Les applications pratiques approvisionnement bois révèlent une réalité troublante : seulement 16 % du bois en Côte d’Ivoire provient de sources légales. Cette étude met en lumière les dysfonctionnements du marché d’Abidjan et propose des solutions innovantes pour une gestion durable des ressources forestières.
FILIÈRE BOIS : ENJEUX, PERSPECTIVES ET LIMITES
Echelle internationale
Le bois est le premier matériau utilisé par l’homme pour se défendre, se chauffer et s’abriter (Guinard, 2009). Les terres émergées occupent aujourd’hui 30% de la surface du globe et la forêt occupe, elle-même, 30% des terres émergées. La forêt tempérée n’occupe que 13 % de la forêt mondiale, où dominent d’abord la forêt tropicale pour 52 % (Martin, 2021), puis la forêt boréale pour 25 %. Le complément est essentiellement constitué des forêts subtropicales, qui occupent les 10 % restants (figure 6). La Russie et l’Amérique du Sud ont des taux de boisement de 50 %, alors que l’Asie et l’Afrique sont, respectivement, à 18 et 22 % (Guinard, 2009).
10%
13%
Forêt tempérée
Forêt tropicale
25%
Forêt Boréale
Forêt subtropicale
52%
Figure 6 : Répartition mondiale des forêts en 2009.
Source : Beligné, 2017 et Guinard, 2009
La forêt ne s’accroît réellement qu’en Europe et dans quelques pays ayant engagé de grandes actions de plantation, comme le Chili, le Pérou ou la Chine. Globalement, la forêt régresse dans le monde, même si le rythme de cette régression baisse légèrement depuis les années 70 (Martin, 2021). C’est en Afrique que le taux de disparition de la forêt est le plus fort. Ces forêts, recèlent 390 milliards de mètres cubes de bois et la récolte mondiale annuelle de bois s’élève à 3,8 milliards de mètres cubes, soit 1 %, ce qui, d’emblée, apparaît relativement faible (Alexandre, 2021).
Les taux de prélèvement moyens varient de 0,34 à 2,84 m3 par hectare et par an, avec, dans certains cas, un prélèvement supérieur à la production annuelle (ce qui se produit dans certains pays en voie de développement) et dans d’autres, au contraire, une surcapitalisation (ce qui a tendance à se produire dans les pays de l’Europe industrialisée, et particulièrement en France).
La moitié du volume de bois récolté est destinée à la production d’énergie (Guinard, 2009). En effet, le bois énergie constitue 80 % de la consommation énergétique des pays en développement, particulièrement des pays tropicaux. Dans ce domaine de l’énergie, les tropiques fournissent au plan mondial 70 % du bois-énergie et moins de 20 % du bois d’œuvre et d’industrie (280 millions de m3).
L’Asie et l’Afrique consomment leurs ressources forestières, avant tout, sous forme de bois de feu (de Galbert, 2021). L’Asie est le grand importateur net de produits bois et de papiers et cartons. L’Afrique est exportatrice de bois destiné à l’industrie. L’Europe hors-Russie est importatrice de bois. La Russie est exportatrice de papiers et cartons et de bois d’industrie (Martin, 2021).
Le commerce mondial des bois bruts s’élève à environ 200 millions de mètres cubes, soit 5,2% de la consommation mondiale. Par contre, le commerce des bois transformés, depuis les sciages jusqu’aux panneaux, en passant par le papier et le carton, s’élève à environ 900 millions de m3, ce qui place le commerce du bois et des produits dérivés dans les tout premiers rangs du commerce mondial.
Si le Japon est bien connu comme gros importateur de bois d’œuvre, l’Asie apparaît de plus en plus comme l’importateur numéro 1, avec même une accélération, liée à l’émergence de la Chine (Alexandre, 2021). Ainsi, de plus en plus, des évolutions significatives se sont produites au cours de ces dernières décennies.
Tout d’abord, en matière de déforestation, de 14 millions d’hectares disparaissant annuellement en 1970, nous sommes passés aujourd’hui à 9,4 millions d’hectares (de Galbert, 2021). L’Afrique, à elle seule, représente 5 millions d’hectares, sur ce total. Ensuite, en matière de production, les efforts de plantation réalisés par certains pays ont été considérables.
Ils font que ces pays, qui étaient parfois même, importateurs, sont devenus fortement exportateurs et acteurs sur le marché international (Alexandre, 2021). C’est le cas de la Nouvelle-Zélande et du Chili, avec leurs plantations d’eucalyptus et de « pin radiata ». D’autres pays ont fortement augmenté leur production avec ce type de plantation, comme les Etats-Unis et leurs plantations de pins dans le Sud-ouest. D’autres, enfin, ont engagé d’importants efforts afin de mieux subvenir à leurs propres besoins, comme l’Afrique du Sud, le Pérou et la Chine. Mais, il faudra attendre la montée en production de ces nouvelles forêts (Guinard, 2009).
En matière de commerce international des bois tropicaux, l’importation par les pays industrialisés de produits primaires n’est plus d’actualité. La grande majorité des pays en voie de développement producteurs de bois tropicaux exportent désormais des produits de seconde transformation. Les exportations de l’Afrique, traditionnellement orientées vers l’Europe, sont captées par l’Asie (Guinard, 2009).
Les grandes évolutions économiques mondiales et européennes mettent en évidence un accroissement des besoins en bois. L’évolution des pays émergents se traduira par une forte demande. La FAO estime qu’en 2010, la consommation mondiale est de 4 milliards de m3 équivalents bois ronds environ en 1999 à 5 milliards de m3, soit une augmentation de 20 %, 50 % de ces 5 milliards de m3 correspondent à une utilisation sous forme de bois-énergie. Les prix sont donc considérés comme constants en termes réels. Les importations nettes augmenteront (Guinard, 2009).
Par ailleurs, la superficie des forêts d’Europe gérées pour la production de bois devrait augmenter de l’ordre de 5 millions d’hectares entre 1990 et 2020 (soit environ 3 %). On estimait, en 1995, que les 3 % de la surface forestière mondiale en plantation d’essences à croissance rapide couvriraient 25 % de la consommation mondiale de bois.
Cela étant, la croissance de la population mondiale conduira, dans les pays en voie de développement, à un besoin de terres agricoles, au détriment des surfaces forestières. La forêt va donc continuer à diminuer dans les pays à forte démographie, ce qui renforce l’intérêt des productions forestières dans les zones à moindre pression démographique, ce qui est le cas des pays des zones tempérées des deux hémisphères (Guinard, 2009).
Questions Fréquemment Posées
Quelle est la proportion de bois d’origine légale sur le marché local d’Abidjan?
Seulement 16% du bois provient de sources légales, le reste étant alimenté par un commerce parallèle frauduleux.
Quelles sont les causes du dysfonctionnement du marché du bois en Côte d’Ivoire?
Les causes incluent les coûts de production, la faible valorisation du bois et des textes législatifs inadaptés.
Quelles solutions sont proposées pour améliorer l’approvisionnement légal en bois?
L’étude propose des solutions pour améliorer l’approvisionnement légal et assurer une gestion durable des ressources forestières.