Comment les courants créationnistes influencent-ils la science ?

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🏫 Université Catholique du Congo - Faculté de Théologie
📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Licencié (Master/LMD) - 2018-2019
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L’analyse des courants créationnistes révèle une tension surprenante entre le fondamentalisme et le matérialisme, soulignant une confusion cruciale sur l’origine et le commencement. Cette recherche met en lumière des approches novatrices pour réconcilier théologie et écologie, essentielles face à la crise environnementale actuelle.


Les courants discordants

Maldamé soutient que les difficultés qui se posent sur les rapports entre l’évolution et la création sont souvent liées à la confusion entre l’origine et le commencement. C’est le cas chez les fondamentalistes ainsi que chez les matérialistes. Les uns comme les autres sont prisonniers de leur incapacité de distinguer deux ordres de causalité.

Le fondamentalisme

Le terme fondamentalisme251désigne un courant protestant voulant éduquer religieusement les émigrés nord-américains. Il se rattache surtout à la Réforme protestante. Le propos de fondamentaliste était d’abord religieux et moral : la lecture de la Bible est le

fondement de toute civilisation. En effet, la maxime de Luther « Sola Scritpura » est évoqué en vue « d’écarter les dérives humanistes censées être un retour au paganisme et les traditions latines reçues comme un détournement de la pureté évangélique »252. Selon ce courant, l’autorité de la Bible doit s’imposer dans tous les domaines.

Le créationnisme

Le créationnisme s’inscrit dans la suite du fondamentalisme protestant. « Il s’enracine dans la conviction qui minimise la valeur de la raison naturelle, corrompu du péché »253. Pour les créationnistes, la théorie de l’évolution est sans fondement. Les créationnistes affirment « que non seulement il n’y a pas de contradiction entre la Bible et la science, mais aussi que la vérité de la Bible l’emporte sur la science moderne parce qu’elle est une source de savoir scientifique »254.

On le voit, ce courant affirme l’autorité absolue de la Bible considérée comme parole écrite de Dieu et conséquemment « il n’y pas une seule des assertions qui ne soit historiquement ni scientifiquement vraie dans le texte original »255. Ils affirment aussi que « tous les types des êtres vivants, hommes inclus, ont été créés par des actes des Dieu durant la Semaine de la Création telle qu’elle est décrite dans la genèse et que le déluge fut un événement historique »256.

Enfin, ils affirment que

« le récit de la création spéciale d’Adam et Eve, est la base de la croyance en la nécessité d’un sauveur pour tout le genre humain »257.

Le dogmatisme catholique

Le rejet de la théorie de l’évolution existe aussi dans le monde catholique. Il s’agit d’un refus explicite d’accepter les résultants les plus incontestables de ladite théorie et d’instruire un procès au darwinisme comme relevant plus de l’idéologie que de la science.

« Ce mouvement s’enracine surtout dans les réticences, voire les refus explicites, d’entrer dans la démarche exégétique confirmée par le Concile Vatican II »258. Comme leurs collègues protestants, les catholiques traditionnalistes ou intégristes fondent leur refus dans

le souci d’ériger en norme absolue une certaine lecture de la Genèse. À la différence des protestants, le blocage n’est pas seulement lié à la lecture de la Bible, mais aussi dans l’interprétation dogmatique des Pères et des conciles. Cela est le cas dans les documents officiels de l’Eglise tel que le récent Catéchisme de l’Eglise Catholique qui affirme que

« le texte biblique enseigne l’historicité des premiers parents du genre humain »259, à l’encontre de toutes conclusions tant exégétiques que scientifiques.

La double erreur de ces courants.

Dans la perspective de sa réflexion, l’auteur caractérise l’erreur des fondamentalistes protestants et des traditionalistes catholiques comme étant à la fois épistémologique et théologique.

Elle est épistémologique dans le sens que, étant donné que pour eux le texte biblique a une valeur scientifique, « il leur est impossible de voir que la réalité créée (le monde de la vie, tous les vivants, humanité comprise) relevé de plusieurs mode de connaissance »260. Tout en observant le même donné, il faut reconnaitre que le regard n’est pas le même selon le point de vue de chaque discipline.

Ensuite leur erreur est aussi théologique. Elle porte sur la nature du texte biblique et sur la notion de la révélation. Elle s’écarte de ce qui a été enseigné par le Concile Vatican II sur la Révélation. Pour l’Eglise, « l’inspiration n’est pas une dictée de Dieu».261 Le discours du Pape Jean Paul II à la Commission biblique pontificale est très éclairant. Il affirme :

« Certains chrétiens […] ont tendance à croire que Dieu étant l’Etre absolu, chacune de ses paroles a une valeur absolue, indépendante de tous le conditionnements du langage humain. Il n’y a donc pas lieu selon eux, d’étudier les conditionnements pour opérer les distinctions qui relativiserait la portée des paroles. Mais c’est là se faire illusion et refuser, en réalité le mystère de

l’inspiration scripturaire et de l’incarnation, en s’attachant à une fausse notion de l’Absolu »262.

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251 C’est en 1876 que s’est constitué en Amérique du Nord un groupe de pasteurs pour proposer des conférences de réveil de la foi, Prophecy concference. Le but était de résister à la décadence morale et religieuse par des missions intérieures aux USA. Ce groupe a publié en 1920 des volumes de catéchèse sous le titre, Fundamentals, ce qui explique pourquoi on appelle ce courant « fondamentalisme ».

252 J-M, MALDAME, Création et créationnisme p. 80.

253 IDEM, Création par Evolution, science, philosophie et théologie, p. 85

254 Ibidem, Création et créationnisme, p. 91.

255 Ibidem.

256 Ibidem.

257 Ibidem.

258 Ibidem, p. 95.

259 CEC, n° 390. Ici le catéchisme affirme que le récit de la chute Gn 3, utilise un langage imagé, mais il affirme un évènement primordial, un fait qui a eu lieu au commencement de l’histoire de l’homme. La révélation nous donne la certitude de foi que toute l’histoire humaine est marque par la faute originelle, librement commise par nos premiers parent.

260 J-M, MALDAME, Création et créationnisme, p. 98.

261 Cf. Dei Verbum, n° 6.

262 J-M, MALDAME, Création et évolution, science, philosophie et théologie, p. 90.


Questions Fréquemment Posées

Qu’est-ce que le créationnisme et comment s’inscrit-il dans le fondamentalisme ?

Le créationnisme s’inscrit dans la suite du fondamentalisme protestant et s’enracine dans la conviction qui minimise la valeur de la raison naturelle, corrompue du péché.

Pourquoi les créationnistes rejettent-ils la théorie de l’évolution ?

Les créationnistes affirment que la théorie de l’évolution est sans fondement et que la vérité de la Bible l’emporte sur la science moderne parce qu’elle est une source de savoir scientifique.

Quelle est l’erreur des fondamentalistes et des traditionalistes catholiques selon l’article ?

L’erreur des fondamentalistes protestants et des traditionalistes catholiques est à la fois épistémologique et théologique, car ils considèrent le texte biblique comme ayant une valeur scientifique, ce qui les empêche de voir que la réalité créée relève de plusieurs modes de connaissance.

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