L’analyse économique de Kindu révèle des défis majeurs liés à la destruction du tissu économique par les conflits et l’exploitation des ressources. Ces facteurs contribuent à un semi-enclavement, exacerbant les inégalités et freinant le développement urbain, avec des implications critiques pour la gouvernance locale.
Difficultés d’ordre économique et financier
Comme déjà souligné, les problèmes économiques tirent leurs origines de la destruction du tissu économique de la province par les différentes guerres qui se sont succédé au Maniema, l’exploitation anarchique des ressources naturelles, la destruction des infrastructures de transports et de communication (voie routière, fluviale et ferroviaire), etc.
Il s’en suit alors un semi-enclavement de la ville. Celle-ci n’est rapidement reliée de l’extérieur que par la voie aérienne ; très coûteuse. Toutes les entreprises installées en ville (ENTRIACO, NAMOYA Mining,…) ont fermé. Kindu importe presque tous les produits manufacturés, à l’instar d’autres agglomérations Congolaises.
Le manque d’énergie freine toutes les initiatives. Aucune industrie capable de résorber le chômage, d’où la prolifération du secteur informel. Ce manque d’énergie ne favorise que l’installation de très petites unités de production locale. Il s’agit par exemple de la savonnerie NASA, une petite usine de production d’eau minérale dont le prix est trois fois cher.
Cependant, l’agriculture urbaine et péri-urbaine reste l’une des principales activités économiques de la ville. Son apport étant essentiellement vivrière, elle ne contribue pas assez dans l’assiette fiscale urbaine.
En son article 175, la constitution stipule que 40% des recettes fiscales à caractère national seront attribués aux provinces et 50% à l’État central. Les 10% restants alimenteront une caisse de péréquation destinée à compenser les inégalités économiques entre les provinces. Instruit par l’expérience du passé et influencé par le poids politique de certaines provinces, le constituant a jugé utile de préciser que la quotité des recettes à caractère national attribuée aux provinces serait « prélevée à la source » (GRIP, 2013).
La décentralisation financière s’est traduite par la promulgation de l’ordonnance-loi n° 009/012 du 21 septembre 2012 fixant la nomenclature des impôts, droits, taxes et redevances des provinces et des ETD ainsi que les modalités de leur répartition.
La décentralisation financière reste donc un des grands défis à relever pour rendre effective la décentralisation en République Démocratique du Congo (Mashini, 2013).
L’évolution des budgets de la ville de Kindu telle que échantillonné ici, ne présage pas une politique pouvant allés vers le financement des infrastructures urbaines. Prenons de manière indicative successivement quatre exercices tel qu’illustré ci-dessous:
6E+09
5E+09
4E+09
3E+09
2E+09
1E+09
0
2015
2016
2017
2018
2019
Figure 15 : Évolution budgétaire de la ville de Kindu
Source: Hôtel de ville de Kindu
La lecture du graphique traitant de l’évolution du budget de la ville de Kindu montre que celle-ci se heurte aux problèmes de maximisation des recettes, ce qui peut avoir un impact sur le financement des projets de développement urbain pour raison financière.
Très souvent exécuté dans l’ordre de 50 à 55%, il n’est pas rare de voir la ville de Kindu recourir auprès des institutions internationales du développement pour financer les projets urbains.
La ville a bénéficié comme nous l’avons signalé d’un financement de la Banque mondiale pour l’asphaltage de 2750 mètres de sa voirie.
Difficultés d’ordre socio-politique
Si le constituant ne s’est pas trompé en estimant que la décentralisation était la seule voie institutionnelle susceptible de relever le défi de la gouvernance dans un pays tel que la RDC, il n’a peut-être pas mesuré à quel point la mise en œuvre de la décentralisation au départ des dépouilles d’une structure étatique unitaire représentait en elle-même un défi de gouvernance.
Du point de vue général, Friedrich Von Hayek cité par Giles Paquet (2016), remet en cause l’application des lois par les politiques. Il déclare que « laisser la loi aux mains de gouvernants élus, c’est confier le pot de crème à la garde du chat. »
Dans son approche participative, la gouvernance met les politiques en face des administrés, qui ne sont pas toujours intransigeants avec eux.
Les problèmes politiques consistent dès lors, à une canalisation idéologique à travers des discours de recadrage, sachant très bien que ces derniers s’opposent à ceux fabriqués par les grandes organisations en la matière.
L’autre défit et non le moindre c’est la canalisation des visions du citoyen sur l’unicité décisionnelle en leur faveur. Les appartenances politiques divisent les citoyens quant au choix des acteurs et/ou des actions sur leurs espaces.
Comme modèle à suivre, l’Etat doit développer des mécanismes politiques en vue de rendre la gouvernance urbaine effective. Il se fait que sur le plan politique, les différentes tendances politiques du pays se disputent la gestion ou le monopole en ville.
Avec deux élus nationaux sur douze que compte la province, et trois élus provinciaux sur le vingt et deux de la province du Maniema, disposer politiquement d’une main mise sur la ville reste le leitmotiv des politiques.
Il se fait aujourd’hui que, les politiques traînent les pas au profit d’une structure étatique ancienne, qui doit conjuguer tant bien que mal avec une nouvelle volonté politique.
Les autorités urbaines sont jusqu’à ces jours nommées, au lieu d’être élues comme le demande les lois du pays, et jouir ainsi d’une totale légitimité, ce qui les rassureraient d’une autonomie de gestion de la chose publique.
La ville de Kindu est par conséquent sous pression de ses leaders politique résidant à Kinshasa. Il s’agit de Matata Ponio, Emanuel Shadari, Tambwe Mwamba, Kalumba Mwanangongo, Joseph Kokonyangi …, qui se disputent le contrôle de la ville de Kindu.
Il s’avère alors que l’implication de ces hommes politiques sur la gouvernance urbaine de Kindu a rompu la grande cohésion sociale qui a jadis caractérisé le Maniema, entraînant de ce fait une partition de la société en groupuscule politiques.
Loin de faire l’unanimité, les projets socio-économiques initiés et mis en place par ces derniers, souffrent du non adhésion totale de la population qui trouve en eux des motivations politiques et électoralistes.
Il en est de même des acteurs politiques de la ville qui, majoritairement sont mis sur place par Kinshasa. Ces derniers obéissent à la lettre les instructions de leurs mentors en lieu et place de laisser guidés par les règles de la gouvernance territoriale.
Cette situation fait que le Maniema est devenu une province des intérimaires. Il se pose à ce niveau la question de la gouvernance des originaires.
4.1.6. Difficulté d’ordre environnemental
Les problèmes liés au changement climatique sont les premiers à signaler de ce côté-là. Il s’en suit ceux relatifs à l’assainissement de la ville en général et des habitations en particulier. Nous devons signaler ici qu’en matière de logement, la ville de Kindu est encore au niveau des discours. Le manque d’un plan d’aménagement coordonné fait ressortir une anarchie y compris sur le plan d’assainissement.
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photo n°9 Marché des bois de cuisson de bruque au bord du fleuve Congo et N° 10 à droite les briques prêtre a être cuites
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Photo n° 11 et n° 12 : Marché des braises ou charbon de bois dans la commune de kasuku
Face au changement climatique, la ville connaît une perturbation saisonnière, avec comme conséquence des averses très violentes, la perturbation de saison culturale, des inondations et des érosions récurrents, etc..
Une étude de MICS a démontré que seul le centre-ville bénéficie de service urbain d’assainissement. Par contre dans les autres quartiers 30% de la population se débarrassent de leurs déchets dans les caniveaux contre 40% qui creusent des trous dans la parcelle, alors que les restes s’en débarrassent de façon peu commode.
Comme souligné un peu plus haut, il se fait remarquer à ce jour, la rareté des bois dans les alentours proches de la ville. Ainsi la perte de ressources en bois n’a pas seulement éloigné les espèces vivantes, mais a entraîné aussi un commerce florissant des bois et ses dérivés.
Questions Fréquemment Posées
Quels sont les principaux défis économiques de la ville de Kindu?
Les défis économiques de Kindu incluent la destruction du tissu économique par les guerres, l’exploitation anarchique des ressources naturelles, et le manque d’énergie qui freine les initiatives industrielles.
Comment la décentralisation financière affecte-t-elle la gouvernance à Kindu?
La décentralisation financière est un défi majeur pour la gouvernance à Kindu, car elle est nécessaire pour rendre effective la décentralisation en République Démocratique du Congo.
Quelle est l’importance de l’agriculture urbaine à Kindu?
L’agriculture urbaine et péri-urbaine est l’une des principales activités économiques de Kindu, bien qu’elle contribue principalement à la subsistance et pas suffisamment aux recettes fiscales urbaines.