de François PACQUEMENT est d’une importance capitale du fait qu’il retrace l’évolution et la trajectoire historique de l’A.F.D., et suit sur plusieurs décennies ses opérations, les acteurs de son histoire mais aussi ses nouvelles extensions géographiques.

Par ailleurs, COQUERY-VIDROVITCH Catherine aborde le F.I.D.E.S. dans un article intitulé « Les changements économiques en Afrique dans le contexte mondial (1935- 1980) ». En fait COQUERY-VIDROVITCH, pour cerner la mise en œuvre du F.I.D.E.S. dans le contexte mondial, généralise les changements économiques. Elle part du dirigisme économique colonial financier vichyste qui devient concepteur d’infrastructures économiques, industrielles et sociales. L’Etat français y tira les leçons de la crise économique des années

26 LICKERT Victoria, op.cit., p.27.

27 Idem, pp.29-30.

193028 en se repliant à l’Empire pour amortir son économie. Les conséquences furent alors pour l’Afrique l’accélération de la capitalisation qui fit entrer les réserves coloniales métropolitaines dans le champ de l’impérialisme contemporain avec la nécessité de faire des réformes économiques fondées sur des investissements productifs. Ainsi l’administration coloniale passa du concept de « mise en valeur » à celui du « développement » des territoires.

Dans la dynamique des investissements d’avant 1946, les colonies et la Métropole formaient une Communauté et puisque l’accès des colonies à la vie technique est invariable, leur industrie se développera soit avec l’appui de l’Etat français, soit contre l’Etat français. Ce qu’il fallait éviter selon COQUERY-VIDROVITCH. Elle désigne la Conférence de Brazzaville après la guerre comme un tournant majeur puisque suivi par la suppression de travail forcé en 194629 et à la création du F.I.D.E.S.

pour financer les investissements en Afrique Noire et Madagascar. A ce niveau, elle signale l’innovation apportée par la France en

matière de planification avec la présence de deux plans.

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20 LICKERT Victoria, op.cit., p.33.

21 FRAGNIERE Jean Pierre, Comment réussir un mémoire : Comment présenter une thèse, comment rédiger un rapport, Paris, Dunod, 1986, p 75.

22 François PACQUEMENT est chargé de mission Histoire et Réflexion Stratégique à l’Agence française de développement, il sert aussi l’aide au développement tant dans cet établissement qu’à la Commission européenne ou dans ses activités pédagogiques.

23 LICKERT Victoria, La loi de 1946 : de la conférence de Brazzaville à la naissance du dispositif français de coopération, Dans 75 ans au service du développement : l’Agence française de développement des origines à nos jours, sous la direction de PACQUEMENT François, Editions AFD, Paris, septembre 2017 pp.25-34.

24 Idem, p.25.

25 Ibidem.

26 LICKERT Victoria, op.cit., p.27.

27 Idem, pp.29-30.


Questions Fréquemment Posées

Quelle est l’histoire de l’Agence Française de Développement (AFD) ?

L’AFD a été créée en 1941 sous le nom de Caisse centrale de la France Libre et a évolué au fil des ans, jouant un rôle pivot dans les relations franco-africaines.

Quel est le rôle de l’AFD dans le développement économique de l’Afrique francophone ?

L’AFD intervient en tant qu’opérateur pivot dans les politiques françaises d’aide au développement, impactant le développement économique et social des territoires africains francophones.

Qui a dirigé l’ouvrage sur l’histoire de l’AFD ?

L’ouvrage intitulé « 75 ans au service du développement : l’Agence française de développement des origines à nos jours » est dirigé par François PACQUEMENT.

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