La barrière linguistique en Afrique représente un défi majeur pour la diplomatie marocaine. En révélant comment la Francophonie façonne les relations économiques et culturelles, cette recherche offre des perspectives inédites sur l’impact de la langue dans la stratégie de soft power du Maroc.
L’impact de la dimension linguistique
L’Afrique anglophone : une Afrique à barrière
L’Afrique est la zone de prolongement naturelle du Maroc vers le continent. Comme dit au paravent, le Maroc partage des liens identitaires avec les pays d’Afrique. D’ailleurs, La Francophonie est un facteur de partage entre le Royaume et les pays membres de ces deux zones.
Si la présence économique marocaine en Afrique francophone est une réalité partagée de tous, les opérateurs économiques marocains ainsi que les promoteurs de la Vision marocaine en Afrique doivent prendre en considération aujourd’hui l’importance pour le Royaume d’aller au-delà de cette zone de confort et de confiance.
On constate facilement que les relations Maroc – Afrique sont concentrées principalement sur l’Afrique francophone, vu que l’élargissement de ces relations à l’Afrique anglophone, qui englobe les grandes puissances de l’économie africaine telle l’Afrique du Sud et le Nigéria, nécessite la maîtrise de la langue anglaise.
Toutefois les pays anglophones peuvent évoquer une barrière à l’entrée pour les investisseurs marocains. En effet, la barrière de la langue peut apporter une difficulté d’une part, mais d’une autre part on retrouve aussi les spécificités des outils juridiques et réglementaires qui joue en défaveur des entreprises marocaines qui souhaite s’installer en Afrique anglophone.
En réalité, même le droit des affaires en Afrique anglophone est d’inspiration britannique et demande aux entreprises marocaines d’adapter leurs pratiques. C’est dans ce sens-là que va le Maroc ces dernières années, car force est de noter une percée timide des entreprises marocaines au Nigéria et au Ghana.
La francophonie : une zone de confort et de confiance
Certes, la langue facilite les affaires et la négociation, à défaut, les différences linguistiques peuvent parfois et dans certains cas, entraver l’intention d’investissement même si cela reste, au jour d’aujourd’hui, un obstacle surmontable avec le consensus du monde des affaires sur l’anglais en tant que langue des affaires voire en tant que langue universelle.
La carte suivante met en avant les investissements marocains en Afrique par rapport aux différentes zones linguistiques du continent. Si nous partons d’un aperçu global de la carte, nous constatons que les implantations des IDE marocain sont plus présentes au niveau des pays francophones, mais aussi les efforts de ce dernier à pénétrer le monde anglophone africain.
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La Relation entre l’implantation des IDE marocains en Afrique et le facteur de la langue
Source : Auteur
Tableau 1 : de la répartition régionale des IDE marocains en Afrique
Tableau 1 : de la répartition régionale des IDE marocains en Afrique | |
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Région linguistique | Taux de pénétration des IDE marocains |
Afrique francophone | 88% (22 pays sur 25) |
Afrique lusophone | 60% |
Afrique anglophone | 44,45% |
Source : Auteur
Le Tableau ci-dessus nous permet de voir et de comprendre la carte d’une manière approfondie. En effet, on comprend que le Royaume favorise l’Afrique francophone en matière d’implantation des IDE. Précisément, on constate que sur 25 pays francophones, 22 accueillent les investisseurs marocains avec un taux de 88%.
Ensuite arrive l’Afrique lusophone avec un taux de 60%. Dernièrement, l’Afrique anglophone reste la région la moins exploitée par les investisseurs marocains avec un taux de pénétration de 44,45%.
Derrière cette tendance, il est important de montrer le rôle dominant du partage de la langue française ainsi que de la proximité géographique sachant que la majorité des pays francophones sont localisés en Afrique de l’ouest. Mais aussi il est préférable que le Royaume se tourne encore plus vers les pays anglophones, qui englobent de grandes puissances économiques.
En somme, malgré la forte progression des échanges commerciaux tournés vers les pays anglophones, ces derniers restent toujours faibles des déterminants géographiques et linguistiques, à l’instar des rapprochements historiques, religieux et culturels entre la région et le royaume ainsi que de l’importance des potentialités d’échange et de partenariat économique.
Le continent est traversé par diverses réalités africaines aux potentiels et besoins différents, donc il est naturel d’approfondir et de renforcer en priorité les zones de présences économiques privilégiées par le Maroc mais d’autre part, le Royaume se doit de compter sur son crédit et son capital afin d’entamer une ouverture économique volontariste vers les pays à fort potentiel de croissance.
Questions Fréquemment Posées
Comment la barrière linguistique influence-t-elle la diplomatie marocaine en Afrique ?
La barrière de la langue peut apporter une difficulté pour les investisseurs marocains, surtout en Afrique anglophone, où la maîtrise de l’anglais est nécessaire pour s’adapter aux spécificités juridiques et réglementaires.
Quel est le taux de pénétration des IDE marocains en Afrique anglophone ?
L’Afrique anglophone reste la région la moins exploitée par les investisseurs marocains avec un taux de pénétration de 44,45%.
Pourquoi le Maroc privilégie-t-il l’Afrique francophone pour ses investissements ?
Le Maroc favorise l’Afrique francophone en matière d’implantation des IDE en raison du partage de la langue française et de la proximité géographique, la majorité des pays francophones étant localisés en Afrique de l’ouest.